La
bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.
Matthieu, II, 6.
Matthieu, II, 6.
Par les petits chemins nous passerons,
Nous qui sans fin petites gens serons,
Par les chemins usagés de l'Amour,
Avec nos pauvres pieds de chaque jour.
* * *
Dieu l'Inconnu qui n'a ni temps, ni
lieu,
Dieu sans visage où se perdent les yeux,
Ceux d'entre nous qui sont Mages, conduits
Par une étoile, entreront dans sa nuit.
Dieu sans visage où se perdent les yeux,
Ceux d'entre nous qui sont Mages, conduits
Par une étoile, entreront dans sa nuit.
Ceux d'entre nous qui sont sages, le
front
Au ciel heurtant des clartés, monteront
Dans leurs pensers plus haut de jour en jour,
Pour guetter Dieu monteront sur leur tour.
Au ciel heurtant des clartés, monteront
Dans leurs pensers plus haut de jour en jour,
Pour guetter Dieu monteront sur leur tour.
De nue en nue ils monteront si loin
De leurs yeux lourds qui de terre ont besoin,
Si haut, si loin de leurs pieds qui sont sûrs,
Dans le danger sans bornes de l'azur ;
De leurs yeux lourds qui de terre ont besoin,
Si haut, si loin de leurs pieds qui sont sûrs,
Dans le danger sans bornes de l'azur ;
Si haut, si droit au mât de leur
raison,
Dans le temps pur hors de toute saison,
Dans la lumière où n'est plus d'astre aucun,
Que leurs pensers finiront tous en un.
Dans le temps pur hors de toute saison,
Dans la lumière où n'est plus d'astre aucun,
Que leurs pensers finiront tous en un.
La Vérité qui rejoint oui et non
Leur montrera — sans le dire — son nom
Simple où la nuit se jette dans le jour.
Ils la verront. Ils connaîtront l’Amour...
Leur montrera — sans le dire — son nom
Simple où la nuit se jette dans le jour.
Ils la verront. Ils connaîtront l’Amour...
Mais nous chétifs qui n’avons que nos
pas
Sur les cailloux pour mener ici-bas
Notre troupeau, nous qui sommes bergers
Cherchant par terre un peu de quoi manger ;
Sur les cailloux pour mener ici-bas
Notre troupeau, nous qui sommes bergers
Cherchant par terre un peu de quoi manger ;
Nous qui n’avons qu’un bâton dans la
main,
De pierre en pierre éprouvant le chemin,
La Vérité, dans les nuages fous
Du ciel qui court, où l’arrêterons-nous ?...
De pierre en pierre éprouvant le chemin,
La Vérité, dans les nuages fous
Du ciel qui court, où l’arrêterons-nous ?...
Par les petits chemins nous
passerons,
Nous qui sans fin petites gens serons,
Par les chemins usagés de l’Amour,
Avec nos pauvres pieds de chaque jour.
Nous qui sans fin petites gens serons,
Par les chemins usagés de l’Amour,
Avec nos pauvres pieds de chaque jour.
Dieu l’Inconnu mènera nos sentiers
Par nos labours, nos villes, nos métiers,
Dieu l’Inconnu, vêtu de cœur humain,
Avec des pieds, des paroles, des mains.
Par nos labours, nos villes, nos métiers,
Dieu l’Inconnu, vêtu de cœur humain,
Avec des pieds, des paroles, des mains.
L’Amour, ceux-là qui sont Rois
connaîtront
Le Vrai qu’il est en élevant le front.
L’Amour, nous tous qui sommes portefaix
Le porterons comme Jésus a fait.
Le Vrai qu’il est en élevant le front.
L’Amour, nous tous qui sommes portefaix
Le porterons comme Jésus a fait.
Nous qui n’avons qu’à grand’peine un
esprit,
Suivant Jésus par le corps qu’il a pris,
Nous passerons besognant dans les bourgs...
Suivant Jésus par le corps qu’il a pris,
Nous passerons besognant dans les bourgs...
Avec nos corps nous trouverons l’Amour !
Avec nos pieds nous trouverons l’Amour,
Nous dont les yeux découvrent peu de jour,
Avec nos mains maladroites, nos mains
Qui sans voir clair partageront du pain.
Nous dont les yeux découvrent peu de jour,
Avec nos mains maladroites, nos mains
Qui sans voir clair partageront du pain.
Avec nos pieds nous trouverons l’Amour,
Nous dont la tête a le chemin trop court,
Avec nos pieds qui descendent au puits
Puiser de l’eau pour faire boire autrui.
Nous dont la tête a le chemin trop court,
Avec nos pieds qui descendent au puits
Puiser de l’eau pour faire boire autrui.
Avec nos cœurs qui ne sont pas
savants,
Nous trouverons l’Amour comme un enfant,
Un nouveau-né tombé du ciel au bord
De la nuit noire et qui ne vit pas fort.
Nous trouverons l’Amour comme un enfant,
Un nouveau-né tombé du ciel au bord
De la nuit noire et qui ne vit pas fort.
Comme un petit dans ses langes qui
dort,
À peine voit, ne parle pas encor,
Nous porterons, serrée entre nos bras,
La Vérité que nous ne savons pas.
À peine voit, ne parle pas encor,
Nous porterons, serrée entre nos bras,
La Vérité que nous ne savons pas.
L’Amour dira tout bas la Vérité
De porte en porte à notre obscurité ;
La Vérité haute dira l’Amour
À plein azur aux Mages sur la tour.
De porte en porte à notre obscurité ;
La Vérité haute dira l’Amour
À plein azur aux Mages sur la tour.
Ainsi soit-il. Les Mages, les
savants,
Et les bergers, et les moutons suivant,
Arriveront un soir au même lieu
Et tous ensemble auront le même Dieu.
Et les bergers, et les moutons suivant,
Arriveront un soir au même lieu
Et tous ensemble auront le même Dieu.
Par les petits chemins nous
passerons...