Veillée de prière
présidée par le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris
Cathédrale Notre-Dame de Paris, le 8 décembre 2011
Méditation sur la Passion du Christ
Vénération de la sainte Couronne d'Épines et des
Saintes Reliques de la Passion
Ouverture : Cardinal André Vingt-Trois
Frères et Sœurs,
chers amis,
Nous sommes
rassemblés ce soir pour exprimer à Dieu notre amour de son Fils Jésus ;
pour manifester au Christ notre attachement, notre affection et notre désir
d’être avec Lui au pied de la Croix, avec Jean et Marie. Avec Lui, nous voulons
dire à Dieu qu’Il est le maître de nos vies et le maître du monde.
Au cours de
cette veillée, nous allons méditer sur la Passion de Jésus. Nous vénérerons les
reliques de la Passion et nous prierons pour toutes celles et tous ceux qui, à
travers le monde, sont associés à la Passion du Christ et vivent les Béatitudes
à cause de leur foi : « Heureux êtes-vous si l’on vous persécute et
si l’on dit toute sorte de mal de vous à cause de moi » (Mt 5, 11). Nous
prierons aussi pour toutes celles et tous ceux qui, partageant l’indifférence,
l’ignorance ou la dérision des témoins de la Passion sur le Golgotha, se sont
joints à ceux qui criaient : « S’il est le Fils de Dieu qu’il
descende de sa croix et qu’il se sauve lui-même » (Mt 27, 40).
Ce soir, par
notre présence, nous voulons dire simplement, avec le Centurion au pied de la
Croix : « Vraiment, Celui-ci est le Fils de Dieu » (Mc 15, 39).
Par la
croix du Fils de Dieu
1. Par la croix
du Fils de Dieu, signe levé qui rassemble les nations,
par le corps de Jésus Christ dans nos prisons, innocent et torturé,
sur les terres désolées, terres d'exil, sans printemps, sans amandier
par le corps de Jésus Christ dans nos prisons, innocent et torturé,
sur les terres désolées, terres d'exil, sans printemps, sans amandier
Fais
paraître ton Jour et le temps de ta grâce,
fais paraître ton Jour : que l'homme soit sauvé !
fais paraître ton Jour : que l'homme soit sauvé !
2. Par la croix
du bien aimé, fleuve de paix où s'abreuve toute vie,
par le corps de Jésus Christ, hurlant nos peurs dans la nuit des hôpitaux,
sur le monde que tu fis pour qu'il soit beau et nous parle de ton nom.
par le corps de Jésus Christ, hurlant nos peurs dans la nuit des hôpitaux,
sur le monde que tu fis pour qu'il soit beau et nous parle de ton nom.
3. Par la croix
du vrai pasteur, alléluia, où l'enfer est désarmé,
par le corps de Jésus Christ, alléluia, qui appelle avec nos voix,
sur l'Église de ce temps, alléluia, que l'Esprit vient purifier.
par le corps de Jésus Christ, alléluia, qui appelle avec nos voix,
sur l'Église de ce temps, alléluia, que l'Esprit vient purifier.
Lecture : Première lettre aux Corinthiens (1, 18-25)
Le langage de la
croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont
vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. L'Écriture dit en
effet : La sagesse des sages, je la mènerai à sa perte, et je rejetterai
l'intelligence des intelligents. Que reste-t-il donc des sages ? Que
reste-t-il des scribes ou des raisonneurs d'ici-bas ? La sagesse du monde,
Dieu ne l'a-t-il pas rendue folle ? Puisque le monde, avec toute sa
sagesse, n'a pas su reconnaître Dieu à travers les œuvres de la sagesse de
Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu'est la
proclamation de l'Évangile. Alors que les Juifs réclament les signes du Messie,
et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie
crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour
ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance de
Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme, et la
faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme.
Homélie : Cardinal André VINGT-TROIS
Frères et Sœurs,
Nous n’avons pas
honte de la croix du Christ. Cette croix est notre fierté.
Nous n’avons pas
honte de Jésus de Nazareth cloué sur le bois. L’offrande qu’il fait de sa vie
est notre Salut.
Nous savons
qu’aux yeux du monde il a été vaincu. Nous savons qu’aux yeux du monde il a été
assimilé aux bandits et aux dangers publics. Nous savons qu’aux yeux du monde,
il a été exposé aux moqueries et à la vindicte de l’humanité. Et pourtant,
« défiguré par la souffrance » (Is 53, 10), déchiré par les tortures,
couronné d’épines, « n’ayant plus apparence humaine » (Is 52, 14), il
est celui, au-dessus de l’humanité, qui apporte la vie et le Salut. Il est,
selon l’inscription décidée par Pilate, le « roi des Juifs » (Jn 19,
19). Et, comme roi des juifs accomplissant la promesse faite à David, il est
promis pour régner sur l’humanité (2 Sa 7, 1 et Lc 1, 33).
Dans un univers
où la force l’emporte souvent sur le droit, où l’argent l’emporte sur
l’honnêteté, où la dissolution des mœurs l’emporte sur la fidélité, où le
mépris des autres l’emporte sur le service de nos frères. Dans ce monde,
prendre comme emblème de la victoire et du Salut le corps supplicié d’un
crucifié est une folie. Qui pourra jamais croire qu’il a vaincu la mort ?
Qui pourra jamais croire qu’il a tué la haine ? Qui pourra jamais croire
qu’il a abattu le mur qui empêchait les païens d’accéder au Sanctuaire ?
Nous le savons, sa Résurrection est le cœur de notre foi.
Nous croyons
qu’il est ressuscité parce que nous faisons confiance à la parole des témoins
qui l’ont vu vivant, qui ont touché ses mains et son côté, qui ont mangé avec
lui après sa résurrection, et comme nous le dit l’évangile de saint Luc,
quelqu’un qui n’est pas un esprit, car un esprit n’a ni chair, ni os.
Touchez-moi, leur dit-il, car il est ressuscité dans sa chair.
Si nous croyons
ses témoins, ça n’est pas simplement parce que c’étaient d’honnêtes gens. Nous
les croyons parce que la rencontre du Ressuscité et l’accueil de son Esprit
Saint ont transformé leur vie. Nous les croyons parce qu’ils sont vraiment
devenus disciples de Jésus, non seulement en le suivant, mais en portant dans
leur chair « ce qui manquait encore aux souffrances du Christ » (Col
1, 24). Nous les croyons parce qu’ils ont eu la force de témoigner du Christ
ressuscité jusqu’au don de leur vie. Nous les croyons parce que dans les
combats et les événements de ce monde, ils ont été témoins de l’amour. Ils ont
mis en pratique ce qu’ils avaient vu Jésus lui-même faire. Ils ont pardonné
ceux qui les frappaient ; ils ont prié pour leurs persécuteurs ; ils
ont accepté de comparaître devant leurs juges ; ils ont subi les
humiliations que Jésus lui-même avait subies. Ces pauvres hommes et ces pauvres
femmes venus de Galilée, de Judée ou de Samarie, ont parcouru le bassin
méditerranéen et ont répandu, comme une poudre, le feu de l’amour.
Pour nous,
essayer de vivre en disciples du Christ, c’est accepter d’aimer, d’aimer
toujours et dans toutes circonstances.
C’est accepter
de prendre sur nous, tels des descendants lointains et indignes de Simon de
Cyrène, une part de la croix de Jésus.
C’est accepter
de prendre sur nous, descendants indignes de Véronique, une part des crachats
qui maculaient la face du Seigneur.
C’est accepter
de prendre sur nous, descendants indignes de Marie et du « disciple qu’il
aimait », les gouttes de sang qui sourdaient de son cœur, avec l’eau qui
allait devenir la fontaine de la vie.
« Il a
versé telle goutte de sang pour toi ».
Être disciple du
Christ c’est nous tenir au pied de la croix, dans les sentiments qui étaient
ceux de Jésus lui-même.
« Lui qui
était de condition divine, il n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait
à Dieu, mais il a pris la condition humaine et il s’est fait obéissant jusqu’à
la mort et la mort de la croix » (Ph 2, 6-8).
Depuis ce jour,
aucun homme, aucune femme, aucune parole, aucune injure, aucune dérision,
aucune critique, aucun mépris, aucune ignorance, ne pourra plus jamais
atteindre le corps de Jésus offert en sacrifice.
Depuis ce jour,
des quantités d’hommes et de femmes à travers l’espace et le temps ont essayé
de se détourner de Lui. Ils ont suivi des chemins étranges, parfois tourmentés,
parfois douloureux, parfois désespérés ; et finalement, ils sont revenus.
Depuis ce jour,
des quantités d’hommes et de femmes ont combattu avec la violence d’un amour
insatisfait et d’un désir égaré la personne de Jésus, comme l’emblème de
l’amour que Dieu porte aux hommes et que nous ne pouvons pas accepter si nous
ne sommes pas prêts nous-mêmes à aimer.
L’injure ne blesse
pas seulement le Christ. Elle dévoile le cœur de celui qui l’injurie.
L’offense
n’offense pas seulement le Christ. Elle dévoile le désespoir de celui qui n’a
pas pu accueillir la parole d’amour.
La haine n’est
pas seulement un péché. C’est la face sombre de l’amour que nous ne savons pas
vivre.
Ainsi, frères et
sœurs, ce soir, nous ne sommes pas venus ici pour faire une manifestation, nous
ne sommes pas venus ici pour protester contre tel ou tel. Nous sommes venus ici
le cœur débordant d’amour pour nous unir à la personne du Christ. Nous sommes
venus ici avec toute notre affection pour poser mentalement nos mains sur ses
pieds. Nous sommes venus ici pour vénérer les signes de la Passion qu’il a
subie par amour. Nous sommes venus ici pour entrer dans la parole qu’il adresse
au bon larron, « Ce soir tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23,
43).
Amen.
Prière litanique
Toi le fils
éternel du Père, Tu as daigné prendre notre propre condition humaine, sans
mépriser ce qui nous rend vulnérables.
Nous Te bénissons Seigneur.
Nous Te bénissons Seigneur.
Toi le Verbe
invisible, reflet de la face du père, Tu T’es soumis au regard des
hommes.
Nous Te bénissons Seigneur.
Nous Te bénissons Seigneur.
Toi le maître
créateur de toutes choses, Tu es venu pour servir et non pour être servi.
Nous Te bénissons Seigneur.
Nous Te bénissons Seigneur.
Jésus Seigneur,
Tu envoies Tes disciples en ce monde vers tous les hommes, donne leur de faire
percevoir la sainteté de Ton nom et de Te rester fidèle au milieu des
tribulations.
Seigneur nous Te prions.
Seigneur nous Te prions.
Jésus Seigneur, Tu fais des baptisés les membres de Ton Corps, que nos actes prolongent dans ce
monde et en ce temps ta charité.
Seigneur nous Te prions.
Jésus Seigneur
dans Ton Eucharistie Tu T’es remis aux mains de Tes disciples pour qu'ils Te reçoivent toujours comme Tu dois
l’être, et qu'ils fassent fructifier le don reçu.
Seigneur nous Te prions.
Seigneur nous Te prions.
Ô Christ
couronné d'épines, Tu es moqué, insulté et frappé par les soldats, que ceux qui Te jugent impuissant puissent goûter la douceur de Ta force.
Christ délivre-nous.
Christ délivre-nous.
Ô Christ
couronné d'épines, Tu subis les cris de la foule, ouvre les yeux de ceux qui
restent insensibles à Ta lumière.
Christ délivre-nous.
Christ délivre-nous.
Ô Christ
couronné d'épines, cloué sur la croix pour les péchés des hommes, Tu es
ressuscité pour la vie de tous, prends pitié de ceux qui refusent de te donner
leur foi, qui se dérobent quand tu t'approches d’eux.
Christ délivre-nous.
Christ délivre-nous.
Seigneurs Jésus
toi le désiré des nations tu viendras dans la gloire pour juger les vivants et
les morts donne à tes disciples de veiller avec persévérance.
Christ exauce-nous.
Christ exauce-nous.
Seigneur Jésus,
Toi, racine de Jessé, et signe au milieu des nations, attire à Toi tous les
hommes.
Christ exauce-nous.
Christ exauce-nous.
Seigneur Jésus,
Toi le Fils bien-aimé, tourné vers le Père, soumets tous les êtres à Ta
puissance de salut.
Christ exauce-nous.
Christ exauce-nous.
Vénération de la Sainte Couronne d'Épines,
du morceau de la Sainte Croix
et du Clou de la Passion
du morceau de la Sainte Croix
et du Clou de la Passion
Transformation
Par amour, ô
Jésus, tu Te donnes tout entier,
Dans cet amour, Tu veux me transformer
Même la mort, fait place à la Vie
En moi se lève Ta résurrection.
Dans cet amour, Tu veux me transformer
Même la mort, fait place à la Vie
En moi se lève Ta résurrection.
Humblement dans
le silence de mon cœur, je me donne à toi, mon Seigneur.
1. Par ton
amour, fais-moi demeurer humble et petit devant toi.
2. Enseigne-moi
ta sagesse, ô Dieu, viens habiter mon silence.
3. Entre tes
mains, je remets ma vie, ma volonté, tout mon être.
4. Je porte en
moi ce besoin d'amour, de me donner, de me livrer sans retour.
5. Vierge Marie,
gante mon chemin dans l'abandon la confiance de l'amour
La Passion
de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Jean (18,1-19,42)
Après le repas
Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y
avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, qui le
livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus y avait souvent réuni ses
disciples.
Judas prit donc
avec lui un détachement de soldats, et des gardes envoyés par les chefs des
prêtres et les pharisiens. Ils avaient des lanternes, des torches et des armes.
Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur
dit : “Qui cherchez-vous ?”
Ils Lui répondirent
“Jésus le Nazaréen”
Jésus
répondit : “C’est moi.”
Judas, qui le
livrait, était au milieu d’eux. Quand Jésus leur répondit : “C’est moi”,
ils reculèrent, et ils tombèrent par terre. Il leur demanda de nouveau : “Qui
cherchez-vous ?”
Ils
dirent : “Jésus le Nazaréen.”
Jésus
répondit : “Je vous l’ai dit : c’est moi. Si c’est bien moi que vous
cherchez, ceux-là, laissez-les partir”.
Ainsi
s’accomplissait la parole qu’il avait dite : “Je n’ai perdu aucun de ceux
que tu m’as donnés”.
Alors
Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira du fourreau ; il frappa le
serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur
était Malcus. Jésus dit à Pierre : “Remets ton épée au fourreau. Est-ce
que je vais refuser la coupe que le Père m’a donnée à boire ?”
Alors les
soldats, le commandant et les gardes juifs se saisissent de Jésus et
l’enchaînent.
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Miserere, mei Domine.
Pour me traiter ainsi, ô mon peuple que j'aime,
qu'avais-tu contre moi ?
Pour mériter cette rigueur extrême,
que t'ai-je fait à toi ?
qu'avais-tu contre moi ?
Pour mériter cette rigueur extrême,
que t'ai-je fait à toi ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Miserere, mei Domine.
Pour me traiter ainsi, ô mon peuple que j'aime,
qu'avais-tu contre moi ?
Pour mériter cette rigueur extrême,
que t'ai-je fait à toi ?
qu'avais-tu contre moi ?
Pour mériter cette rigueur extrême,
que t'ai-je fait à toi ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Miserere, mei Domine.
Ils l’emmenèrent
d’abord chez Anne, beau-père de Caïphe, le grand prêtre de cette année-là.
C’est Caïphe qui avait donné aux Juifs cet avis : “Il vaut mieux qu’un
seul homme meure pour tout le peuple”. Simon-Pierre et un autre disciple
suivaient Jésus. Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec
Jésus dans la cour de la maison du grand prêtre, mais Pierre était resté
dehors, près de la porte. Alors l’autre disciple – celui qui était connu du
grand prêtre – sortit, dit un mot à la jeune servante qui gardait la porte et
fit entrer Pierre. La servante dit alors à Pierre : “N’es-tu pas, toi
aussi, un des disciples de cet homme-là ?”
Il
répondit : “Non, je n’en suis pas !”
Les serviteurs
et les gardes étaient là ; comme il faisait froid, ils avaient allumé un
feu pour se réchauffer. Pierre était avec eux, et se chauffait lui aussi. Or,
le grand prêtre questionnait Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. Jésus
lui répondit : “J’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné
dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et
je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j’ai
dit, demande-le à ceux qui sont venus m’entendre. Eux savent ce que j’ai dit”.
À cette réponse
un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant :
“C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre !”
Jésus lui
répliqua : “Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal mais si j’ai
bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?”
Anne l’envoya,
toujours enchaîné, au grand prêtre Caïphe. Simon-Pierre était donc en train de
se chauffer ; on lui dit : “N’es-tu pas un de ses disciples, toi
aussi ?”
Il
répondit : “Non, je n’en suis pas !”
Un des serviteurs
du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille,
insista : “Est-ce que je ne t’ai pas vu moi-même dans le jardin avec
lui ?”
Encore une fois,
Pierre nia. À l’instant le coq chanta.
Tandis que pour payer le prix de tous vos
crimes,
j'avais offert mon sang,
Vous, vous avez vendu ce sang au prix infime,
de trente deniers d'argent.
j'avais offert mon sang,
Vous, vous avez vendu ce sang au prix infime,
de trente deniers d'argent.
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Miserere, mei Domine.
Alors on emmène
Jésus de chez Caïphe au palais du gouverneur. C’était le matin. Les Juifs
n’entrèrent pas eux-mêmes dans le palais, car ils voulaient éviter une
souillure qui les aurait empêchés de manger l’agneau pascal. Pilate vint
au-dehors pour leur parler : “Quelle accusation portez-vous contre cet
homme ?”
Ils lui
répondirent : “S’il ne s’agissait pas d’un malfaiteur, nous ne te
l’aurions pas livré”.
Pilate leur
dit : “Reprenez-le, et vous le jugerez vous-mêmes suivant votre loi”.
Les Juifs lui
dirent : “Nous n’avons pas le droit de mettre quelqu’un à mort”.
Ainsi
s’accomplissait la parole que Jésus avait dite pour signifier de quel genre de
mort il allait mourir. Alors Pilate rentra dans son palais, appela Jésus et lui
dit : “Es-tu le roi des Juifs ?”
Jésus lui
demanda : “Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d’autres te l’ont dit ?”
Pilate
répondit : “Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les chefs des
prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ?”
Jésus
déclara : “Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait
de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas
livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici”.
Pilate Lui
dit : “Alors, tu es roi ?”
Jésus
répondit : “C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu
dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui
appartient à la vérité écoute ma voix”.
Pilate lui
dit : “Qu’est-ce que la vérité ?”
Après cela, il
sortit de nouveau pour aller vers les Juifs et il leur dit : “Moi, je ne
trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais c’est la coutume chez vous que
je relâche quelqu’un pour la Pâque : voulez-vous que je vous relâche le
roi des Juifs ?”
Mais ils se
mirent à crier : “Pas lui ! Barabbas !”
Ce Barabbas
était un bandit. Alors Pilate ordonna d’emmener Jésus pour le flageller. Les
soldats tressèrent une couronne avec des épines, et la lui mirent sur la
tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau de pourpre. Ils s’avançaient
vers lui et ils disaient : “Honneur à toi, roi des Juifs !” Et ils le
giflaient.
Ai-je eu tort de voiler ma majesté divine,
ai-je eu tort d'être bon ?
Pourquoi m'avoir tressé la couronne d'épines,
ensanglanté le front ?
ai-je eu tort d'être bon ?
Pourquoi m'avoir tressé la couronne d'épines,
ensanglanté le front ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Miserere, mei Domine.
Pilate sortit de
nouveau pour dire aux Juifs : “Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous
sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation”.
Alors Jésus
sortit, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur
dit : “Voici l’homme”.
Quand ils le
virent, les chefs des prêtres et les gardes se mirent à crier : “Crucifie-le !
Crucifie-le !”
Pilate leur
dit : “Reprenez-le et crucifiez-le vous-mêmes ; moi, je ne
trouve en lui aucun motif de condamnation”.
Les Juifs lui
répondirent : “Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce
qu’il s’est prétendu Fils de Dieu”.
Quand Pilate
entendit ces paroles, il redoubla de crainte. Il rentra dans son palais, et dit
à Jésus : “D’où es-tu ?”
Jésus ne lui fit
aucune réponse. Pilate lui dit alors : “Tu refuses de me parler, à
moi ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te relâcher, et le pouvoir de
te crucifier ?”
Jésus
répondit : “Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en
haut ; ainsi, celui qui m’a livré à toi est chargé d’un péché plus grave”.
Dès lors, Pilate
cherchait à le relâcher ; mais les Juifs se mirent à crier : “Si tu
le relâches, tu n’es pas ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à
l’empereur”.
En entendant ces
paroles, Pilate amena Jésus au-dehors, il le fit asseoir sur une estrade à
l’endroit qu’on appelle le Dallage (en hébreu : Gabbatha). C’était un
vendredi, la veille de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs : “Voici
votre roi”.
Alors ils
crièrent : “À mort ! À mort ! Crucifie-le !”
Pilate leur
dit : “Vais-je crucifier votre roi ?” Les chefs des prêtres
répondirent : “Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur”.
Alors, il leur
livra Jésus pour qu’il soit crucifié, et ils se saisirent de lui.
Parce que j'ai vécu parmi vous sur la terre
à travailler le bois,
Est-ce pour cela que l'un d'entre mes frères
m'a préparé la croix ?
à travailler le bois,
Est-ce pour cela que l'un d'entre mes frères
m'a préparé la croix ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Miserere, mei Domine.
Jésus, portant
lui-même sa croix, sortit en direction du lieu dit en hébreu : Golgotha
(nom qui se traduit : “Calvaire”, c’est-à-dire “Crâne”). Là, ils le
crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix, avec cette
inscription : “Jésus le Nazaréen, roi des Juifs”. Comme on avait crucifié
Jésus dans un endroit proche de la ville, beaucoup de Juifs lurent cet
écriteau, qui était libellé en hébreu, en latin et en grec. Alors les prêtres
des Juifs dirent à Pilate : “Il ne fallait pas écrire : ‘Roi des
Juifs’, il fallait écrire : Cet homme a dit : ‘Je suis le roi des
Juifs’ ”.
Pilate
répondit : “Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit”.
Mes mains que les outils avaient faites calleuses,
Pourquoi les avez-vous faites si douloureuses ?
Pourquoi les avez-vous faites si douloureuses ?
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Miserere, mei Domine.
Quand les
soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent
quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique ; c’était une tunique
sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre
eux : “Ne la déchirons pas, tirons au sort celui qui l’aura”. Ainsi
s’accomplissait la parole de l’Écriture : “Ils se sont partagé mes
habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement”. C’est bien ce que firent les
soldats.
Miserere, miserere mei, Domine, Jesu Christe.
Miserere, mei Domine.
Miserere, mei Domine.
Or, près de la
croix de Jésus se tenait sa mère, avec la sœur de sa mère, Marie, femme de
Cléophas et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple
qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton fils”.
Puis il dit au
disciple : “Voici ta mère”. Et à partir de cette heure-là, le disciple la
prit chez lui.
Après cela,
sachant que désormais toutes choses étaient accomplies, et pour que l’Écriture
s’accomplisse jusqu’au bout. Jésus dit : “J’ai soif ”.
Il y avait là un
récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce
vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut
pris le vinaigre, Jésus dit : “Tout est accompli”.
Vas ergo erat positum
aceto plenum ;
autem spondiamplenam aceto hyssopo
circumponentes obtulerunt ors ejus.
Cum ergo accepisset Jesus acetum dixit :
Consummatum est
autem spondiamplenam aceto hyssopo
circumponentes obtulerunt ors ejus.
Cum ergo accepisset Jesus acetum dixit :
Consummatum est
Un vase était là, plein de vinaigre ;
Une éponge imbibée de vinaigre fut fixée à une branche d'hysope
et on l'approcha de sa bouche.
Quand Jésus l'eut pris, il dit :
Tout est achevé.
Une éponge imbibée de vinaigre fut fixée à une branche d'hysope
et on l'approcha de sa bouche.
Quand Jésus l'eut pris, il dit :
Tout est achevé.
Puis, inclinant
la tête, il remit l’esprit. [ndvi : spontanément l’assistance se met à
genoux]
Comme c’était le
vendredi, il ne fallait pas laisser des corps en croix durant le sabbat
(d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi les Juifs
demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes.
Des soldats allèrent donc briser les jambes du premier puis du deuxième des
condamnés que l’on avait crucifiés avec Jésus. Quand ils arrivèrent à celui-ci,
voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des
soldats avec sa lance lui perça le côté, et aussitôt, il en sortit du sang et
de l’eau.
Celui qui a vu
rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. Son témoignage est véridique
et le Seigneur sait qu’il dit vrai. Tout cela est arrivé afin que cette parole
de l’Écriture s’accomplisse : “Aucun de ses os ne sera brisé”. Et un autre
passage dit encore : “Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont
transpercé”. Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais
en secret par peur des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de
Jésus.
Et Pilate le
permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus. Nicodème (celui qui la
première fois était venu trouver Jésus pendant la nuit) vint lui aussi ;
il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils
prirent le corps de Jésus, et ils l’enveloppèrent d’un linceul, en employant
les aromates selon la manière juive d’ensevelir les morts. Près du lieu où
Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin, un tombeau
neuf dans lequel on n’avait encore mis personne. Comme le sabbat des Juifs
allait commencer, et que ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent
Jésus.
Le Christ a été
mis au tombeau
Le Christ a été
mis au tombeau, la Vie repose !
Il s'en est allé annoncer la grâce de la délivrance,
à ceux qui gisent à l'ombre de la mort !
Mais ce tombeau sera glorieux car la Vie en jaillira !
Il s'en est allé annoncer la grâce de la délivrance,
à ceux qui gisent à l'ombre de la mort !
Mais ce tombeau sera glorieux car la Vie en jaillira !
Vierge Marie,
toi notre Mère, en ton cœur brille l'espérance !
Avec toi nous attendons que se lève la lumière de la Résurrection !
Avec toi nous attendons que se lève la lumière de la Résurrection !
Le Christ a été
mis au tombeau, la Vie repose !
Il s'en est allé annoncer la grâce de la délivrance,
à ceux qui gisent à l'ombre de la mort !
Mais ce tombeau sera glorieux car la Vie en jaillira !
Il s'en est allé annoncer la grâce de la délivrance,
à ceux qui gisent à l'ombre de la mort !
Mais ce tombeau sera glorieux car la Vie en jaillira !
Vexilla regis
Vexilla regis prodeunt
Fulget crucis mysterium
Quo came camis conditor
Suspensus est patibulo.
Quo vulneratus insuper
Mucrone dira lanceae
Ut nos lavaret crimine
Manavit unda et sanguine.
Fulget crucis mysterium
Quo came camis conditor
Suspensus est patibulo.
Quo vulneratus insuper
Mucrone dira lanceae
Ut nos lavaret crimine
Manavit unda et sanguine.
Impleta sunt quae concinit
David fideli carmin
Dicens In nationibus
Regnavit a ligno Deus.
David fideli carmin
Dicens In nationibus
Regnavit a ligno Deus.
Arbor decora et fulgida
Omata Regis purpura
Electa digno stipite
Tam sancta membre tangere.
Omata Regis purpura
Electa digno stipite
Tam sancta membre tangere.
Beata, cujus brachiis
Saecli pependit pretium
Statera facta corporis
Praedamque tulit tartan.
Saecli pependit pretium
Statera facta corporis
Praedamque tulit tartan.
O Crux ave, spes unica
In hac triumphi gloria
Auge piisjustitiam
Reisque dona veniam.
In hac triumphi gloria
Auge piisjustitiam
Reisque dona veniam.
Te summa Deus Trinitas
Collaudet omnis spiritus :
Quos per crucis mysterium
Salvas, rege per saecula. Amen
Collaudet omnis spiritus :
Quos per crucis mysterium
Salvas, rege per saecula. Amen
Les étendards du Roi s'avancent
et la lumière de la Croix resplendit son mystère,
En Croix, la Vie subit la mort,
et par sa mort elle redonne la vie.
et la lumière de la Croix resplendit son mystère,
En Croix, la Vie subit la mort,
et par sa mort elle redonne la vie.
Achevé par la funeste pointe de la lance
Pour nous laver du péché,
Il ruissela d'eau et de sang.
Voici que s'accompli ce qu'a chanté
Pour nous laver du péché,
Il ruissela d'eau et de sang.
Voici que s'accompli ce qu'a chanté
David en ses vers prophétiques.
Proclamant aux nations :
C'est par le bois que Dieu régnera
Proclamant aux nations :
C'est par le bois que Dieu régnera
Arbre splendide et étincelant,
Orné de la pourpre royale,
Tronc choisi qui fus jugé digne
De toucher des membres si saints.
Orné de la pourpre royale,
Tronc choisi qui fus jugé digne
De toucher des membres si saints.
Arbre bienheureux
Dont les branches portent le Salut des siècles :
Tu pesas le poids de ce corps
Et l'Hadès dut lâcher sa proie.
Dont les branches portent le Salut des siècles :
Tu pesas le poids de ce corps
Et l'Hadès dut lâcher sa proie.
Salut ô Croix, seule espérance !
Offre au temps de la Passion,
Grâce abondante aux hommes fidèles,
Et rémission aux coupables.
Offre au temps de la Passion,
Grâce abondante aux hommes fidèles,
Et rémission aux coupables.
Trinité, Toi la source du Salut
Que loue tout esprit :
Qui par le mystère de la Croix triomphe,
Recevra l'éternelle récompense. Amen !
Que loue tout esprit :
Qui par le mystère de la Croix triomphe,
Recevra l'éternelle récompense. Amen !
Magnificat
Magnificat anima mea Dominum
Et exsultavit spiritus meus,
in Deo salutari meo ;
Quia respexit humilitatem
ancillœ suai : ecce enim ex
hoc beàtam me dicent ommes generationes.
Quia fecit mihi magna qui
potens est et sanctum nomen ejus ;
Et misericôrdia ejus a progenie
in progenies timentibus eum.
Fecit potentiam in brachio suo ;
dispérsit supérbos mente cordis sui.
Deposuit potentes de sede,
et exaltavit humiles.
Esurientes implevit bonis :
et divites dimisit inanes.
Suscepit lsrael puerum suum, recordatus misericordiæ suæ.
Sicut locutus est ad patres
nostros, Abraham et semini
ejus in sæcula.
Et exsultavit spiritus meus,
in Deo salutari meo ;
Quia respexit humilitatem
ancillœ suai : ecce enim ex
hoc beàtam me dicent ommes generationes.
Quia fecit mihi magna qui
potens est et sanctum nomen ejus ;
Et misericôrdia ejus a progenie
in progenies timentibus eum.
Fecit potentiam in brachio suo ;
dispérsit supérbos mente cordis sui.
Deposuit potentes de sede,
et exaltavit humiles.
Esurientes implevit bonis :
et divites dimisit inanes.
Suscepit lsrael puerum suum, recordatus misericordiæ suæ.
Sicut locutus est ad patres
nostros, Abraham et semini
ejus in sæcula.
Amen
En la solennité de l'Immaculée Conception de la
Vierge Marie,
Notre-Dame de Paris, le 8 décembre 2011
Notre-Dame de Paris, le 8 décembre 2011