mardi 7 juillet 2015

En méditant... Le livre de Lézard, Adorer Dieu


« Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui L'adorent, L'adorent en esprit et en vérité ».
Je n'irai pas adorer mon Dieu dans telle ou telle chapelle, dans tel ou tel lieu saint...
L'Église de Dieu sera mon église et Dieu seul me parlera de Dieu, dans Son Église.
Mais où est-elle, Son Eglise ?
Elle est là où règne la bonté.
Elle est là où chante la beauté.
Elle est dans la nature ; sous la verdure ; à l'ombre des grands arbres ; au soleil qui jaunit le blé, qui rougit les pommes, qui brunit les feuilles.
Elle est là où règne la justice.
Elle est là où chante la paix ; au foyer paisible ; près du feu qui s'éteint ; près de la flamme qui s'élance.
Elle est au cimetière.
Elle est où l'on pleure ; sous les saules pleureurs, les ifs et les cyprès.
Elle est là où règne la vérité.
Elle est là où chante la force joyeuse ; l'action virile.
Elle se dresse en pleine lumière, immense.
Comment ne la vois-tu pas ?
Elle remplit le monde...
Elle est dans ton cœur.
Elle est dans mon cœur.
Elle est partout, et ses orgues puissantes résonnent dans l'espace, et ses cloches rieuses s'égrènent dans les airs ; on les entend aux deux pôles comme ici et comme là.
Arrête-toi ; écoute...
Dieu seul te parlera de Dieu dans Son Église.
J'irai dans l'Église de Dieu.
Quant au culte que je rendrai à mon Dieu, ce sera une prière ; et puis un chant de joie.
Mais ma prière ne sera pas une suite de mots.
Pourquoi des mots ? — Nos jours en sont si pleins. Ma prière ne sera pas une succession de phrases.
Pourquoi des phrases ? — Nos jours en sont tout pleins. Ma prière, ce sera toute ma vie.
Et toute ma vie sera une prière dont chaque mot sera un acte, un effort vers le mieux.

Et si cela t'étonne.
Ne t'étonne plus.
Je ne donne pas le beau nom de prière au triste effort qui s'accomplit de mauvaise grâce et de mauvaise humeur, parce que les circonstances nous l'ont imposé.
Je donne le beau nom de prière à l'effort ailé, librement choisi, voulu et accompli ;
À l'effort joyeux qui entraîne vers un second effort, et d'effort en effort jusqu'à l'infini.
Mon culte sera une prière et ma prière, ce sera toute ma vie, et ma vie sera un effort.
Effort vers la beauté.
Oh ! beauté, que ton règne vienne.
Effort vers la bonté.
Oh ! bonté, que ton règne vienne.
Effort vers la joie.
Oh ! joie, que ton règne vienne.
Effort vers l'intelligence et la compréhension ; la justice et la vérité.
Un grand effort...

Ne parle pas.
Je connais tes objections.
Je sais ce que tu vas dire.
Ces efforts, tu les as faits.
Tu les as faits dix fois ; tu les as faits cent fois.
Tu les as faits bien plus de cent fois ; et toujours en vain.
Car la beauté est restée lointaine.
La bonté, tu ne l'as pas atteinte.
Et la joie, tu ne l'as pas trouvée.
Maintenant tu es las 1, las, las et fatigué...
Tu ne veux plus faire d'efforts.
Et pourtant il faut que tu recommences.
Qu'importe si les premiers efforts ont échoué.
Qu'importe si les seconds sont destinés encore à échouer.
N'y a-t-il pas déjà de la beauté dans l'effort vers la beauté ?
N'y a-t-il pas déjà de la bonté, dans l'effort vers la bonté ?
N’y a-t-il pas déjà de la justice, dans l'effort vers la justice ?
Et surtout, surtout, n'y a-t-il pas déjà de la joie dans tout effort quel qu'il soit ?

Tu es las, las, las et fatigué...
Tu ne veux plus faire d'efforts.
Il faut pourtant que tu recommences...
Mais repose-toi d'abord.
Pourquoi as-tu tant couru ?
Pourquoi ne t'es-tu jamais arrêté ?
Regarde : pourquoi y a-t-il des champs au bord de la route, si ce n'est pour s'y asseoir ?
Pourquoi y a-t-il de l'ombre, si ce n'est pour s'y coucher ?
Tu as été trop orgueilleux.
Tu as été trop ambitieux.
Tu as eu trop d'amour-propre.
Tu as voulu tout faire toi-même ; tu as toujours voulu tout faire toi-même, sans jamais accepter l'aide de personne.
Et quand la vie même t'offrait un repos ;
Et quand la nature t'invitait au repos ;
Et quand les circonstances de ta vie te permettaient un repos, tu ne l'as pas accepté.
Pourquoi ne l'as-tu pas accepté ?
L'essentiel, ce n'est pas que nous fassions toute chose.
L'essentiel ; c'est que toute chose se fasse.
Il y a du foin à rentrer.
L'essentiel, ce n'est pas que tu rentres le foin.
L'essentiel, c'est que le foin soit rentré.
Ou crois-tu être le seul à savoir rentrer le foin ?
Il y a une maison à construire.
L'essentiel, ce n'est pas que tu construises la maison.
L'essentiel, c'est que la maison se construise.
Ou crois-tu être seul à savoir construire une maison ?
Il y a un malade à soigner ?
L'essentiel, ce n'est pas que tu guérisses le malade.
L'essentiel, c'est que le malade soit guéri.
Ou crois-tu être seul à savoir guérir ?

Ah ! s'il n'est personne pour rentrer le foin, tu le rentreras, et même si tu tombes de fatigue.
S'il n'est personne pour construire la maison, tu la construiras, et même si tu tombes de fatigue.
S'il n'est personne pour guérir le malade, tu le guériras, et même si tu tombes de fatigue.
Mais si de nombreux candidats se présentent, forts et joyeux, pourquoi par amour-propre leur refuser la joie du travail, de l'aide et du service ?

Tu es las, las, las et fatigué...
Tu ne peux plus faire d'efforts.
Il faut pourtant que tu recommences, mais repose-toi d'abord.
Dépose ton orgueil, source de ta fatigue, et puis recommence, et dis avec moi :
Mon culte sera une prière et ma prière, ce sera toute ma vie, et toute ma vie sera un effort et puis un chant de joie.
Un chant de joie.
Chaque matin, je sens la vie renouvelée en moi et je ne peux faire autrement que de chanter ma joie de pouvoir vivre encore.
Car la vie, ce n'est pas une chemise de crin, un cilice, une haire impitoyable qui nous déchire la chair.
Et le monde, ce n'est pas une vallée de larmes seulement.

La vie est un privilège et le monde est divin.

Ne parle pas.
Je connais tes objections.
Je sais ce que tu vas dire.
La souffrance...
La souffrance physique et la souffrance morale.
La fatigue...
La fatigue physique et la fatigue morale,
La saleté...
La saleté physique et la saleté morale.
La tristesse, la misère et la maladie.
Oui, tout cela existe, je le sais bien.
La vigne vierge ne recouvre pas toutes les maisons et les giroflées ne fleurissent pas devant toutes les portes.
Et pourtant la vie est un privilège et le monde est divin.

Sors de ta chambre étroite.
Sors de ta maison étroite.
Sors de ta ville étroite et arrête-toi dans les champs.
Les champs silencieux aux larges espaces.
Écoute... Regarde...
Les forces mystérieuses travaillent dans le silence et la beauté.
Dieu se révèle dans le silence et la beauté.
Reste en contact avec la nature, et tu seras en contact avec Dieu.
Reste en contact avec l'univers tout entier ; et j'entends par univers toute créature vivante, que ce soit un brin d'herbe, une fleur, un animal ou l'homme ; et tu seras en contact avec Dieu.
Car le monde, c'est l'Église de Dieu, et Dieu parle dans Son Église.
J'irai dans l'Église de Dieu.
Je resterai dans l'Église de Dieu.
Et le culte que je rendrai à mon Dieu, ce sera une prière, et ma prière, ce sera toute ma vie, et ma vie sera un effort.
Effort vers la beauté.
Oh ! beauté, que ton règne vienne.
Effort vers la bonté.
Oh ! bonté, que ton règne vienne.
Effort vers l'intelligence et la compréhension ; la justice et la vérité.
Un grand effort, et puis un chant de joie.

Je puis me tromper.
Offrir à Dieu son effort et sa joie, ce n'est peut-être pas encore l'adorer en esprit et en vérité ; mais qui peut nous dire ce que signifie « adorer Dieu en esprit et en vérité ? »
J'adore Dieu, comme je peux et comme je crois.
Adorons Dieu comme nous pouvons et comme nous croyons, et Dieu sera adoré en esprit et en vérité.

Le livre de Lézard

1. L’auteur s’adresse à des éclaireuses. Je l’ai universalisé. [ndvi]