32
N'ai-je pas droit, Seigneur, à des
saisons ?
n'as-tu pas fait erreur en ce trop long hiver ?
mon âme cherche en vain où s'accoupler.
n'as-tu pas fait erreur en ce trop long hiver ?
mon âme cherche en vain où s'accoupler.
Je n'anime plus rien et tout me désanime,
ma voix me revient morte au moindre appel vers toi !
peut-être en veux-tu à ma voix.
ma voix me revient morte au moindre appel vers toi !
peut-être en veux-tu à ma voix.
Sans elle je ne suis qu'un cavalier sans sa monture,
un poète perdu pour ta bénédiction :
j'ai dû vouloir forcer ta grâce.
un poète perdu pour ta bénédiction :
j'ai dû vouloir forcer ta grâce.
Plus sommaire est mon cri que celui de tes bêtes,
la moindre pierre est plus musicienne que moi,
ma gorge désolée s'encrasse...
la moindre pierre est plus musicienne que moi,
ma gorge désolée s'encrasse...
Descelle-moi, mon Dieu, je me meurs d'être
atone :
depuis trois ans, je me défonce, je me fore,
je m'entends gémir... M'entends-tu ?
depuis trois ans, je me défonce, je me fore,
je m'entends gémir... M'entends-tu ?
J'ai quitté pour toi des terres
profanes
et ton silence me condamne !
non, je ne réclame pas mon dû !
et ton silence me condamne !
non, je ne réclame pas mon dû !
Mais au moins penche-toi,
ne laisse pas s'étendre sur ma quête un ciel d'indifférence,
ne me laisse pas égorgé...
ne laisse pas s'étendre sur ma quête un ciel d'indifférence,
ne me laisse pas égorgé...
33
Tu m'assèches, tu me dépeuples, tu
me creuses,
comme si tu voulais que je fusse une tombe
plus morte que son mort, mais que son mort fût toi...
comme si tu voulais que je fusse une tombe
plus morte que son mort, mais que son mort fût toi...
Dieu qui d'un homme assis fais lever un nomade,
est-ce à toi que j'ai obéi ?
j'aimais plus simplement lorsque j'étais petit.
est-ce à toi que j'ai obéi ?
j'aimais plus simplement lorsque j'étais petit.
Ma voix te bénissait dans ses
bonheurs de dire !
Est-ce ta grâce ? est-ce mon mal qui la déchire ?
je ne sais même plus qui la torture ainsi.
Est-ce ta grâce ? est-ce mon mal qui la déchire ?
je ne sais même plus qui la torture ainsi.
Si c'est encore à toi que je crie mon angoisse,
je m'écœure à l'entendre haletante et si basse :
mon battement de cœur n'est-il plus que ton glas ?
je m'écœure à l'entendre haletante et si basse :
mon battement de cœur n'est-il plus que ton glas ?
Si je te crois encor le confident
plus proche,
si je rêve toujours de chanter pour tes noces,
est-ce par habitude ou par amour de toi ?
si je rêve toujours de chanter pour tes noces,
est-ce par habitude ou par amour de toi ?
Pourquoi m'avoir chargé d'un tel désir de louange
si c'était pour me changer d'ange,
me confier à celui qui doit écarteler ?
si c'était pour me changer d'ange,
me confier à celui qui doit écarteler ?
Encor si j'y voyais le sceau de ta
souffrance,
si dans ton agonie je pouvais battre au sens ?
d'être brisé à mort pour mieux te ressembler !
si dans ton agonie je pouvais battre au sens ?
d'être brisé à mort pour mieux te ressembler !
Mais j'ai peur de tricher et d'aggraver ma dette...
tu n'es pas Dieu à demander ma tête
et qu'ai-je d'autre pour payer ?
tu n'es pas Dieu à demander ma tête
et qu'ai-je d'autre pour payer ?
Patrice de La Tour du Pin, in Psaumes de tous mes
temps