dimanche 24 juin 2012

En éclairant... Don Carlo Cecchin, Jean est son nom


Jean-Baptiste, le Précurseur, est ce saint austère, vêtu de peau de chameau et ne se nourrissant que de sauterelles et de miel sauvage, qui nous « dérange » tant par sa prédication pendant les achats de Noël ! C’est le seul saint dont l’on fête la naissance – le 24 juin – (mise à part la Sainte Vierge, bien entendu !), parce qu’il a été sanctifié dès le sein de sa mère. Nous fêtons aussi son martyre le 29 août. Il est le plus grand saint car Jésus dit de lui : « parmi les enfants des femmes, il n’en a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste » (Mt 11,11). Mais Jésus ajoute : « cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui ». Les disciples de Jésus sont en effet tous appelés à être, eux aussi, des prophètes, en témoignant et vivant la nouvelle réalité du Royaume de Dieu apporté par Jésus, par une vie nouvelle, sanctifiée par le don de l’Esprit Saint. La fête de Saint Jean Baptiste date de la plus haute antiquité et son culte était très répandu. Qu’il suffise de vous dire qu’il est co-titulaire, avec l’évangéliste homonyme, de la cathédrale du Pape : Saint Jean du Latran. Lorsqu’au IVe siècle on commença à célébrer la naissance du Sauveur, on pensa tout naturellement à commémorer aussi celle de Son Précurseur. En Occident, la date fut fixée au 24 juin, solstice d’été, au moment où les jours commencent à diminuer, tout comme Noël fut établit le 25 décembre, solstice d’hiver, lorsque les jours commencent à s’allonger. Jean est « la lampe » qui devait diminuer lorsque la Vraie Lumière apparaîtrait (Jn 5,35-3,30). Ce rôle fait de lui « plus qu’un prophète » (Mt 11,19). Les autres avaient annoncé le Sauveur en des termes plus ou moins voilés, Jean Baptiste, lui, L’a vu de ses propres yeux, il L’a baptisé et il L’a montré et désigné comme étant l’Agneau de Dieu à ceux qui sont devenus ses premiers disciples (Jn 1,35-42). Il est l’homme que la Providence a choisi pour préparer l’entrée de l’Éternel dans l’histoire. Sa vie sera toute tournée vers les mystères de Dieu, loin du monde et de tout plaisir, même légitime, mais, en entendant la voix de Marie, en ressentant la présence du Messie, il « danse » et tressaille d’allégresse dans le sein de sa mère. Il est l’ami de l’Époux, et en lui présentant l’Épouse, a comme « catéchisé » l’Église, pour la préparer à l’union avec son divin Époux, et ensuite lui laisser la place, victime d’une danseuse lascive et d’un roi inique. Ce qui nous frappe dans sa personne et son histoire, c’est la cohérence entre sa foi et sa vie. Nous devrions apprendre, nous aussi, cette cohérence de Jean, et mettre en pratique ce que dit Saint Ignace d’Antioche : » Ceux qui font profession d’appartenir au Christ, se reconnaissent par leurs œuvres. Or il ne s’agit pas de faire une profession de foi en paroles, mais de persévérer dans la pratique de la foi. Il est mieux d’être chrétien sans le dire, que de le dire sans l’être ». Sa prédication à été fidèlement transmise par les Apôtres et nous prépare, encore aujourd’hui, à l’accueil de la Parole de Dieu. « Je pense, écrit Origène, que le mystère de Jean s’accomplit encore aujourd’hui dans le monde. Pour celui qui est destiné à croire au Christ, il est nécessaire, auparavant, que l’esprit et la vertu de Jean viennent dans son âme pour préparer au Seigneur un peuple parfait, et aplanir les aspérités des sentiers des cœurs. Aujourd’hui encore, l’esprit du Baptiste précède la venue du Seigneur » (Homélie sur Lc 4,29). De par sa personne et sa mission, Jean le Précurseur est donc indissolublement lié à Jésus, car il est impossible d’annoncer l’Évangile sans parler de lui. Dans les Églises d’Orient, ce lien entre Jésus et Jean est tel qu’il trouve toujours place à gauche de Jésus, au-dessus de la Porte Royale de l’iconostase, tandis que la Vierge Marie est à droite. 

Une curiosité : saviez-vous que le nom des notes de la gamme musicale a été emprunté par Guy d’Arezzo (XIe siècle) à l’hymne de vêpres de Saint Jean, composé au VIIIe siècle par Paul Diacre ? Voici le texte :

Ut queant laxis Resonare fibris                        Pour que tes serviteurs fassent résonner
Mira gestorum Famuli tuorum                        les prodiges de tes hauts faits
Solve polluti   Labii reatum                               par leurs cordes vocales bien souples,
Sancte Joannes (Si)                                           efface le péché de leurs lèvres souillées.
                                                                                          
                                                   Don Carlo Cecchin