lundi 4 avril 2011

En méditant... En chaire et en os, Un roi avait deux fils

Il était une fois un roi qui avait deux fils jumeaux. Comme il devenait vieux, il lui fallait penser à sa succession. Il ne voulait pas couper son royaume en deux. Il décide de proposer une épreuve pour départager les deux fils, pour donner sa succession au plus astucieux. Il donne à chacun la même somme d'argent et lui demande de remplir la plus grande salle du château, sa pièce centrale, du mieux qu'il peut. Le premier va sur la place du marché. Il a alors l'idée d'acheter de la paille. Ce n'est pas cher, c'est assez léger et volumineux. Malgré tous ses efforts et ses marchandages pour trouver la moins chère, il ne peut remplir que la moitié du volume de l'espace. Le deuxième fait également son marché. Mais il se rend chez le potier pour lui acheter une petite lampe en argile. Il confectionne une mèche avec du coton. Il achète un peu d'huile d'olive et il se rend chez son père. Il installe la petite lampe au milieu de la pièce. Il allume et la lumière emplit toute la pièce. C'est, bien entendu lui qui héritera et succèdera à son père sur le trône...  
Cette salle obscure du château, c'est notre cœur. Nous avons la possibilité de la remplir de paille (de n’importe quoi...nous avons à peu près tout à portée de main !) ou bien de cette flamme du Saint-Esprit déposée en nous par le baptême et vivifiée par la confirmation. Car nous croyons que dans sa subtilité, l’Esprit du Seigneur est vraiment à même de remplir notre esprit ! Être un fils de lumière, c’est bien reconnaître cela : que rien n’emplira mieux le fond de notre âme que la Lumière divine. Que rien ne nous éclairera mieux qu’elle. Mais que cette lampe disposée au fond de nous au jour de notre renaissance doit être rechargée. Qu’elle l’est, efficacement, par la prière et les sacrements, par le contact de la Parole de Dieu et toutes sortes de moyens que nous offre l’Église et qui nous comblent de grâce ! C’est reconnaître que cet entretien quotidien (que le Carême devrait intensifier) est vraiment nécessaire, parce que pour être honnêtes...nous ne voyons pas très bien où nous en sommes, nous ne savons pas très bien lire, nous ne connaissons pas non plus la durée du voyage que nous avons à effectuer. Mais nous avançons sans inquiétude parce qu’ayant conscience de nos limites, nous croyons que la Providence éclaire juste ce qu’il faut – comme les phares d’une voiture couvrent de lumière l’espace à franchir. Bref, la vie chrétienne nous fait découvrir dans le même temps les ténèbres dont nous sommes issus et la lumière dont nous avons besoin…Elle nous fait confesser comme ce mendiant : « Il y a quelque chose que je sais, j’étais aveugle et maintenant je voix mieux…je ne pense pas devoir vous en convaincre, mais je peux vous le dire ». (cf. Jn 9, 26)
« Ma vie n'a pas changé mais cela a changé ma vie ! » comme le dit joliment Thierry Bizot.

Au cours de notre existence, en chaque Eucharistie, cette illumination personnelle initiée au baptême continue de s’étendre : la Parole de Dieu, lumière sur notre route (Ps 118) et la sainte Eucharistie qui nous unit à la Lumière en Personne, la Lumière née de la Lumière, le Christ Jésus ! Le Livre de l’Apocalypse promet qu’à la fin des temps, les élus seront tellement remplis de la lumière de l’Agneau qu’ils n’auront même plus besoin de lampe. Aujourd’hui les plus saints d’entre nous n’en sont pas encore dispensés, mais ce jour-là, la splendeur de la gloire divine sera telle que le soleil leur paraîtra bien pâlot ! Oui, ce beau soleil que nous aurons attendu tant de matins, qui aura refait nos forces, réjouit nos yeux, réchauffé nos corps, remonté notre moral et que le printemps nous fait demander plus instamment… plus besoin de l’avoir devant soi ! Car le Soleil de Justice comblera alors nos âmes et nos corps !
En attendant, dans l'Espérance, cette heureuse perspective, il nous faut quitter les ténèbres et l’ombre de la mort en consentant à nous laisser éclairer jour après jour. Étant certains que sans le Christ, nous ne pouvons rien faire, ni sans sa Parole... tenir la route. Mais que Jésus est là, comme un guide fidèle et attentif, n’attendant qu’un signe de notre part pour nous faire avancer, pas après pas.
En chaire et en os