lundi 30 mai 2016

En exhortant... Thomas J. Olmsted, En avant ! Dans la brèche !


Exhortation apostolique catholique aux hommes,
mes fils spirituels du diocèse de Phoenix.
Thomas J. Olmsted, évêque de Phoenix

Et je cherchais parmi eux un homme
qui doit construire le mur et se tenir sur la brèche
devant moi pour la terre...
Ézéchiel 22, 30
Un appel au combat
Je commence cette lettre par un appel au clairon et une claire tâche pour vous, mes fils et frères en Christ : Messieurs, n’hésitez pas  à vous engager dans le combat qui fait rage autour de vous, dans ce combat qui blesse nos enfants et nos familles, dans ce combat qui distord la dignité des femmes et des hommes. Cette bataille est souvent invisible, mais elle est réelle. Elle est avant tout spirituelle, mais elle est progressivement en train de tuer l'éthique chrétienne demeurant dans notre société et notre culture, et même dans nos propres maisons.
Le monde est attaqué par Satan, comme notre Seigneur l’avait annoncé (1 Pierre 5, 8-14). Cette bataille se produit dans l'Église elle-même, et les dégâts sont manifestes. Depuis l’année 2000, 14 millions de catholiques ont quitté la foi, l'éducation religieuse des enfants dans les paroisses a diminué de 24%, la fréquentation scolaire catholique a chuté de 19%, le baptême des enfants a diminué de 28%, le baptême des adultes a chuté de 31%, et le mariage religieux catholique a chuté de 41% 1. Ceci est une brèche, un trou béant dans la ligne de bataille du Christ. Alors même que le diocèse de Phoenix a obtenu de meilleurs résultats que ces statistiques nationales, les pertes sont énormes.
L'une des principales raisons pour lesquelles l'Église chancelle sous les attaques de Satan est que beaucoup d'hommes catholiques n’ont pas voulu entrer dans la brèche – pour combler cette percée, point d’entrée des prochaines attaques. Un grand nombre de fidèles a quitté la foi, beaucoup de ceux qui restent pratiquent la foi catholique  timidement, et sont peu engagés dans la transmission de la foi à leurs enfants. Des recherches récentes montrent qu'un grand nombre de jeunes hommes catholiques quittent la foi pour devenir nones – des hommes qui n’ont plus aucune affiliation religieuse. Ces défections croissantes de jeunes hommes catholiques auront un impact dévastateur sur l'Église en Amérique dans les décennies à venir : les hommes âgés disparaissent et les hommes jeunes ne restent pas, ne se marient pas dans l'Église. Tout ceci accélérera les désaffections qui ont déjà eu lieu.
Ces faits sont terribles. Comme nos pères, frères, oncles, fils et amis quittent l'Église, ils tombent de plus en plus profondément dans le péché, brisant leurs liens avec Dieu, ce qui les laisse en proie aux feux de l'enfer. Alors que nous savons que le Christ accueille le retour de chaque pécheur repentant, un grand nombre d'hommes catholiques ne parviennent pas à tenir la promesse qu'ils ont faites lors du baptêmes de leurs enfants, cette  promesse de les amener au Christ et de les élever dans la foi de l'Église.
Cette crise se manifeste par le découragement et le désengagement d’hommes catholiques comme vous et moi. En fait, c'est précisément la raison pour laquelle je crois que cette Exhortation est nécessaire, et c’est aussi la raison de mon espoir : Dieu a rendu le bien plus fort que le mal. La joie de l'Évangile est plus forte que la tristesse causée par le péché ; la culture du jetable ne peut pas résister à la vie nouvelle et à la lumière qui rayonne constamment du Christ. Je vous invite ainsi à ouvrir vos esprits et vos cœurs au Sauveur, Lui qui vous arme quand vous vous lancez dans la brèche !
But de cette Exhortation
J’offre cette Exhortation à tout homme de bonne volonté dans le diocèse de Phoenix, comme un encouragement, un défi et un appel à la mission : les prêtres et les diacres, les maris, les pères et les fils, les grands-pères et les veufs, les jeunes hommes dans la préparation de leur vocation – c’est-à-dire à chaque homme. Avec cette Exhortation, je me propose de détailler pour vous la nature de cette mission reçue du Christ, en m’appuyant sur l'orientation claire de l'Écriture sainte, le Magistère de l'Église, et l'exemple des saints. Je vais aborder trois questions principales :
1. Que signifie être un homme chrétien ?
2. Comment un homme catholique doit-il aimer ?
3. Pourquoi est-ce si crucial pour tous les hommes de pleinement comprendre la paternité ?
Avant d'aborder ces trois questions fondamentales, il est important de les placer dans notre contexte. Dans la section suivante, je vais vous expliquer les trois contextes importants qui nous aideront à comprendre les principales questions.
Contexte n°1 : Un temps néo-apostolique - La Nouvelle Évangélisation
Tout d'abord, un nouveau temps apostolique est là, en ce moment, dans l'histoire de l'Église. Le Saint-Esprit nous lance vers ce que les papes récents ont appelé la Nouvelle Évangélisation. Par Évangélisation, nous comprenons l’annonce de l'Évangile de Jésus-Christ par tous les moyens disponibles : prédication, enseignement, témoignage d'une vie de famille féconde et fidèle, célibat vivant pour l'amour du Royaume de Dieu ; en utilisant les médias et les autres moyens mis au service de l'Évangile. Et ce qui est nouveau ? La nouveauté de notre temps est la suivante : en Occident, nous nous trouvons au milieu de cultures rivales, particulièrement dans les villes et les quartiers où jadis l'Évangile a pénétré si profondément. Le grand envoi en mission de Jésus-Christ (Matthieu 28, 16-20) pour aller dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle est déjà arrivé là où nous vivons ! Cette pénétration de la culture occidentale était autrefois si profonde que, dans un sens, elle est devenue une partie du sol, et nous sommes toujours sur ce sol de certaines façons. C’est évident dans notre manière de considérer la vie, qui vient directement du cadre gréco-romain-judéo-chrétien : justice, égalité, vertu, dignité humaine, compassion, démocratie, Commandement d’amour, Dix Commandements, hôpitaux, universités, et autres développements clairement positifs dans l'histoire de la civilisation. Tout cela est notre patrimoine et l'héritage de nos ancêtres spirituels. Nous sommes  debout sur ce sol si riche, où les bénédictions sont si nombreuses parce que l'Évangile a été enseigné ici, reçu dans la foi, et mis en pratique.
Pourtant, dans le même temps, les termites sont au travail dans ce sol. Ici, dans le désert de l'Arizona, nous connaissons bien les termites. Les constructeurs de maisons savent qu'aucune maison construite dans notre climat n’est parfaitement à l'abri de ces insectes affamés. De même, aucune culture – même si elle est profondément chrétienne – n’est à l'abri de la corruption, des demi-vérités et du péché caché. Beaucoup de fruits de notre héritage chrétien existent encore, mais les racines, sous le sol, sont menacées. Une grande partie de notre culture reste bonne et doit être préservée, mais il serait stupide d'ignorer les tendances actuelles et croissantes qui menacent ce bon reste, et dangereux de risquer de dilapider ce patrimoine dont nous avons été bénis.
La réponse et la seule solution ultime est la Nouvelle Évangélisation dont nous parlons. Le pape saint Jean-Paul II, avec qui j'eu la chance de travailler en étroite collaboration pendant neuf ans et qui a inspiré beaucoup d'hommes, nous rappelle cette nécessaire réponse : « Il n'y a pas de solution à la question sociale en dehors de l'Évangile »2. Avec cette Exhortation, je fais volontiers miens ses mots : il n'y a pas de solution à notre déclin culturel en dehors de l'Évangile de Jésus.
Cela est décourageant, peut-être, mais plus sûrement une aventure. Dans le livre de l'Apocalypse, le Seigneur Jésus nous dit : « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (21, 5) : toutes les choses vieilles et fatiguées, pécheresses et brisées, sont renouvelés dans Son Incarnation, Sa mort et Sa Résurrection. Cela pourrait-il être vrai ? La réponse est un Oui ! retentissant. L'homme catholique mise toute sa vie sur cette proposition : tout est renouvelé en Jésus-Christ. Notre Seigneur a promis qu'Il est et sera toujours avec nous. Ainsi, les hommes catholiques à travers les siècles ont répondu à cet appel de rentrer dans la bataille, toujours ancien et toujours nouveau, et je suis convaincu que vous allez répondre aussi bien pour combler la brèche de notre temps. Soyez confiant ! Soyez audacieux ! En avant ! dans la brèche !
Contexte n°2 : Un hôpital de campagne et une école de combat
Dans ses homélies, le pape François a décrit l'Église aujourd'hui comme « Un hôpital de campagne après la bataille » : une source constante de miséricorde afin de supporter et de surmonter les blessures que nous portons tous. L'Église est aussi la puissante source de vérité qui guérit les hommes et les prépare à combattre pour le Christ. Ici, à Phoenix comme ailleurs, l'Église trouve – et doit redoubler d'efforts pour trouver plus encore – les chemins de la guérison pour nous-mêmes et les moyens pour prendre soin d'autres personnes qui, comme nous, portent la marque de la Chute d'une manière débilitante, que ces blessures soient physiques ou spirituelles (dépendance à la pornographie, l'alcool, les médicaments, la nourriture ; mariages brisés ; absence de père ; vie de famille en souffrance…). Notre temps appelle à un renouveau du génie de l'Église pour la guérison physique et spirituelle, confié par le Saint-Esprit. Comme le dit le pape François, les blessés sont tout autour de nous, et « Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut : nous devons d’abord soigner les blessures »3. Dans le même temps, la proclamation de la plénitude de la vérité trouvée dans l'Église catholique est essentielle. Cela vous conduit, Messieurs, à vivre une vie dans laquelle les péchés ne causent pas de plaies purulentes. Grâce à la miséricorde et à la vérité du Christ, nous sommes guéris et revitalisés pour le combat. Dans la miséricorde et la vérité du Christ, nous devenons forts avec Sa force, courageux avec Son courage, et pouvons effectivement expérimenter la joie de guerre 4 en étant des soldats pour le Christ.
L'Église comme hôpital de campagne après la bataille étant une analogie appropriée, une autre image complémentaire convient à notre époque : l’École du combat spirituel. L'Église est, et a toujours été, une école qui nous prépare pour le combat spirituel, où les chrétiens sont appelés à « mener le bon combat, celui de la foi » (1 Timothée 6), et à « revêtir l’armure donnée par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable »(Éphésiens 6, 11).
Depuis que Jésus choisit les Douze Apôtres, les forma en sa présence, et les envoya en Son nom, Il a continué à choisir et former des hommes à travers Son Église et à les envoyer aux blessés. Tel est le sens du mot apôtre – les hommes qui sont envoyés. Avec cette lettre, mes fils et mes frères, je vous exhorte à répondre à l'appel de Jésus et à Le laisser former votre esprit et votre cœur avec la lumière de l'Évangile, dans le but d'être envoyés. Voilà pourquoi cette lettre est une exhortation apostolique. Je suis ici pour vous exhorter à vous lancer dans la brèche afin de faire le travail des soldats du Christ dans le monde d'aujourd'hui.
Contexte n°3 : L'homme et la femme sont complémentaires, et non concurrents
La complémentarité de la masculinité et de la féminité est la clef pour comprendre comment la personne humaine est à l’image de Dieu. Sans connaître et comprendre cela, nous ne pouvons pas connaître notre mission d’hommes – ni les femmes embrasser leur propre vocation – confiants dans l'amour du Père.
Les hommes et les femmes sont certainement différents. De plus en plus la science approfondit notre compréhension de cette différence. Jusqu'à récemment, nous avions une petite idée des rouages ​​complexes des hormones, des réactions chimiques, et des différences cérébrales présentes chez les garçons et les filles, les hommes et les femmes, conséquences de la présence de la combinaison XX ou XY des chromosomes présents dès la conception. Par exemple, le volume significativement plus important du corps calleux (ces fibres nerveuses qui font la jonction entre les deux parties du cerveau) chez la femme moyenne que chez l’homme moyen, est une découverte fascinante, tout comme la façon dont le cerveau mâle est généralement plus segmenté dans ses fonctions. Des études montrent que, en moyenne, les petites filles vont regarder le visage d'un adulte silencieux deux fois plus longtemps que les petits garçons, semblant ainsi plus intéressées par la personne dans le dessein de Dieu 5. Tous ces faits biologiques découverts par la science ajoutent quelque chose à notre connaissance de la complémentarité entre l'homme et la femme, quelque chose qui nous interroge à juste titre, et dont nous nous réjouissons lorsque nous faisons face à la beauté de la différence sexuelle.
Cette différence est aussi un défi, car l'incompréhension peut se glisser à l'intérieur et le péché peut nous faire perdre le respect de l'autre, détruisant notre espoir de cohabitation pacifique et fructueuse entre hommes et femmes. Mais cette lutte entre les sexes est pas la faute de la création de Dieu : il est le résultat du péché. Le pape François l’exprime ainsi :
Je prie pour que les chercheurs catholiques, les psychologues et les médecins soient à l'avant-garde de l'étude de ces phénomènes, et fournissent les conseils éthiques, les soins et le soutien à ces personnes et à ces familles.
L'homme et la femme sont à l'image et à la ressemblance de Dieu. Cela nous dit que non seulement l'homme est lui-même à l'image de Dieu, non seulement la femme est elle-même à l'image de Dieu, mais aussi l'homme et la femme, en couple, sont à l'image de Dieu. Les différences entre l'homme et la femme ne sont pas pour l'opposition, ou la subordination, mais pour la communion et la procréation, toujours à l'image et à la ressemblance de Dieu. 6
En parallèle avec cette lutte, l'avance rapide de l’idéologie du genre a infecté les sociétés du monde entier. Cette idéologie vise à annuler la différence sexuelle créée par Dieu, pour enlever mâle et femelle de la compréhension de la personne humaine, et à leur place, ajouter d'autres catégories sexuelles. Cette idéologie est destructrice pour les individus et la société, et c’est un mensonge. Elle est nocive pour la personne humaine, et, par conséquent, est une fausse idée à laquelle nous devons nous opposer en tant que chrétiens. Dans le même temps, cependant, nous sommes appelés à faire preuve de compassion et à fournir une aide à ceux qui nagent dans la confusion au sujet de leur identité sexuelle. Cette confusion n’est pas surprenante lorsque le poison de la laïcité atteint de tels niveaux critiques : « Quand Dieu est oublié, la créature elle-même devient inintelligible » 7.
L'impact négatif de cette égalité entre l'idéologie sur les individus et la société a été longuement abordée cette année par le pape François :
Je me demande, si la théorie dite du genre n'est pas [...] une expression de frustration et de résignation, qui cherche à annuler la différence sexuelle parce qu'on ne sait plus comment l'affronter. Oui, nous risquons de faire un pas en arrière. La suppression de la différence, en fait, crée un problème, et n’apporte pas de solution. Afin de résoudre les problèmes dans leurs relations, les hommes et les femmes ont besoin de se parler plus, de s’écouter plus les uns les autres, d’apprendre à mieux se connaître, d’aimer plus. Ils doivent se traiter mutuellement avec respect et coopérer dans l'amitié. 8
Comme le pape François nous appelle à « nous aimer plus les uns les autres », je vous exhorte, mes fils et mes frères en Jésus-Christ, à embrasser plus profondément la beauté et la richesse de la différence sexuelle et à la défendre contre les fausses idéologies.
Ayant maintenant établi les contextes des questions abordées dans cette Exhortation, je vais maintenant répondre aux questions énoncées ci-dessous :

Question n°1 : Qu'est-ce que signifie être un homme catholique ?
Ecce Homo - Voici l'homme
Tout homme, en particulier aujourd'hui, doit parvenir à une acceptation mûre et à la compréhension de ce que signifie être un homme. Cela peut sembler évident, mais dans notre monde, il y a beaucoup d'images déformées et beaucoup de confusions quant à ce qui touche à la masculinité. Pour la première fois dans l'histoire, les gens sont devenus à ce point confus ou arrogants qu’ils tentent de d’imposer la masculinité ou la féminité selon leurs propres définitions.
À un moment marquant du procès de Jésus, Ponce Pilate, avec toute sa puissance dans ce monde, présenta Jésus à la foule avec les mots, Ecce homo – ce qui signifie : Voici l'homme. Pensant qu'Il était simplement un homme de Nazareth, il ne reconnut pas Dieu fait homme – le Verbe fait chair, Jésus de Nazareth – à la fois pleinement Dieu et pleinement homme, et la perfection de la masculinité. Chaque instant de Sa vie sur terre est une révélation du mystère de ce que signifie être un homme – être pleinement humain, et aussi le modèle de la masculinité. Nulle part ailleurs pouvons-nous trouver la plénitude de la masculinité comme nous le pouvons dans le Fils de Dieu. C’est en Jésus-Christ que nous distinguons le sommet de la virilité et de la force dont  nous avons besoin dans nos vies personnelles et au sein de la société. Ce qui était visible dans la vie terrestre du Christ conduit au mystère invisible de Sa filiation divine et de Sa mission rédemptrice. Le Père a envoyé Son Fils pour révéler ce que signifie être un homme, et la plénitude de cette révélation devient évidente sur la Croix. Il nous a dit que c’est pour cette raison qu'Il est venu dans le monde, que Son ardent désir est de Se donner totalement à nous 9. Là, réside la plénitude de la masculinité : chaque homme catholique doit être prêt à se donner totalement, pour combler la brèche, pour engager le combat spirituel, pour défendre les femmes, les enfants et les autres contre la malignité et les embûches du démon !
Chercher ce que le monde séculier tient pour viril revient à regarder des ombres – ou même purement et simplement des contrefaçons – de la masculinité. Aucun athlète, si médaillé soit-il ; aucun dirigeant politique, si puissant soit-il ; aucun artiste ; aucun homme d'affaires ; aucune célébrité, si adulée soit-elle ; aucun attribut physique ; aucune musculation ; aucune intelligence ; aucun talent ; aucun prix ; aucune réalisation ne peut conférer la masculinité à un homme. L'idolâtrie des célébrités du moment est une tentation particulière, mais construire son identité masculine sur ces modèles éphémères revient à construire son identité sur du sable. Mes fils et frères catholiques, nous ne pouvons construire un certain fondement de la masculinité que sur le Rocher, Jésus-Christ. Nous nous tournons vers notre Sauveur pour être transformé en Lui, pour être les hommes que nous sommes appelés à être, et laisser les autres Le voir en nous.
Pourtant, nous ne faisons pas que regarder Jésus. Nous Le rencontrons vraiment à la messe quand nous recevons le don de Lui-même dans l'Eucharistie. Pour cette raison, je demande à mes frères prêtres, afin d’éveiller le sens de la transcendance dans le cœur des hommes, de veiller à offrir aux fidèles une liturgie respectueuse et belle, aidant ainsi les hommes à redécouvrir Jésus dans l'Eucharistie chaque dimanche. Je demande à mes frères prêtres de former les fidèles à la puissante vérité de la liturgie, particulièrement en ce qui concerne les hommes. Former les hommes à comprendre la plénitude et la puissance de la messe doit être une priorité absolue. Quelle joie pour les hommes de Dieu quand ils sont menés par des prêtres ayant conscience de leur propre masculinité, de leur appel à participer à l'amour sponsal du Christ, et de leur généreuse et vivifiante paternité !
Les saints, nos héros de la foi
C’est ce que nos ancêtres, les saints, ont fait pendant deux millénaires. Comme l'Évangile révèle la réalité de la masculinité, nous pouvons également la percevoir dans le témoignage héroïque des saints.
Les saints sont une sorte de continuation des Évangiles, ils nous donnent des exemples de chemins variés de sainteté. Ainsi, comme Jésus nous montre la perfection de la masculinité, les saints, qui étaient inspirés par le Christ, nous permettent de la voir. Tout comme un joueur de base-ball en herbe est entraîné par les célébrités de ce sport, il faut que nous les hommes nous nous tournions vers ceux qui nous ont précédés, et en recevions inspiration et encouragements pour mener le bon combat.
Pensez aux compétences et aux talents des différents joueurs de base-ball. Une jeune personne peut rêver de frapper comme Babe Ruth, attraper et lancer comme Willie Mays, avoir l'agilité de Henry Aaron, parvenir à la cohérence et au travail acharné de Lou Gehrig et Jackie Robinson. Les jeunes lanceurs rêvent de lancer comme Cy Young et Randy Johnson. En voyant chacun de ces joueurs jouer de différentes manières, ils acquièrent l’amour du base-ball.
Ce que les hommes catholiques cherchent est beaucoup plus grand qu’un jeu de balle. Les saints sont des héros, cherchant à vivre comme le Christ, unis à Lui et cherchant à apprendre de Lui en même temps. D'une manière dramatique à laquelle nous pouvons raccrocher, la vie du saint dit Ecce homo !  C’est ce que saint Paul exprime quand il écrit : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20). Chaque homme doit prendre la décision d'avoir un saint patron. Bien qu'il en existe beaucoup d'autres, je propose les noms des dix saints qui doivent être familiers à chaque homme catholique. À côté du nom de chaque saint est listée la vertu avec laquelle il est associé, ainsi que le péché qui s’oppose à cette vertu. Lorsque nous identifions notre péché et la vertu nécessaire, nous pouvons identifier de quel saint l'intercession sera particulièrement utile :
• Saint Joseph (confiance en Dieu / égoïsme)
• Saint Jean-Baptiste (humilité / arrogance)
• Saint Paul (adhésion à la vérité / médiocrité)
• Saint Michel Archange (obéissance à Dieu / dévergondage et rébellion)
• Saint Benoît (prière et dévotion à Dieu / paresse)
• Saint François d'Assise (bonheur / moralisme)
• Saint Thomas More (intégrité / duplicité)
• Bienheureux Pier Giorgio Frassati (chasteté / luxure)
• Saint Josémaria Escriva (audace / peur du monde)
• Saint Jean-Paul II (défense des faibles / passivité)
On n'a même pas besoin de se tourner vers un passé lointain pour trouver des héros de la foi. Nous avons vu saint Jean-Paul II pardonner à celui qui a essayé de l’assassiner et, – après avoir recouvré la santé – continuer sans relâche à appeler le monde à « ouvrir toutes grandes les portes au Christ »10. Maintes et maintes fois, il nous a exhortés : « N’ayez pas peur ! » Aujourd'hui, dans certaines parties du monde où règne la persécution, nous voyons des courageux témoins de la vérité se lever, tels les martyrs récents de Syrie, du Nigeria, d'Irak et d'autres pays déchirés par la guerre. Nous nous souvenons aussi de nos vingt-et-un frères coptes qui, l'hiver dernier, ont été décapités sur une plage d’Égypte  « seulement parce qu'ils confessaient Christ »11, comme l’a souligné notre pape François.
Messieurs, nous ne devons jamais croire que la sainteté et le courage sont des choses du passé ! Vous et moi sommes appelés à une sainteté qui montre le Christ au monde comme nos ancêtres l'ont fait d'innombrables fois à travers l'histoire, guidés par le Saint-Esprit. En effet, dans cette période d'audace croissante du mal, chaque homme doit se préparer pour le martyre, sous quelque forme que cela peut prendre, et doit transmettre à ses enfants et petits-enfants la volonté de faire la même chose.
Le Seigneur pourrait-Il ne pas continuer à inspirer les hommes ? Non, bien sûr, Il continue, et Il continuera ! Notre préoccupation n’est pas de savoir si le Seigneur nous donnera la force nécessaire, mais comment Il nous la donne dès maintenant. Comment Son Esprit nous pousse-t-Il à nous lever et à rejeter la résignation dans cette culture d’absence du père ? Comment nous donne-t-Il maintenant la force intérieure dans cette culture de pornographie ? Comment nous aide-t-Il maintenant à regarder au-delà de nous-mêmes et de notre technologie vers les périphéries où le Christ est si nécessaire ? Comment le Seigneur est-Il, pour vous et moi, une source d'inspiration nous aidant à mettre de côté les préoccupations concernant notre propre confort, nous engageant à servir notre prochain, nous poussant vers l’eau profonde de la brèche ?
Je vous encourage fortement à vous familiariser avec la vie des saints. Tout comme un jeune joueur de base-ball perdrait beaucoup de n’avoir jamais étudié les grands de Cooperstown, nous perdrions beaucoup si nous ignorions les saints qui nous ont précédés dans ce hall infiniment plus glorieux qu’est le Ciel.
L'identité de l'homme catholique
Je voudrais maintenant vous parler de notre identité dans le Christ. La plupart des hommes saints – je l'ai mentionné plus haut – ont vécu à une époque tout à fait différente de la nôtre. Ils avaient des défis différents et des professions différentes ; mais tous avaient une chose en commun : Jésus-Christ, qui leur a donné leur véritable identité. Nous rappelons ici la sagesse du Concile Vatican II : « Le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de Son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation »12.
De manière subtile, nous sommes tentés de regarder ailleurs pour notre identité. Les opinions des autres ; le succès de nos carrières ; la quantité de biens, jouets, sports, loisirs, vêtements, tatouages, maisons et voitures : ce sont tous des moyens qui nous tentent afin d'étiqueter ou de nous identifier en dehors du Christ. Même si, dans une certaine mesure, certains de ces thèmes font partie de la vie, ils ne sont pas le cœur de notre être. Après avoir été rachetés par le sang de l'Agneau, « notre citoyenneté est dans les cieux » (Philippiens 3, 20). Le monde ne peut nous donner notre véritable identité : « Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur » (Romains 14, 8). Nous devons être conscients d'être distrait par de fausses identités, et toujours rester ancrés en Jésus-Christ.
Autrement dit, notre identité est enracinée dans l'identité du Fils éternel de Dieu. Elle est reçue à notre baptême comme cela a été clairement exprimé lors du baptême de Jésus dans le Jourdain : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Marc 1, 11). Quand nous parlons de conversion, nous parlons d'une acceptation et de la croissance dans cette identité. Quand nous parlons de péché, nous parlons de tout ce qui nous éloigne de notre identité en tant que fils bien-aimés du Père. Puisque c'est notre identité – être fils bien-aimés de Dieu le Père – est-il surprenant que le diable mène une bataille féroce envers la masculinité et la paternité de nos jours ? La conversion chrétienne suppose la connaissance de l’amour de Dieu, puis l’expérience de la fraternité avec le Christ qui approfondit notre identité en tant que Fils du Père, dans l'Esprit Saint. Ceci est notre objectif permanent et notre combat spirituel.
Fils bien-aimés et libres, appelés au combat
Penchons-nous sur l'apôtre Jean, le disciple bien-aimé, afin d’avoir un aperçu du combat. Dans sa première Épître, saint Jean parle de la triple tentation à laquelle nous faisons face : « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse »  (1 Jean 2, 16). Tous les péchés ne sont-ils liés à ces trois tentations ? Jean met le doigt sur ce que chacun de nous doit combattre en soi. Le Christ se bat spécifiquement contre ces tentations pendant sa rencontre avec Satan dans le désert (Matthieu 4), puis nous donne des instructions dans le Sermon sur la montagne (Matthieu 6) sur la manière de combattre.
Se détournant des passions de la chair, Jésus a rejeté le pain de Satan dans le désert, et dans le Sermon sur la montagne, à deux reprises, il nous commande de jeûner (Matthieu 6, 16). Notez que le Seigneur ne dit pas "si vous jeûnez », mais plutôt « quand tu jeûnes ». Le jeûne est une école de connaissance de soi, une arme essentielle pour la maîtrise de soi. Si nous ne disposons pas de pouvoir sur nos passions, en particulier en ce qui concerne la nourriture et le sexe, nous ne pouvons pas nous appartenir et prendre en compte l’intérêt de l’autre en face de nous.
Pour soumettre Jésus à la tentation du pouvoir, Satan lui a offert « tous les royaumes du monde et leur gloire » (Matthieu 4, 8) ; mais encore une fois, Jésus a refusé. Cela nous montre que le Christ nous appelle à nous libérer de la tentation de gagner le monde au prix de nos âmes. Souvent, Satan ne tente pas par les personnes, mais à travers des objets comme une voiture, une maison, ou les dernières technologies à haute vitesse. Les messages tentants pour attraper le bonheur à travers les possessions ne manquent pas. Nous nous rappelons comment le jeune homme riche achève tristement sa rencontre avec Jésus, parce qu’il avait de grands biens (Luc 18, 23). Le pape François nous le rappelle : « plus le cœur de la personne est vide, plus cette personne a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer »13. Avec Jésus, nous sommes appelés à chercher une simplicité de vie qui nous libère pour notre mission dans le Christ.
La troisième attaque de Satan sur Jésus dans le désert porte sur l’orgueil. Satan tente de convaincre notre Seigneur d'utiliser son pouvoir à des fins égoïstes, mais Jésus rejette cette gloire facile et choisit la voie de l'humilité. Dans le Sermon sur la montagne, il nous exhorte à l'humilité non pas une mais deux fois en répétant : « quand vous priez » (Matthieu 6, 5). En effet, la plus grande protection face à l'orgueil et à l'autosuffisance est de se tourner humblement vers Dieu dans la prière. Les réseaux sociaux, sur lesquels nous pouvons constamment nous afficher et parler de nous-mêmes, peuvent conduire à un type d'idolâtrie qui nous consume. Une prière sincère nous enracinera et nous aidera à éviter cette tentation.
Messieurs, ce besoin de pasteurs pour entraîner les hommes au combat, dans la richesse d'une vie intérieure toute tournée vers Dieu, n'a rien de nouveau. Écoutez les paroles de saint Jean-Paul II quand, en tant qu’archevêque de Cracovie, il parla aux garçons étudiants en 1962 :
Nous sommes toujours prêts à prendre, ou à conquérir, en termes de plaisir, de profit, de gain et de succès – et même dans l'ordre moral. Vient ensuite la question de donner, et à ce stade nous restons accrochés, parce que nous ne sommes pas prêts à donner. Cet élan vers le don, qui est si caractéristique sous d'autres formes dans le portrait spirituel des femmes, est à peine perceptible chez les hommes... Dans notre attitude religieuse, nous avons une tendance ‘Nicodème’, vers un type de dévotion qui se caractérise peut-être seulement par une discrétion apparente, mais très souvent aussi par la crainte de ce que les autres pourraient penser... Ce catholicisme masculin n’est pas assez intérieur, pas assez profond ; l’homme croyant n'a pas une vraie vie intérieure... nous, les hommes, n’avons pas une vie intérieure suffisamment profonde.
L'être humain est une créature, et donc, en lien avec Dieu, un récepteur d'amour et de courage avant de pouvoir le redonner à l’autre. L’Église exprime cette vérité fondamentale par cette fameuse sentence : Nemo potest osent quod non habet. Vous ne pouvez pas donner ce que vous n'avez pas. Marie notre Mère, la grande réceptrice de l'amour de Dieu, dans son corps même, est le modèle pour nous en tant que catholiques ; mais il n’y a pas seulement Marie : chaque grand Saint est un grand pourvoyeur d’amour dans l'histoire de notre Église. Il n'y a pas de raccourci vers la sainteté, pour être les hommes catholiques que nous sommes appelés à être. Il n'y a pas de raccourci nous permettant d’éviter la lutte intérieure que chacun de nous doit engager !
Dans la prière et les sacrements nous recevons l'amour et la miséricorde de Dieu : le Seigneur nous donne aussi des armes sûres pour le bon combat dont parle saint Paul :
Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable. Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon. Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais.  Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu.
Éphésiens 6, 11-17
Nous pouvons être tentés de dire : « Quand ce triple combat sera derrière moi, je pourrai commencer à vivre ma vie de sainteté », mais ceci est un mensonge ! C’est précisément dans le cadre de ce combat que nous devenons saints. Comme le disait le bienheureux Pier Giorgio Frassati : « Vivre sans foi, sans un patrimoine à défendre, sans une lutte constante pour la vérité, n’est pas vivre, mais exister ». Est-ce que vous et moi sommes simplement existants ? Ou bien vivons-nous notre foi chrétienne tels des hommes pleinement vivants ? Rappelez-vous les mots célèbres du pape émérite Benoît XVI : « Le monde vous promet le confort, mais n'avez pas été faits pour le confort ; vous avez été faits pour la grandeur ». Toute notre grandeur d’hommes catholiques vient de notre combat pour la sainteté. C’est le même combat que celui de Jésus-Christ dans le désert, que celui de nos ancêtres chrétiens pour la transmission de leur foi. Malheur à nous si nous ne choisissons pas les armes de l'Esprit – offertes librement – et ne les acceptons pas avec courage et reconnaissance ! Courage, confiance, et humble dépendance vis-à-vis des ressources infinies de Dieu sont appelés pour ici que nous nous engagions. En avant, dans la brèche !
Les pratiques d'un homme catholique engagé
Compte tenu de ces réflexions sur la masculinité catholique, nous passons à la phase suivante, qui est : comment vivre en homme catholique ? Quelles pratiques peuvent nous aider à prendre notre croix et suivre notre Roi ?
Que penserions-nous de soldats qui ne se maintiendraient pas en bonne forme physique et mentale, et qui ne seraient pas aptes à pratiquer les techniques de combat de base ? nous savons qu'ils ne seront pas prêts pour le combat, et seront un danger pour eux-mêmes et leurs compagnons d'armes. La même chose est vraie pour les hommes catholiques : ceux qui ne se préparent pas et ne s’arment pas pour le combat spirituel seront incapables de combler la brèche pour le Christ. Bien qu'il existe de nombreuses habitudes et dévotions qu'un homme catholique peut pratiquer, je vous adjure de maintenir ces sept pratiques de base sur une base quotidienne, hebdomadaire et mensuelle. Si ces pratiques ne font pas encore partie de votre vie, commencez dès maintenant !
TOUS LES JOURS
1. Priez tous les jours. Chaque homme catholique doit commencer sa journée par la prière. Il est dit : « Jusqu'à ce que vous vous rendez compte que la prière est la chose la plus importante dans la vie, vous n’aurez  jamais assez de temps pour la prière ». Sans la prière, un homme est comme un soldat qui n'a pas de nourriture, d'eau, et de munitions. Réservez un temps pour parler avec Dieu chaque matin. Priez les trois prières essentielles à la foi catholique : le Notre Père, le Je vous salue Marie, et le Gloire au Père. Priez aussi à chaque repas : avant que la nourriture ou la boisson ne touche vos lèvres, faites le signe de la croix, dites le Bénédicité, et terminez par le signe de la croix. Peu importe où vous êtes, avec qui ou ce que vous mangez. Osez, n’ayez jamais honte de prier avant chaque repas, ne reniez jamais le Christ, ayez pour Lui la reconnaissance qui Lui est due. Prier avant chaque repas est un moyen simple mais puissant pour garder la force de combler la brèche.
2. Examinez votre conscience avant d'aller dormir. Prenez quelques instants pour examiner la journée, à la fois vos belles actions et vos péchés. Rendez grâce à Dieu pour les belles actions, demandez pardon pour les péchés. Dites un acte de contrition.
HEBDOMADAIRE
3. Allez à la messe. En dépit du fait que la messe dominicale est un précepte de l'Église, seulement un homme catholique sur trois y participe. Cette négligence à assister à la messe est un péché grave, un péché qui met en danger de mort.
La messe est un refuge au milieu de la bataille spirituelle, où les hommes catholiques rencontrent leur Roi, entendent Ses commandements, et sont renforcés du Pain de Vie. Chaque messe est un miracle où Jésus-Christ est pleinement présent, un miracle qui est le point non seulement de la semaine, mais de toute notre vie sur Terre. Au cours de la messe, l’homme rend grâce à Dieu pour ses nombreuses bénédictions et entend le Christ l’envoyer à nouveau dans le monde pour construire le Royaume de Dieu. Les pères qui conduisent leurs enfants à la messe contribuent d’une manière très réelle à leur salut éternel.
4. Lisez la Bible. Saint Jérôme nous le dit clairement : « Ignorer les Saintes Écritures, c’est ignorer le Christ ». Quand nous lisons la Parole de Dieu, Jésus est présent. Hommes mariés, lisez-la avec votre femme et vos enfants ! Si les enfants d'un homme le voient lire les Écritures, ils seront plus susceptibles de rester dans la foi. Mes frères en Christ, voici ce que je peux vous assurer : les hommes qui lisent la Bible grandissent dans la grâce, la sagesse et la paix.
5. Le dimanche, observez le Sabbat. Dès la création d'Adam et Ève, Dieu le Père a créé un cycle hebdomadaire se terminant avec le sabbat. Il nous a donné le sabbat pour qu'un jour sur sept, nous puissions Lui rendre grâce, nous reposer, et être ressourcés. Dans les dix commandements, Dieu affirme à nouveau l'importance de garder le sabbat.
Au milieu la pression consumériste et de la cacophonie des médias, le sabbat est le répit de Dieu dans la tempête. Comme hommes catholiques, vous devez commencer ou approfondir la sanctification du dimanche. Si vous êtes marié, vous devez pousser votre femme et vos enfants à faire de même. Consacrez cette journée au repos et aux vrais loisirs, évitez les travaux qui ne sont pas nécessaires. Passez du temps avec votre famille, assistez à la messe, et profitez pleinement du don de la journée.
MENSUEL
6. Confessez-vous. Dès le début du ministère public de Christ, Jésus appelle tous les hommes à se repentir. Sans repentance du péché, il ne peut y avoir de guérison ou de rémission, et il n'y aura pas de Ciel. Un grand nombre d'hommes catholiques sont en danger de mort, en particulier en raison de l’épidémie de la pornographie et du péché de la masturbation. Mes frères, confessez-vous maintenant ! Notre Seigneur Jésus-Christ est un Roi miséricordieux qui pardonne ceux qui confessent humblement leurs péchés. Il ne pourra pardonner à ceux qui refusent Sa miséricorde. Ouvrez votre âme au don de la miséricorde de notre Seigneur !
7. Construisez une fraternité d’hommes catholiques. Une amitié catholique a un grand impact sur la vie de foi. Les hommes qui ont des liens de fraternité avec d'autres hommes catholiques prient plus, vont plus à la messe, se confessent plus souvent, lisent plus les Écritures, et sont plus actifs dans la foi.
Le Livre des Proverbes nous dit : « Le fer s’aiguise avec le fer, et l’homme s’aiguise à rencontrer son prochain ! » (Proverbes 27, 17). Je demande à chacun de nos prêtres et diacres de relier les hommes entre eux au sein des paroisses et de commencer à construire une fraternité catholique dynamique et transformatrice. Je demande aux laïcs de former des petits groupes de soutien mutuel et de croissance dans la foi. Aucune amitié n’est comparable à une amitié dans le Christ !

Question n°2 : Comment aime un homme catholique ?
Considérons maintenant l'amour masculin. Ce n'est pas facile à faire parce que le mot amour a presque perdu son sens dans la société d'aujourd'hui. C’est même un mot que les hommes hésitent à employer. Pourquoi ? Que signifie ce mot maintenant ? Un simple sentiment ? Quelque chose qui passe ? Un mot de cinq lettres utile pour le marketing et les cartes de vœux, mais pour si peu de choses ?
Jésus-Christ montre clairement que le centre de Sa mission est l'amour. « Aimez-vous comme je vous ai aimés » (Jean 15, 12). Il le dit avec passion, mais sans le moindre soupçon de sentimentalité. Tous les enseignements de notre Seigneur se résument à cette ordre. L'amour n’est pas un à-côté ; il est notre mission elle-même. Pourtant, nous ne pouvons qu’aimer comme nous sommes créés, et par conséquent, nous ne pouvons qu’aimer en hommes. Alors, comment les hommes aiment-ils ?
Depuis des décennies, le modèle de virilité a été influencé par la personnalité de James Bond. Tour à tour divers acteurs ont incarné cet homme qui donne une certaine image de la virilité. Mais Bond reste une énigme. Comme les femmes qu'il utilise dans les films, ceux qui le regardent ont envie de le connaître. Il n'est jamais père, il n'accepte ni la responsabilité ni l'amour d'une femme. En lui, nous voyons un homme dont les relations sont peu profondes et purement utilitaires. « James Bond est un personnage dont le nom même est suprêmement ironique. Il a 40 ans et n'a aucune obligation. Il est, en fait, pathétique »14.
Comme Jésus-Christ est différent de cela ! Y a-t-il une peur en lui ? Pas la moindre ! Qui est un homme ? celui qui fuit ou celui qui peut faire face aux responsabilités et aux défis des relations, de la famille et de l'intimité ? Un homme qui a peur du don de soi pourrait-il être un vrai disciple du Christ ? En fait, un tel homme est-il simplement capable d’aimer ?
Le nom de James Bond est le comble de l'ironie, parce que c’est un homme sans obligations. Alors qu’un véritable amour masculin est toujours une construction de liens. Sur la Croix et à travers l'Eucharistie, Jésus donne Son vrai sang pour nous lier à Lui-même, dans l'amour. Lors de la dernière Cène, nous offrant l'Eucharistie, Sa prière au Père est « pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes nous sommes un » (Jean 17, 11). Comme Il le proclame, Son engagement d’amour est d’attirer tous les hommes à Lui-même (Jean 12, 32). Dans sa racine latine, le mot religion signifie lier ensemble. Ainsi, il n’est pas étonnant que dans une culture d'obligations brisées, de peurs de l'engagement, nous entendions souvent : je suis spirituel, mais pas religieux. Satan aussi est spirituel, mais pas religieux ! Un homme qui vit sans l’engagement du don de soi mérite notre pitié, pas notre admiration.
Dans ce contexte, je dois mentionner ce qu'on appelle le machisme et appeler les hommes catholiques à ne pas y succomber. Le machiste tente de se rassurer en donnant une image de dureté et d’insensibilité. Cette image n’est qu’un masque recouvrant la profonde peur intérieure d’un lien véritable avec l’autre, des obligations qu’entraînent une vraie relation et qui rendent la vie riche et signifiante. Derrière le masque, comme toute personne mature peut le voir, il y a un homme coincé dans une peur adolescente de la vulnérabilité. Dans la plupart des cas, il a été lui-même gravement blessé, et il répète un cycle appris dans l'enfance.
Au lieu de cela, le véritable amour du Christ est centré sur le bien de l'autre, sur la charité pour les autres. Ceci est la façon dont le Fils révèle l'amour du Père : « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés [...]. Ceci est mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 15, 9 ; 12) . Dans le Christ, nous voyons que le sacrifice est au cœur de l'amour. Seul l'homme qui a livré la bataille intérieure de la maîtrise de soi contre la fermeture, l'homme qui donne sa vie pour les autres, peut éviter la stagnation et la stérilité. N’en doutez jamais : ce sacrifice vaut plus que la souffrance qu’il entraîne ! Notre Seigneur encourage les hommes à dire, « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15, 13).
Trois amours masculins : ami, mari, père
1. Un ami dans le Christ – Une compagnie de frères
Au commencement de son ministère sur la terre, Jésus a appelé les autres hommes à se joindre à lui. Que nous enseigne-t-Il ? Jésus appelle Ses disciples d'une manière telle qu'ils créent entre eux des liens profonds d'amitié et de fraternité. Lors de la dernière Cène, Il leur dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître »(Jean 15, 15). Cette amitié avec Dieu est possible, cette vraie fraternité avec Jésus est possible, parce que nous avons le même Père. Avez-vous, mes fils, avez-vous de vrais frères en Christ dans votre vie ?
Tout au long de l'histoire, y compris de l'histoire du christianisme, les mouvements importants ont été stimulés par des compagnies de frères, amis dans le Christ. Les premiers Pères de l'Église, saint Grégoire de Nazianze et saint Basile, grands amis et frères dans la défense du Christ, ont combattu ensemble pour la vérité et ont vaincu les hérésies menaçant l'Église. Saint-Benoît et ses compagnons monastiques ont établi des communautés d'hommes qui ont préservé et renforcé la culture occidentale face à la destruction barbare. Cette véritable forteresse spirituelle protégeant la vérité, la bonté et la beauté a été construite solidement sur la fraternité chrétienne et l'amitié. Saint François d'Assise et saint Dominique ont chacun commencé leurs apostolats au service des pauvres et pour la défense de la vérité au sein de groupes d’amis. Ensemble, les premiers fondateurs de la Compagnie de Jésus, saint Ignace de Loyola et saint François-Xavier, ont influencé d'innombrables autres hommes, ont provoqué un grand renouveau dans l'Église, et ont évangélisé aux confins du monde. Au XXe siècle, nous voyons l'amitié entre C.S. Lewis, J.R.R. Tolkien et leurs frères du groupe des Inklings indispensable à la croissance et à l'épanouissement de leurs dons littéraires et apologétiques.
Qu'est-ce que l'amitié ? Qui est un ami, un frère ? Les Écritures nous disent : « On a des amis en tout temps, mais un frère est là pour le temps de la détresse » (Proverbes 17, 17). Je suis convaincu que si les hommes cherchaient la vraie fraternité, les adversités que nous rencontrons aujourd'hui consolideraient les compagnies de frères, qui seraient célébrées dans le ciel !
Par conséquent, Messieurs, demandez-vous : quels sont vos vrais amis ? Avez-vous des amis avec lesquels vous échangez sur votre vocation à la sainteté ? Souvent, les jeunes hommes découvrent au séminaire la valeur des amitiés centrées sur le Christ, et leur vie en est transformée. Cette amitié ne se limite pas aux ordres religieux et aux prêtres. Le renouvellement de la masculinité ne pourra pas se produire sans regroupements de frères et d’amis fidèles. Dans ma propre vie, depuis ma première année en tant que prêtre, je suis richement béni par des frères prêtres dans la Jesus Caritas Fraternity  15. Leur engagement à l'adoration eucharistique et à la simplicité de la vie, leur fidélité au Christ dans le célibat et la prière quotidienne, leur amour fraternel, leurs sages conseils, et leurs encouragements m’ont bellement influencé et m'ont incité à persévérer dans ma propre mission dans le Christ. Ce fut une joie de voir comment la fraternité dans notre diocèse a grandi et prospéré grâce à votre participation dans les Mens Conférences, les Chevaliers de Colomb, les That Man is You, le Cursillo Movement, et d’autres groupes ou événements. Il y a de la place pour se développer, bien sûr, mais déjà les fruits de l'Esprit sont évidents parmi ces frères et amis catholiques.
À l'inverse, nous avons vu ce qui se passe quand les hommes, jeunes ou vieux, ne forment ou ne maintiennent les amitiés. Beaucoup, en regardant aux mauvais endroits, se trouvent dans la fausse fraternité des gangs, ou sans fraternité du tout, isolés et seuls, et manquent de ces expériences formatrices de la confiance et de la communion que seule une vraie amitié procure.
Des études ont montré que beaucoup d'hommes ont aujourd'hui des vies sans amis 16. Cette situation a un retentissement sur les mariages, dans lesquels les hommes n’ont aucun soutien affectif en dehors de leurs épouses, ainsi que sur les enfants, qui devraient voir de vrais amis dans la vie de leurs parents, mais souvent ne les voient pas. Quelle bénédiction d'avoir la présence de bons amis fidèles pour fournir les encouragements et la confiance dont nous avons besoin pour être libres ! En effet, comme les Écritures nous le disent : « Le fer s’aiguise avec le fer, et l’homme s’aiguise à rencontrer son prochain ! » (Proverbes 27, 17).
2. L'homme comme mari - Le but de l’éros masculin
Maintenant, cherchons à comprendre plus profondément la vocation de l'homme à l'amour conjugal. Tout homme est fait pour vivre comme un mari et un père, en quelque sorte : « Dieu assigne la dignité de chaque femme comme une tâche à tout homme »17. Chaque homme est appelé à s’engager et à se donner lui-même complètement. Pour la plupart des hommes, cet appel est le mariage, mais pour d'autres, cet appel est à la prêtrise ou à un autre don de soi sincère et total au service de Dieu. Pourtant, de nos jours, un tel engagement est souvent considéré comme une chose classique, et même ennuyeuse ; une chose qui limite la liberté, ou menace l'amour. Rien ne pourrait être aussi loin de la vérité ! Au lieu de cela, je vous rappelle les paroles de saint Josémaria Escriva : « Il y a un besoin pour une croisade de virilité et de pureté, afin de contrer et réduire à néant le travail sauvage de ceux qui pensent que l'homme n’est qu’une bête. Et cette croisade est votre tâche »18.
La préparation de ce don sponsal sincère et complet coïncide avec la croissance d'un homme dans la masculinité. Les années uniques de la vie d'un jeune homme sont destinées à cette croissance ; ce n’est pas un temps de simple attente passive, encore moins un temps de faiblesse pour le péché. « La jeunesse n'a pas été faite pour le plaisir, mais pour l'héroïsme », dit Paul Claudel, le grand dramaturge catholique français. Je vous exhorte, jeunes hommes, à vous préparer pour le mariage avant même de rencontrer votre future épouse. Cette entraînement au sacrifice, cet amour de votre épouse avant même de la rencontrer, vous permettra de dire un jour : « Avant de te connaître, je t'étais déjà fidèle ».
Grâce à l'amour conjugal, les hommes bénéficient d’une force qui endure, une force que le monde attend, une force qui permettra de consolider notre société en ruine. Certes, cet amour n’est pas exempt de périodes de difficultés et de souffrances. Aucune vocation ne l’est ! Cependant, avec saint Paul, nous estimons « qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous » (Romains 8, 18). C’est la gloire de la vocation de l'homme d'être un mari.
Quand le grand saint Jean-Paul II a parlé d'une signification sponsale du corps, il a laissé entendre que nous, les hommes, sommes tous appelés en quelque sorte à cet amour conjugal 19. Autrement dit, un amour engagé, un amour qui donne la vie, à la recherche du bien de ceux pour qui l'homme s’est engagé. Quand un homme est appelé à l'amour sponsal dans le mariage et la vie familiale, le sacerdoce, ou une consécration au Seigneur, il est appelé à une grande et signifiante vie. En effet, si nous fuyons cette bataille en raison de ses défis, nous resterons secs. Ceux qui arrivent au face-à-Face avec Dieu, après cette vie, sans aucune des cicatrices sacrificielles du mari, « auront honte de leur noblesse, quand ils verront l’un de ceux qui auront combattu avec nous »20.
Laissez-moi parler maintenant spécifiquement aux hommes appelés à l'amour conjugal dans le mariage. Ceci est un appel à la dignité et la beauté de cette union, qui est le symbole de l'amour sponsal du Christ pour l'Église. Saint Paul explique cette relation dans son instruction aux maris, en disant :
Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : Il a aimé l’Église, Il s’est livré Lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; Il voulait se la présenter à Lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; Il la voulait sainte et immaculée. C’est de la même façon que les maris doivent aimer leur femme : comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église.
Éphésiens 5, 25-32
Le mariage en Christ n’est pas seulement une entreprise humaine. Il est bien plus élevé : c’est un grand mystère. Le désir humain de l'amour est, en quelque sorte, un désir d'infini et d’amour éternel. Dans le sacrement du mariage, l'amour humain est compris dans l'amour infini et éternel de Dieu 21. C’est la gloire des hommes ! Appelés au mariage, vous êtes appelés à être comme le Christ pour votre épouse. Parce que cet amour vous unit sacramentellement, vous et votre conjoint, avec l'amour infini que le Christ a pour chacun de vous. Ainsi, votre mariage sacramentel dépasse les limites du mariage naturel et accomplit pleinement le caractère infini et éternel auquel chaque amour aspire.
Nous arrivons ici à l'épicentre de la bataille masculine dans notre temps, le lien entre la vie et l'amour : la sexualité, ce don de Dieu. La nécessité de développer la chasteté dans votre vie, mes fils, ne pourra jamais être assez soulignée.
Bien qu'une grande partie de notre culture ne peut pas comprendre pleinement, et donc encourager cet engagement, nous ne devrions en aucun cas être découragés par la grandeur de cet amour sponsal auquel nous sommes appelés. Au contraire, nous sommes bénis d'être appelés à proclamer cette vérité au moment où c’est le plus indispensable. Ce faisant, vous rayonnerez la lumière du Christ dans une société assombrie par ce qui a toujours mis en danger l'amour conjugal. Notre catéchisme nomme clairement : « la discorde, l’esprit de domination, l’infidélité, la jalousie, les conflits qui peuvent aller jusqu’à la haine et la rupture [...], le repliement sur soi-même, l’égoïsme, la quête de son propre plaisir »22. Nous pourrions ajouter ici la pornographie, toujours toxique pour les participants et les observateurs, et cette sous-culture du hook-up qui déconnecte entièrement les rencontres sexuelles de la relation humaine.
Comment se fait-il qu'une culture si résolue dans son soutien à l’engagement du mariage et des conjoints, il y a encore deux générations soit devenue une culture réduisant la sexualité à un simple objectif de plaisir égoïste ? La réponse est la révolution sexuelle. Pour beaucoup, la révolution sexuelle a promis un amour libre, une libération de ces chaînes vieillottes que seraient la masculinité et la féminité. Il en a résulté cette séparation entre la sexualité et l’engagement du mariage, et ce choix très répandu en faveur de la stérilité (qu’elle soit chimique chirurgicale), équivalant à une négation de ce qui est le plus essentiellement masculin et féminin dans la personne. Pire encore, la révolution sexuelle nous a emmenés vers les fléaux de l'avortement, de la pornographie et de la violence sexuelle si répandus au cours des dernières décennies. Au lieu de l'amour véritable et authentique, cette fausse liberté offre des plaisirs à bas prix, qui masquent une solitude plus profonde et la souffrance. Au lieu de la sécurité des obligations familiales traditionnelles, il laisse les enfants dans la nostalgie de la stabilité d'une mère et de l'amour d'un père. Au lieu de la liberté qui vient avec l'acceptation de la vérité de la conception de Dieu pour l'amour humain entre un homme et une femme, la révolution sexuelle s’est arrogamment rebellée contre la nature humaine, une nature qui ne pourra jamais prospérer dans la confusion et le manque de maîtrise de soi. Et l'amour promis par la révolution sexuelle n'a jamais été retrouvé. Dans son sillage, des épaves, d'innombrables cœurs déchirés par la crainte de souffrances pires encore, des vies brisées, des foyers brisés, des rêves brisés, et cette terrible conviction que l'amour n’est plus possible pour soi. Ceci est le fruit véreux de la révolution sexuelle.
Il va de soi que si l'amour est notre désir le plus profond, la destruction de l'amour va nous détruire et causer encore plus de souffrances, des blessures encore plus profondes. Alors… par où commencer ? Où allons-nous commencer à reconstruire ? Que réparerons-nous d'abord ?
Mes fils et frères, nous devons commencer par nous-mêmes !
Si je peux revenir à l'analogie de l'athlète, nous voyons qu'aucun champion n’atteint l’excellence sans discipline dans la pratique, et sans entraînement régulier. Il doit être un maître de lui-même ; il doit posséder la maîtrise de soi. Pour l'homme appelé à vivre l'amour conjugal, cette maîtrise de soi trouve son point culminant dans la vertu de chasteté. Nous devons voir la chasteté masculine pour ce qu'elle est, alors que trop souvent, cette vertu est considérée sous une lumière négative, comme quelque chose de faible. Rien ne pourrait être plus faux ! La chasteté est une force, un rejet de l'esclavage lié aux passions. Les chrétiens ont toujours cru que la chasteté, que ce soit dans le mariage ou le célibat, est une libération de l'esclavage du péché et de nos passions.
Pour comprendre la chasteté, nous devons entrevoir Dieu : « Dieu est amour. Il vit en Lui-même un mystère de communion et d’amour. En créant l’humanité de l’homme et de la femme à Son image... Dieu inscrit en cette humanité la vocation – et donc la capacité et la responsabilité correspondantes – à l’amour et à la communion »23. L'amour que nous vivons en tant qu’hommes est une participation et une démonstration de l'amour de Dieu. Ayant reçu une dignité égale, les femmes, bien sûr, démontrent également l'amour de Dieu ; et pourtant il y a une différence dans la façon dont nous le faisons. Pour les hommes et les femmes, « la sexualité affecte tous les aspects de la personne humaine, dans l’unité de son corps et de son âme. Elle concerne particulièrement l’affectivité, la capacité d’aimer et de procréer, et, d’une manière plus générale, l’aptitude à nouer des liens de communion avec autrui »24. La vertu de la chasteté est...
... l’intégration réussie de la sexualité dans la personne, et par là l’unité intérieure de l’homme dans son être corporel et spirituel. La sexualité, en laquelle s’exprime l’appartenance de l’homme au monde corporel et biologique, devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la relation de personne à personne, dans le don mutuel entier et temporellement illimité, de l’homme et de la femme. 25
La chasteté nous permet de maîtriser et de bien vivre cette vocation d'être des hommes de communion authentique.
Ici, permettez-moi de rappeler les mots cruciaux de Jésus concernant « tout homme qui regarde une femme avec convoitise » : il « a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5, 28). Cela me conduit à vous appeler à une attention particulière envers ces actes qui sont (à tort) considérés comme normaux, et même encouragés dans la culture d'aujourd'hui. Je parle ici de la pornographie et de la masturbation. Les effets néfastes de ces habitudes cachées et narcissiques entraînent l'homme dans une direction qui est exactement à l’opposé de l'amour. Au cours de ces pratiques, l’homme apprend rien de plus que l’instrumentalisation de soi et de l’autre. Au lieu de donner la vie, au lieu de donner gratuitement son amour, il apprend à se contenter de plaisirs stériles et égocentriques. Rappelons encore une fois les paroles de Jésus :
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.
Matthieu 5, 27-30
Avec ces paroles prophétiques, Jésus annonce la pornographie moderne qui alimente la convoitise des yeux. Il utilise l'hyperbole, des mots forts : l’arrachement de l’œil et la mutilation de la main, afin de nous convaincre qu'une action urgente est nécessaire. La pornographie laisse non seulement un homme en danger d'enfer, mais elle détruit également les liens avec son conjoint, une destruction semblable à celle causée par l'adultère. En d'autres termes, il faut penser à la pornographie comme un acte aussi grave que l'adultère. Tenter d'aimer une autre personne tout en se livrant à cette pratique narcissique, sans être transformé par la miséricorde, causera certainement beaucoup de dégâts.
Pour lutter contre la tentation de la pornographie, il est important de considérer honnêtement les facteurs entourant cette tentation. Souvent la solitude, l'ennui, la colère, l'insécurité ou le stress. Comprendre le contexte d'une tentation nous permettra d’implorer Dieu d'envoyer sa Grâce pour commencer à déjouer les tactiques du diable. Le sacrement de la confession est ce lieu de la Grâce et du soutien surabondant. Jésus dit : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Matthieu 5, 8). Ce n’est pas simplement une promesse concernant le Ciel ! Cette promesse s’accomplit pour nous dès maintenant, dans notre vie quotidienne. Les saints attestent cette vérité. En construisant votre pureté du cœur, Messieurs, vous ne verrez pas seulement Dieu dans les femmes, mais aussi en vous-mêmes, images de Dieu ! Même si l'obscurité semble insurmontable, le Christ ne nous abandonne jamais. En tant que prêtre, je chéris la rencontre en confession de ceux qui veulent recevoir la guérison du Seigneur. C’est une bénédiction de travailler ensemble pour la promotion de l’amour vrai.
Imaginez avec moi à quel point notre monde serait bon pour nos épouses, sœurs et filles si les hommes vivaient cette force intérieure de la chasteté. À notre époque, nous entendons parler de ces taux élevés d'agressions sexuelles dans notre société, en particulier sur les campus universitaires. N’est-ce pas le moment du renouvellement de la chasteté masculine ? N’est-ce pas le moment pour les hommes de construire la vertu de tempérance par le jeûne et la prière au milieu des frères ? N’est-ce pas le moment d'envisager la proclamation de cette phrase de saint Jean-Paul II : « la dignité de chaque femme est une tâche donnée à chaque homme » ?
La chasteté masculine est une « œuvre de longue haleine »26 que nous devrions être fiers d'entreprendre ! Imaginez-vous debout devant le trône de Dieu, le jour du face-à-Face. Les grands saints des siècles passés, qui eux-mêmes étaient en butte à leurs propres tentations quotidiennes, se diront les uns aux autres : « en notre temps nous avons fait face au problème de la convoitise, mais ces hommes du XXIe siècle , eux, ont vraiment affronté la bête de près ! » Nous pouvons nous aider les uns les autres, et d'autres hommes autour de nous, dans cette lutte pour la maîtrise de soi : c’est plus facile entre frères. Je vous encourage à mettre de côté vos peurs et insécurités, tout ce qui vous empêche de vous lancer dans le combat pour la chasteté. Le Christ veut aider les hommes à se conformer à Son propre cœur, dans chaque confessionnal de l’Église et au cours de chaque messe par la puissance de Son Sang versé sur la Croix et offert dans la Sainte Communion.

Question n°3. En quoi la paternité est-elle essentielle ?
La paternité change l'histoire. Dans l'Évangile selon Matthieu « Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères... » Quarante-deux (42 !) pères mènent jusqu'à Joseph, père adoptif de Jésus. Saint Jean-Paul II nous l’affirme, la paternité est indispensable à l'épanouissement du monde :
En manifestant et en revivant sur terre la paternité même de Dieu (cf. Ep 3, 15), l'homme est appelé à garantir le développement unitaire de tous les membres de la famille. Pour accomplir cette tâche, il lui faudra une généreuse responsabilité à l'égard de la vie conçue sous le cœur de la mère, un effort d'éducation plus appliqué et partagé avec son épouse (cf. Gaudium et spes, 52), un travail qui ne désagrège jamais la famille mais la renforce dans son union et sa stabilité, un témoignage de vie chrétienne adulte qui introduise plus efficacement les enfants dans l'expérience vivante du Christ et de l'Église. 27
Tous les hommes sont appelés à la paternité d'une certaine façon :
Devenir père et mère signifie se réaliser pleinement, car c’est devenir semblable à Dieu. Il ne me semble pas qu’on dise cela dans les journaux, mais c’est la vérité de l’amour. Devenir père et mère nous rend semblables à Dieu. En tant que parents, vous êtes appelés à rappeler à tous les baptisés que chacun est, d’une façon ou d’une autre, appelé à être un père ou une mère. 28
Comme la masculinité elle-même, la paternité n'a peut-être jamais été un sujet suffisamment abordé par les philosophes, car il a toujours été présumé, sa signification semblant assez évidente. Ce n'est plus vrai. Dans son livre, Entrez dans l’Espérance, saint Jean-Paul II décrit l'attaque sur la paternité dans la société moderne : « Ceci est vraiment la clef pour interpréter la réalité [...] : nier le péché originel, puis tenter d'abolir la paternité »29 . Le grand pontife de la famille pointe le premier acte de désobéissance d’Adam et Ève, qui leur a coûté, et nous a coûté, l’innocence originelle et l’apparition de la mort corporelle. Dans le péché originel, nous trouvons une rébellion primordiale contre la paternité de Dieu, un désir de supprimer la paternité elle-même. Car tel est le plan de l’Ennemi : nous faire perdre notre confiance en Dieu, notre Père bienveillant. La principale stratégie de Satan est d’abîmer puis d'abolir la paternité humaine, cette paternité dans laquelle chacun devrait pouvoir entrevoir ce qu’est la paternité de Dieu.
L'attaque pas-à-pas d'aujourd'hui sur la paternité, et par extension sur la maternité, est d’une violence à couper le souffle. 41% des enfants naissent dans des foyers célibataires de nos jours, une augmentation de 700% par rapport à 1950, quand le taux de natalité hors mariage était seulement de 6%. Ces enfants ne sont pas orphelins à cause d’un conflit, comme lors de la Seconde Guerre mondiale, qui a causé tant de blessures dues à l'absence du père ; mais plutôt parce que, bien pire, une absence volontaire des pères se produit à grande échelle. Il n’est pas difficile de comprendre comment les craintes des hommes vis-à-vis de la paternité trouvent un support dans la culture individualiste d'aujourd'hui, qui encourage les hommes à fuir ce beau cadeau de la responsabilité, et à se raccrocher à leurs propres désirs. L'enfant est forcé de se poser la question : « Où est mon papa ? » Quel est donc l'impact sur le cœur d'un enfant, sur sa compréhension du monde, de l'amour et du Père céleste, lorsque la réponse à cette question est « il nous a abandonné », ou « je ne sais pas », ou « il n'a laissé aucun indice dans la banque de sperme » ?
Les hommes catholiques contribuent eux-mêmes également beaucoup trop à ce scandale qui dévaste le cœur d'un enfant et laisse tant de femmes vivre comme si elles étaient veuves ! La douleur du cœur de l'enfant orphelin crie vers le Ciel : « Le Seigneur ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve, les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur ses joues, et son cri n’accuse-t-il pas celui qui la fait pleurer ? […] Le Seigneur ne tardera pas, il restera impatient, jusqu’à ce qu’il ait brisé les reins des hommes sans pitié, tiré vengeance des nations » (Sirac 35, 17-23). Pourquoi les veuves et les orphelins crient-ils ? Ils ont perdu leurs protecteurs ! Il y a un vide contre nature dans l’absence de celui appelé par Dieu « à garantir le développement unitaire de tous les membres de la famille »30. C’est à cause de cette perte, à cause de ce vide causé par l'absence des hommes, que nous avons toujours naturellement, traditionnellement, pleuré l'absence des pères.
Dans notre culture d’aujourd'hui, il y en a qui refusent que nous qualifions de non-naturelle ou de lamentable l’absence de père. Ne vous laissez pas berner par ces voix qui souhaitent effacer toutes les distinctions entre les mères et les pères, en ignorant la complémentarité inhérente à la Création elle-même. Messieurs, votre présence et votre mission dans la famille est irremplaçable ! Pas à pas, avec amour, patiemment, prenez ce rôle donné par Dieu de protecteur, donateur et chef spirituel de votre foyer. Le rôle d'un père comme chef spirituel de la famille ne doit jamais être compris ou appliqué comme une domination, mais seulement comme une direction aimante et un encadrement en douceur pour ceux qui vous sont confiés. Votre paternité, ma paternité, dans leurs humbles et discrètes manières, reflètent imparfaitement mais sûrement la Paternité de Dieu, le Père de ceux dont le Seigneur nous a institués pères.
Qu'est-ce que cela signifie être père ? Dans une réflexion sur la paternité, le pape François explique :
Quand un homme n’a pas ce désir de paternité, il lui manque quelque chose. Quelque chose ne va pas. Chacun de nous pour être, pour devenir complets, pour être matures, nous avons besoin de sentir la joie de la paternité ; même ceux d’entre nous qui n’ont pas d’enfants. La paternité, c’est donner vie aux autres, donner vie, donner vie… Pour nous, ce sera la paternité pastorale, la paternité spirituelle, mais c’est toujours donner vie, devenir père. 31
Voilà pourquoi la paternité – la vocation à la paternité, que cette paternité soit au sein d’un mariage physique ou d’un mariage spirituel, dans le sacerdoce ou la vie religieuse – est absolument essentielle pour qu’un homme vive la plénitude du sens de sa vie. C’est ainsi que nous parlons des Pères de l'Église, des Pères du désert, de notre pape comme Saint-Père, et, pour une bonne raison, de nos prêtres comme Pères.
Pour vivre pleinement, tous les hommes doivent être pères et vivre leur paternité ! Nous ne pouvons pas devenir semblables à Dieu, mes fils et mes frères, sans cette compréhension et ce mouvement du cœur suivis par une action décisive. Si vous n'embrassez la conjugale et paternelle vocation que Dieu a prévu pour vous, vous serez engoncé dans l'impuissance de la graine qui refuse à la fois de mourir et de donner la vie. Ne vous contentez pas de cette demi-vie ! La question pour tous les hommes n’est pas : « Suis-je appelé à être père ? », mais : « Quel genre de père suis-je appelé à être ? »
Grands-pères, vous êtes d'une grande importance
Je tiens à dire un mot à vous qui êtes grands-pères. Peu de cultures n’ont jamais attendu moins, et montré une telle indifférence à ceux qui comme vous ont lutté pour offrir sagesse et connaissance à leurs enfants et petits-enfants. Le monde vous dit que votre temps d'influence est terminé, qu'il est temps de vous retirer, et de démissionner de votre responsabilité paternelle. Ne le croyez pas ! les grands-pères importent beaucoup.
J'ai le privilège d'avoir été appelé comme mes grands-pères : Thomas Tighe Olmsted et P. James Hughes. Chacun à sa manière m’engendra aux côtés de mon père. Grand-père Jim a puisé dans sa foi catholique pour faire face avec dignité et espérance à la mort prématurée de sa femme – ma grand-mère – d'un cancer. Sans sombrer dans le désespoir ou l'auto-apitoiement, il a lutté puissamment pour maintenir l’unité de cette famille de six personnes et pour subvenir aux besoins de ses enfants – dont le plus jeune était ma mère – au cours de ces années très difficiles de la Grande Dépression. Les souvenirs que je chéris le plus de grand-père Jim sont son esprit pacifique, son humour irlandais, et son dévouement sincère envers l'Église. Grand-père Tom a eu un impact encore plus grand sur ma vie, même s’il n'a jamais été baptisé. À côté de lui, j'appris à prendre soin des noyers et des pastèques, des citrouilles et des courges, des chevaux et des bovins, des poulets et des porcs. Parmi les nombreuses activités nécessaires pour vivre sur notre ferme, j'appris de grand-père Tom et de mon père l'importance d'être un bon voisin, de dire la vérité, quel qu’en soit le coût, et d'avoir un profond respect pour Mère Nature. Quand je fus ordonné prêtre, je choisi un dicton biblique pour mon image de première messe, celui qui annonçait ce que j'avais appris de mes grands-pères : « Homme, on t’a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu » (Michée 6, 8).
Ô grands-pères, vous êtes un cadeau essentiel et précieux pour vos familles, et je vous encourage à continuer à être forts pour eux, à leur faire profiter de votre sagesse, et à lutter avec eux. Rappelez-vous le grand-père terrestre de Jésus, saint Joachim, qui a voué une vie fidèle à Dieu. Dans ses années avancées, Dieu le Père a béni saint Joachim et sa femme, sainte Anne, par ce grand don de Marie, notre Mère bénie. Chaque grand-père doit se souvenir que même lorsque la routine de la vie quotidienne peut sembler la rendre insignifiante, nous ne savons jamais quel est le grand plan que Dieu a pour les dernières années de nos vies.
Espoir dans les ombres de la paternité perdue
Je voudrais maintenant dire un mot spécial pour ceux d'entre vous, mes fils, qui ont souffert de l'absence de votre propre père. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les hommes abandonnent leurs responsabilités, ou même si elles demeurent, restent éloignés, en raison du manque d'expérience positive de la paternité dans leur propre vie. Cette blessure dans votre cœur peut ne pas encore avoir été guérie. Certes, l'absence du père n’est jamais le plan de Dieu. Ne cédez pas au découragement cependant, et ne perdez pas espoir. L'Église est toujours appelée à révéler Dieu le Père. Laissez le Christ vous montrer le Père qui non seulement n'abandonne pas ses enfants, mais en plus offre Son Fils unique. Si vous ne l'avez pas déjà fait, permettez au Christ de vous guider afin de voir votre père comme Il le voit. Jésus ne vous laissera pas sans la Grâce nécessaire pour pardonner, et guérir votre père. Cela peut se produire en même temps que les grâces qui vous sont offertes par vos pères spirituels, vos prêtres, dans le sacrement de la Réconciliation. Grâce à la découverte de la Paternité de Dieu, notre amour, Père éternel, vous serez témoins de la seule paternité qui ne manque jamais 32.
Enfin, je veux donner un mot spécial pour ces hommes qui savent qu'ils ont échoué dans leur paternité. Cela est vrai, à un degré plus ou moins grand, pour chacun d'entre nous. La dépendance, l'abandon, les conflits conjugaux, le détachement sentimental et spirituel, l’échec dans la transmission de la foi, l'avortement, la violence physique et psychique, ou les innombrables façons que nous avons d’obscurcir l'image de Dieu comme Père aimant. Je suis à côté de vous comme un père imparfait, demandant à Dieu le Père de compenser nos échecs dans cette plus grande des missions masculines. Il est important de reconnaître les tactiques de l'ennemi ; Satan tentera de nous faire glisser vers le bas, dans ce désespoir qui peut nous conduire à abandonner encore plus notre paternité à cause de nos péchés. Et pourtant, il ne faut jamais abandonner, mes fils ! Priez, soyez renouvelés dans le sacrement de la Réconciliation. Le Christ nous fortifie par la Confession et la Sainte Eucharistie pour nous relancer dans la reconstruction de la paternité d’une manière ou d’une autre.
Conclusion : envoyés par le Christ
Le meilleur ami de saint Grégoire de Nazianze était Saint-Basile. Lorsque, jeunes hommes au début des années 20, leur recherche personnelle vers une compréhension plus profonde de la foi chrétienne les a conduits par des chemins séparés à Constantinople, chacun a vite développé un profond respect pour l'autre. La description de saint Grégoire de cette amitié est pleine d'espoir : « si cela n’est pas trop pour moi de le dire, nous étions chacun l’un pour l’autre une règle et une norme par lesquelles nous avons appris la distinction entre ce qui était juste et ce qui ne l’était pas »33. Leur amitié les a aidés à grandir dans la vertu et dans la liberté, à être moins soucieux de soi et plus désireux de placer leur vie au service des autres.
Je souhaite que chaque homme lisant cette Exhortation connaisse, si ce n’est déjà fait, cette bénédiction d’avoir de bonnes amitiés comme celles entre les saints. Je ne peux pas imaginer ce que ma propre vie serait sans les bons amis que Dieu m'a donnés.
J’espère aussi, que vous trierez ce qui est utile dans mon message, que vous l'amènerez au Seigneur dans la prière, et irez de l'avant en toute confiance dans votre vocation d'hommes. Notre vie en Christ n’est pas une liste de « à faire et à ne pas faire », mais une authentique aventure de liberté. Embrassez cette liberté afin de placer votre vie au service du Christ, à partir de votre maison et rayonnez dans le monde !
Où en est la foi de nos pères maintenant ?
Alors que j’écrivais cette Exhortation, des vidéos ont été diffusées, montrant cette pratique barbare de la vente de parties du corps de bébés par le Planning familial. Cette agence infâme reçoit environ un demi-milliard de dollars chaque année de la part du gouvernement des États-Unis, des fonds qui leur permettent de poursuivre leurs massacres d'innocents. Aucun citoyen américain, et certainement pas un homme, ne peut garder le silence sur cette perversion de notre époque. Nous avons besoin de sortir de nos bas-côtés, et de nous lever pour la vie sur toutes les lignes de front. Nous avons besoin de la foi de nos pères, qui ont défendu les enfants des générations précédentes, et qui ont renoncé à leur propre vie plutôt que d'abandonner leur foi en Christ.
Mes fils et frères, hommes du diocèse de Phoenix, nous avons besoin que vous fassiez un pas dans la brèche !
Les martyrs catholiques d'Angleterre inspirèrent Frederick W. Faber pour écrire l'hymne La foi de nos Pères en l’an 1849. De même que Faber a rendu cet hommage aux hommes qui ont refusé de renier le Christ « en dépit du donjon, du feu et de l'épée », il a également publié un appel aux armes pour les hommes des générations futures.
Joignez-vous à moi dans la prière pour que nous, hommes du XXIe siècle, fassions nôtres les mots de ce verset :
Nos Pères, enchaînés dans les prisons sombres,
Étaient encore libres de cœur et de conscience :
Doux serait le sort de leurs enfants,
S’ils pouvaient aussi mourir pour Toi !
Foi de nos Pères ! Sainte Foi !
Nous serons fidèles à toi jusqu'à la mort.

Promulguée en la fête des Archanges, le 29 septembre 2015
+ Thomas J. Olmsted
Évêque de Phoenix

1. Center for Applied Research into the Apostolate. Frequently Requested Church Statistics, 2014.
2. Pape saint Jean-Paul II, Ecclesia in America, 3, 5.
3. Interview du 19 septembre 2013.
4. En français dans le texte. Seule traduction dont je sois à peu près sûr. [ndvi]
5. Il existe, bien sûr, de rares exceptions à la règle génétique. Nous sommes conscients des exceptions dues à un défaut génétique ou à un développement hormonal insuffisant. Par exemple, le syndrome de Turner chez les filles, et le syndrome androgène ou syndrome d’insensibilité XXY chez les garçons, provoquent des situations qui sont très douloureuses dans la vie individuelle de ces jeunes femmes, de ces jeunes hommes, et de leurs familles.
6. Pape François, homélie du 14 juin 2015.
7. Gaudium et spes, 32.
8. Gaudium et spes, 32.
9. Audience générale du 15 avril 2015.
10. Messe d'ouverture du 22 octobre 1978.
11. Février 2015.
12. Gaudium et spes, 22.
13. Laudato Si’, 204.
14. Dr. Paul Vitz, Conférence du 21 février 2015.
15. Un appel pour former de tels groupes parmi les laïcs.
16. Social Isolation in America : Changes in Core Discussion Networks over Two Decades.
http : //www.jstor.org/stable/30038995
17. Pape saint Jean-Paul II, Catéchèse sur l'amour humain, 100, 6.
18. Saint Josémaria Escriva, Chemin.
19. Pape saint Jean-Paul II, Catéchèse sur l'amour humain, 14, 5.
20. Shakespeare, Henry V (IV, 3).
21. Gaudium et spes, 48.
22. Catéchisme de l'Église Catholique, 1606 ; 1609.
23. Catéchisme de l'Église Catholique, 2331.
24. Catéchisme de l'Église Catholique, 2332.
25. Catéchisme de l'Église Catholique, 2337.
26. Catéchisme de l'Église Catholique, 2342.
27. Pape saint Jean-Paul II, Familiaris Consortio, 25.
28. Pape François, allocution du 15 juin 2015.
29. Pape saint Jean-Paul II, Entrer dans l’Espérance, New York : Knopf, 1994, 228.
30. Familiaris Consortio, 25.
31. Homélie du 26 juin 2013.
32. Adapté de Evangelium Vitae, 99.
33 Sur Saint-Basile le Grand, Oraisons funèbres (Les Pères de l'Église, vol. 22), 27.