« La lutte contre la religion
c'est la lutte pour le socialisme ».
(Devise de l'Union des Sans-Dieu Militants)
c'est la lutte pour le socialisme ».
(Devise de l'Union des Sans-Dieu Militants)
L'athéisme moscoutaire est une émanation du communisme
soviétique. Avant de parler de l'Union des Sans-Dieu Militants, de sa
genèse, de son développement et de sa propagation mondiale, il n'est donc pas
inutile de dire quelques mots de la doctrine d'où est née l'antireligion
contemporaine.
Si nous admettons que le monde en soit arrivé à l'époque
de l'impérialisme ou du capitalisme dépérissant, avec Staline
nous pouvons définir le communisme soviétique 1 :
« Le marxisme de l'époque de l'impérialisme et de la révolution
prolétarienne ». Le communisme soviétique est en effet un marxisme. La
terminologie peut changer, — on l'appellera parfois le bolchevisme ou le
léninisme, — la doctrine n'en restera pas moins une forme extrême de socialisme
adapté aux temps présents : ses adeptes se réclament de Karl Marx et
prétendent même en être les seuls disciples authentiques.
Par son essence même, par sa fin et par
les moyens qu'il prend pour réaliser
cette fin, le communisme soviétique — comme toutes les formes de socialisme
marxiste 2 est
incompatible avec le catholicisme.
Le communisme étant un marxisme, sa doctrine, comme on l'a
vu dans le chapitre précédent, est essentiellement matérialiste. Elle
nie l'esprit sous toutes ses formes : elle n'admet donc ni l'existence de
Dieu, ni celle de l'âme. Le catholicisme, au contraire, est essentiellement spiritualiste.
La fin du communisme est de réaliser l'égalité la plus
parfaite entre les hommes 3 et pour cela de supprimer la
propriété privée, considérée comme la cause principale des inégalités sociales,
lesquelles — par suite d'une fausse conception de la justice — sont regardées
comme des injustices : les biens d'un chacun deviendraient communs à tous
et leur administration reviendrait aux municipalités ou à l'Etat. Or, le
catholicisme considère cette fin comme « souverainement injuste, en ce
qu'elle viole les droits légitimes des propriétaires, qu'elle dénature les
fonctions de l'Etat et tend à bouleverser de fond en comble l'édifice
social ». (Encycl. Rerum Novarum)
Par les moyens qu'il prend pour
réaliser sa fin, le léninisme — c'est ainsi que nous appellerons désormais le
communisme soviétique contemporain — est plus incompatible encore avec le
catholicisme et même avec toute forme de christianisme et de religion.
Puisque le léninisme n'admet l'existence ni de Dieu ni de
l'âme, par le fait même il est irréligieux ; son paradis est ici-bas, tout
au-delà est nié. Bien plus, pour réaliser la chimérique égalité entre les
hommes, laquelle est censée donner la béatitude sur terre, le léninisme emploie
comme moyen la destruction violente de la religion. Il la considère, en pays de
conquête, comme un soporifique dont le capitalisme se sert pour endormir le
peuple ; et, en pays conquis, comme un obstacle à la construction socialiste.
Sur cette nécessité de liquider la religion pour réaliser
le plan, la pensée de Lénine est très
nette. Avant même d'arriver au pouvoir, il avait prêché cette doctrine à maintes
reprises : « Nous devons combattre la religion — s'écriait-il en 1909 4 »
— c'est l'A. B. C. de tout matérialisme et, partant, du marxisme. Mais le
marxisme n'est pas un matérialisme qui s'en tient à l'A. B. C., il va plus
loin, il dit : « Il faut savoir lutter contre la religion ».
Et encore : « La religion est l'opium du
peuple » cette sentence de Marx constitue la pierre angulaire de toute
conception marxiste en matière de religion. Religions, Églises modernes,
organisations religieuses de toutes sortes, le marxisme les considère toujours
comme des organes de réaction bourgeoise »5.
Loin de s'estomper avec le temps, cette doctrine fait
aujourd'hui partie du programme officiel de la IIIe Internationale,
en vertu duquel tout communiste est tenu à « lutter contre la religion
inflexiblement et systématiquement ». Et, dans le Bezbojnik d'août 1935, Yaroslavsky faisait connaître les tâches des
années à venir : « Pas de repos, écrivait-il, pas de trêve sur le
front antireligieux ! Il faut donner une activité nouvelle à ce front,
réorganiser la propagande, améliorer les cadres ! Mettre en action, non
seulement la critique des attaches sociales de la religion, mais aussi la
critique scientifique, montrer le gouffre qui sépare la science de la religion,
aider les masses à franchir ce gouffre ».
Comment s'étonner dès lors que le magistère ecclésiastique
ait renouvelé à maintes reprises la condamnation du socialisme, et par le fait
même du communisme et du léninisme ?
À partir de
l'encyclique Qui Pluribus (9 novembre 1846), ces condamnations se
succèdent à quelques années d'intervalle, insistant davantage tantôt sur un aspect de la doctrine, tantôt sur un
autre. Parmi ces documents, un des plus célèbres reste
l'encyclique Rerum Novarum (16 mai 1891), en laquelle Léon XIII, après
avoir réfuté le socialisme, expose la doctrine sociale du catholicisme, vrai
remède aux misères de la société contemporaine.
Malgré ces multiples condamnations, certains ont voulu
trouver des accords possibles entre le marxisme et le christianisme. N'a-t-on
pas vu paraître dernièrement une revue mensuelle intitulée Terre Nouvelle,
organe des chrétiens révolutionnaires ? En plus de ce titre étrange, ce périodique ne
porte-t-il pas sur sa couverture une croix unie à la faucille et au marteau,
symbole de l'idéologie pour le moins utopique que ses rédacteurs s'efforcent de
propager ?
Devant des tentatives de ce genre, ce n'est pas sans
raison qu'à maintes reprises le magistère ordinaire de l'Eglise a cru devoir,
en divers pays, se faire l'écho de la voix des pontifes romains pour préciser
l'incompatibilité entre le christianisme d'une part et le socialisme ou
communisme de l'autre. Citons seulement un passage de la Déclaration du
25 mars 1925 en laquelle les cardinaux et archevêques de France ont rappelé
très nettement l'enseignement du catholicisme sur ce point : « La
religion laisse à chacun la liberté d'être républicain, royaliste, impérialiste,
parce que ces diverses formes de gouvernement sont conciliables avec
elle ; elle ne lui laisse pas la liberté d'être socialiste, communiste ou
anarchiste, parce que ces trois sectes sont condamnées par la raison et par l'Église ».
La position du
catholicisme est donc
catégorique : pas d'accord doctrinal possible, dans l'ordre de la
vérité 6, entre le
catholicisme d'une part, et le
socialisme ou communisme de
l'autre ; ou, en d'autres termes — selon les paroles de Pie XI dans
l'encyclique Quadragesimo Anno —
« socialisme religieux, socialisme chrétien, sont des contradictions : personne ne peut
être en même temps bon catholique
et vrai socialiste ».
La position des grands théoriciens du communisme
soviétique est également catégorique : « Religion et communisme sont incompatibles aussi bien en théorie qu'en
pratique », lisons-nous dans l'A.B.C. du communisme, qui
peut être considéré comme le catéchisme des écoles soviétiques.
2. L'antireligion au pouvoir.
Genèse et premiers développements des Sans-Dieu
Par le fait de tels principes, l'arrivée au pouvoir du
parti communiste, c'était l'arrivée au pouvoir de l'antireligion. Or,
précisément, en octobre 1917, la première étape de la voie tracée par les
théoriciens du marxisme contemporain se réalise : le parti communiste
s'empare du pouvoir dans l'ancienne Russie des tsars, il y installe par la
violence un gouvernement soviétique, destiné à être maintenu par la dictature
du prolétariat.
Dès qu'ils sont maîtres de la situation, à la fin de 1917,
Lénine et ses disciples s'efforcent de déblayer de tout vestige de l'ancienne
société capitaliste le terrain qu'ils viennent de conquérir par la force :
ils commencent à livrer un combat acharné contre l'Église et la religion,
considérées par eux comme une partie
intégrante de cette société.
Toutefois, pendant les premières années qui suivent
l'hiver 1917-1918, la lutte antireligieuse n'est pas organisée. C'est à peine
si, en 1919, il y a quelques hommes spécialement chargés de la direction de
cette œuvre maudite : Yaroslavsky, Stepanow-Skworzow, et Krassikow. Sauf
quelques campagnes antireligieuses, auxquelles les komsomoltzi (Jeunesses
communistes) sont spécialement initiés, jusqu'en 1921 la lutte contre la
religion garde un caractère individuel. Mais, dès cette époque, des cellules
athées commencent à noyauter les villes et les campagnes. En 1923, le XIIe
Congrès du parti communiste décide une action antireligieuse systématique pour
éviter que « les préjugés religieux ébranlés et compromis gardent encore
du terrain ». Dès lors, deux journaux, le Bezbojnik (le Sans-Dieu)
et le Bezbojnik ou Stanka (le Sans-Dieu au Chantier), sont
lancés dans le public : l'un et l'autre sont des organes authentiques de
l'antireligion. Ils stimulent le prosélytisme des athées moscoutaires, qui, en
1925, fondent l'Union des Sans-Dieu. Le but de cette association,
présidée par Yaroslavsky, est de faire pénétrer l'athéisme marxiste dans toutes
les populations des Républiques soviétiques. Trois catégories de personnes sont
particulièrement travaillées par les cellules athées : les ouvriers, les
paysans et la jeunesse. De 1925 à 1929, le nombre de ces cellules progresse
sans cesse 7 : en 1926, l’U.S.D. comptait
2 421 cellules et 87 033 membres ; en 1927, 3 121 cellules
et 138 402 membres, et 1928, 3 980 cellules et 123 007 membres.
3. L'Union des sans-Dieu
militants (U.S.D.M.)
Cependant, au gré des athées moscovites, cette progression
constante, bien que ralentie en 1928, n'est pas suffisante : l'action
antireligieuse n'est pas menée assez vigoureusement.
À son IIe Congrès, tenu à Moscou en juin 1929,
l’U.S.D. décide d'augmenter rapidement ses effectifs et de prendre un caractère
nettement agressif. Pour marquer cette attitude nouvelle, elle s'appellera
désormais l'Union des Sans-Dieu Militants (U.S.D.M.). Selon les propres
expressions de ses statuts (§ 1), elle cherchera à « unir les masses ouvrières de l’U.R.S.S. en vue d'une
lutte active systématique et continuelle contre toutes les religions qui sont un obstacle à la construction socialiste et à
la culture révolutionnaire ».
Sa
structure : Un règlement du 26 février 1934
nous décrit minutieusement la structure actuelle de l'Union des Sans-Dieu Militants dans
les Républiques soviétiques 8. La cellule constitue l'organisation
de base de l'Union. Elle noyautera
les entreprises, les usines, les fabriques, les fermes collectivistes kolkhoz
aussi bien que les différentes unités de l'armée rouge. Si elle comprend moins
de quinze membres, la cellule sera dirigée par un organisateur ; si elle est plus importante, par un bureau de
trois à cinq adhérents. Une entreprise possède-t-elle plusieurs corps de
métier, un organisateur sera désigné
pour chacun d'eux. On tiendra sur un registre spécial la liste des militants de
l'U.S.D. En plus de leur
carte de membre de l'Union, ceux-ci devront recevoir une carte de militant,
laquelle sera délivrée ou prolongée par les Conseils régionaux ou urbains. Les
Conseils provinciaux seront maintenus. Les travailleurs du Conseil régional de
l’U.S.D. seront chargés, en outre du travail au sein des minorités nationales,
de l'organisation des campagnes d'ensemble, du travail antireligieux parmi les
enfants, du travail scientifique et des informations de l'Union. Enfin, à la
tête de cette vaste organisation athée, le bureau exécutif est supprimé. Il est
remplacé par des conférences périodiques des Conseils Locaux. Celles-ci traiteront des différentes questions qui
ont trait à l'activité de l'Union. Le plenum et le praesidium du
Conseil central seront maintenus et dirigés par le président, ou à son défaut
par son adjoint ou le secrétaire responsable.
Ses
méthodes
Toute la population des Républiques
soviétiques est donc bien soumise à l'influence des Sans-Dieu Militants. Si le
christianisme est le principal point de mire de l'artillerie des Sans-Dieu,
leurs batteries n'épargnent cependant aucune religion. Il y a déjà quelques
années, Stepanoff le déclarait très explicitement : « Nous devons
agir de manière que chaque coup porté à la structure traditionnelle de
l'Église, chaque coup porté au clergé, attaque la religion en général... Les
plus aveugles voient à quel point devient indispensable la lutte décisive
contre le pope, qu'il s'appelle pasteur, abbé, rabbin, patriarche, mullah ou
pape ; cette lutte doit se développer non moins inéluctablement contre Dieu, qu'il s'appelle Jéhovah,
Jésus, Bouddha ou Allah »9. Et, au mois de juillet 1934, avec
un cynisme analogue, le camarade Olechtchouk avouait cette haine des
communistes authentiques pour toute forme de croyance en Dieu. « Il est
impossible, écrivait-il dans un article intitulé Réponse à un croyant 10,
de tracer une sorte de ligne de démarcation entre les véritables chrétiens
et les chrétiens entre guillemets. En fin de compte, tous les croyants se
ressemblent. Toute religion, comme l'a proclamé Marx, est un opium pour le
peuple. Toute religion est un instrument d'exploitation, un moyen d'endormir
les travailleurs. C'est pourquoi nous sommes contre toutes les
religions ».
La propagande des athées moscoutaires
est soigneusement préparée. Loin d'être appliquée sans discernement aux
diverses catégories de la population, elle bénéficie de toute la souplesse du
léninisme, qui s'adapte aux situations concrètes pour les exploiter plus
avantageusement. Voici à ce sujet la pensée de Golovkine, un des grands
pontifes en ces questions 11 : « Le prosélytisme
antireligieux doit tenir compte de la diversité des états de conscience. À ce
point de vue, il y a en somme deux grandes catégories d'hommes : les
croyants et les incroyants. Chez les premiers, le travail consistera à saper
les fondements de la foi ; les seconds devront seulement être encouragés à
rester fermes dans leur incrédulité et à devenir des athées militants.
« Les Sans-Dieu ne sépareront pas la lutte contre la
religion de la lutte de classes ; ils se garderont de blesser les croyants
dans leurs sentiments religieux lorsque cette tactique risque de nuire à leur
but ultime ; ils feront une critique large et complète des origines de la
religion, de ses développements, de son enseignement, des rapports de l'homme
avec la société.
« Le travail parmi les femmes ne sera pas négligé,
car — nous citons Golovkine — lorsqu'elles sont arriérées, c'est parmi elles
que se trouve le refuge le plus assuré de la religion ».
Et pour faire pénétrer l'antireligion parmi les enfants,
voici les directives données aux Sans-Dieu 12 : « Ce
travail réclame de nous une attention particulière. Nous devons amener l'enfant
à une conception athée du monde, lui donner une juste notion de la nature et de
l'homme. Nous devons lui montrer le rôle de la religion dans la lutte de
classes (évidemment sous une forme appropriée à son entendement), réveiller en
lui la volonté de lutte contre les préjugés religieux de sa famille et de son
entourage ».
Enfin Moscou considère la propagande antireligieuse comme
une partie intégrante du travail politico-instructif ;
elle se servira donc de tous les moyens employés par l'action politico-sociale pour agir sur les
consciences : « L'école, écrit Loukatchevsky, réalise l'éducation
antireligieuse ; la presse, le cinéma, la radio, la littérature, l'art
soviétiques luttent aussi contre la religion »13.
L'école
athée
De toutes ces armes, une des plus
puissantes pour détruire l'idéologie
religieuse dans les générations qui montent, est incontestablement
l'enseignement athée. Le commissariat de l'Instruction publique met en œuvre
les inventions les plus perverses pour déraciner de l'âme russe les moindres
germes d'atavisme chrétien. Les prosélytes de l'athéisme militant semblent en
voir sans cesse renaître dans les replis cachés de la conscience, même parmi
ces jeunes si ignorants cependant des civilisations d'hier. Des maîtres d'école
antireligieux sont donc formés avec soin. Les chrétiens qui sont restés à leur
poste, à condition de cacher leurs sentiments, sont l'objet d'un espionnage
continuel de la part du Guépéou aussi bien que de la part de leurs élèves. Dans
les Izvestia du 26 mars 1929, Lounatcharsky écrivait déjà :
« Les instituteurs croyants sont une contradiction absurde : les
sections de l'Instruction publique doivent profiter de chaque occasion pour les
remplacer par des professeurs antireligieux ». Quelques mois plus tard, en
juin de la même année, au deuxième congrès des Sans-Dieu, ce même Lounatcharsky,
alors Commissaire du peuple à l'Instruction publique, dogmatisait :
« Chez nous l'Instruction ne peut pas ne pas être communiste ; donc
elle ne peut pas ne pas être antireligieuse ».
Et, à la deuxième conférence des Instituts scientifiques
antireligieux, laquelle s'est tenue à Moscou du 13 au 15 juin 1934, le principe
était affirmé : « L'éducation communiste de l'enfant comprend
obligatoirement l'éducation antireligieuse »14. Bien plus, le Bezbojnik du 17 juin 1934 précise que « les institutions scolaires
soviétiques doivent préparer des Sans-Dieu Militants ». Voici, d'après l'Antireliguioznik 15,
comment une institutrice bolcheviste expose sa tactique : « Je me
suis donné pour but d'éduquer les antireligieux de telle sorte qu'ils puissent
devenir des assaillants conscients et bien préparés pour lutter contre la
religion à l'école, à la maison et dans la rue. Le travail commence chez les enfants de neuf ans. On leur raconte des
histoires choisies dans ce but. Les causeries consistent à mettre ceux-ci en
présence d'un problème pratique de lutte contre la religion. Après une causerie
(de ce genre), j'ai demandé aux enfants s'ils désiraient lutter contre la
religion... Immédiatement ils proposèrent de raconter dans d'autres groupes ce
qu'ils venaient d'entendre, de lutter à la maison pour la suppression des
croix, de persuader d'autres enfants d'agir de même, de faire des écriteaux
antireligieux et de les placer en divers endroits de l'école et dans la rue... »
Et l'institutrice de conclure : « La tâche des instituteurs consiste
à relever les fautes et à orienter la lutte antireligieuse des enfants sur une
voie juste... Il faut qu'ils se sentent membres de la grande armée des
Sans-Dieu ».
Donner à l'enfant cette expérience d'une solidarité
étroite avec la « grande armée des Sans-Dieu » n'est pas considéré
comme un point de peu d'importance dans l'éducation antireligieuse soviétique.
On le met donc en relation avec d'autres enfants ou adolescents appartenant à des
groupements d'athées militants avérés, tels que les Pionniers rouges et
les Jeunesses communistes. Ce contact renforce et continue la
« déformation » commencée à l'école. Si nous en croyons un témoignage
du vice-président de l'Union des Sans-Dieu 16, peu
suspect de léser la vérité sur ce point, « l'organisation des Pionniers
rouges exécute avec honneur le testament de Lénine concernant l'éducation
communiste systématique dont un des éléments essentiels est la lutte pour une
philosophie Sans-Dieu ».
Propagande par la presse
Avec l'école, la presse est également
asservie à la propagande soviétique athée : elle blasphème haineusement
contre Dieu, et, dans l'humaine conscience, miroir de la loi divine, elle vomit
le venin du matérialiste bolcheviste.
Les Éditions de l'Etat font paraître des publications
antireligieuses de valeurs très diverses. Des bibliographies de ces ouvrages
sont périodiquement insérées dans le Bezbojnik et l'Antireliguioznik.
Livres, brochures, tracts, journaux de toutes sortes,
unissent leurs efforts pour déraciner la religion et faire triompher
l'idéologie prolétarienne. Parmi les ouvrages publiés en Russie et destinés à
cette œuvre de destruction, en voici quelques-uns 17
particulièrement recommandés par les organes bolchevistes :
— Le Marxisme
léniniste, athéisme militant (1933-1934).
— Manuel antireligieux pour les ouvriers.
— La philosophie des Sans-Dieu.
— Le sentiment
religieux et la criminalité.
— Éducation antireligieuse à l'école.
— Programme de l'Université ouvrière antireligieuse.
— Cours antireligieux par correspondance.
— Comment lutter contre la religion.
— La campagne contre Dieu.
— La législation
soviétique destinée à procurer aux Sans-Dieu des moyens légaux pour lutter contre
les croyants.
— Quinze ans d'athéisme militant en U.R.S.S. (1932).
— L'éducation antireligieuse à l'école primaire (1934).
— Le XVIIe
Congrès du Parti Communiste et les problèmes du travail antireligieux (1934).
— Organisation et méthodes du travail antireligieux (1934).
Des centaines de livres antireligieux de ce genre sont
sortis ces dernières années des Éditions d'Etat. Ajoutons à cette liste les
titres de quelques périodiques moscoutaires, organes authentiques de l'athéisme
militant, tels que le Bezbojnik 18, l'Antireliguioznik, le
Bezbojnik (illustré), Neuland,
etc. et nous aurons une idée de l'activité nouvelle de la presse soviétique
dans ce domaine.
Expositions
et conférences avec projections
Parmi les moyens propres au gouvernement
de Staline, et qui ont pour but de faire pénétrer l'irréligion dans la masse,
il faut citer les expositions. Dans le courant de l'année 1929, un musée
central antireligieux était inauguré à Moscou. « Conçu et divisé selon la
conception matérialiste de l'évolution, il donne en quelques heures, nous dit
un témoin 19, une éducation antireligieuse complète ».
D'après le Bezbojnik du 10 juin 1934, il aurait reçu la visite de
centaines de milliers de travailleurs. Il constitue un centre actif de
propagande. Il envoie des expositions antireligieuses dans les parcs de repos,
dans les usines, dans les entreprises et les kolkhoz. C'est ce seul
musée central qui, de décembre 1932 à novembre 1933, aurait organisé et fait
parvenir dans les provinces de l'U.R.S.S. six cent soixante-dix-neuf petites
expositions ambulantes, destinées, elles aussi, à propager l'athéisme
marxiste-léniniste. Sa bibliothèque comprend plus de trente mille volumes à la
disposition de tous ceux qui travaillent contre la religion. Après avoir donné ces
renseignements, l'article du journal bolcheviste engage les soviets, aussi bien
que les conseils et les cellules de Sans-Dieu militants, à augmenter encore le
nombre des visites collectives au musée. Il rappelle que nombreux sont les
croyants que cette visite a déterminés à faire le premier pas sur la voie de
l'athéisme.
Pour que les communistes de culture moyenne puissent
prendre eux-mêmes, à peu de frais, une part active à la propagande infernale,
ils peuvent se procurer pour quelques roubles des conférences rédigées par le
Conseil central de l'Union des Sans-Dieu et accompagnées d'une série de
dispositifs pour projections lumineuses. Voici quelques-uns des titres annoncés
dans l'Antireliguioznik, n°3 de 1934 :
— Le Pape de Rome
au service du capital (cinq
roubles).
— La Religion au service de la bourgeoisie
internationale (dix roubles).
— La Femme libérée de l'oppression religieuse (six
roubles).
— La Guerre impérialiste et la religion (dix
roubles).
Ces conférences avec projections contribuent à seconder
l'action puissante des théâtres, de la radio et surtout des cinémas qui
apportent chacun leur part à cette lutte implacable contre toute forme de
déisme 20.
La science à la rescousse : Pour
arriver plus sûrement à leur but, les
dirigeants de l'U.S.D.M. essaient de donner à leur offensive athée un
caractère scientifique. Se souvenant
de l'inepte paradoxe de Staline : « Je suis contre la religion
parce que je suis pour la science », ils s'efforcent de prouver
l'incompatibilité entre l'une et l'autre. Ils oublient ou ignorent que,
préalablement à l'acte de foi, la raison doit comprendre que celui-ci est
raisonnable, que si l'acte de foi suppose la grâce, il n'en est pas moins une
adhésion de l'intelligence à la vérité divine.
En 1934, ils ont lancé un emprunt scientifique antireligieux. Il est un stimulant à l'action
pour leurs hommes de science. Ces
scientistes qui souscrivent à l'emprunt sont dispensés de verser l'argent comme
le commun des mortels. Ils sont seulement tenus à s'engager par écrit à donner
des conférences et à publier des articles antireligieux scientifiques. La fidélité à l'engagement remplace le versement
pécuniaire. Il faut donc s'attendre à de nouvelles découvertes de ces
pseudo-savants dont certains sont déjà arrivés à conclure que « le Christ
de l'Evangile n'a jamais existé » !
Du 13 au 15 juin 1934, le Congrès des Instituts
scientifiques, destinés à la propagande de l'athéisme, réunissait à Moscou des
délégués de vingt-huit institutions antireligieuses : sections
antireligieuses de l'Institut de philosophie de l'Académie communiste, de
l'Institut d'hygiène sociale, de l'Institut de pédagogie, etc... Parmi les
questions étudiées, les congressistes ont cherché à connaître les arguments
apologétiques du croyant et, — nous citons le Bezbojnik 21,
— les raisons qui l'empêchent de « se débarrasser des préjugés
religieux », les moyens de « dévoiler le rôle contre-révolutionnaire
de toutes les Églises au service de l'impérialisme et particulièrement le rôle
contre-révolutionnaire de la religion et de l'Église au pays des
Soviets ». Dans leur offensive scientifique
antireligieuse, les leaders communistes cherchent en effet à établir, dans la
mentalité prolétarienne, un lien nécessaire entre la religion, le capitalisme,
l'impérialisme et le fascisme. Tout membre de la IIIe Internationale
doit en arriver à éprouver une répugnance instinctive et simultanée pour ces
réalités qu'il considère déjà comme des idoles détestables de l'ancienne
société capitaliste.
La
famine, moyen de propagande
En même temps que sur le terrain
intellectuel, l'offensive des Sans-Dieu se développe sur le terrain juridique.
Le Commissariat de l’Instruction publique n'est pas le seul à soutenir par ses
ukases périodiques l'activité antireligieuse communiste. Les autres ministères
contribuent également à cette persécution systématique des croyant. C'est ainsi
que, le 8 avril 1929, le Commissariat de l’Intérieur promulgue un décret qui défend à toute association
religieuse :
« 1/ D'organiser des caisses de secours mutuels, des
coopératives, des unions de production... ;
« 2/ de distribuer des secours matériels à leurs membres ;
« 3/ d'organiser soit des réunions de prières pour
les enfants, les adolescents et les femmes, soit des réunions, groupes, cercles
ou sections générales bibliques, littéraires, d'ouvrage manuel, d'enseignement
de la religi0n, etc. ;
« 4/ d'organiser des excursions, des terrains de jeu
pour les enfants ;
« 5/ d'avoir des bibliothèques, des salles de lecture,
des sanatoria et des dispensaires... »
En vertu de mesures prises par le Commissariat de
l’Intérieur lesquelles étaient encore en vigueur à la fin de 1934, les
ministres du culte étaient privés de leur carte d'alimentation. Eux et leurs enfants sont assimilés aux
non-travailleurs et, par le fait même, privés également de leurs droits
civiques. Ils n’obtiendront du travail qu’en abjurant publiquement leur foi. La
suppression de la carte de pain, le 1er janvier 1935, ne change rien
à la situation : les ministres du culte, n'ayant pas le droit au travail,
ne peuvent gagner l'argent nécessaire pour vivre.
Quant aux enfants du clergé orthodoxe, ils sont tenus de
renier publiquement leurs parents. Jusqu'au début de 1935, la liste des malheureux
renégats était périodiquement publiée dans le Bezbojnik.
4. Développement de l'Union des Sans-Dieu militants (juin 1929 à décembre
1935)
Grâce à ces méthodes systématiquement appliquées, le 1er
janvier 1930, l'U.S.D.M. comptait 35 000 cellules et 2 000 000
de membres.
Mais, à l'instar du catholicisme qu'elle parodie,
l'antireligion prétend à l'universalité. Dans leur propagande nettement
agressive, les athées moscoutaires n'ont pas seulement comme objectif la Russie
soviétique : ils veulent conquérir le monde entier. Ils signeraient volontiers ce cri de guerre, qui sert
d'introduction au premier numéro du Bezbojnik : « Nous avons
détrôné les tsars de la terre, nous allons maintenant détrôner celui du
ciel ».
En 1930, les Sans-Dieu, grisés par leurs succès à
l'intérieur même de l'U.R.S.S., s'efforcent donc de compénétrer de plus en plus
l'Internationale des Libres Penseurs Prolétariens et de prendre ainsi
une influence mondiale.
L'affaire
de Bodenbach (15 novembre 30) :
Fondée à Téplitz en 1925, l'Internationale Proletarische Freidenker (I.P.F.),
Internationale des Libres Penseurs Prolétariens (I.L.P.), avait son
siège à Vienne jusqu'en 1930. Marxiste et, par le fait même, athée, elle se
disait appelée à « lutter pour libérer les prolétaires de l'intoxication
religieuse ». Cependant, le Professeur Hartwig, social-démocrate
autrichien, condamnait toute violence : il voulait seulement qu'on fît
« pénétrer dans les masses la nouvelle culture antireligieuse ».
Telle était également l'opinion de plusieurs leaders des sections de l'I.L.P. d'Allemagne, de Tchécoslovaquie,
de France, de Belgique et de Pologne. Aussi, l'I.L.P. d'alors n'admettait-elle ni les persécutions
soviétiques, ni la dépendance absolue du Komintern.
Cependant, à son IVe
Congrès, tenu à Bodenbach,
le 15 novembre 1930, les éléments extrêmes de l'Internationale des Libres
Penseurs Prolétariens de Vienne, sous l'influence des Sans-Dieu
moscoutaires, se séparent des éléments modérés. Laissant ceux-ci fusionner avec
l'Internationale des Libres Penseurs radicaux-socialistes de Bruxelles
et former avec eux l'Union Internationale
des Libres Penseurs, ils se transforment en une organisation purement bolcheviste,
traitent les transfuges de « laquais de la prêtraille » et font
eux-mêmes profession d'athéisme militant. Leur nom de « libres
penseurs » ne traduit donc plus leurs sentiments réels : « Nous
sommes adversaires de la liberté de pensée, écrivent-ils, en février 1932 23,
parce que, luttant contre la religion sur le terrain de classe, nous ne pouvons
tolérer aucune des croyances qui, à l'époque historique du capitalisme, sont
des armes politiques entre les mains de la bourgeoisie. La liberté de
conscience correspond à la victoire révolutionnaire de l'idéologie bourgeoise. Répudions
ce terme de libre penseur qui a fait son temps, revendiquons la gloire d'être
athées ».
Par le fait même, l’I.L.P. (Internationale des Libres Penseurs Prolétariens) rejette
toute alliance avec l'Union Internationale des Libres Penseurs dont elle ridiculise la
tolérance et le manque d’activité. Elle la taxe volontiers de « bourgeoise
réformiste » et se proclame avec fierté 24 « la seule
organisation mondiale qui, sous la bannière de l'athéisme révolutionnaire,
mène, avec l'arme du matérialisme dialectique, les masses travailleuses à la
lutte contre l'Église et la contre-révolution ».
Après l'affaire de Bodenbach, les athées moscoutaires,
déjà unis à ceux de l'I.L.P. depuis
1925, fusionnent de plus en plus avec eux. L'Union des Sans-Dieu militants ne
fait plus désormais qu'une seule et même unité morale avec l'I. L. P. Aussi,
l'antireligion soviétique allait-elle se développer très rapidement non
seulement dans l'U.R.S.S., mais aussi dans tout l'univers.
L’U.S.D.M. et l’I.L.P. de novembre 1930 à janvier
1933
En 1930, tandis que la collectivisation
forcée était poussée à l'extrême, au XVe Congrès du parti communiste, le Commissariat du
Travail et des Syndicats ouvriers recevait l'ordre « d'organiser et
d'intensifier la propagande antireligieuse ». Il ne faut donc pas
s'étonner que les années 1930 à 1933 restent tristement célèbres par
l'intensité de la campagne contre la religion. Les prêtres et les fidèles sont
emprisonnés en grand nombre, la plupart des églises fermées ou détruites, le
pape tourné en ridicule. Les protestations pontificales ne font qu'accroître la
haine des Sans-Dieu qui semble alors atteindre son paroxysme. Le tirage des
journaux antireligieux augmente considérablement. À la fin de 1930, le Bezbojnik tirait à 400.000 exemplaires,
alors qu'en 1928 il ne tirait qu'à 63.000 ; au lieu de n'avoir que quatre
pages, il en a huit.
Le nombre des membres et des cellules de l'U.S.D.M. suit également une courbe
ascendante :
— Le 1er janvier
1931, elle compte 50 000 cellules et 3 millions 500 000
membres ;
— le 1er mai
1931, 60 000 cellules et 5 000 000 de membres ;
— le 1er mai
1932, 80 000 cellules et 7 000 000 de membres.
À ces chiffres 25, il faut ajouter les
1 500 000 enfants Sans-Dieu.
À propos du second plan quinquennal, Yaroslavsky écrivait
à cette époque : « Ce plan, qui trace le programme de notre construction
économique, est lié à un autre plan quinquennal concomitant destiné à déraciner
la religion »26. Or, voici un résumé 27 des
cinq parties de ce plan :
« La première année — lisons-nous dans ce décret — toutes
les écoles religieuses devront être fermées et les premières mesures seront
prises pour la fermeture des églises dans la capitale.
« La deuxième année, toutes les personnes qui ont une
religion devront être chassées des entreprises et des bureaux de l'Etat. Toute
littérature religieuse sera prohibée et on fabriquera cent cinquante films
antireligieux, destinés à être représentés dans toute l'Union soviétique,
surtout dans les écoles.
« La troisième année sera consacrée à augmenter
l'activité des cellules Sans-Dieu et à chasser de l'Union soviétique tout
ecclésiastique qui refuse de renier son état, quelle que soit la religion à
laquelle il appartient.
« La quatrième année, toutes les églises, chapelles
et synagogues devront être livrées au soviet local afin qu'on puisse les
transformer en cinéma, club ou autre lieu destiné à passer son temps
intelligemment.
« La dernière année devra être consacrée à consolider
les avances sur le front de la lutte antireligieuse. Le 1er mai
1937, il ne devra rester sur le territoire de l'U.R.S.S. aucune maison destinée
au culte et la notion même de Dieu devra être effacée de l'esprit
populaire ».
Les enquêtes les plus variées sont faites en vue de donner
une vie plus intense à l'irréligion. Tantôt c'est un Congrès de bibliothécaires
de l'U.R.S.S., convoqués pour discuter les moyens de perfectionner l'action
antireligieuse des bibliothèques et d'inspirer toute la littérature soviétique
de ce même esprit athées. Tantôt l'enquête se fera sous la forme d'une
circulaire destinée au grand public. L'une d'entre elles commence par expliquer
que le Comité central du Conseil des Sans-Dieu Militants et les Éditions de
l'Etat ont entrepris la publication de brochures et de livres à l'usage des
croyants ; elle fait ensuite appel « à la masse des lecteurs »,
pour que ceux-ci participent à cette tâche considérée comme « difficile et
pleine de responsabilités ». Chacun est donc prié de répondre aux
questions suivantes, reproduites dans le Bezbojnik du 1er mai
1932 :
« 1/ Quels ont été les livres qui ont produit sur toi
la plus forte impression en ce qui concerne la destruction de tes conceptions
et de ta mentalité religieuses ? Fais ton possible pour te souvenir de
leurs titres et indique‑les ;
« 2/ quel passage spécial
dans ces livres a ébranlé ta foi ou t'a consolidé dans l'athéisme ?
« 3/ quels livres
antireligieux ne t'ont pas convaincu lorsque tu étais croyant ? Il n'est
pas obligatoire de signer la réponse, mais n'oublie pas de noter l'âge que tu
avais lorsque tu es devenu antireligieux et ta situation sociale à ce moment.
Il faut indiquer également le sexe et le degré
d'instruction. La réponse doit être adressée
aux éditions antireligieuses de l'Etat ».
Tandis que les Sans-Dieu
soviétiques menaient vigoureusement leur campagne à l'intérieur de l'U.R.S.S.,
ceux de l'I.L.P. s'organisaient dans les autres
pays.
Depuis la scission du 15
novembre 1930, l'I.L.P. avait transporté son siège à Berlin. Le 4 mai 1932, elle
est dissoute en Allemagne par le
gouvernement du Reich. Tout en gardant alors sa direction à Moscou, l'I.L.P. crée des filiales en
Suisse, en France et en Espagne. Son organisation et son action se confondent
de plus en plus avec celles des athées moscoutaires. C'est d'ailleurs la
volonté expresse de Yaroslavsky : « Tout notre travail, écrit-il en
1932 29, doit être plus intimement lié que jamais avec celui de
l'Internationale des Libres Penseurs Prolétariens ».
Si les cellules de l'I.L.P. se répandent dans le monde
entier, elles n'en restent pas moins en dépendance étroite du Komintern. Le
fait suivant est significatif. C'est un journal moscoutaire, l'Antireliguioznik
de janvier 1932, qui
publiera le premier une circulaire destinée à préparer le Congrès de l'Exécutif
de l'I.L.P., qui s'est tenue à Paris au mois d'août suivant. Par ce document, nous pouvons savoir que, dès cette époque, l'I.L.P. avait pour programme 30 :
1/ D'augmenter le nombre de son
personnel ;
2/ d’éditer
un bulletin de presse en allemand, en français, en
anglais et en russe ;
3/ d'assurer à toutes les sections le
concours d'instructeurs qualifiés ;
4/ de commencer dès le 1er
mars 1932 la publication d'une revue antireligieuse en langue allemande ;
5/ d'organiser la publication et la
diffusion abondante d'une littérature de propagande à bon marché, en premier
lieu à destination de la Grande-Bretagne et de l'Amérique, où le mouvement des
Sans-Dieu doit s'implanter davantage ;
6/ d'organiser la représentation de
films antireligieux ;
7/ d'établir pour chaque pays un plan
d'action précis ;
8/ d'organiser un échange
d'informations et de matériel de propagande entre les diverses fractions ;
9/ de faire naître entre ces
dernières une émulation révolutionnaire.
Depuis 1930 déjà on entendait parler non seulement des Bezbojnik de l'U.R.S.S., mais aussi des Kampfende Gottlosen d'Allemagne
et d'Autriche, des Militant Godless d'Angleterre et d'Amérique, des Sans-Dieu
de France, de Suisse et de Belgique. Bref, sous une forme ou sous une
autre, des groupements d'athées militants s'organisent dans presque tous les
pays du Monde.
Dans le courant de 1932 — sauf en Allemagne où le sans-dieuisme devient illégal le 4 mai
de cette même année — la propagande antireligieuse internationale s'accuse de
plus en plus. L'I.L.P., qui en 1930 n'avait eue huit sections disséminées en
divers pays dès la fin de 1932 en compte vingt-quatre, dont seize en Europe,
quatre en Amérique, trois en Asie et une en Australie.
L’U.S.D.M. et
l’I.L.P. de janvier 1933 au début de 1935 : crise et offensives nouvelles
À partir de mai 1932, l’U.S.D.M. ne publie plus ses statistiques comme les années
précédentes. De ce silence, on a justement conclu que depuis cette date le
nombre des Sans-Dieu militants diminuait. Nous verrons dans la suite que cette
conclusion correspond à la réalité.
Dans ce même mois de mai 1932, le tirage du Bezbojnik commence à baisser. Il avait
atteint cinq cent mille exemplaires au début de l'année. En 1934, il ne paraît
plus que trois fois par mois et sur quatre pages au lieu de huit comme en 1930
et 1931. La revue Antireliguioznik
suit également une courbe descendante : en 1931, elle tire à trente et un
mille exemplaires, et ses livraisons mensuelles sont de cent vingt-huit pages.
En juillet 1932, elle n'a plus que soixante-quatre pages, et au début de 1933
elle ne tire plus qu'à vingt mille deux cent cinquante exemplaires. En 1934,
elle ne paraît plus que tous les deux mois, et la dernière livraison de cette
même année 31 n'est que de douze mille exemplaires.
Ces symptômes révèlent une crise de l'athéisme militant à
l'intérieur même de l'U. R. S. S. Le Bezbojnik du 17 juin et celui du 10
août 1934 s'inquiètent. « Il est nécessaire — écrivent-ils — de vérifier
si les universités antireligieuses répondent aux espoirs qu'on avait fondés sur
elles. Peut-on les appeler universités ? Dans la plupart des cas, ce ne
sont que de mauvais séminaires ».
À la fin de cette même année, si nous en croyons le Bezbojnik
du 17 décembre 1934, « au cours de grandes fêtes organisées par les
Sans-Dieu Militants à Leningrad pour préparer leur Xe anniversaire,
tout le monde a pu se rendre compte que l'enthousiasme et l'intérêt au travail
antireligieux ne sont plus les mêmes qu'il y a quelques années. Les cellules
sont faibles et leur activité nulle. La discipline est tombée ».
Bref, il y a une sorte de lassitude chez les prosélytes de
l'athéisme, la jeunesse elle-même fait preuve d'un certain dégoût dans la
pratique de l'antireligion.
L'affaire est considérée comme grave : l'athéisme
matérialiste étant à la base même du système gouvernemental soviétique, les
dirigeants de l’U.R.S.S. ne mont pas sans éprouver certaines inquiétudes.
Devant le fléchissement des
Sans-Dieu militants, ils cherchent aussi tôt à porter remède. Une offensive
nouvelle se dessine pour faire avancer malgré tout l'antireligion.
Aux yeux du gouvernement de Staline, la jeunesse
soviétique de 1934 est coupable de ne pas montrer l'enthousiasme sacrilège dont
elle a fait preuve les années précédentes. C'est donc elle que Yaroslavsky va
essayer de regagner à la lutte antireligieuse. Son arme sera l'enseignement
athée. Le Bezbojnik, du 17 novembre 1934, reproduit une lettre que le
Commissariat de l'Instruction publique venait d'adresser à tous les directeurs
des sections régionales rattachées à ce ministère. Celle-ci est destinée à
renforcer l'action antireligieuse dans les écoles. La lettre renouvelle et
précise en plusieurs paragraphes des directives déjà données trois ans
auparavant :
« 1/ Les instituteurs des sections régionales,
départementales et municipales de l'Instruction publique sont tenus, au cours
de leurs tournées d'inspection, d'apporter un soin particulier à contrôler
l'activité antireligieuse, qui se fait à l'école en liaison avec le travail
scolaire ou en dehors des classes, et à seconder les maîtres d'une manière
concrète et méthodique.
« 2/ Les revues pédagogiques régionales et
départementales doivent faire connaître les expériences locales d'activité
antireligieuse à l'école, et attirer l'attention sur celles d'entre elles qui
ont donné le meilleur résultat.
« 3/ On insérera dans les manuels scolaires régionaux
un minimum de matière antireligieuse, correspondant à la force du livre, et
exposé de façon vivante, claire et convaincante.
« 4/ Toutes mesures seront prises pour que les écoles
soient pourvues de manuels méthodiques d'instruction antireligieuse à l'usage
des maîtres, — éditions de Moscou, — et de tout le matériel scolaire établi
suivant les données du Commissariat de l'Instruction publique et du Conseil
Central de l'Union des Sans-Dieu Militants.
« 5/ On fera connaître aux écoles la nécessité de
venir en aide, avec ordre et méthode, aux cellules scolaires de l'Union des
Sans-Dieu Militants ».
Les autres moyens de propager l'athéisme se multiplient
également : expositions antireligieuses, cercles, séminaires, etc. Ce
n'est plus seulement le musée athée de Moscou, mais aussi ceux de Léningrad et
de Kieff, qui organisent des expositions ambulantes de l'antireligion.
Nous pouvons donc conclure avec le Prince Constantin
Gortchacow 32, qu'à cette époque de sa vie « le mouvement
des sans-Dieu militants en U. R. S. S. manque de force génératrice. La période
de l'exaltation destructive et blasphématoire passée, la réaction est devenue
passive, l'intérêt médiocre... Mais ce qui frappe davantage, c'est l'implacable
énergie avec laquelle le gouvernement soviétique, malgré la passivité des
masses, continue sa propagande et sa lutte contre la religion ».
* * *
En cette même année 1934, les Sans-Dieu intensifiaient
leur propagande mondiale. Du 6 au 8 mai, une nouvelle session de l'Exécutif de l’I.L.P.
se réunissait à Paris. Son but était nettement défini dans un organe du Komintern 33. Il
fallait « forger de nouvelles armes pour la lutte contre l'Église et la barbarie
culturelle fasciste. Les leaders prolétariens ont donc examiné le travail accompli
depuis la conférence précédente et fixé les directives, de l'athéisme
militant » pour l'avenir. En voici quelques-unes
publiées dans La Correspondance Internationale, du 23 juin 1934 (p.
984) :
« Les sections de l’I.L.P. doivent pénétrer plus
fortement que jusqu'ici dans les organisations de masse de l'Église et du
fascisme. Dans les pays de la dictature fasciste, la réalisation de cette tâche
est une question vitale pour les organisations de lutte athée...
« La session de l'Exécutif a attiré, dans un rapport
spécial, l'attention des sections en Europe et en Amérique sur l'importance
considérable du travail athée de masse dans les colonies. L'expérience des
résultats obtenus par la section indienne de l’I.L.P. montre les grandes
possibilités, mais aussi les faiblesses encore existantes dans le travail
colonial...
« Actuellement paraissent dans les sections des pays
capitalistes en dehors de l'Union soviétique, en tout cinquante-deux journaux
en quatorze langues, dont dix illégaux. C'est là incontestablement un progrès
sensible. Mais dans un petit nombre de pays seulement, en Allemagne, en France,
en Bulgarie, dans l'Inde et en Tchécoslovaquie, la presse athée s'est
développée jusqu'ici sur une large base...
« Le Comité exécutif a décidé la convocation du Ve
Congrès mondial de l'Internationale des libres penseurs prolétariens pour le
premier semestre de l'année 1935 et chargé toutes les sections de préparer
soigneusement ce congrès à l'aide d'actions de masses, de l'organisation du
front unique anticlérical et antifasciste et de faire ainsi du Ve
Congrès mondial, une manifestation puissante de l'athéisme militant ».
Quelques mois après leur session de Paris, les Sans-Dieu
gagnaient une grande victoire : le 18 septembre 1934, une représentation
du gouvernement soviétique était définitivement admise à l'assemblée de la
Société des Nations. Quelques jours auparavant, le Conseil lui avait attribué
un siège permanent. Or, une victoire du gouvernement soviétique clans la
politique internationale, c'est une victoire des Sans-Dieu sur ce même terrain,
puisque l’U.S.D.M. est
un organe officiel de ce gouvernement. Son Conseil central n'est-il pas une
sorte de « Ministère de l'Irréligion » dirigé par un des plus hauts
fonctionnaires de l’État 34. Enfin, par le fait de la réception
de Moscou à Genève, les Sans-Dieu n'ont-ils pas acquis, au cœur même de
l'Europe, un nouveau centre de propagande internationale sous l'égide du quai
Wilson ?
Dans l’U.R.S.S. de
1935 : survivances religieuses et activité de l’U.S.D.M.
À la veille de la Révolution, d'après les statistiques
officielles, l'Église orthodoxe russe comptait 181 337 serviteurs du culte 35,
dont 50 960 prêtres. Elle possédait 46 457 églises, 21 747 chapelles ;
497 monastères d'hommes, 419 couvents de femmes ; 4 académies
d'enseignement religieux — Kieff, Moscou, Saint-Pétersbour, Kazan — ; 36
séminaires ; 40.000 écoles populaires, 150 écoles religieuses pour les
enfants du clergé.
Que reste-il aujourd'hui de ces splendeurs passées ?
« Il est impossible de donner des chiffres exacts — écrivait récemment le
Dr Lodygensky 36 — mais, d'après certains
renseignements, pas plus de quelques centaines de prêtres orthodoxes sont
encore officiellement en fonction. La plupart des serviteurs du culte sont morts (beaucoup martyrisés) ou peuplent
les camps de servage... D'autres accomplissent leur ministère clandestinement,
en exerçant un métier accessoire ou vivent en qualité de prêtres
nomades ».
Les édifices du culte ne sont guère beaucoup plus épargnés.
Certes, tous ne sont pas encore détruits, mais la haine des Sans-Dieu continue
son œuvre destructrice. Le Bezbojnik de mai 1935, dans un article
intitulé : « Nous fermons les foyers d'opium », n'a-t-il pas
publié une nouvelle liste d'un grand nombre d'églises récemment
désaffectées ?
Les établissements d'enseignement religieux ont été moins
ménagés encore : depuis longtemps, il n'existe plus ni écoles ni
séminaires orthodoxes dans l'U.R.S.S. Quant aux ordinations, elles se font
autant que possible en secret. Il en est de même du recrutement et de la
préparation sacerdotale 37.
Moins importante que l'Eglise orthodoxe, l'Eglise
catholique n'en était pas moins florissante dans la Russie de 1917. Elle
comptait 38 treize millions de fidèles, huit évêques et huit
cent dix prêtres. Elle possédait six cent quatorze églises, cinq cent
quatre-vingt et une chapelles et sept séminaires.
Il est difficile de savoir le nombre de catholiques
survivants dans l'U.R.S.S. de 1935. Seul, le nombre des prêtres nous est connu.
Une communication du Comité Innitzer 39 nous affirme
qu'ils ne sont plus que soixante-treize. Parmi eux, au début de mai, quatorze
se trouvaient dans les bagnes des îles Solovki et treize autres venaient d'être
arrêtés.
À Odessa, les abbés Lorentz Wolf et Jean Albert étaient
condamnés à dix ans de travaux forcés. Et à Landau, près d'Odessa, en ce même
début de mai 1935, Antoine Hopfmann, Jean Tauberger, Raphaël Lorau et Joseph
Kruschinski, tous prêtres catholiques, étaient également condamnés à la même
peine. Le 10 janvier 1936, le dernier prêtre catholique d'Odessa, Mgr
Frison, évêque de Limyre, fut arrêté et jeté en prison.
Si quelques églises et chapelles sont encore ouvertes, il
n'y a plus un séminaire catholique qui ne soit désaffecté.
Et comme la haine des Sans-Dieu porte sur toute forme de
christianisme, les protestants ne sont pas plus épargnés. En 1914, l'Eglise
évangélique de Russie 40 comptait un million cent mille
membres, dont deux cent trente pasteurs. Elle possédait huit cents temples. Aujourd'hui,
sur quatre-vingt-trois pasteurs survivants dans l'U.R.S.S., quarante souffrent
dans les camps de servage de Sibérie ou dans ceux des bords de la mer
Blanche ; deux d'entre eux — les pasteurs Seib et Deutschmann 41
ont été condamnés à mort parce qu'ils ont « sollicité et accepté des
secours étrangers pour les affamés ».
Sur les trente-huit autres pasteurs, « dix-huit
seulement peuvent encore exercer leur ministère » et « tous sont
victimes d'incessantes persécutions » (1934). Ils n'étaient que quatorze
en octobre 1935 et huit en février 1936 42.
Malgré cet acharnement contre le christianisme, contre
tout déisme même, n'est-il pas consolant de songer que nombreux sont encore les
chrétiens fidèles à leur foi. Ils sont vraiment des mainteneurs admirables de
cette religion qui survit alors que s'effondrent même les gouvernements au sort
desquels sa vie semblait liée.
* * *
Mais au gré des athées militants, ces témoins des
civilisations d'hier sont encore trop nombreux. Détruire les derniers vestiges
de la « superstition » religieuse, tel est le mot d'ordre donné en
1935 par les dirigeants de l'athéisme moscoutaire : « Le grand
problème de l'Union des Sans-Dieu Militants — d'après le Bezbojnik de juin de cette même année,
c'est le travail antireligieux de choc, persévérant et assidu pour vaincre
définitivement dans la conscience des masses les dernières survivances du
terrible et honteux pouvoir de la religion ».
Au VIIe Congrès des Soviets (1935), le camarade
Yaroslavsky s'écriait 43 : « Notre pays... brise tous
les liens avec le passé, y compris les liens avec la religion. Des millions
d'hommes ont déjà secoué ce terrible joug. Mais nous ne pouvons pas nous
arrêter à mi-chemin. Nous devons lutter de toute notre énergie pour parvenir à
la rupture complète de tous les travailleurs avec l'Eglise et la religion...
Nous combattrons impitoyablement tous ceux qui nous barreront la route... »
Récemment encore, le camarade Scheinman, adjoint de
Yaroslavsky, dogmatisait 44 : « Notre athéisme est un athéisme militant et,
par là, il se distingue de l'athéisme bourgeois. Il attaque toutes les
forteresses de l'ancien monde, ainsi que son idéologie. Il ne s'agit pas d'une coexistence pacifique avec le
clergé, mais d'une lutte implacable contre la religion pour la rééducation des travailleurs qui suivent encore
l'Eglise. C'est là notre but ! »
Aussitôt, après, Scheinman rappelait la consigne du jour : « Encore
plus d'esprit militant, encore plus d'intransigeance antireligieuse ».
Malgré ces directives très nettes, les organes de
l'athéisme moscoutaire reconnaissent eux-mêmes un déclin réel dans l'activité
de l’U.S.D.M. : « À Leningrad, par exemple, — nous citons le Bezbojnik d'août 1935 — de nombreux
prosélytes ont abandonné ln propagande antireligieuse, l'instruction est
négligée, il n'y n plus le même élan dans le travail des masses, la liaison
avec les organisations régionales est relâchée.
« En Ukraine, on constate la même situation. Da ns
les régions de Saratov, de Stalingrad et dans le Nord, 10 travail est mauvais.
Il en est de même dans presque toute la Sibérie et dans la région de
l'Ouest ».
Quelle est la cause de ce déclin ? C'est encore le
Bezbojnik d'août 1935 qui nous l'apprend : « Beaucoup
d'organisations... régionales se bercent d'illusions : elles s'imaginent
que le succès du second plan quinquennal est grandiose ; que l'ennemi de
classe est détruit, elles en concluent donc que la propagande antireligieuse
devient désormais superflue. Dans certaines régions dans le Caucase et dans le
Nord, par exemple — on a même cherché à supprimer les organisations des S.D.M.,
sous prétexte que personne n'avait plus de religion. Ailleurs, on laisse le
travail antireligieux se faire de lui-même ».
Voilà des aveux significatifs. Faut-il en conclure que
l'athéisme diminue dans l'U.R.S.S. ? Nullement. Pour être moins bruyante, la lutte antireligieuse
n'en est pas moins tenace : elle fait même des progrès. La conférence de l'U.S.D.M.,
tenue à Moscou en l'été 1935, après
avoir constaté la baisse considérable du nombre de ses cellules et des membres
de son organisation, constate
aussi que « l'athéisme se répand plus que jamais dans les masses, en ville et à la campagne ».
Le Conseil Central de l'U.S.D.M. n'en prend pas
moins des mesures pour donner un regain d'activité à son œuvre. Les cadres sont
épurés et renforcés car d'après le rapport de la Conférence des Sans-Dieu :
« ces cadres ne répondent absolument pas aux exigences du moment. Ils ne
sont pas suffisamment sûrs au point de vue politique. Dans toute une série
d'organisations antireligieuses, les rôles principaux sont joués par les trotskistes
v. g. à Leningrad, en Sibérie orientale et en Ukraine... »
Le Conseil Central de l'U.S.D.M. va même plus loin :
il exige que toutes les sections de l'Union surveillent les travailleurs
du front antireligieux.
En l'automne 1935, le Conseil Central des S.D.M. était
chargé 45 « de rassembler tous les travailleurs de l'U.S.D.M.
pour leur faire suivre des cours et faire ainsi monter leur rendement virtuel
46. Dans les villes, des chaires semblables devaient être créées
pour instruire les travailleurs locaux. Les Conseils des S.D.M. étaient
invités à surveiller de plus près les prosélytes de l'antireligion. Tous les
athées de valeur, qui pour différentes raisons s'étaient retirés ces dernières
années, devaient être rappelés au travail ».
Ces mesures ne correspondent-elles pas exactement aux
décrets du plan quinquennal antireligieux ? La troisième année de ce plan
ne devait-elle pas être consacrée « à augmenter l'activité des cellules
Sans-Dieu » ? Comment, dès lors, s'étonner d'une telle
offensive ?
Nous pouvons donc conclure, avec un rapport récent 47
du Bureau de la Commission Internationale « Pro Deo » : « Il
a suffi de relâcher quelque peu la direction des Sans-Dieu pour constater
aussitôt un affaiblissement considérable de toute l'organisation dont le
caractère artificiel apparaît clairement. Loin d'avoir poussé des racines
profondes dans la masse de la population, l'antireligion est rejetée par elle
dès que s'affaiblit la pression
d'en haut ». Par ailleurs, « le désir des chefs communistes...
d'aboutir à l'extermination de la religion est toujours inébranlable.
Constatant l'affaiblissement, disons même l'échec partiel de leurs
organisations antireligieuses, ces chefs se remettent aussitôt au travail,
rallient leurs troupes, cherchent de nouvelles ressources et font appel aux
moyens d'action officiels ». En un mot, ils reprennent l'offensive 48.
Hors de l'U.R.S.S. de 1935, de l'athéisme militant au pseudo-pacifisme
athée
Avec les menaces d'une nouvelle conflagration mondiale et
les succès « fascistes » qui se consolident en Europe, les dirigeants
de la IIIe Internationale, dans leur propagande de l'antireligion,
substituent peu à peu une tactique nouvelle à l'ancienne.
Leur but est toujours le même : déraciner la religion. Mais, sauf au Mexique, où l'action des
Sans-Dieu est encore calquée sur celle des athées moscoutaires, la propagande
de l'I.L.P., hors de l'U.R.S.S., devient moins directe : elle évite 49
de heurter le sentiment religieux de l'âme populaire. Les leaders communistes
semblent avoir compris que les moyens brutaux et grossiers sont voués à un
échec s'ils ne sont pas exercés sous l'égide d'une dictature du prolétariat
matérialiste et athée. Hors de l'U.R.S.S., l'action communiste se masque donc
de plus en plus de l'étiquette d'un pseudo-pacifisme. La consigne des chefs
sera : « Luttons contre la
guerre et le fascisme ». Mais — selon la très juste remarque
d'un observateur perspicace 50 — « ils ne manquent pas
d'ajouter que les tenants de l'idée religieuse sont aussi ceux du fascisme et
de la guerre. C'est ce qu'ils appellent lutter aussi bien contre la forme
religieuse que contre la forme fasciste de l'idéologie capitaliste, ou encore
préparer le front unique antichrétien et antifasciste ». Cette méthode est
spécialement appliquée pour gagner la jeunesse chrétienne à l'athéisme bolcheviste.
Le 15 juillet 1935, le Comité Central de l'Internationale Communiste des Jeunes
a décidé de « multiplier les
accords fraternels avec les jeunes travailleurs chrétiens et avec leurs organisations, pour l'élargissement de
l'unité de la jeunesse contre
le fascisme ».
Notons d'ailleurs que les communistes qualifient de fascisme toute idéologie qui n'est pas
sympathisante avec la leur : dans leur mentalité, le capitalisme est fasciste, la religion est fasciste, les organisations patriotiques
sont fascistes...
C'est ainsi qu'aujourd'hui, à l'occasion du conflit italo-éthiopien, un front populaire unique, communiste, antichrétien et antifasciste se développe dans le monde. Les Sans-Dieu de l'U.R.S.S. ne nous
cachent pas 51 qu'ils sont chargés de cet immense front antireligieux.
Pour le réaliser, ils ont reçu l'ordre
« de déployer la plus grande activité possible », afin d'établir
« une étroite liaison avec les Unions des libres penseurs prolétariens et
les organisations bourgeoises et
réformistes ». Ce front unique est d'ailleurs déjà une
réalité : il multiplie ses manifestations dans toutes les grandes
capitales. Une des dernières se tenait à Madrid, le 20 octobre 1935. Au dire
des organes soviétiques, elle réunit quatre cent mille personnes. Une immense
pancarte communiste dominait le terrain. Elle portait cette inscription :
« Le fascisme ne passera pas ». D'autres arboraient « des
portraits gigantesques de Marx, Lénine et Staline ». Azana parla deux
heures et demie pour attaquer le gouvernement actuel et, selon l'expression des
moscoutaires, « la coalition réactionnaire clérico-fasciste ». Triste pacifisme que ce pseudo-pacifisme
athée qui n'est qu'un pacifisme révolutionnaire ! Ne réclame-t-il pas
« le désarmement de la bourgeoisie et l'armement du
prolétariat » ? Ne prépare-t-il pas la guerre civile, en légitimant
par avance toute guerre soviétique offensive ou défensive ?
Épilogue
Les multiples complicités des nations capitalistes avec le
gouvernement des Républiques soviétiques et les progrès du communisme dans tous
les pays qui tolèrent sa propagande,
deviennent une menace redoutable pour l'avenir.
C'est qu'en effet, pour être fidèle à la doctrine de Marx,
le prolétariat qui s'est emparé du pouvoir
dans un pays doit allumer l'incendie de la révolution partout ailleurs ou, en
d'autres termes — selon les propres paroles de Lénine 52 — « la tâche de la révolution victorieuse consiste à faire le maximum dans
un pays pour le développement, le
soutien, l'éveil de la révolution dans les autres... »
Staline n'a pas renoncé au
principe léniniste. Il y a quelques
années, il le reprenait en des termes presque identiques, dans une conférence
donnée à l'Université de Moscou : « ...La Révolution victorieuse dans un pays a pour tâche essentielle de développer et de
soutenir la révolution dans les autres. Aussi ne doit-elle pas se considérer
comme une grandeur indépendante, mais comme un auxiliaire, un moyen d'accélérer la victoire du prolétariat dans les autres pays ».
Et encore : il faut « consolider la dictature du
prolétariat dans un pays, s'en servir comme point d'appui pour renverser
l'impérialisme dans tous les autres. La révolution ne reste pas limitée à une
seule contrée, elle entre dans sa phase mondiale... » 53
Au VIIe Congrès de l'Internationale Communiste, tenu
à Moscou en l'été 1935, Staline méritait donc bien d'être glorifié comme le
chef de la révolution mondiale.
Que le gouvernement soviétique, le parti communiste russe
et le Kominterm, ces trois organisations qui ne font qu'une seule unité
morale, affichent ouvertement leur plan, ou qu'ils le masquent avec soin, leur
but final n'en reste pas moins le même : dans le monde entier, ils veulent
faire triompher le matérialisme athée par le « renversement violent de tout
l'ordre social traditionnel »54.
Tâche universelle qui semblerait chimérique, si nous ne la
savions singulièrement facilitée par l'étroite liaison qui unit le Comité
exécutif de la IIIe Internationale moscoutaire avec ses multiples
ramifications disséminées dans tous les continents : partis communistes des
autres pays, organisations auxiliaires telles que l'Internationale communiste
des Jeunes, l'Internationale rouge des Femmes, l'Internationale rouge des Sports,
les Groupements internationaux des Combattants rouges, le V.O.K.S. ou société
pour les relations culturelles avec l'étranger, l'Internationale des travailleurs
de l'enseignement, l’Internationale des libres penseurs prolétariens, le
Secours rouge international, l'Internationale syndicale rouge, etc... Et ces organisations
communistes sont aujourd'hui renforcées par leur alliance avec les partis de la
IIème Internationale (front unique) et avec le front populaire. C'est donc tout un monde athée qui est mobilisé contre la civilisation
chrétienne.
Les rapports présentés à son VIIe Congrès ont
montré que le Kominterm est loin d'avoir renoncé à sa propagande hors de
l’U.R.S.S. 55. Et pour que nous ne puissions pas en douter, un
organe authentique du communisme en France prend soin de nous en avertir 56 :
qu'ils doivent « perdre toute
espérance... ceux qui se berçaient de l'espoir ridicule d'on ne sait quelle évolution de la IIIe
Internationale ».
Devant cette redoutable menace pour l'avenir, nous ne
pouvons rester indifférents. Les solidarités entre les nations même les plus
éloignées ne sont-elles pas trop étroites aujourd'hui pour que notre
indifférence ne soit pas une complicité avec les progrès de l'antireligion. Et
cependant, la cause de Dieu n'est-elle
pas lâchement trahie par ses amis, tandis qu'elle est furieusement attaquée par
ses ennemis ?
Il est vrai que les trois grandes Confessions chrétiennes
se sont émues des progrès de l'athéisme militant : leurs chefs respectifs
ont protesté à maintes reprises 57. Dans chacune de ces
Confessions, certains ont compris le besoin de s'unir pour travailler à faire connaître
le mal et y porter remède. De ce besoin sont nés The International Christian Crusade, fondée au Canada en
1928 ; The Christian Protest movement, fondé à Londres en décembre
1929 ; la Commission Internationale « Pro Deo » fondée à Genève en 1933 ; la Revue Unitas,
dont le premier numéro paraissait en octobre 1934 ; les Lettres
de Rome, publiées pour la
première fois en 1935.
Mais ces efforts, comment seraient-ils suffisants pour
enrayer les progrès de l'antireligion, ne serait-ce que dans l'Europe
occidentale ? S'ils ne sont pas secondés par un renouveau chrétien,
promoteur d'une justice plus exacte, d'une charité et d'une compassion vraiment
universelles à l'égard des masses ouvrières, n'est-il pas à craindre qu'ils ne
soient submergés par la marée montante du communisme athée ? Avec les
perspectives illusoires du messianisme prolétarien, c'est la souffrance et
l'injustice que les bolchevistes exploitent le plus, pour exaspérer la lutte
des classes et verser dans les cœurs la haine qui multiplie le nombre des
Sans-Dieu. Peut-être même cette offensive inouïe contre le christianisme
est-elle l'aurore de l'union dogmatique entre tous les chrétiens : en forçant ceux-ci à s'unir contre
un ennemi commun,
l'union des cœurs hâtera sans doute
l'union des esprits.
Quoi qu'il en soit, cette union défensive s'impose. Pie XI
l'écrivait récemment : « Il faut
que... nous aussi nous unissions
toutes nos forces en un groupe
compact qui oppose un front unique
et solide aux phalanges malfaisantes ennemies de Dieu aussi bien que du genre humain.
Dans cette lutte, il s'agit de la
décision la plus importante qui puisse être demandée à la liberté humaine : pour ou contre
Dieu, c'est là de nouveau le choix
qui doit décider du sort de
toute l'humanité... »
Jacques de Bivort, in Essai d’une somme catholique contre
les Sans-Dieu
Editions SPES, 1936
1. Staline : Le Léninisme théorique et pratique, Paris,
Bureau d'Éditions (communistes), 1933, p. 3.
2. Le Labour Party
parfois appelé le Parti socialiste anglais, ne professe pas le socialisme
marxiste. Aussi, l'Eglise permet-elle à ses fidèles d'adhérer à ce groupement
politique.
3. L'expérience socialiste en Russie prouve très nettement
que l'égalité entre les hommes est une chimère : les tyrans bolchevistes,
sous prétexte d'établir cette égalité, ne sont-ils pas eux-mêmes devenus une oligarchie
d'exploiteurs ?
4. Cf. Proletari
(Le Prolétaire), n° 45. 25/13 mai 1909.
5. Loc. cit.
6. Sur la distinction à faire entre l'ordre de la vérité et l'ordre
de la charité, on peut se reporter aux importantes déclarations du R. P. Gillet dans Le Figaro du 26 novembre 1935.
Cet article montre très clairement que si, « dans l'ordre de la vérité », il n'y a pas d'accord
doctrinal possible entre le catholicisme et le socialisme, « en revanche,
dans l'ordre de la charité, il
peut y en avoir, il faut qu'il y ait des rapprochements individuels. C'est le
devoir et le secret de tout apostolat. Il y a, en effet, parmi les socialistes
et parmi les communistes, beaucoup de braves gens, de très bonne foi, mais
trompés et aveuglés par des doctrines séduisantes ou des exemples
pernicieux ». Cf. à ce sujet les publications du P. Lhande et de Jean de
Vincennes sur la banlieue parisienne.
7. D'après Konrad Algermissen : Die Gottlosenbewegung der Gegenwart und ihre Uberwindung, Verlag Joseph
Giesel, Hanover, 1933, p. 128. Ces chiffres
reproduisent les statistiques officielles moscoutaires. Ils diffèrent, par le
fait même, de ceux que nous avions publiés dans la Revue des Deux Mondes du
1er février 1935, p.
570. Ceux-ci correspondaient à ce que des témoins impartiaux estimaient alors
être les chiffres objectifs.
8. On trouvera le texte intégral de cet arrêté, signé par
le Conseil central de l’U.S.D.M., dans
l'Antireliguioznik, n°2 et 3,
1934. Pour la structure et les méthodes de l’U.S.D.M., ainsi que pour quelques
autres parties de cette étude, nous reproduisons, avec suppressions et
retouches, plusieurs passages déjà publiés par nous dans la livraison de la Revue des Deux Mondes, loc, cit.
9. Stepanoff : Les Problèmes et les méthodes de
la propagande antireligieuse, Moscou, 1923, cité par la Documentation catholique,
19 avril 1930, col. 1010.
10. Bezbojnik, 29 juillet 1934.
11. Cf. Golovkine : Organisation et Méthodes du
Travail antireligieux, Moscou. Éditions de l'État, 1934, passim. Nous résumons d'après les Documents du
Bureau de la Commission Internationale
« Pro Deo », dont nous nous sommes abondamment
servis pour cet article.
12. Cité d'après le Bulletin
Religieux et E.I.A., n°6 du 2 février 1935, p. 1.
13. Loukatchevsky : Nouveau manuel antireligieux, Moscou 1933, p. 330.
14. Cf. Bezbojnik,
du 29 juin 1934.
15. Antireliguioznik, n° 7, 1930.
16. Cf. Bezbojnik, du 29 mai 1924.
17. Nous empruntons lu début de cette liste au texte
polycopié du Rapport à la IIIe
session de la C.I. « Pro Deo » (10-11 septembre 1934)
18. Ce journal ne paraît plus depuis
janvier 1935, mais les chroniques qu'il publiait sont insérées, aujourd'hui,
dans le Bezbojnik (illustré) et dans l'Antireliguioznik.
19. Marcel Koch dans : La Russie d'aujourd'hui, avril
1934.
20. Parmi les sujets des conférences prévues pour l'année
1935-1936, se trouvent :
1/ La littérature et sa place dans le travail
antireligieux ;
2/ Lucrèce et sa critique de la religion ;
3/ Ulrich de Hutten et Érasme en lutte avec le clergé
catholique ;
4/ la critique de la religion chez Boccace ;
5/ la satire de Rabelais sur l'Église catholique ;
6/ Molière et sa satire sur le clergé ;
7/ la guerre de Voltaire contre l'Église ;
8/ Heinrich Heine, lutteur contre l'Église ;
9/ Dostoïevsky et sa philosophie religieuse en lutte contre la révolution ;
10/ Les œuvres anti-ecclésiastiques d'Émile Zola ;
11/ Anatole France et sa satire anti-ecclésiastique ;
12/ La littérature soviétique dans la lutte contre la religion
et autres.
21. Bezbojnik, du 29 juin 1934.
22. Le décret, annonçant la suppression de la carte de
pain a paru dans les Izvestia du 29 novembre 1934.
23. Cf. La Lutte, février 1932.
24. Cf. La Correspondance
Internationale, 26 mai 1934, p. 859.
25. D'après Konrad Algermissen : Op. cit., loc. cit.
26. E. Yaroslavsky : Religion
in U.S.S.R., New-York, International Publishers, 1934, p. 13.
27. Cf., Britain without God,
an Exposure of Anti-Godism, by a London Journalist ; Preface by Sir
Thomas Inskip, London, The Lutterworth Press, 1935, p. 35. Les Soviets ont toujours contesté l'existence du plan
quinquennal antireligieux, dont nous avons traduit le résumé d'après le livre
précité. En plus de la déclaration de Yaroslavsky (cf., note 2), nous n'en
possédons pas moins plusieurs autres preuves indirectes suffisantes pour nous
convaincre que ce plan existe réellement : 1/ Des milieux protestants
allemands ont entendu un poste de radio
soviétique se référer à ce plan ; 2/ Le livre, déjà cité 15 ans d'athéisme militant en U.R.S.S., Moscou,
Éditions de l’État,1932, fait allusion à ce plan ; 3/ Le Bezbojnik du 17 novembre 1934, parle de « la propagande antireligieuse
qui est une partie essentielle
de la lutte des classes, particulièrement importante au cours du second plan quinquennal ».
28. Antireliguioznik, n° 3, 1934.
29. E. Yaroslavsky, Op,
cit,. loc. cit.
30. Antireliguioznik, janvier 1932.
31. Nous donnons ces dernières statistiques d’après le
R.P. Joseph Ledit, cité par l'Ami du Clergé, du 28 mal 1085, p. 322.
32. Cf., Rapport de la IV" Session de la Commission
Internationale « Pro Deo ».
33. La Correspondance Internationale, 26 mai 1934, p.859.
34. Yaroslavsky est en effet membre de la Commission de
Contrôle.
35. En plus des 50 960 prêtres, il y avait 17 430
moines, 15 210 diacres, 45 705 sacristains et 52 032
religieuses. Ces statistiques ont été publiées dans le Bezbojnik de janvier 1935 et citées dans un rapport du Dr
Lodygensky, présenté à la Ve Session de la Commission
Internationale « Pro Deo », tenue à Genève le 31 septembre et le
1er octobre 1935.
36. Loc. cit.
37. D'après le DT Lodygensky, loc. cit.
38. D'après Robert Kotten : L'âme russe en
détresse, Liége, La Pensée catholique, Appendice III. Ces chiffres se rapportent à l'ancien territoire de la Russie
qui comprenait la Lithuanie, la Lettonie et la Pologne.
39. Cf. Berliner Beirsen Zeitung, du 21 mai 1935.
40. Ces détails et les suivants sur l'Église évangélique
sont empruntés au rapport présenté par le comte Kayserlingk, à la Ve
Session de la Commission internationale
« Pro Deo ».
41. D'après une communication faite le 9 novembre 1935 au Bureau de la Commission
Internationale « Pro Deo », la condamnation à mort des pasteurs
Seib et Deutschmann a été commuée en dix ans de déportation.
42. Mitteilungen der Deutsch. « Pro Deo » Kommis., 1936,
n°2.
43. Cf. Antireliguioznik, n° 2 mars-avril 1935.
44. Cf. Bezbojnik,
août 1935.
45. Cf. Bezbojnik. Loc. cit.
46. Voici les thèmes qui ont été proposés aux cours du
Conseil Régional S.D.M. de Léningrad pour 1935-1936 :
1/ Doctrine marxiste-léniniste sur la religion et la lutte
contre elle ;
2/ l'état actuel des organisations religieuses et du
mouvement antireligieux prolétarien dans les pays capitalistes ;
3/ l'édification de la société socialiste sans classes, la
rééducation socialiste et la lutte contre la religion ;
4/ la reconstruction socialiste de l'agriculture et la
lutte contre la religion ;
5/ sujets scientifiques (l'anti-darwinisme et la théorie
fasciste des races, les causes des éclipses, la science et la religion de la
conduite de l'homme, comment nous créons de nouvelles sortes de plantes, des
nouvelles espèces d'animaux, etc...) ;
6/ l'histoire de l'athéisme ;
7/ l'histoire de la religion.
47. Cf. Rapport présenté à la Ve Session de la Commission Internationale « Pro
Deo ».
48. La Kölnische Volkszeitung, du
10 février 1936, reproduit le bilan de l'action sans-dieuiste publié à
l'occasion du Xe anniversaire du mouvement par La Pravda de Moscou, le 8 février. D'après le journal
communiste, l'Union des Sans-Dieu compte, seulement dans les différentes
exploitations agricoles, 50 000 cellules, avec environ 5 millions de
membres ; de plus, encore 2 millions de Jeunes militants. Plus de 30 musées antireligieux ont été
fondés ; près de dix mille conférences, discussions, etc., furent données
annuellement ; ainsi, par exemple, rien qu'en Ukraine, dans le courant de
1935, on a eu 5 775 conférences antireligieuses. La maison d'édition sans-dieuiste
publie jusqu'à 80 nouveaux livres scientifiques contre la religion par an, sans
compter tous les journaux et brochures.
49. Informations Internationales, février 1935, cité d'après le R. P. Archambault : La menace communiste au Canada,
Montréal, l'École Sociale populaire, 1935 ; p. 57.
50.
Cf. La Lutte (de Genève), n° 46, du 19 novembre 1985.
51.
Cf. Antireliguioznik, septembre-octobre 1935.
52. Cité par Staline, Op. cit., pp. 27 et 28.
53. Staline, Op. cit., p. 59.
54. Programme de l'Internationale Communiste (1935).
55. Cf., à ce sujet, l'Internationale Communiste, n°
spécial 17-18 septembre 1935, et Documentation de l'Entente Internationale
contre la IIIe Internationale, septembre-octobre 1935.
56.
Cf. l'Humanité, 27 août 1935.
57. Op trouvera la liste des protestations pontificales
dans l’Unitas, novembre-décembre 1934,
pp. 13 à 16.