Pour que vive France
Ainsi, toujours poussés vers une étrange quête,
Nos pères s'en allaient-ils bravant la destinée.
Tantôt l'air abattu par le poids des conquêtes.
Tantôt l'air guilleret de leurs jeunes années.
Sur les champs de bataille, côtoyant la laideur,
Ils connaissaient la vie et ses plus tristes heures.
Pas un ne regrettait mais tous avaient au cœur
Ce que signifiait mourir au champ d'honneur.
Ils connaissaient la vie et ses plus tristes heures.
Pas un ne regrettait mais tous avaient au cœur
Ce que signifiait mourir au champ d'honneur.
Du plateau de Pratzen où la brume se fane,
Des tranchées de Verdun aux rizières du Tonquin,
Par delà le Djebel et les vallées afghanes,
La souffrance et la peur était leur quotidien.
Des tranchées de Verdun aux rizières du Tonquin,
Par delà le Djebel et les vallées afghanes,
La souffrance et la peur était leur quotidien.
Mais pour que vive France et la gloire de son nom,
Ils portèrent au front son prestigieux emblème,
Et subissant l'affront jusqu'à celui suprême,
Ils tombèrent en héros sous le feu des canons.
Ils portèrent au front son prestigieux emblème,
Et subissant l'affront jusqu'à celui suprême,
Ils tombèrent en héros sous le feu des canons.
Les yeux levés au ciel implorant le pardon,
Leur corps meurtris exhibait une douleur extrême,
Et dans l'ultime soupir sur leurs visages blêmes,
Leurs lèvres murmuraient ce cantique moribond :
Leur corps meurtris exhibait une douleur extrême,
Et dans l'ultime soupir sur leurs visages blêmes,
Leurs lèvres murmuraient ce cantique moribond :
« Oh ! tendre France, douce gardienne de mon baptême,
Prenez ici ma vie, je vous en fais le don.
Veillez sur ma famille et tous les gens que j'aime,
Et rendez je vous prie mon sacrifice fécond ».
Prenez ici ma vie, je vous en fais le don.
Veillez sur ma famille et tous les gens que j'aime,
Et rendez je vous prie mon sacrifice fécond ».
Toi France, ingrate mère à la parure ternie,
Laisseras-tu leurs cris se perdre dans la nuit ?
Ils t'ont donné leur cœur, ils t'ont donné leur vie,
N'est-ce pas révoltant que nul ne les envie ?
Laisseras-tu leurs cris se perdre dans la nuit ?
Ils t'ont donné leur cœur, ils t'ont donné leur vie,
N'est-ce pas révoltant que nul ne les envie ?
À tes illustres fils tombés pour la patrie,
Plutôt que souvenir tu préfères l'oubli,
À tes jeunes enfants disparus aujourd'hui,
Plutôt que bienveillance tu préfères le mépris.
Plutôt que souvenir tu préfères l'oubli,
À tes jeunes enfants disparus aujourd'hui,
Plutôt que bienveillance tu préfères le mépris.
Qu'adviendra-t-il de nous ta jeune génération ?
Parmi les injustices de tes institutions,
Et le désintérêt de ta population,
Ne saurons-nous jamais où part ton attention ?
Parmi les injustices de tes institutions,
Et le désintérêt de ta population,
Ne saurons-nous jamais où part ton attention ?
Quel sort réserves-tu à ceux qui serviront ?
Nulles considérations, seules quelques concessions !
Pourtant tu le sais bien, nous qui te chérissons,
Nous ne demandons rien qu'un peu de compassion !
Nulles considérations, seules quelques concessions !
Pourtant tu le sais bien, nous qui te chérissons,
Nous ne demandons rien qu'un peu de compassion !
Et s'il m'advenait un jour de périr en ton nom,
Ce serait avec foi mais non sans une question.
Pour que revive France et la gloire de son nom,
Je te lancerais sans haine ce dernier affront.
Ce serait avec foi mais non sans une question.
Pour que revive France et la gloire de son nom,
Je te lancerais sans haine ce dernier affront.
Tandis que mon chant du cygne, funeste merveille,
Pareil au flot gémissant de mon sang vermeil,
Fera couler ces mots aux mille résonances :
« France, ma France, qu'as tu fait de ta reconnaissance ? »
Pareil au flot gémissant de mon sang vermeil,
Fera couler ces mots aux mille résonances :
« France, ma France, qu'as tu fait de ta reconnaissance ? »
Capitaine
Clément Frison-Roche, mort au combat