C'est maintenant l'heure de nous
retrouver entre nous, celle des échanges mêlés de confidences, ou, comme on
aurait dit au XVIIIe siècle, celle des conversations. L'interrogation initiale qui nous a amenés à
explorer le Prologue datait de près de deux mille ans. Il en va autrement en ce
moment. La sollicitation est infiniment plus modeste, diversifiée, plus intime
aussi, et à sa façon plus troublante. Nous nous demandons les uns aux
autres : « Après cette fréquentation du Prologue 1,
qu'est devenue notre parole d'homme et éventuellement de chrétien ? »
Par quelle association d'images, je
l'ignore : je pense immédiatement au vol des oiseaux.
On a sans doute oublié la description
mécaniste qu'en fait Montesquieu : « Il y a trois choses à considérer,
écrit-il, la pesanteur de leur corps, l'étendue de leurs ailes et la force du
muscle qui pousse l'air ». D'où cette inférence de médecin de
campagne : « Ce qui fait que les hommes ne peuvent, je crois,
parvenir à voler, c'est 1° leur grande pesanteur, 2° le mouvement de l'épaule
qui devrait suppléer à celui du muscle de l'aile, 3° le danger ». À tout
compétiteur, salut !
Combien plus fin, plus réaliste, plus
savant, plus convaincant, le génial Léonard de Vinci. Rien que cette
observation : « L'imperceptible palpitation des ailes sans battement
effectif maintient l'oiseau posé et immobile dans l'air mouvant ».
S'il nous faut prendre notre envol,
nous voici avertis comment le conduire.
Prendre la parole après le Prologue
ne constitue pas pour moi une démarche innocente.
Donnerai-je une idée de mon sentiment
en recourant à une fiction ? J'ai maintes fois conçu, pendant que nous
travaillions ensemble, qu'il devait être difficile à plus d'un lecteur,
déchiffrant le Prologue, de ne pas l'entendre comme aux grandes orgues. En
rêve, il existe des œuvres sonores imaginaires. L'exécution est à peine
achevée. L'immense édifice où il a retenti tremble encore sous ses voûtes
d'avoir été conquis pareillement.
Jadis, mais cette fois dans la
réalité, aux heures mystiques de Saint-Séverin, à la messe paroissiale, Michel
Chapuis improvisait toujours après chaque lecture liturgique. D'elle-même, sans
la moindre postulation de notre part, la parole sacrée suggérait l'artiste la
tentation musicale de révéler une part de ce qu'elle n'avait pas explicité.
Quand tout s'est tu, en pareille
circonstance, qui oserait élever la voix, serait-ce seulement en quelques mots,
assis à côté de l'organiste sur le même banc, dissimulés l'un et l'autre
derrière les boiseries et les garnitures de l'instrument seigneurial ?
Jeunes théologiens, nous gardions scrupuleusement le silence quand, le
dimanche, à Notre-Dame-de-Paris, nous montions frauduleusement auprès de Louis
Vierne, le vieux maître inspiré et séducteur, issu des jeunes aveugles.
Dois-je aujourd'hui déroger à ce code
de bonne tenue et à ce respect ?
Plutôt que de prendre moi-même la
parole après le Prologue, il me semble que je dois la laisser à un pèlerin de
Dieu.
— Qui donc ?
— Me le pardonnera-t-on ? Un
jésuite. Du XVIIIe siècle. Né en 1675, mort en 1751. Médiocrement
apprécié par ses supérieurs. En quarante ans obscurs de ministère plus ou moins
occupé, chargé successivement ici et là de dix à douze tâches
d'exécution : petit professeur de collège, prédicateur itinérant, aumônier
de religieuses — par chance à Nancy les Visitandines de Sainte Jeanne de
Chantal —, responsable d'une maison de retraites fermées qui ne fonctionnera
guère, occasionnellement directeur et finalement supérieur de séminaire.
À soixante-six ans, il laisse publier par un autre des Instructions spirituelles qu'il ne signe pas. Il avait le don de découvrir les âmes inaperçues et obscures. Évidemment tout autre chose que Balzac devant le génie de ses concierges, de ses gens de rien. Divinement visionnaire. Injustifiable. Il les révélait à elles-mêmes. Il apprenait à l'entourage qu'elles étaient là. Dieu ne manque jamais. Elles font partie de l'histoire sainte de l'humanité. Ce que nous avons besoin de savoir aujourd'hui. Julien Green m'a fait cadeau jadis de la correspondance du jésuite avec des religieuses, éditée cent dix ans après sa mort.
Un homme de notre temps.
À soixante-six ans, il laisse publier par un autre des Instructions spirituelles qu'il ne signe pas. Il avait le don de découvrir les âmes inaperçues et obscures. Évidemment tout autre chose que Balzac devant le génie de ses concierges, de ses gens de rien. Divinement visionnaire. Injustifiable. Il les révélait à elles-mêmes. Il apprenait à l'entourage qu'elles étaient là. Dieu ne manque jamais. Elles font partie de l'histoire sainte de l'humanité. Ce que nous avons besoin de savoir aujourd'hui. Julien Green m'a fait cadeau jadis de la correspondance du jésuite avec des religieuses, éditée cent dix ans après sa mort.
Un homme de notre temps.
— Son nom ?
— Jean-Pierre de Caussade.
J'ai eu tort
d'écrire : Injustifiable. Il n'avait pas carence d'as dans son jeu. Il disposait
de très bonnes cartes. Mais rien d'un battant.
Il n'était
pas théoricien de profession. Par la suite, très tardivement, on a fini par le
glisser et aussi par le hisser au niveau des gens qui s'y connaissaient en
mystique, entre Bossuet et Fénelon. Manie assimilatrice des époques. Pour moi,
il apparaît avant tout comme un missionnaire zélé des villes, des campagnes et
des couvents. Si c'est le concevoir trop court, il serait certainement le
dernier à m'en vouloir. Il avait l'habitude des processus élémentaires.
Je le vois
comme un religieux marginal, plus ou moins solitaire dans sa congrégation,
hanté par la découverte de saints, pour ne pas dire des mystiques qui s'ignorent, parmi les âmes
simples. Il avait été
comme averti de leur présence : celle d'hommes et de femmes qui vivent et meurent dans un profond effacement.
Les écrits de
Caussade revêtent
cette singularité qu'ils nous font voir
en même temps qu'ils nous font croire.
Engagés sur le plan spirituel le plus élevé, ils nous mettent immédiatement en
face de personnes dont nous percevons quasi physiquement la vérité à travers les dispositions journalières et les gestes
habituels de la vie. Tout ce qui les concerne commence de la sorte,
antérieurement à toute parole.
Il nous est prescrit d'avoir regard.
Parce que
Dieu a voulu qu'il en soit ainsi. Notre condition humaine de chrétiens n'a
qu'une seule explication, à
savoir que Dieu est Dieu. Il n'y a pas de vérité à laquelle Caussade tenait
davantage.
Ce qui nous
amène à ne pas
confondre simplicité et simplicité.
L'une est une
vertu morale toute à
notre portée, bien qu'austère, fort respectable, qu'annonçait
magnifiquement Epictète
disant que « rien ne nous
sépare de la sagesse que nous-mêmes ».
L'autre est
un don immédiat de notre Dieu —
celui de tous — qui marque
ainsi son bonheur de nous rendre heureux. Elle surprend chaque fois et sa
présence fait événement. Elle se révèle en nous avec une originalité, mais
également avec une délicatesse sensible insoupçonnée, comme par un parfum, due à un bouquet de clarté intérieure,
de paix et de joie, emprunté ce matin-là au Paradis. Trop discrètement à notre
gré, puisqu'elle demeure insaisissable comme tout mystère de Dieu. Notre jésuite,
jardinier des fleurs secrètes, indiquait un signe d'elles qui, disait-il, ne
manque jamais :
imprimée par Dieu dans l'âme, la certitude de sa bonté, une certitude qui nous dit tout et
d'autant plus grande
chez qui n'a même pas songé à la mettre en question.
À quels
signes reconnaissait-on les âmes simples dont s'occupait Caussade ? « Ni
entreprises héroïques ni jeûnes ni aumônes excessives ni zèle ardent et
étendu ». À quoi
donc ? Ils sont « unis simplement à Dieu par la foi
et par l'amour ».
Satisfaisant en effet, mais trop facile à dire et surtout invérifiable.
L'examen
méthodique de leur conduite morale n'en apprenait pas davantage sur elles.
Elles s'efforcent de répondre à un triple impératif : « devoirs de précepte, devoirs de
nécessité, devoirs d'inspiration ». Il n'y a rien assurément de plus honnête ni de plus
banal, surtout pour des religieuses.
Devoirs de précepte : qui oserait contrevenir aux
obligations communes des chrétiens ?
Devoirs de nécessité : comment se soustraire à ce que requiert
la subsistance de chaque jour ?
Devoirs d'inspiration — tout de même — ceux « auxquels l'Esprit de Dieu nous
incline par son onction ».
Franchement,
y avait-il là de quoi sortir un saint ?
Vérificateur
néanmoins, puisqu'il en fallait bien un, que ce Caussade ? Et de quel talent ? En principe, il avait déjà perdu
la partie : il l'a gagnée
toute. Et avec quelle évidence ?
Comment ? Étranger aux
fulgurances, aux tonnerres ou aux grands vents, sans le moindre effet de
voix : il
s'adressait toujours à
quelqu'un. D'autant plus inéluctable, le sentiment de grandeur authentique
qu'on éprouvait à l'entendre ! Ce discours non préparé nous réserve un cadeau des
plus rares :
Caussade lui-même parle de Dieu simplement
aux simples !
Prouesse qui
tient du miracle. Si j'étais à Rome membre de la Congrégation pour la cause des
saints, je
proposerais qu'on la considère comme telle.
Ce qui
n'exclut pas que nous ayons droit à quelques éclaircissements.
Le Jour promis aux chrétiens où tout serait dévoilé n'était
évidemment pas arrivé. Caussade
le savait mieux que nous. Il eut recours, pour tâcher d'entrouvrir le
mystère de la sainteté à ce qui lui était donné, à savoir une raison, héritière du cœur,
chez le croyant qu'il était.
Sa raison ? Parce que Caussade était
indéfectiblement homme, il ne pouvait pas ne pas en faire usage. Ce fut
exemplaire. Héritière du cœur ? Parce que, pour lui comme pour
Pascal, « c'est le cœur
qui sent Dieu et non la raison ». Chez le croyant qu'il était ? Parce qu'il avait à faire
travailler cœur et raison à l'intérieur du Royaume de Dieu. Il allait leur
demander de prendre acte des relations présentes entre Dieu et nous autres.
Il n'est plus
que d'écouter Caussade.
Son
enseignement a été marqué par deux temps forts, chacun d'entre eux se référant
aux paroles initiatiques du Christ en saint Matthieu.
Tout d'abord
une invocation à la liberté spirituelle, notamment à celle des humbles. Déjà le Christ lui-même, récusant le fardeau insupportable imposé jusqu'alors par les observances
juives, avait‑il annoncé un Évangile
d'accueil, d'ouverture et de soutien : « Venez à moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur
vous mon joug et mettez-vous à
mon école, car je suis doux et humble de cœur ».
Aussi bien le
Fils unique venait-il, dans une ardente prière d'action de grâces, de
s'écrier : « Je te
loue, Père, Seigneur du Ciel et de la Terre, d'avoir caché toutes ces choses — ces mystères — aux sages et aux savants et de les
avoir révélées aux tout petits ». C'était du plus lointain ouvrir la route à un homme
comme Caussade.
Nous tenons
les deux fondements irrécusables de son action.
Voici le
signalement fort précis que Caussade
a dressé, très tôt sans doute, de certaines âmes qu'il avait discernées
dans son entourage ou parmi ses correspondants. Des contrastes vivants
définissent leur grâce.
« Ce
sont, dans l'esprit de la plupart, des lumières, à la vérité bien pénétrantes
et fort efficaces mais sans éclat ». Plus déconcertant encore : « Des lumières
toutes divines mais, quant au sentiment, presque imperceptibles ». Quelle action leur attribuer ? « Elles
conduisent, règlent, dirigent tout et nous soutiennent dans les
rencontres ». Notation
d'expérience :
« On s'aperçoit ensuite d'avoir été éclairé et
soutenu ». Par quelle
Providence ? Ici nous
atteignons le sommet de cette analyse : « Sans savoir presque comment ni par où ».
Nous avons
bien présent à l'esprit qu'à
part quelques exceptions notoires, dans les couvents comme ailleurs, il
s'agissait de personnes « qui avaient un
petit ouvrage, tout simple, tout caché, tout secret et tout méprisable à l'extérieur ».
La première
urgence pour tout conseiller spirituel est de respecter l'état des personnes
qui lui sont confiées :
de se refuser à les inhiber
en les prenant corps et âme dans la toile d'araignée de directives
conceptuelles, d'impératifs ascétiques ou de contraintes que l'Eglise n'impose pas.
Comment la
sainteté du fidèle dépendrait-elle de la multiplication des actes auxquels on
l'incite ou auxquels il s'astreint personnellement ? Ce qui pour Caussade est
proprement hérétique. D'ailleurs « en tout cela, il n'est pas rare que l'âme
s'abuse ». Il faut
rompre résolument avec ce préjugé.
Seule importe
une fois pour toute —
qu'on soit petit ou grand —
« la pureté d'intention dans le moment présent », ce que Caussade dénomme d'une
expression presque populaire « la bonne
volonté du cœur ».
Cette façon
de procéder du jésuite n'allait pas de soi à tout le monde. Elle pouvait susciter les pires
inquiétudes.
D'une part la
conduite qu'il préconisait avait quelque chose de paysan par rapport à la mystique si pure et si élevée
qui était visée. Il excluait tout moralisme, de telle sorte qu'à aucune étape
du parcours on ne pouvait distribuer à l'itinérant de satisfecit. Caussade avait porté à l'extrême la difficulté de vivre
avec Dieu.
Certaines
âmes habituellement réputées d'élite, exercées à prendre elles-mêmes en main leurs affaires
spirituelles, se trouvaient comme dépossédées — Qui
s'occupera d'elles ? quelques-unes éprouveraient l'angoisse d'être sans
guide et de manquer.
Il fallait
davantage pour troubler Caussade.
« Heureuses infortunes », aurait-il répliqué. Et à chacune de ses plaignantes : « Votre
sainteté est absolument l'affaire de
Dieu. Or il s'y connaît. Abandonnez-vous à lui ».
Ce qui
n'aurait pas non plus tranquillisé tout le monde. En était-on capable ?
Caussade reprenait
alors son langage de curé de campagne : « L'art de l'abandon n'est que l'art d'aimer. Aimer,
c'est désirer sincèrement aimer. Dieu voit le cœur et ne demande que le cœur.
Il nous aime et nous voulons l'aimer. Comment ces deux amours qui se
recherchent l'un l'autre ne s'accorderaient-ils pas, quand ils se
rencontrent ? »
Cette
rencontre entre Dieu et l'homme peut être infiniment discrète chez nombre d'âmes simples. Caussade se fonde sur
leur grâce. Sa tâche est de la leur faire découvrir, en quelque sorte de les
initier elles-mêmes. Qu'arrive-t-il
alors ?
« Cette découverte de l'action
divine dans tout ce qui se passe à chaque moment en nous et autour de nous, est la vraie
science des choses ;
c'est une révélation continuelle de la vérité. C'est un commerce avec Dieu
qui se renouvelle sans cesse... C'est un fond de paix, de joie, d'amour et de
contentement de Dieu, vu, su ou plutôt cru... C'est le paradis éternel
qui n'est, à la vérité,
présentement connu et goûté qu'en choses informes et couvertes de
ténèbres ».
Si d'aventure
quelqu'un craignait qu'envers et contre tout il y ait là excès d'affectivité,
qu'il soit vite détrompé. Et doublement.
Pour Caussade, nul n'échappe
à la déréliction tragique du Golgotha : « Dieu instruit le cœur non par des
idées, mais par les peines et les traverses. Cette science est une connaissance
pratique par laquelle on goûte Dieu comme l'unique bien ».
Quant à la
lumière intérieure qu'apporte cette connaissance dans une âme « fidèle à ses obligations,
tranquillement soumise aux ordres intimes de la grâce, douce et humble envers
tous », elle « vaut mieux que la plus profonde
pénétration des mystères ».
Certains
lecteurs me demanderont peut-être comment se comportaient dans leur milieu les correspondants — dans tous les sens du mot — de Caussade. Ils craignent en réalité que cette pédagogie
spirituelle ait surtout abouti à une prolifération contre nature d'êtres
solitaires.
Je me
réjouirais que pareille question me soit posée. Je ne saurais y échapper. Le
visage et le cœur, chez les saints, ne sont pas séparables.
« On n'a besoin de
personne et cependant on a besoin de tous » : ce sont les mots que Caussade prête aux âmes
simples. Non, certes,
que celles-ci jouent du même et de l'autre. C'est la foi qui les met dans la
situation de parler ainsi.
Plutôt que
cette conviction générale, fort respectable, ce qui nous importe, me dira-t-on, c'est la
manière dont, dans l'entourage de Caussade, elle fut mise en usage.
Sur ce point
je ne puis évidemment que m'en remettre à ce que je lis chez cet auteur. Quel est son
témoignage ? Chez les amis
qu'il conseille non point une fuite ou une ignorance des autres, mais au
contraire une conduite, nous dit-il, « merveilleusement particularisée et appropriée à la nature de chaque personne ». « Ce qui ne s'apprend point
dans les livres »,
poursuit-il. Qu'est-ce donc ? Tenons-nous bien, nous risquons de défaillir : « Un vrai esprit prophétique.
L'effet d'une révélation intime, une doctrine, c'est-à-dire un enseignement de
l'Esprit ». Nous n'avons
plus qu'à tirer l'échelle.
« Toutes les âmes simples
s'approuvent et s'estiment les unes les autres, quelles que soient leurs
voies ».
Aucune
considération chez Caussade
n'est dépourvue de grandeur. Pour la raison qu'elle est fondée dans le
Christ et dans l'Esprit. Ce qui n'exclut en rien une liberté d'expression toute
personnelle.
Qu'on en
juge !
« Jésus-Christ était hier. Il est
encore aujourd'hui pour continuer sa vie et non pour la recommencer. Ce qu'il a
fait est fait. Ce qui reste à
faire, se fait tout moment ».
Ou
encore :
« L'Esprit de Dieu a la plume à la main. Il tient son livre ouvert
pour continuer l'histoire sacrée qui n'est pas encore achevée et dont la
matière ne s'épuisera qu'à la fin du monde. Cette histoire n'est que le récit
des conduites et des desseins de Dieu sur les hommes. Il ne tient qu'à nous de
figurer dans cette histoire. L'Écriture
sainte grossit tous les jours ».
Voici, pour
terminer, une sorte de médaillon de textes de Caussade, dressé par l'un de ses interprètes, jésuite lui-même.
Tout y est dit sur le père des plus humbles d'entre nous.
Il est certain qu'il y a un langage du cœur que Dieu
seul entend et qu'on lui parle par les seuls désirs du cœur et les mouvements
intérieurs, comme on parle aux hommes par la voix et par les paroles
articulées.
C'est alors que le Saint-Esprit tient école dans
l'intérieur, au fond de l'âme, où il l'écoute, lui parle, l'instruit, la meut,
la tourne, la façonne à son gré.
Ce sont des opérations d'esprit à
esprit où la personne même
n'entend presque rien, ce semble, et d'où pourtant elle sort avec certaines
impressions qui l'ont toute renouvelée.
D'où ce
conseil :
Rien d'autre à faire que de recevoir en simplicité ce
qui est donné en secret et comme incognito.
Dieu incognito. Avez-vous lu ?
Mgr Daniel Pezeril, in Le Christ
étonné (1997)
1. Le chapitre précédent traitait du Prologue de saint
Jean. [ndvi]