mardi 3 janvier 2012

En annonçant... Medjugorje, Regards sur les apparitions


[ndvi : à Medjugorje, les voyants nous rappellent l'urgence de la conversion, et nous donnent cinq moyens pour cela : prière, confession mensuelle, lecture quotidienne de la Parole, jeûne deux jours par semaine, et Eucharistie]


Frère Denis Antoine, fe
Tout laïc doit être, à la face du monde, un témoin de la résurrection et de la vie du Seigneur Jésus et un signe du Dieu vivant. Tous ensemble, et chacun pour sa part, ils doivent nourrir le monde de fruits spirituels (cf Ga 5,22) et répandre en lui l'Esprit dont sont animés ces pauvres, ces doux et ces pacifiques que le Seigneur a proclamés bienheureux dans l'Évangile (cf Mt 5, 3-9). En un mot : Ce qu'est l'âme dans le corps, que les chrétiens le soient dans le monde (LG, 38).
Ce texte du Concile conclut le chapitre IV de la Constitution sur les laïcs et nous semble bien approprié pour conclure notre court exposé. C'est là en effet ce que nous croyons être l'essentiel des messages de Medjugorje.
Nous sommes bien conscients de la limite de notre étude. Pour bien mettre en valeur le contenu des messages de Medjugorje, une étude approfondie de la pédagogie présente dans ces messages serait nécessaire. On y trouve, en effet, continuité et développement. Ils expriment comme le déploiement d'un plan pédagogique bien dessiné, patiemment mis en œuvre, qui se déroule dans un dialogue soutenu, avec une attention de type maternel et une assurance ferme. Le rythme même, ainsi que la récurrence des thèmes dans la suite du temps, avec une extrême simplicité, de ce dialogue avec une paroisse, offrent tout un matériel à la réflexion, si l'on veut bien s'y intéresser sérieusement.
Les messages de Medjugorje touchent profondément à la théologie du laïcat. Ils rejoignent le cœur, le noyau de la question de la place du laïc dans la mission de l'Église parce qu'ils témoignent envers le laïc de sa pleine responsabilité baptismale, Ainsi, ils lui témoignent de l'appel à la pleine stature de son « être baptismal » rendu participant de la vie divine. C'est ainsi qu'ils lui restituent également sa pleine dignité ecclésiale : membre du Corps du Christ, participant à la triple onction royale, sacerdotale et prophétique de l'Église.
Medjugorje, s'il s'avérait que le vécu sur le terrain rende justice un tant soit peu au contenu des messages, lance un défi pour une meilleure pratique de la vocation de la paroisse. Il y a un enseignement et une forte interpellation dans l'œuvre qui se réalise dans cette paroisse de Medjugorje. Ce ne sont pas seulement les sanctuaires qui sont des lieux de ressourcement pour les fidèles, mais chaque paroisse de l'Église, où qu'elle soit dans le monde, est appelée à devenir un centre de vie spirituelle, une source de grâce pour les croyants. Cela nous renvoie à la pensée du pape Paul VI qui, dans son Exhortation apostolique sur l'évangélisation dans le monde de ce temps, nous dit que l'évangélisation portera des fruits et trouvera sa crédibilité dans la mesure où le témoignage des chrétiens sera soutenu par le témoignage d'une communauté ecclésiale qui vit intensément sa foi.
Le laïc est ainsi un sujet entier de la grâce divine et de la mission ecclésiale. Le Christ a communiqué à l'état laïc, tout comme aux autres vocations chrétiennes, une participation à la vie divine qui permet au levain de la grâce d'agir au milieu de toutes les activités temporelles. Ainsi donc, le degré de sainteté n'est pas limité par l'état laïc. Le degré de sainteté est lié exclusivement au degré de charité vécue, comme participation active à la grâce baptismale qui est la sainteté de l'Église elle-même.
La sainteté baptismale est ce point d'appui qui permet au chrétien d'œuvrer pour la transformation du monde, mais pour être agissante, elle se doit de porter du fruit.
Sans ce point d'appui, au-delà du monde, mais rendu présent en ses fruits au cœur du monde, la transformation du monde selon la grâce est impossible. Et c'est pourquoi les questions que posent les messages de Medjugorje touchent aux nerfs et aux articulations les plus importantes de la théologie de la grâce, si du moins nous voyons juste en croyant que les messages visent avant tout une mise en œuvre plus plénière de la grâce baptismale dans une paroisse particulière.
Si tel est le cas, les messages de Medjugorje représentent une mise en œuvre extrêmement audacieuse de la théologie de la grâce dans ce qu'elle a elle-même de plus audacieux : rendre l'homme pleinement participant de la nature divine par un déploiement de la grâce baptismale pour une transformation du monde entier.
Les messages de Medjugorje portent également un caractère profondément prophétique que nous croyons être une nécessité vitale pour notre temps : la mise en œuvre de communautés Paroissiales authentiquement fraternelles, dont le lien fondamental est constitué par l'essentiel de l'appel des baptisés — la communion d'amour de la vie trinitaire qui se déploie dans la communauté des croyants. Cette Communauté-communion est ouverte et, par-là, elle est signe du mystère du salut destiné à la communauté humaine entière.
La nouvelle évangélisation tend à la formation de communautés ecclésiales mûres, composées de chrétiens convaincus, conscients et persévérants dans la foi et dans la charité. Elles pourront animer les peuples de l'intérieur, même là où le Christ Rédempteur de l'homme est inconnu ou oublié (CL, 35) - (Jean-Paul II, Mystère de l'Église p. 278).
Au travers des nombreuses et dures épreuves qui ont secoué Medjugorje, dont nous trouvons l'écho dans les messages (emprise communiste, emprisonnements de prêtres, menaces contre les voyants, difficiles relations avec l'évêque, guerre ethnique atroce, etc.), le projet paroissial tient bon parce qu'il est lié à la grâce baptismale. Ainsi, la grâce même qui anime chaque croyant et qui fait la jonction entre eux forme aussi l'essence du projet paroissial : vie de sainteté, mission de salut.
N'a-t-on pas négligé la dimension communautaire de l'appelé à la sainteté pour le réserver au domaine de la responsabilité personnelle ? Considère-t-on suffisamment la mission paroissiale comme une mission de salut ?
Seul le baptême, continué et fondé dans l'Eucharistie, permet de rassembler profondément la paroisse parce qu'il est le projet fondamental qui lie le baptisé à l'Église universelle. Seule une correspondance nouvelle à la grâce baptismale peut renouveler la paroisse et en faire une authentique expression de la communauté chrétienne : image et sacrement de la communion des personnes divines.
Nous pensons qu'un des grands défis en rapport avec les messages de Medjugorje et le phénomène ecclésial et mondial qu'ils créent, est d'ordre pastoral. Il serait primordial que l'on fasse une étude approfondie sur comment bien encadrer le phénomène de Medjugorje, la paroisse qui est touchée, et les millions de croyants qui s'y rendent annuellement. Tout un défi, mais qui est nécessaire si l'on veut éviter une récupération du phénomène par différents groupes ou personnes en leur faveur devant l'ampleur des événements, il y a toujours le réel danger des interprétations trop personnelles des messages, autant du côté des voyants que des fidèles, et des initiatives personnelles qui peuvent entraver et même nuire systématiquement au discernement sur l'authenticité surnaturelle du phénomène.
Il ne faut jamais oublier que les médiations humaines ne sont pas parfaites. Il faut donc éviter d'absolutiser les paroles et surtout les interprétations personnelles que certains, même les voyants, peuvent apporter comme explications. Une évaluation des messages se fera avec plus de justesse, si nous gardons une vision d'ensemble de tout le contenu. La prudence et la sagesse pastorale sont ici essentielles.
Dans notre monde où les gens sont facilement troublés et angoissés, il peut être aisé de tomber dans certaines exagérations et illusions, où des personnes déséquilibrées pourraient exploiter et manipuler la crédulité de certains. Mais cette question pourrait être le sujet d'une autre étude...
Qui dit pastorale, dit pasteur. Il est souhaitable que les pasteurs de l'Église aident les croyants à bien se situer devant les messages et à apprendre à les vivre en Église.
Enfin, pour terminer, nous pensons que les messages de Medjugorje se situent dans l'enseignement du Magistère de l'Église et qu'il vaut la peine de prendre le temps de les approfondir pour en saisir toute l'interpellation faite à l'Église de notre temps.
Tout est à vous, écrivait l'Apôtre aux Corinthiens, presque pour mettre en relief les nouvelles dignité et puissance chrétiennes. Mais il ajoutait aussitôt : Mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu (1 Co 3, 22-23). On peut paraphraser ce texte, sans le trahir, en disant que le destin de l'univers entier est lié à cette appartenance.
Cette vision du monde, à partir de la royauté du Christ dont participe l'Église, constitue le fondement d'une authentique théologie du laïcat en ce qui concerne l'engagement chrétien des laïcs dans l'ordre temporel. Comme on le lit dans la Constitution Lumen Gentium : Les fidèles doivent reconnaître la nature profonde de toute la création, sa valeur et sa finalité qui est la gloire de Dieu ; ils doivent aussi, à travers les travaux du siècle, s'aider mutuellement en vue d'une vie plus sainte, afin que le monde s'imprègne de l'Esprit du Christ et atteigne plus efficacement sa fin dans la justice, la charité et la paix. Dans l'accomplissement universel de ce devoir, les laïcs ont la première place (...) » (LG, 36) - (Jean-Paul II, Mystère de l'Église, p.268-270).
Frère Denis Antoine, fe, in Medjugorje, Regard sur les « messages officiels »


Père Ivan Marcil, ocd
L'article illustre bien, nous l'espérons, l'importance de revenir à une pratique sérieuse de la prière, non seulement à un niveau personnel, mais aussi ecclésial. Se convertir à l'intériorité et à une relation profonde avec la personne du Christ, il nous faut sans cesse le refaire. Cette démarche existentielle constitue le gage d'un authentique renouveau spirituel au service du rajeunissement de l'Église et de sa mission d'évangélisation et d'humanisation dans le monde.
Comme on le sait, l'éducation à la prière dans le peuple de Dieu est loin d'être une chose acquise. Et le sera-t-elle un jour ? C'est particulièrement dans les sociétés industrialisées qu'elle pose un plus grand défi : les mentalités résistent fortement à la réalité vivifiante de la prière.
Nous avons aussi à faire face à des mentalités de « ce monde-ci » ; elles nous pénètrent si nous ne sommes pas vigilants, par exemple : le vrai serait seulement ce qui est vérifié par la raison et la science (or, prier est un mystère qui déborde notre conscience et notre inconscient) ; les valeurs de production et de rendement (la prière, improductive, est donc inutile) ; le sensualisme et le confort, critères du vrai, du bien et du beau (or, la prière, « amour de la Beauté » [philocalie], est éprise de la Gloire du Dieu vivant et vrai) ; en réaction contre l'activisme, voici la prière présentée comme fuite du monde (or, la prière chrétienne n'est pas une sortie de l'histoire ni un divorce avec la vie) (CEC §2727).
C'est le Christ Lui-même qui nous recommande la prière continuelle par Son enseignement et Sa vie. « Et il leur disait une parabole sur ce qu'il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager » (Lc 18,1)1. Comment pourrait-on négliger de prier, quand on sait que la vocation de fils et de fille bien-aimés du Père comporte une dimension divine, inaccessible à nos simples forces humaines ? Cette prière, indispensable à toute fécondité spirituelle, n'est-elle pas une urgence pastorale à favoriser, spécialement pour ceux qui commencent à cheminer dans la vie spirituelle ? Existe-t-il suffisamment de lieux d'initiation à la prière qui seule est capable de produire des fruits profonds de conversion ?
Thérèse d’Avila, première femme docteur de l'Église, surnommée « mère des spirituels », vient en aide à l'Église d'aujourd'hui, comme elle le fit à son époque, par son soutien doctrinal au renouvellement d'une authentique vie intérieure. Sa pédagogie spirituelle, si nous l'actualisons pour aujourd'hui, peut rendre de grands services.
Mais avant d'enseigner la prière de façon si chaleureuse et amicale à ceux qui l'entouraient, Thérèse en a découvert tous les bienfaits dans sa propre vie : la rencontre de Dieu lui a procuré lumière et amour. Ce qui fait que tout son art d'éducatrice est au service de ce grand dessein : mettre l'homme en relation avec Dieu. Ainsi opérée principalement par la prière, cette mise en état relationnel avec Dieu permet d'acquérir le sens du péché. « Ce sens du péché a sa racine dans la conscience de l'homme et en est comme l'instrument de mesure. Il est lié au sens de Dieu, puisqu'il provient du rapport conscient de l'homme avec Dieu comme Créateur, son Seigneur et Père2 ». Ce sens du péché, si menacé aujourd'hui3, demeure pourtant essentiel à l'authenticité de la démarche de conversion. Tout est possible pour l'homme qui tourne son cœur vers le Seigneur : recevant la lumière divine, il se connaît en vérité et il reçoit la révélation de l'Amour inconditionnel. Avec des forces nouvelles, il « obtiendra du Seigneur le repentir et la force de se relever » (V 15,3). Sorti de lui-même, il aura pour préoccupation le service de l'Église et du monde.
Le propos de notre article n'est pas d'attribuer aux messages de Medjugorje une « spiritualité thérésienne », dans une tentative de récupération de mauvais aloi. Inutile de faire ici du concordisme ou de forcer les convergences : de semblables similitudes, pourraient être trouvées entre le message de Medjugorje et d'autres spiritualités reconnues. N'est-ce pas l'Évangile qui les inspire toutes grâce à la même dynamique de foi ? Sous l'action de l'unique Esprit, à travers une multitude de spiritualités, tout converge dans l'Église vers l'essence de l'Évangile.
Les messages de Medjugorje ont le mérite de rappeler des vérités essentielles, et parmi celles-ci, la nécessité de la prière et de l'intériorité. À l'instar de Thérèse d'Avila, ils misent sur une faculté de l'homme : sa capacité de décision, là où il s'humanise et se divinise. En interpellant respectueusement la liberté des auditeurs, ces messages possèdent une pédagogie pastorale qui respecte leur dignité.
Comme à Lourdes et à Fatima, les messages de la Vierge Marie à Medjugorje parlent de conversion, de prière et de pénitence. Néanmoins, comme dans les apparitions mariales reconnues, la doctrine de Medjugorje n'apporte rien de neuf sur le contenu de la foi. Ces messages sont plutôt un stimulant pour vivre cette foi avec intensité. « Leur finalité n'est pas de compléter la foi par une information objective, mais de la rénover, de la stimuler. (...) De tels signes ont moins pour fonction d'instruire que de convertir, de briser le cercle d'habitudes invétérées, de réveiller la foi et ses engagements, bref de relancer le mouvement de l'histoire du Salut 4 ».
Ainsi, il serait injuste de demander aux messages de Medjugorje de présenter une vision complète de la foi catholique, dans une grande synthèse théologique et morale. Comme nous venons de le dire, leur visée est autre : plus pratique, plus simple, et plus kérygmatique, tout est tourné vers la conversion du cœur. Or n'est-ce pas ce qui manque le plus dans plusieurs communautés chrétiennes ?
Toutefois, le danger que nous pouvons percevoir au sujet de ces messages se situe moins dans les messages eux-mêmes que dans l'interprétation et l'utilisation qu'on peut en faire. Parmi les déviations possibles, certains peuvent ériger les messages en normes absolues et parfaites, reléguant dans l'ombre, par le fait même, l'indépassable Révélation biblique vécue dans l'Église. Ce cas n'est pas fictif : combien de chrétiens se sécurisent en ne se nourrissant que de révélations « privées », de dévotions sentimentales, s'appauvrissant spirituellement peu à peu par l'absence de solides fondements bibliques et théologiques. Ils en arrivent à s'attacher exagérément au merveilleux au détriment de la substance de la foi. Et pourtant, les messages de Medjugorje brillent par leur sobriété et leur simplicité ! Parfois même, ces chrétiens se coupent d'un monde jugé « mauvais », démissionnant ainsi de tout engagement social, retranchés qu'ils sont derrière un mur de peur et passablement éloignés de l'annonce de la Bonne Nouvelle du Christ. Mais le risque de mésinterprétation n'est pas le lot de Medjugorje seulement, le saint Évangile lui-même est soumis à des déviations sans cesse renaissantes. L'histoire des hérésies et des nombreux schismes dans l'Église suffit à nous en convaincre.
Quoiqu'il en soit, les messages de Medjugorje ne devraient jamais être un frein pour leurs lecteurs, mais bien un stimulant pour aller plus loin dans leur culture biblique, liturgique et théologique. Ces messages doivent être relativisés au profit non seulement de la Révélation, mais également de l'authentique tradition mystique et ascétique de l'Église. Dans les sacrements, la prière, l'Écriture sainte et la communauté chrétienne se trouve tout le nécessaire pour parvenir à la pleine maturité du baptême qu'est la sainteté : inutile de courir après ce qui sort de « l'ordinaire » ! Insistons sur un dernier point : le christianisme est une religion de bonheur, non seulement dans l'au-delà mais ici et maintenant. Néanmoins, le terme « Heureux » des Béatitudes a été oublié par trop de chrétiens. À sa façon et par un retour aux richesses intérieures que porte chacun, Thérèse d'Avila rejoint l'inclination au bonheur qui régit l'ensemble de la Somme Théologique de saint Thomas d'Aquin. Elle se distance ainsi de la décadence d'une morale catholique qui s'origine au XIVe siècle avec Ockham et qui peu à peu s'embourbera dans une morale d'obligations, au détriment du désir de la béatitude d'être avec Dieu 5. Rejoignant la grande tradition, Thérèse propose plutôt une pédagogie du bonheur dans la vie chrétienne. « Il ne s'agit pas de craindre mais de désirer » (V 8,5). Si tous les responsables d'Église pouvaient interpeller les hommes et les femmes par cet appel au bonheur et à la joie de croire !
 Père Ivan Marcil, ocd, in Medjugorje, Regard sur les « messages officiels »

1. Cf. Mt 7, 7-11 ; Mc 14,38.
2. Jean-Paul II, La réconciliation et la pénitence. Exhortation apostolique post-Synodale Reconciliatio et Pcenitentia, Fides, 1985, § 18.
3. Ibid., § 18.
4. René Laurentin, Vraies et fausses apparitions dans l'Église, Lethielleux Bellarmin, Paris/Montréal, 1973, p. 159-160.
5. Servais Pinckaers, o.p., Les sources de la morale chrétienne. Sa méthode, son contenu, son histoire, Éditions Universitaires/Cerf, Fribourg/Paris, 1990, p. 248-286. « La raison profonde qui conduira tous les moralistes postérieurs à écarter les dons du Saint Esprit de la morale proprement dite, est à chercher dans la logique du système de la morale de l'obligation : la morale est affaire d'obligations s'imposant à tous ; les dons du Saint Esprit, les béatitudes et la vie spirituelle qu'ils régissent, ne peuvent évidemment pas être l'objet d'obligations strictes et ne relèvent donc pas proprement de la morale, mais de l'ordre des conseils et d'une science différente. Ainsi écartées de la vie du commun des fidèles, ces questions peuvent paraître abstraites, éloignées du concret quotidien. On les confiera à l'ascétique et à la mystique ».