Revenir à l’Évangile.
La vie de Nazareth reste,
dans ses orientations nouvelles, au centre de toutes les conceptions de Frère
Charles. Non pas la condition d'existence de Nazareth en tant qu'elle reproduit
littéralement les conditions d'existence de Jésus durant sa vie cachée ;
mais la vie de Nazareth en tant qu'elle est le signe de la réalité de la vie de
Jésus : une vie de pauvreté d'âme et de disponibilité à tous, une vie de
dernière place, d'insertion au cœur de ce qu'il y a de plus humain, de plus
pauvrement humain ; la vie de Nazareth en tant qu'elle est transposition
étonnante, en des tâches communes et quotidiennes, du grand acte de la Croix.
C'est là l'expression de la foi extraordinaire du Frère Charles, telle qu'elle
s'explicite dans ce passage d'une lettre de 19o9 : « Jésus nous a
dit, en nous bénissant : « Allez prêcher l'Évangile à toute créature » ;
nous aussi nous pouvons tout en Celui qui nous fortifie ; Il a vaincu le
monde ; comme Lui, nous aurons toujours la croix ; comme Lui,
nous serons toujours persécutés ; comme Lui nous serons toujours vaincus
en apparence ; comme Lui, nous serons toujours triomphants en
réalité. Et cela dans la mesure de notre fidélité à la grâce, dans la mesure où
nous Le laisserons vivre en nous et agir en nous et par nous [...] Revenons à
l'Évangile. Si nous ne vivons pas l'Évangile, Jésus ne vit pas en nous »1.
C'est la croix qui « prépare »,
qui est première. Les « ouvriers-évangéliques » tels que les veut
Frère Charles, doivent avoir intimement le sens de cette primauté de la mort de
la croix ; le don en pure perte de soi demeure sans cesse, pour Frère
Charles, le centre de sa conception ; les frères de la congrégation qu'il
veut fonder doivent avant tout regarder l'échec apparent de la Croix, le mode
silencieux et « abject » de la Rédemption : c'est seulement
ainsi que se prépare la diffusion de l'Évangile. L'apôtre qui marche à la suite
de Frère Charles doit s'engager à travailler sans dessein de connaître ni de
peser les aboutissements de son œuvre : son travail ne doit pas être
d'apostolat direct — où l'on peut, où il faut même, mesurer des résultats et
prévoir des avancées — mais c'est un travail de défrichement sans fin, reposant
sur la seule foi nue, un travail accompli dans la nuit, un « si obscur
apostolat »2.
Frère
Charles veut donner sa vie, et totalement. Mais, ce qui est surprenant à
constater, c'est qu'il conçoit le don de sa vie bien autrement qu'auparavant.
Si, autour de 1896-1897,
s'épanouit à l'extrême, en Frère Charles, le désir du martyre, si le même désir
continue à s'exprimer par la suite, à Béni Abbès, par exemple, en 1902 : « Je
voudrais aimer Jésus... Priez-Le pour que je L'aime... Cela suffit... Je
voudrais cependant bien aussi être martyr, quoique indigne... Mais que Sa
volonté se fasse et non la mienne »3 ; et encore, à
l'arrivée à Tamanrasset, en septembre 1905 : « Votre enfant aurait le
sort de notre arrière-grand-oncle Armand, n'en seriez-vous pas heureuse ?
Jésus a dit que c'était la plus grande marque d'amour, ne seriez-vous pas
heureuse de voir votre enfant la donner ? »4, bientôt ce
désir laisse la place à ce que Frère Charles voit de plus en plus comme une
équivalence du martyre : l'immolation quotidienne de soi à Jésus pour tous
les hommes, dans une amitié et un service constants, un véritable
anéantissement par un total don de soi aux autres. Et nous en arrivons à cette
pensée, en 1913 : « Je ne puis pas dire que je désire la mort ;
je la souhaitais autrefois ; maintenant, je vois tant de bien à faire,
tant d'âmes sans pasteur, que je voudrais surtout faire un peu de bien et
travailler un peu au salut de ces pauvres âmes »5.
Il ajoute : « Mais
le bon Dieu les aime plus que moi et Il n'a pas besoin de moi. Que Sa volonté
se fasse ! » C'est que le martyre peut encore être une « œuvre ».
Or, il n'y a qu'une chose à faire : se laisser aimer, se laisser conduire
par l'Amour. « Nous sommes portés à mettre au premier rang les œuvres dont
les effets sont visibles et tangibles ; Dieu donne le premier rang à
l'amour et ensuite au sacrifice inspiré par l'amour et à l'obéissance dérivant
de l'amour. Il faut aimer et obéir par amour en s'offrant en victime avec Jésus
comme il Lui plaira ! à Lui de faire connaître s'Il veut pour nous la vie
de saint Paul ou celle de sainte Magdeleine »6.
C'est
pour obéir à Jésus qu'il envisage ainsi de continuer de vivre pour sauver avec
Lui par une mort quotidienne, plutôt que de donner, d'un seul geste, sa vie
pour Lui. Non pas qu'il ne désire pas Le retrouver bien vite ! Mais il
accepte, par amour, d'attendre ; il fait le sacrifice d'une rencontre
proche avec le Bien-Aimé pour les âmes qui ne Le cherchent pas ; il offre
les retards du rendez-vous et les temps où Jésus se fait absent pour les âmes
qui ne Le trouvent pas. Toutes ces épreuves et ces attentes ne sont-elles pas
des progrès sur le chemin vers Lui et ne permettent-elles pas de L'approcher
d'un peu plus près ? Les derniers pas de Frère Charles sont formés de
cette marche dans le désert ; il écrit, quatre mois avant sa mort : « L'amour
consiste non à sentir qu'on aime, mais à vouloir aimer ; quand
on veut aimer par-dessus tout, on aime par-dessus tout.
« S'il arrive qu'on
succombe à une tentation, c'est que l'amour est trop faible, ce n'est pas qu'il
n'existe pas : il faut pleurer, comme saint Pierre, se repentir comme
saint Pierre, s'humilier comme lui, mais, comme lui aussi, dire par trois fois :
« Je Vous aime, je Vous aime, Vous savez que malgré mes faiblesses et mes
péchés, je Vous aime ».
« Quant à l'amour que
Jésus a pour nous, Il nous l'a assez prouvé pour que nous y croyions sans le
sentir ; sentir que nous L'aimons et qu'Il nous aime, ce serait le ciel :
le ciel n'est, sauf rares moments et rares exceptions, pas pour ici-bas... »7.
Dans
la paix et la gloire de Jésus.
Le
1er décembre 1916, premier vendredi du
mois, à la tombée de la nuit, Frère Charles meurt, « violemment et
douloureusement tué »8.
Il
est seul chez lui quand l'un de ses amis touaregs l'appelle dehors : le
courrier est arrivé. On le saisit et les vingt hommes qui ont entouré sans
bruit le fortin pénètrent à l'intérieur. Ils avaient formé le projet de piller
le bordj et de prendre Frère Charles comme otage 9 et leur coup
réussit très bien. Lui attend d'être emmené, les bras derrière le dos, les
poignets attachés aux chevilles avec des guides de chameaux. Il se tait, il
regarde devant lui, il se tient immobile.
On
l'a confié à la garde d'un garçon de quinze ans qui est debout près de lui,
fusil en mains, tandis que les autres accomplissent la mise à sac. Mais
quelqu'un crie : deux méharistes arrivent 10. Une fusillade
éclate. Affolé, le jeune gardien tire sur Frère Charles : il tombe sans un
cri. Le drame a duré vingt minutes à peine.
La mort de Frère Charles
est, à l'image de sa vie, une mort de tous les jours, sans rien
d'extraordinaire ni de sensationnel, un fait divers 11. Elle est
effacement : c'est l'ensevelissement silencieux du grain tombé en terre 12.
Il avait vécu, depuis sa conversion, trente ans de vie cachée.
Rien d'un geste glorieux et
triomphal, mais un accomplissement humble et simple de ce qui était, ce
jour-là, volonté du Seigneur. En ce 1er décembre, il avait écrit à
l'un de ses amis ces lignes qui expriment tellement bien l'acte de sa
mort : « Nous devons donner l'exemple du sacrifice et du dévouement.
C'est un principe auquel il faut être fidèle toute la vie, en simplicité, sans
nous demander s'il n'entre pas de l'orgueil dans cette conduite : c'est le
devoir, faisons-le, et demandons au Bien-Aimé Époux de notre âme de le faire en
toute humilité, en tout amour de Dieu et du prochain »13.
En ce même jour de sa mort,
Frère Charles écrivait à sa cousine cette phrase qu'il faut sans cesse avoir
devant les yeux pour comprendre sa vie : « Notre anéantissement est
le moyen le plus puissant que nous ayons de nous unir à Jésus et de faire du
bien aux âmes »14. Frère Charles ajoute : « C'est ce
que saint Jean de la Croix répète presque à chaque ligne »15.
Or, pour le grand Docteur
mystique, dont Frère Charles lit sans cesse les écrits depuis vingt ans, c'est
la Croix qui est l'anéantissement suprême de Jésus : « À sa mort, il
est certain qu'il fut anéanti dans son âme. Son Père le laissa sans aucune
consolation et sans nul secours ; il l'abandonna à la sécheresse la plus
profonde... Ce fut l'abandon le plus grand, le plus sensible qu'Il ait jamais
éprouvé en Sa vie. Mais c'est alors aussi qu'Il accomplissait la plus grande
œuvre de Sa vie, celle qui surpassait tous les miracles et les prodiges qu'Il
avait jamais accomplis sur la terre et au ciel. Je veux dire la réconciliation
du genre humain et son union à Dieu par la Grâce. Cette œuvre s'accomplissait
au temps et au moment où le Sauveur était le plus complètement anéanti »16.
Pas
une autre vie que la Sienne !
Depuis
près de trente ans, Frère Charles a entendu l'appel du Crucifié et il a appris,
jour par jour, qu'il fallait faire, de toute sa vie une mort continuelle avec
Lui.
Cela avait surtout commencé
à Noël 1888, en Terre Sainte : il avait pris, là, conscience plus vive de
ce qu'avait été la Croix ; il avait été bouleversé en pensant à Jésus au
Calvaire, Jésus humilié, méprisé comme le dernier des hommes, Jésus dont tous
les passants méconnaissaient l'amour.
Lui, du moins, ne sera pas
de ceux-là : il mettra tout en œuvre pour L'aimer ! Et quand on aime
quelqu'un, on l'imite, pour partager sa vie. Alors il veut imiter les
souffrances de Jésus, il se dit qu'il ne doit « vivre que pour le
soulagement de Son cœur »17. Il lui fait, à lui dont
« toute la vie n'a été que sacrifices », « le plus grand
sacrifice qu'il soit possible d'accomplir » ; et c'est ainsi qu'il
entre à la Trappe, pour souffrir avec Lui.
Il recherche les
souffrances qui le rendront présent à Jésus en Croix : il ne veut pas « quitter
le pied de la Croix »18, il désire participer aux angoisses et
peines de Jésus ; c'est un bonheur, pour lui, de se trouver près de Jésus
dans une solitude cachée qui est une mort à lui-même, en ne faisant rien
d'autre que de Lui répéter qu'il L'aime. Jésus crucifié devient pour lui le
compagnon de chaque heure, Celui avec qui on vit en amitié très proche.
Comment
dire ces affirmations d'amour ? Pour le jeune converti, il n'y a aucune
hésitation à avoir : puisque Jésus, qui s'est livré sur la Croix pour les
hommes, est présent dans le Saint-Sacrement, c'est devant l'Hostie, expression
réelle de l'amour extrême de Jésus, qu'il faut L'adorer et Lui exprimer qu'on
L'aime. Alors commencent pour lui les innombrables temps de présence devant le
Saint-Sacrement : « On Le regarde, on Lui dit qu'on L'aime, on jouit
d'être à Ses pieds, on Lui dit qu'on veut y vivre et y mourir »19.
Il est immobile devant l'Hostie des journées, des nuits entières ; il
voudrait « passer toute sa vie immobile au pied du Tabernacle »20.
Et
comment prouver en actes cet amour ? D'abord en reproduisant dans sa vie
la vie même de Jésus. Frère Charles veut réaliser une imitation toute littérale
— sans glose — du Maître Bien-Aimé : il faut souffrir comme Jésus a
souffert, il faut travailler de ses mains de la même manière que Jésus a
travaillé de ses mains : « Je ne puis supporter de mener une vie
autre que la sienne, une vie douce et honorée, quand la sienne a été la plus
dure et la plus dédaignée qui fût jamais »21.
Il faut, en un mot,
« l'imitation la plus fidèle possible »22. « Chaque
jour, je désire davantage me précipiter dans le dernier abaissement à la suite
de Notre-Seigneur ». « Partager Sa vie et surtout Ses prières, Ses
misères ». « Me jeter plus que jamais dans la solitude, dans tout ce
qu'il y a de plus obscur, de plus retiré, de plus bas ». Il veut
rechercher un état de solitude avec Jésus, de solitude où l'on partage
Sa dernière place. Recherche indéfinie, recherche d'une passion et d'un
dynamisme de plus en plus ardents, car à mesure qu'il avance, à mesure
aperçoit-il que Jésus est allé plus loin encore et qu'il doit L'y suivre.
Il s'agit donc de témoigner
à Jésus, sans cesse, en chaque occasion, qu'on L'aime, par un témoignage réel,
effectif : « L'Époux divin est avec nous dans les luttes qu'Il vous
impose pour son amour. Par les combats et la souffrance soutenus pour Lui, Il
se fait faire par vous une déclaration d'amour quotidienne, plus que
quotidienne ; aussi souvent répétée que l'épreuve — non une déclaration
seulement, mais une déclaration avec preuve »23.
Cet
amour, il faut le prouver activement, en portant partout l'Évangile de Jésus.
Comment une contemplation pourrait-elle être une séparation égoïste d'avec les
hommes ? Si nous aimons Jésus, s'Il est en nous, il n'est pas possible que
nous n'allions pas le porter aux autres.
Cela signifie-t-il qu'il faille
le proclamer à grand renfort de publicité ? Bien au contraire, car Jésus a
fait son travail rédempteur à travers beaucoup de silences et de méconnaissances.
Et Frère Charles,
comprenant l'insertion de Jésus dans une petite bourgade de Galilée, et son
acceptation d'être rivé à la Croix, s'enfonce lui-même dans un enracinement de
plus en plus particulier, en se livrant pour un tout petit groupe d'hommes bien
déterminés : les Touaregs. Il se limite au Hoggar comme Jésus s'est limité
à Nazareth. Alors vraiment, il universalise, au même titre que Jésus, son amour
des hommes.
Comment s'opère cette
universalisation ? Par la Croix. Frère Charles installe en effet —
délibérément — la Croix salvatrice au centre de la vie de Nazareth ; et
puisque la Croix a racheté tous les hommes, toute insertion particulière
dans une infime communauté d'hommes peut comporter, comme la Croix et Nazareth,
une même dimension universelle. C'est bien l'imitation de Jésus en Croix qui a
conduit sans cesse Frère Charles, qui l'a conduit à mener la vie de Nazareth et
à devenir petit frère universel.
Mais
comment cette imitation de plus en plus profonde a-t-elle pu s'effectuer,
comment a-t-elle été nourrie ? Par l'Eucharistie. Frère Charles a reçu de
comprendre que l'Eucharistie est d'abord le don que le Père lui faisait de tous les
hommes et que, par elle, il était mis en état d'accueil vis-à-vis d'eux. C'est
l'Eucharistie qui a livré à Frère Charles le secret de l'attitude apostolique
de Nazareth qui consiste, au lieu de se lancer avant tout à l'assaut des autres
pour leur faire du bien, à les reconnaître tous comme des fils du Père et à
vivre parmi eux, comme eux, parce qu'ils sont des frères de Jésus. C'est
l'Eucharistie qui a été pour lui exigence de présence à autrui : pour
Frère Charles, sauver des âmes ne consiste pas d'abord à se substituer à elles
en s'offrant comme victime en expiation, mais à attirer maintenant les âmes à
la Croix du Christ en allant rendre présente la Croix au milieu d'elles, en la
rendant présente par la vie qu'on mène, crucifiée. Sa présence aux hommes est
une présence qui se veut éminemment rédemptrice par la ressemblance qu'il aura
avec Jésus en Croix. Dès lors, la « Visitation », c'est pour lui
aller porter à tous les hommes, par notre seule pauvre vie, la Rédemption.
C'est ainsi que Jésus a agi : « Visitavit et fecit redemptionem (sauver
des âmes !) »24.
C'est
pour cette raison qu'il doit être le plus incognito dans la masse, le plus
commun, le plus indistinguable : « Que je reste entièrement inconnu,
ignoré »25. « Être du pays »
« tout petit », « abordable »26. C'est
là vraiment toute sa vie, c'est là Sa Croix où nous voyons la vie naître de la
mort. Frère Charles est profondément fidèle à cette mort de Jésus qui précède
la Résurrection ; et cette fidélité à la Croix se manifeste admirablement
dans sa présence à autrui, présence qui est en quelque sorte une absence 27.
Dès lors il va vers les
autres en se disant tout tranquillement que, pour les sauver, il doit d'abord
installer la Croix au cœur de sa vie. Non qu'il vise avant tout à réaliser une
conversion purement individuelle. Mais Frère Charles sait que sa conversion silencieuse
affectera toute sa présence à autrui. Il le dit en 1902 28 ;
il le dit quelques mois avant sa mort, de la même façon :
« Sanctifions-nous, sanctifions-nous pour Notre-Seigneur à qui nous le
devons. Sanctifions-nous pour faire plus de bien aux âmes. On fait du bien aux
autres dans la mesure de la vie intérieure qu'on possède et il faut faire du
bien aux âmes »29. C'est en quelque sorte le salut des autres
qui nous accule à la sainteté.
La première mort, qui lui
permettra de sauver des âmes, c'est en effet sa conversion, Frère Charles en
est intimement persuadé : « Quand le grain de blé qui tombe en terre
ne meurt pas, il reste seul, s'il meurt, il porte beaucoup de fruits ; je
ne suis pas mort,, aussi je suis seul... Priez pour ma conversion, afin que,
mourant, je porte du fruit »30.
À mesure que Frère Charles
effectue cet oubli continuel de soi, à mesure est-il poussé à le faire, non pas
dans la solitude, mais au milieu des hommes. Les Pères du désert s'enfonçaient,
eux, dans la solitude ; car le désert leur apparaissait comme le lieu de
Satan et ils allaient l'y affronter en un combat semblable à celui que Jésus
avait mené avant sa vie publique. C'est toujours pour rencontrer Satan que Frère
Charles s'enfonce au désert 31, mais lui se dit que le désert est
tout lieu où les âmes sont les plus éloignées de Dieu et les plus enchaînées au
démon ; qu'il n'est pas d'abord une fuite du monde, mais une recherche des
âmes les plus perdues. C'est pour cette raison que, pour convertir ce monde
éloigné de Dieu tout apôtre doit avoir une vie de profonde et continuelle union
à Dieu, une vie d'imitation de Jésus, d'ensevelissement en Jésus, une vie de
Père du désert : il faut « qu'un missionnaire mène la vie de saint
Antoine du désert »32 ; il faut des ermites morts à
eux-mêmes et morts au monde, des ermites qui, plongés au plus profond de la
pâte humaine, annonceront, par leur vie silencieuse, l'Évangile du Sauveur.
Jean-François
Six, in Itinéraire spirituel de Charles de Foucauld
1.
Lettres à l’abbé Caron, 3o juin 1909.
Cf. Lettres à Monseigneur Guérin, 29
juin 1909. Cf. « La voie royale de la croix : c'est la seule pour les
élus, la seule pour l'Église, la seule pour chaque fidèle ; c'est la loi
jusqu'à la fin du monde : l'Église et les âmes, épouses de l'Époux
crucifié, devront partager ses épines et porter la croix avec lui : la loi
de l'amour veut que l'épouse partage le sort de l'Époux » Lettres à Madame de Bondy, 12
janvier 1909.
2.
Lettres à l’abbé Caron,
5 avril 1906.
3. Lettre à Dom Martin, 16
juin 1902, Cahiers Charles de Foucauld,
2. Cf. le même jour Lettres
à Madame de Bondy.
4. Lettres à Madame de Bondy, 3 septembre 1905.
5. Lettres à Madame de Bondy, 20 juillet 1914.
6.
Lettres à Madame de Bondy, 29 mai
1915.
7.
Lettre à M. Massignon, 15 juillet 1916.
8.
Notes spirituelles, 6 juin 1897. (L'intention de
l'Apostolat de la Prière pour décembre 1916 était la conversion des Musulmans).
9.
Comme cela s'était pratiqué à Djanet et en région Azdjer (René
Bazin, Charles de Foucauld).
10.
Ce sont deux méharistes de Fort-Motylinski qui étaient au village et
attendaient la nuit pour repartir (B, p. 453).
11. Cette mort passa bien
inaperçue ; elle laissa les Touaregs, sauf Moussa Ag Amastane et
quelques-uns, assez indifférents. Quant au commandant de Fort-Motylinski, il ne
se rendra à Tamanrasset que trois semaines plus tard ; et en France, en
dehors d'un petit cercle, personne n'en parla ; la guerre occupait
d'ailleurs toutes les attentions.
12. Si on ne peut pas affirmer
que Frère Charles est « martyr » au sens canonique du mot, du moins
peut-on dire que sa mort est un ultime « témoignage ». Et on peut lui
appliquer ce qu'il exprimait à la nouvelle de la mort de deux Pères Blancs
assassinés en 1906 : « J'espère qu'ils sont dans la paix et dans la
gloire de Jésus ; ils sont morts par suite de leur charité, de leur
dévouement ; j'espère que Jésus a reçu leur mort, l'offrande de leur vie
comme un martyre : ils ont obéi à l'impulsion de la grâce, l'obéissance est
le meilleur des sacrifices » (Lettres
à Monseigneur Guérin, 5 juin 1906).
13. René
Bazin, Charles de Foucauld
14.
G. Gorrée, Sur les traces du Père de
Foucauld
15.
ibid
16.
Trad. P. Grégoire de Saint-Joseph.
17.
Lettres à Madame de Bondy, 12 janvier
1891.
18.
Lettres à Madame de Bondy, 6
février 1890.
19. Écrits spirituels
20. Ibid
21. Lettre à H. Duveyrier,
24 avril 1890.
22.
Lettres à Madame de Bondy,
26 août 1893.
23. Lettre à M. Massignon,
31 juillet 1909.
24.
Carnet, 9 juillet 1914.
25.
Lettres à Monseigneur Guérin, 31 mai
1907.
26. Lettres à Monseigneur Guérin, 2 juillet 1907.
27. Quand il vient en
France, en 1908-1909, il discute avec Monseigneur Bonnet d'un grand projet de
fondation : des missionnaires qui viendraient simplement vivre au milieu
des infidèles, des « missionnaires incognito ».
28.
Cahiers Charles de Foucauld, 2 ; Cahiers Charles de Foucauld, 30.
29. Lettre à Mère saint
Michel, 3o avril 1916.
30. Lettres à Suzanne Perret, 15 décembre 1904.
31. Il se propose dès Beni
Abbès d' « ouvrir la guerre contre Satan » (Noël 1902).
32. 1er juin 1903, in René
Bazin, Charles de Foucauld.
[ndvi : En ce jour de fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, j'adjoins le Lauda Sion de saint Thomas d'Aquin, chanté juste avant la lecture de l’Évangile]
Loue, Sion, ton Sauveur, loue ton chef et ton pasteur par des hymnes et des chants.
[ndvi : En ce jour de fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, j'adjoins le Lauda Sion de saint Thomas d'Aquin, chanté juste avant la lecture de l’Évangile]
Loue, Sion, ton Sauveur, loue ton chef et ton pasteur par des hymnes et des chants.
Autant que tu le peux, tu
dois oser,
car Il dépasse tes louanges et tu ne pourras jamais trop Le louer.
car Il dépasse tes louanges et tu ne pourras jamais trop Le louer.
Le sujet particulier de
notre louange, le Pain vivant et vivifiant,
c'est cela qui nous est proposé aujourd'hui.
c'est cela qui nous est proposé aujourd'hui.
Au repas sacré de la Cène,
au groupe des douze frères, Il a été clairement donné.
Que notre louange soit
pleine, qu'elle soit sonore ;
qu'elle soit joyeuse, qu'elle soit belle la jubilation de nos cœurs.
qu'elle soit joyeuse, qu'elle soit belle la jubilation de nos cœurs.
C'est en effet la journée
solennelle où nous fêtons de ce banquet divin la première institution.
À cette table du nouveau
Roi,
la nouvelle Pâque de la nouvelle loi met fin à la Pâque ancienne.
la nouvelle Pâque de la nouvelle loi met fin à la Pâque ancienne.
L'ordre ancien cède la
place au nouveau, la vérité chasse l'ombre, la lumière dissipe la nuit.
Ce que le Christ a fait à
la Cène, Il a ordonné de le refaire en mémoire de Lui.
Instruits par ces
commandements sacrés,
nous consacrons le pain et le vin en victime de salut.
nous consacrons le pain et le vin en victime de salut.
C'est un dogme pour les
chrétiens que le pain se change en son Corps et le vin en son Sang.
Ce que tu ne comprends pas,
ce que tu ne vois pas,
la foi vive l'affirme, hors de l'ordre naturel des choses.
la foi vive l'affirme, hors de l'ordre naturel des choses.
Sous des espèces
différentes, signes seulement et non réalités,
se cachent des choses sublimes.
se cachent des choses sublimes.
Sa chair est nourriture,
son Sang est breuvage,
pourtant le Christ tout entier demeure sous l'une ou l'autre espèce.
pourtant le Christ tout entier demeure sous l'une ou l'autre espèce.
Par celui qui le reçoit, il
n'est ni coupé ni brisé, ni divisé : Il est reçu tout entier.
Qu'un seul le reçoive ou
mille,
celui-là reçoit autant que ceux-ci et l'on s'en nourrit sans le détruire.
celui-là reçoit autant que ceux-ci et l'on s'en nourrit sans le détruire.
Les bons le reçoivent, les
méchants aussi,
mais pour un sort bien inégal : pour la vie ou pour la mort.
mais pour un sort bien inégal : pour la vie ou pour la mort.
Mort pour les méchants, vie
pour les bons,
vois comme d'une même communion l'effet peut être différent.
vois comme d'une même communion l'effet peut être différent.
Quand le Sacrement est
rompu ne te laisses pas ébranler,
mais souviens-toi qu'il y a autant sous chaque fragment que dans le tout.
mais souviens-toi qu'il y a autant sous chaque fragment que dans le tout.
La réalité n'est pas
divisée, le signe seulement est fractionné ;
mais ni l'état ni la taille de ce qui est signifié n'est diminué.
mais ni l'état ni la taille de ce qui est signifié n'est diminué.
Voici le pain des anges
devenu l'aliment de ceux qui sont en chemin,
vrai Pain des enfants à ne pas jeter aux chiens.
vrai Pain des enfants à ne pas jeter aux chiens.
D'avance il est annoncé en
figures :
lorsqu'Isaac est immolé, l'Agneau pascal sacrifié, la manne donnée à nos pères.
lorsqu'Isaac est immolé, l'Agneau pascal sacrifié, la manne donnée à nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai
Pain, Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous, protège-nous, fais-nous voir le bonheur dans la terre des vivants.
nourris-nous, protège-nous, fais-nous voir le bonheur dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui
peux tout, Toi qui sur terre nous nourris, fais que, là-haut,
invités à ta table, nous soyons les cohéritiers et les compagnons des saints de la cité céleste.
Amen. Alléluia.
invités à ta table, nous soyons les cohéritiers et les compagnons des saints de la cité céleste.
Amen. Alléluia.