La première manière de parler de Dieu, c’est de
reconnaître notre ignorance, l’impossibilité de dire quoi que ce soit de
véritable au sujet de Dieu. Un peu comme quand on aime quelqu’un. Les religions
parlent de Dieu comme de la source de ce qui existe mais avec des images
terrestres qui sont toujours imparfaites.
De Jésus, nous parlons cependant comme d’un homme
qui sait qu’il est Dieu se déclame égal de Dieu mais comme Fils Unique. Il établit donc une distinction entre Dieu Père et lui-même. Cependant, il répète
qu’il n’est que la Parole exacte de tout ce que veut le Père. Si Jésus n’était
pas pleinement Dieu, il ne serait qu’un intermédiaire que l’on pourrait
contester. Et si Jésus est Dieu c’est que Dieu nous parle d’une manière humaine
avec toute la difficulté et la pauvreté de notre vocabulaire.
Le mot Esprit
Saint n’appartient pas à ce vocabulaire familial. S’il est une troisième
réalité mystérieuse de Dieu, c’est qu’il procède
à la fois et du Père et du Fils.
Il est à la fois l’Esprit du Père et l’Esprit du
Fils puisqu’il est le seul amour qui les unit comme la respiration est
inséparablement un donner et un recevoir, un aller et retour, une volonté et
une action commune. Dieu est bien Unique
et totalement parfait. Pourtant il y a en lui quelque chose que nos philosophes
ne prévoient pas, une surabondance de présence et d’amour. Il est à la foi un
MOI et un TOI et un NOUS ; que nous avons appelés des Personnes. Pourquoi ?
Nous comprenons que nous sommes une personne quand
nous parlons à quelqu’un à qui nous pouvons dire « je suis moi et je ne
suis pas toi ». C’est vrai aussi de toutes les autres relations qui ne
sont pas une parole. Ainsi nous nous sentons reconnus comme semblables et comme
différents. En alliance ou en conflit, Dieu est-il une personne comme
cela ? Oui puisqu’il est une Parole
pour nous. Il est capable de parler à un autre que lui-même, même à quelqu’un
qu’il a créé lui-même. Mais nous ne savons pas comment lui répondre. Seule la
voix humaine de Jésus peut répondre au Père. Et l’Évangile nous dit que cette
réponse, au nom de l’humanité, est dans la logique de la relation en Dieu entre
le Père et le Fils. Comme si quelque chose de l’amour qui est en Dieu avait un
reflet dans notre vie humaine. Comme si notre amour pouvait avoir un caractère
sacré.
Comment peut-on parler de Dieu comme Trois Personnes en un Dieu unique ? En latin le mot personna désignait le masque que
portaient les acteurs dans les théâtres pour se faire reconnaître de loin et
cela servait aussi de porte-voix. Mais on ne peut pas dire que Dieu joue trois
personnages différents en restant le même, il y a une vérité plus profonde.
Nous pouvons comprendre qu’il y a en Dieu trois manières d’aimer distinctes et inséparables,
comme pour nous à notre très petite échelle quand nous sommes aimés, quand nous
donnons à l’autre de l’amour et quand cet amour se voit par une action, un
changement de vie, un bonheur nouveau. Il y a comme une histoire qui se
déroule : d’abord, la certitude que Dieu nous aime le premier comme un
Père ; Ensuite, que nous pouvons répondre à cet amour par Jésus ;
Enfin, que l’Esprit de Dieu nous fait vivre cela.
« Soyez baptisés » dit Jésus, dans
cet amour qui se montre avec trois visages ou plutôt qui nous pousse en lui
dans une histoire. Le Père n’en finit pas de nous créer à son image. Le Fils
n’en finit pas de se donner à nous pour nous donner au Père. L’Esprit n’en
finit pas de nous réveiller pour aller travailler à la vigne du Père. Le péché
s’efforce d’obscurcir tout cela, comme quelqu’un qui dirait : « Mon
Dieu faites que ceux que j’aime voient leurs désirs et leur prières se réaliser
sans que j’aie à m’en occuper ».
Abbé Georges Périé