Lettre de Son Excellence Monseigneur
l’Archevêque de Toulouse sur la personne humaine
Mes très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a
une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs
et ces droits, tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut
les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.
Que des enfants, des femmes, des
hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les
membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour
une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste
spectacle.
Pourquoi le droit d’asile dans nos
églises n’existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Notre-Dame, priez pour la France.
Dans notre diocèse, des scènes
d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et du Récébédou. Les Juifs sont
des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux,
contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils
font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un
chrétien ne peut l’oublier.
France, patrie bien aimée France qui
porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la
personne humaine.
France chevaleresque et généreuse, je
n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.
Recevez mes chers Frères, l’assurance
de mon respectueux dévouement.
Jules-Géraud Saliège
Archevêque de Toulouse
13 août 1942
Archevêque de Toulouse
13 août 1942