Tu fais partie du peuple saint, et
certainement tu fais partie des vierges, puisque tu éclaires la grâce de ton
corps par la splendeur de ton âme (c'est ainsi, en effet, que tu ressembles le
plus à l'Église). Donc, établie dans ta chambre pendant la nuit, médite
sans relâche sur le Christ et espère à tous moments Sa venue.
Telle que le Christ t'a désirée, c'est ainsi que le Christ
t'a choisie. Aussi entre-t-Il
chez toi sans obstacle, et Il ne peut y manquer, Lui qui a
promis qu'Il entrerait. Embrasse donc Celui que tu as cherché ; approche-toi
de Lui et tu recevras Sa lumière ; retiens-Le, demande-Lui de ne pas
s'en aller si vite, supplie-Le de ne pas s'éloigner. En effet, la parole
de Dieu court rapidement :
elle ne se laisse pas saisir par la nonchalance, ni
retenir par la paresse. Que ton âme, à Son appel, aille à Sa rencontre ; et
qu'elle persévère sur le chemin tracé par la parole céleste, car celle-ci passe
rapidement.
Que dit-elle
donc, l'épouse du Cantique ? Je
L'ai cherché mais je ne L'ai pas trouvé ; je L'ai appelé mais Il ne m'a pas écoutée. Ne crois pas que tu déplaises parce qu'Il est parti si
vite, toi qui as appelé, qui as demandé, qui as ouvert : Il
permet que nous soyons souvent éprouvés. Et que dit-Il dans l'Évangile aux
foules qui Lui demandent de ne pas les quitter ? — Aux autres villes aussi, il faut que j'annonce la Bonne
Nouvelle de la parole de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé. Mais, même s'il te semble qu'Il s'éloigne de toi, sors, et
cherche encore.
Et qui d'autre que la sainte Église peut t'enseigner
comment retenir le Christ ?
Mais elle te l'a déjà enseigné, si tu comprends ce que tu
lis : À peine avais-je dépassé les gardes, j'ai trouvé Celui
que j'aime ;
je L'ai saisi et ne Le lâcherai plus.
Qu'est-ce donc qui retient le Christ ? Ce ne
sont ni les chaînes de l'injustice ni les cordes matérielles ; Il est
attaché par les liens de l'amour, par des brides spirituelles, par l'affection
de l'âme.
Si tu veux, toi aussi, retenir le Christ, recherche-Le
sans craindre la douleur ;
car c'est souvent dans les supplices, entre les mains des
persécuteurs, qu'on Le trouve le mieux.
À peine les avais-je dépassés, dit l'épouse du Cantique. C'est en effet dans un court
délai, après un bref instant, lorsque tu auras échappé aux mains des
persécuteurs et que tu auras résisté aux puissances du monde que le Christ
viendra à ta rencontre et ne te laissera plus souffrir longtemps.
Celle qui cherche ainsi le Christ, celle qui trouve le
Christ, peut dire :
Je L'ai saisi et ne Le lâcherai plus ;
je Le ferai entrer dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m'a
conçue. Qu'est-ce que la maison de ta mère et
sa chambre, sinon l'intimité la plus profonde de ton être ? Garde-la,
cette maison, purifie-la dans ce qu'elle a de plus secret. Ainsi, lorsque ta
maison sera sans aucune tache, elle s'élèvera comme une demeure spirituelle
pour être un sacerdoce saint, cimentée sur la pierre angulaire, et le
Saint-Esprit y habitera.
Celle qui cherche ainsi le Christ, celle qui L'implore ainsi,
n'est pas abandonnée par Lui ; bien plus, Il vient souvent la
visiter, car Il est avec nous jusqu'à la fin du monde.
Saint Ambroise