Quatrième
dimanche de l'Avent, année B
La maison de David (2 S 7,
1-5.8b-12.14a.16 ). Dans
la première lecture, le roi David qui habite dans son palais, a mauvaise conscience
de ce que, à côté de lui, Dieu doive se contenter d'une simple tente. Il décide
donc, comme le font la plupart des rois des nations, de construire pour Dieu une
demeure décente. Mais Dieu lui-même intervient, et ce qu'il dit est à la fois
un blâme et une promesse. David oublie que c'est Dieu qui a édifié tout son royaume,
depuis l'instant où, de simple gardien de bestiaux, il l'a consacré roi et l'a
accompagné à partir de là dans toutes ses victoires. Mais la grâce va plus
loin. La maison qu'il a commencée, Dieu lui-même la bâtira jusqu'à la fin, dans
la descendance de David et finalement dans le grand héritage dans lequel la
maison est achevée. Dieu n'habite pas seulement en Palestine, mais dans les
hommes qui croient et aiment ; ceux-ci sont ses temples et ses églises, et
ils ne tomberont jamais en ruine. La maison de David « subsistera dans son
fils et son trône sera affermi à jamais ». Ce qui s'achève dans
l'évangile.
La jeune fille
(Lc 1, 26-38), accordée en mariage à un homme de la
maison de David, est choisie par Dieu pour être un temple sans pareil. Son
Fils, porté par l'Esprit dans son sein, établira sa demeure en elle, et tout
son être servira à l'édification de son Fils en un homme achevé. Là aussi le
travail de Dieu ne commence pas seulement au moment de l'Annonciation, mais dès
le premier moment de l'existence de Marie. Par son immaculée conception, Dieu a
commencé à œuvrer à son temple : c'est seulement parce qu'il la rend
capable de lui dire un oui sans réserve, qu'il peut y établir sa demeure et lui
garantir à elle aussi, comme à David, une subsistance éternelle pour cette
maison dans son Fils. « Il régnera sur la maison de Jacob, et son règne
n'aura pas de fin ». Le fils de Marie est bien plus que le fils de David :
« Il y a ici plus que Salomon » (Mt 12, 42) ; David lui-même l'appelle
Seigneur (Mt 22, 45). Et même si Jésus-Christ édifiera sur lui-même comme « pierre
d'angle » le temple définitif de Dieu, fait de « pierres vivantes »
(1 P 2, 5), il n'oubliera jamais qu'il en est redevable à la sainte demeure
qu'est sa mère, de même qu'il provient par Joseph de la race de David. La
maternité de Marie est tellement impérissable que, de la croix, il la désignera
comme la mère de son Église ; celle-ci provient assurément de sa chair et
de son sang, mais son « corps mystique », l'Église, ne peut pas,
puisqu'elle est le propre corps de Jésus, être sans la même mère, à laquelle il
doit lui-même son existence. Et à ceux qui, dans l'Église, participent à la
fécondité de Marie, il donne aussi une participation à sa maternité (Méthode, Banquet, III, 8).
Le temple (Rom 16, 25-27 ), que Dieu se construit ne
s'achève que lorsque « toutes
les nations » auront été amenées « à
l'obéissance de la foi ». C'est ce qu'annonce la fin de l'épître aux
Romains. Cette construction finale est assurée par les chrétiens déjà croyants,
qui ne s'enferment pas dans leur Église, mais sont ouverts au « mystère »
qui leur a été « manifesté » par Dieu et qui, se fondant sur le
message des « Écritures qui le prédisent » (elles parlent de David et
de la Vierge), croient que « l'évangile » ne se limite pas à
l'Église, mais concerne le monde dans sa totalité. Toujours le temple construit
par Dieu renvoie, au-delà de lui-même, à une construction plus grande projetée
par Dieu, qui ne sera achevée qu'au moment où « tous les ennemis du Christ
seront placés sous ses pieds » et où « il remettra la royauté à Dieu
le Père, après avoir détruit toute (autre) Principauté, Domination et Puissance »
(1 Co 15, 24s).
Hans Urs von Balthasar, in Lumière de la Parole, Année B