C'est comme ça et malheureusement je
n'y peux rien. J'ai tout fait pour découvrir cette méthode, sans succès. Ce que
j'entends par dialoguer, c'est parler vraiment, échanger des idées profondes
qui pénètrent l'esprit de l'autre, qui l'éclairent et apportent des réponses.
Parler seule ne compte pas. Le
monologue est facile :
c'est ma spécialité.
Je sais répondre à des questions
simples, du genre en quelle classe est notre fils lorsque mon mari va récupérer
l'un de nos enfants fiévreux à l'école et ne parvient pas à le trouver (non, il
n'a pas oublié le prénom, dit-il). Je puis me remémorer des informations
essentielles comme l'endroit où est garée la voiture (j'ai dit essentielles,
pas exactes). Je suis capable de donner de brèves indications géographiques à
la suite desquelles mon mari ne m'appelle que deux ou trois fois
— Tu as dit qu'elle était où, la
pédiatre ? Tu veux vraiment des pignons, ou du jambon cru pourra faire
l'affaire ? Ça te dérange si je ne l'achète pas là où tu m'as dit d'aller ?
Bien sûr que cela me dérange, mais je
le nierai même sous la torture.
Je croyais à une malformation du
canal auditif de mon mari. J'ai même tenté de le changer lui, mais ma
belle-mère me soutient mordicus qu'il m'est impossible de ne pas garder son
fils. À défaut de savoir parler à mon époux, j'ai décidé de parler à ceux des
autres et prise d'une fougue prédicatrice je me suis mise écrire aux hommes des
lettres ouvertes. J'ai passé des nuits et des nuits sans sommeil à pianoter sur
mon clavier – et aussi, je l'avoue, à me vernir les ongles couleur géranium, à
manger du pain et du saucisson en lisant Houellebecq, à regarder, hypnotisée,
les cours de physique diffusés à quatre heures du matin sans jamais quitter des
yeux la cravate jaune du présentateur – pour finir, au petit matin et l'esprit
presque lucide, par tout effacer en sélectionnant tout et en appuyant sur la
touche suppr avec une douloureuse
résignation. Un geste d'une grande dignité.
Quand une femme souhaite qu'une idée
monte jusqu'au cerveau d'un spécimen masculin pour en habiter le cœur avec
l'objectif d'infléchir sa conduite, même de façon minime, l'expérience révèle
que les mots non seulement ne suffisent pas, mais peuvent parfois se montrer
contre-productifs. Les conseils, indications et modes d'emploi provoquent chez
nos hommes de brusques attaques d'arthrite rhumatoïde, le besoin urgent d'aller contrôler le
niveau du liquide de freinage, l'envie de passer une couche de blanc sur les
murs de la salle de bain, et une nostalgie de la musique new wave à réécouter
intégralement en silence et à genoux.
Et les rares fois où ils restent dans
les parages pendant que nous parlons, ils n'écoutent pas. Alors que j'écrivais
ces lignes, prise de scrupules (est-ce que j'ai été trop sévère ?), j'ai
appelé mon mari et lui ai fait part de mes réflexions. Après un long
réquisitoire passionné et méticuleux sur l'incommunicabilité, j'attendais un
avis de la part de mon sage conjoint.
— Alors, tu en penses quoi ?
— De quoi ?
— Du fait que les hommes ne nous
écoutent pas.
— Quoi ?
— Ton avis ?
— Je ne sais pas, excuse-moi, je
n'ai pas entendu.
Personnellement
je l'ai pris comme un compliment. Je suis sûre que cela voulait dire : « C'est très
bien, ma chérie, tu sais toujours trouver les mots justes ».
Lorsque je
l'appelle au travail, je soupçonne mon chéri de mettre le haut-parleur et
d'aller trier ses vieux dossiers (par ordre alphabétique, cela faisait
tellement longtemps qu'il voulait le faire). Le connaissant, je pense même
qu'il peut se raviser et les classer par ordre chronologique. Et puis non, plutôt
alphabétique, ce qui est problématique pour lui car il ne se souvient jamais de
l'ordre des lettres. Quoi qu'il en soit, peu importe ce qu'il fait quand je lui
parle, sa contribution au dialogue reste la même : zéro.
Que personne
ne nous écoute n'est du reste pas gênant car conseil
est notre deuxième prénom. Aider l'homme à s'améliorer nous semble
automatiquement faire partie de nos devoirs basiques, tout comme respecter les
feux de signalisation, soigner des genoux blessés avec des pansements à fleurs,
mettre la base satinée avant le fond de teint ou le goûter dans le sac d'école.
Et je dis « l'aider à s'améliorer », parce que je préfère ne pas
m'attarder sur l'inquiétante version de l'épouse qui complote et manipule dans
l'ombre pour diriger son petit monde à des fins personnelles. Je connais beaucoup
d'épouses qui pourraient figurer honoris causa à la Commission trilatérale.
Cette
mission, qu'elle soit exposée dans un plan quinquennal officiel, ou qu'elle
soit tramée dans l'ombre ou inscrite dans des documents ultra-secrets connus de
nous seules (et de nos vingt-sept meilleures amies), peut nous faire oublier la
chose la plus importante :
aimer gratuitement. C'est la seule manière de laisser à l'autre le plaisir
et le désir de s'améliorer librement et spontanément, sans quoi il n'y a pas de
vrai changement possible (j'ai tendance à considérer comme une chose évidente
qu'il faut constamment s'ajuster l'un à l'autre : on peut nommer cela croissance ou
conversion).
Mais d'où
vient ce syndrome de la directrice d'école dont nous sommes presque toutes
atteintes ? Il est plus facile de mettre le pilote automatique et de
continuer à jouer les éducatrices avec les hommes comme nous le faisons avec
les enfants : c'est une
sorte de paresse. Mais le mode maman nous rend insupportables car l'homme est
un homme et non un enfant, même si la satisfaction dont il témoigne après avoir
fixé (l'horrible) papier bleu étoilé derrière la crèche (avec un scotch isolant
jaune qui fait très peu Bethléem) sème un léger doute. Et si par hasard ce fier
et ultra quarantenaire partageant votre vie conserve encore quelques traits
immatures (je dis des traits substantiels, pas son accidentelle passion pour
les outils en métal à l'utilité insaisissable, ou encore sa propension à
attaquer le bureau d'un collègue avec son téléphone portable pour créer une
fausse explosion avec la dernière application, faits qui n'entachent nullement
sa hauteur morale), il doit faire seul les pas qui le conduiront à devenir
pleinement homme.
La crise de
la virilité – entendue ici
comme la disponibilité de l'homme à donner courageusement sa vie et à prendre
sur lui les coups pour défendre ceux qui lui sont confiés – m'apparaît évidente, et ce, depuis
longtemps déjà. L'homme qui ne refuse pas
son côté féminin, l'homme aussi sensible qu'une femme, semble être la plus
belle découverte de l'ère
contemporaine. Si j'entends encore une fois quelqu'un faire l'éloge d'un
homme qui assume son côté rose, je
fais un geste complètement fou en guise de protestation : je m'étends sur le canapé et je
dors (voilà des années que je cherche une excuse pour le faire) ! Quant à la majorité des femmes, le
conformisme actuel fait qu'elles se sentent supérieures aux hommes.
C'est là
pourtant LE problème de notre temps : la crise destructrice des identités masculine et
féminine, avec pour conséquences le manque de vrais hommes, de vraies femmes et
donc de mariages qui fonctionnent. Cette crise est loin d'être quelconque. Elle
ne peut être comparée à celle de la moquette, des pâtes à la vodka ou des polos
couleur saumon post années 1980,
car l'union stable entre un homme et une femme est absolument nécessaire
pour assurer la survie de l'espèce le plus sereinement possible.
Nous parlons,
en tous cas nous voudrions parler, d'un être humain en plénitude. Une plénitude
qui vient avant tout d'une réponse libre à l'amour de Dieu, mais une réponse
que l'homme ne peut donner dans le mariage que s'il trouve dans la femme
l'alter ego dont parle la Genèse.
Le problème
est que je sais parler aux femmes, mais pas aux hommes. Aussi incroyable que
cela puisse paraître (surtout pour moi), les lettres que j'ai écrites à mes
amies sur le mariage, la famille et les enfants ont été non seulement publiées
et lues, mais aussi comprises par certaines femmes, tant et si bien que je
compte fièrement à mon actif
plusieurs cérémonies nuptiales –
se marier et être ouverts à la vie est presque toujours la bonne réponse
selon moi – et quelques
réconciliations.
Aussi souvent
que possible je conseille à des amies, à des connaissances et parfois même à
des passantes, de choisir la soumission : décider librement et consciemment de se mettre en
dessous, comme de profondes fondations afin de soutenir la famille. Je compte
sur cette capacité typiquement féminine d'arrondir les angles, de mettre en
relation, d'être pour, d'accueillir, d'être médiatrice, d'encourager et
d'éduquer, c'est-à-dire de faire émerger le meilleur de tous. Redécouvrir la
mystérieuse vocation de la femme.
Il s'agirait
aussi maintenant de dire aux hommes ce qu'il leur appartient de faire. Si nous
nous fions à saint Paul (que je définirais comme quelqu'un d'assez fiable), il
nous invite, dans la Lettre aux Éphésiens,
nous les femmes, à être
soumises ; pour les
hommes le message est tout aussi clair : « ... Et vous, soyez prêts à mourir pour
vos épouses, comme le Christ pour l'Église ».
Épousez-les,
et soyez prêts à mourir pour
elles. J'entends un bourdonnement dans la salle. Mesdames, les ricanements et
les murmures sur le manque d'héroïsme de vos compagnons sont interdits. Ici,
l'ironie féminine est bannie. Même si je dois bien sûr admettre que des hommes
de cette trempe, il y en a très peu (et comme par hasard, ils sont soit occupés
soit cassés, un peu comme les cabines téléphoniques). Alors comment faire pour
indiquer la route aux hommes ? Il faut bannir catégoriquement tous les
sermons – son canal
auditif étant sélectif, l'homme ne les entend pas, exactement comme il ne peut
plus entendre les hurlements d'un nouveau-né après onze heures quarante-huit le
soir – et aussi les
injonctions directes. Elles sont autorisées de la part de la maman, de
l'institutrice, de l'éducateur ou du père spirituel mais pas de l'épouse. Si
l'on exclut tout cela, on se demande alors ce que peut faire une femme pour
rester aux côtés de celui qui doit trouver, ou retrouver, sa grandeur tellement
nécessaire à notre époque
fragile et chancelante.
Dans
l'attente elle peut, justement, rester à ses côtés : ni devant, ni au-dessus. Toutefois, il est bon de dire
tout de suite (même si je ne voudrais pas révéler la fin trop tôt, bien qu'il
n'y ait aucun majordome parmi les suspects), qu'elle ne peut pas faire beaucoup
plus car une partie du travail est propre à chacun et n'est pas interchangeable.
Et si une
femme parvient à rester aux côtés d'un homme en silence, un silence concentré
en Dieu, qui est, comme le dit sainte Thérèse d'Avila, la plus puissante de toutes les clameurs, elle
apprendra la joie de voir s'épanouir une personne à côté d'elle. La perte de
l'identité masculine a coïncidé avec les revendications féministes, et une
bonne partie du travail serait déjà de reprendre notre place. Ne pas tout
décider va permettre à l'homme de donner son point de vue, ne pas l'écraser le
laissera émerger, l'écouter lui rendra la responsabilité de dire des choses
sensées. Il est probable que les premières fois où l'épouse ne discutera pas
son programme en lui proposant un plan B, puis un plan B', et pourquoi pas un plan C, il craindra le pire (qu'est-ce qu'elle me cache ? un
amant ? ou pire, elle a invité sa vieille tante le soir du match !).
C'est un
effort très beau et fécond : lorsque chacun se charge du joug qui lui est propre,
et qui n'est pas le même que celui de l'autre, alors on porte ensemble beaucoup
de fruit, et cela, avec moins de souffrance.
Mais soyons
clairs tout de suite, je ne sais pas comment on fait. C'est pourquoi j'ai
décidé d'écrire un livre sur le sujet : pour en apprendre peut-être un peu plus.
Je sais
néanmoins ce qu'il ne faut pas faire. On ne cherche pas à faire de l'homme une
fille, on ne critique pas son style, on ne le taquine pas, on ne le ridiculise
pas. On essaie de lui casser les pieds juste ce qu'il faut pour la survie
familiale (monter la caméra de la Xbox, récupérer à la même heure les enfants éparpillés aux quatre points
de la ville, ou maintenir une cadence au moins décennale de visite chez le
médecin). Pour le reste, il est obligatoire de réduire au minimum les
conditionnements et de rendre l'autre non pas tant libre de,
mais libre pour. Ici paraîtra sa noblesse.
Quant à moi, en y regardant bien, si j’avais un homme qui
me suivait dans touts mes sautes
d'humeur, ma tendance à
me perdre dans des voies parallèles et mon penchant pour la plainte, au
lieu de me contenir avec ses silences infranchissables et sa capacité couper
douloureusement court pour aller à l'essentiel, ce serait un vrai désastre, pour nous et
pour nos enfants. Même si parfois j'aimerais beaucoup avoir un compagnon avec
qui entreprendre des analyses captivantes sur le balayage, sur le pourquoi du
comment la repousse fait avant-gardiste chez Madonna alors que chez moi cela fait shampouineuse, je me
rends compte que vivre avec un exemplaire aphasique mais lucide est très
salutaire.
De toute
façon, j'essaie d'interpréter méticuleusement les monosyllabes avec lesquelles
mon mari me répond. C'est parce que je suis psychologiquement instable. Il m'a
dit plusieurs fois souhaiter limiter les communications au strict nécessaire,
surtout s'il est fatigué (l'autre jour en voiture, un arbre arraché barrait la
route : il s'est
contenté de l'indiquer avec le doigt, et cela a été son seul tribut à la conversation en une
demi-heure). Je sais pourtant qu'il a de l'estime pour moi, mais simplement, il
ne le dit pas. Il fait comme John Wayne dans Rio Bravo :
— Si tu laisses un autre homme te voir
dans ces vêtements, je te fais arrêter.
— Oh mon chéri, tu as mis si
longtemps !
— À quoi faire ?
— À me dire que tu m'aimes !
C'est
pourquoi lorsqu'il me dit en claquant la portière : « Tu es en retard, comme
toujours », je m'émeus. Je suis sûre qu'il voulait me dire : « Tu m'as manqué ma chérie ».
Je crains de
ne pas connaître le secret pour être vraiment ensemble, en profondeur. À vue de
nez, je pense qu'on commence par accepter d'être différents. Parce que l'autre
est autre, justement. Dans la mesure où il y a de la bonne foi et du dévouement,
mon mari est libre de faire les choses à sa façon (la règle est valable pour tout excepté le
choix d'un billard recouvert d'une planche en guise de table de salle à manger ; sur ce point,
le droit canonique est clair : le mariage, en cas d'acquisition d'un objet aussi
incongru, est déclaré nul.
Et puis, on ferait quoi de toutes ces serviettes avec nos
initiales ?). Épouser la
liberté et la différence de l'autre empêche que sa manière de faire les choses
ne nous devienne insupportable : sa façon de tourner la cuillère dans la tasse, le ton
de sa voix quand il gronde un enfant, son usage insensé de la télécommande
(j'accepte notre différence, mais de grâce, pourrait-on expliquer à mon mari
qu'au moment du baiser final on ne change pas de chaîne sous prétexte que « de toute façon,
on sait comment cela va finir ! »).
Épouser sa
différence réduit peut-être aussi considérablement le champ possible des sujets
de conversation – sachant que
l'on ne parle résolument pas la même langue, un peu comme en anglais lorsque
l'on traduit library
par librairie. Tu lui dis être inquiète parce qu'il était en retard : il se sent
contrôlé et étouffé. Tu veux qu'il devine ce que tu penses : il a besoin de panneaux vert
fluorescent de trois mètres sur deux avec les mots JE SUIS TRISTE, NE ME LAISSE PAS. Le problème majeur de ces deux
langues intraduisibles de l'une vers l'autre est l'occurrence des mêmes termes
de façon tout à fait hasardeuse (et trompeuse).
Mon mari, qui
soutient que les gestes sont largement sous-évalués, les préfère à l'usage de
la parole ; c'est
peut-être pour cette raison qu'il déteste le téléphone. Je crains même qu'il ne
fasse un jour comme le footballeur qui lève son tee-shirt après chaque but pour
exhiber THE KING OF ROME IS NOT DEAD inscrit en lettres noires sur son
torse et qu'il ne déchire sa chemise à table pour dévoiler ce message, marqué
au feutre indélébile :
NONNNNN ! ENCORE DES PÂTES AUX OLIVES ! ? !
De mon côté
je n'ai pas renoncé à la communication verbale avec les hommes ; j'ai simplement concocté deux ou
trois petits expédients au cas où le besoin urgent d'une conversation se ferait
sentir.
J'exclurais
déjà le matin – chose facile
pour moi car je passe les quatre ou cinq premières heures de ma journée à
essayer de savoir qui je suis, pourquoi je vis, où est mon tee-shirt et quel
enfant doit aller à la maternelle (j'en ai un qui se débrouille tout seul, Dieu
merci, et maintenant je sais qu'il part avec la devise de la cent-unième
division aéroportée :
« J'ai rendez-vous avec le destin », mais je ne dois pas m'inquiéter, non, il ne va pas
risquer sa peau pour de vrai). Si, dans un bouchon en voiture, l'envie me prend
de parler avant midi, il est bon que je fasse des déclarations ne requérant non
seulement pas de réponse mais au contraire, les découragent, du style : « C'est vrai que le lait
entier a un goût différent ». Même si mon intention était plutôt de dire : « Je voudrais inviter Cristiana à dîner avec
les enfants, tu préfères quel jour ? »
Voilà une question à proscrire absolument : ne jamais la poser de
manière directe, encore moins s'il ne fait pas encore tout à fait jour, sauf
s'il est sous la douche et que, dans l'incapacité d'entendre la
question, il donne une réponse au hasard. Exemples d'autres annonces pouvant
être faites au conjoint sous la douche : le spectacle de l'école, le désir d'un autre enfant,
le projet d'aller voir les grands-parents à la campagne pour cette raison
inavouable que l'on souhaite assister à l'échographie d'une de ses sœurs (après
quatre enfants, mon mari n'a toujours pas compris ce qu'est une échographie).
Quant aux
autres moments de la journée, il faut simplement être prête à saisir l'instant
où il aura envie de parler, c'est-à-dire quand vous êtes en train d'écrire l'email de votre vie
à une amie, ou quand votre visage fond entre vos mains après dix-sept heures de
travail. Il est clair que le sujet dont il aura envie de parler sera l'avenir
économique de l'Islande ou la nécessité de tailler les citronniers.
Si en
revanche une femme a besoin d'un échange intime et profond sur cette légère
tristesse qui obscurcit le fond de son cœur, qu'elle ne garde pas ses pensées
secrètes pour elle en déclarant finalement : « J'ai un problème qui m'embête, tu sais... la
goutte d'eau qui fuit du robinet de la salle de bain ». Parce que lui va se lever pour
aller réparer le robinet ! C'est sa manière d'écouter et de se rendre
utile : régler le
problème. Aucune femme de bon sens ne se plaint à son mari pour s'entendre
répondre : « Mais
ma chérie tu es une femme merveilleuse ». Les amies sont là pour ça.
C'est
d'ailleurs surtout pour elles, mes amies, que j'ai décidé d'écrire. Que cela
n'étonne pas ceux qui, à la lecture du titre, s'attendaient à une belle leçon
adressée aux hommes. Je pense, comme Fulton Sheen, que le niveau d'une civilisation se mesure à celui de
ses femmes. « Plus
grande sera la vertu de la femme, plus fort sera son caractère, plus elle sera amoureusement
fidèle à la vérité, la justice et la bonté, et plus un homme devra s'efforcer
d'en être digne ».
La femme est
le soleil de la maison. D'après Pie XII, elle reçoit le primat de l'amour : voilà ce que l'Église annonce
depuis toujours (c'est tout, sauf du machisme).
La grandeur
d'un homme marié ne se sépare pas de celle de sa femme, alors qu'une femme peut
gagner sa grandeur auprès d'un homme de peu de noblesse, et qu'elle la trouve
justement en se démenant pour l'aider à devenir un grand homme.
Nous voulons
des hommes capables de donner leur vie ? Je proposerais de le leur dire
avec des gestes concrets, c'est-à-dire avec des cadeaux – qui, comme tous les cadeaux,
doivent être offerts librement et gratuitement et convenir à celui qui va les
recevoir.
Des cadeaux
capables de faire chavirer leur cœur !
Des cadeaux
offerts avec douceur, et non pas donnés comme des cages pour enfermer, ni avec la prétention de celui qui
sait de quoi l'autre a besoin. Des cadeaux qui cherchent à saisir les désirs
ou, dans la mesure du possible, à les devancer. Mais qui, s'ils n'y parviennent
pas, peuvent aussi être refusés.
De vrais
cadeaux.
Costanza
Miriano, in Épouse-la, et meurs pour elle (Le Centurion 2016)