C’est Boèce, dernier philosophe romain (470-524), qui va
établir la connexion entre la personne divine et la personne en général en
donnant cette définition : « La personne est une substance
individuelle de nature raisonnable »
Cette définition de la personne sera globalement reprise
par tous les philosophes ultérieurs. Mais c’est Kant qui lui donnera sa stature morale définitive. Pour lui en
effet, le sujet moral n’est pas le sujet ordinaire (il n’est ni le sujet
grammatical, ni le cogito cartésien, ni le moi psychologique), et l’objet de la
visée morale est précisément tout le contraire d’un objet ou d’une chose. Les « choses »
sont les êtres, animés ou pas, qui sont pris dans le réseau déterministe des
lois naturelles. Les choses, ainsi liées entre elles, ne sont donc que des « êtres-pour »
- pour d’autres êtres, pour la nature elle-même, etc. - , des causes d’effets
et des effets de causes. Seul un être rationnel est pour lui-même, en vue de
lui-même, car il est libre – libre à l’égard de cet implacable enchaînement de
causes et d’effets, libre de se donner des fins morales, étrangères aux visées
naturelles. Kant conclut : « Les êtres raisonnables sont appelées
des personnes, parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi »
À vrai dire, Kant ne donne pas une définition de la
personne : Il se contente de dégager sa stature morale, purement pratique,
en se situant d’emblée dans un registre éliminant tout préalable théorique. En
clair, il n’y a pas besoin d’avoir établi préalablement une définition (philosophique) de la
personne pour se trouver dans l’obligation (morale)
de la respecter, qui s’impose à nous de manière absolument inconditionnée.
Dominique Folscheid in Philosophie, éthique et droit de la
médecine, PUF