« Jésus dit : « Où
l'avez-vous étendu ? »
Ils Lui dirent :
« Seigneur, venez et voyez ».
Jésus pleura.
Les Juifs dirent alors :
« Voyez comme Il l'aimait ».
Ils Lui dirent :
« Seigneur, venez et voyez ».
Jésus pleura.
Les Juifs dirent alors :
« Voyez comme Il l'aimait ».
(JEAN XI 34-36.)
Quand nous lisons ces mots, une
question nous vient naturellement à l'esprit : pourquoi Notre-Seigneur pleura-t-Il au tombeau de Lazare ?
Sachant qu'Il avait le pouvoir de le ressusciter, pourquoi joua-t-Il le rôle de
ceux qui mènent deuil pour les morts ? En essayant de répondre à cette
question, nous ne devrons jamais perdre de vue que les pensées du Christ
passent infiniment notre compréhension. Nous avons peine à pénétrer les
sentiments et les idées de nos semblables lorsqu'ils sont doués de quelque
talent spécial, et la profondeur de leurs conceptions nous rend obscurs les
philosophes et les poètes. Dès lors, quel ne doit pas être le merveilleux abîme
d'amour et d'intelligence chez Celui qui, tout de même qu'Il participe à notre
nature, est le Fils de Dieu !
C'est là, en vérité, un fait patent à
première vue pour
quiconque se donne la peine de consulter l'Écriture. Dans le cas présent, par
exemple, ce n'est pas notre texte seul qui soulève une question : le récit
tout entier où il s'enchâsse présente la conduite de Notre Sauveur sous des
jours divers qu'il nous est bien difficile, faibles créatures que nous sommes,
de concilier.
Lorsqu'Il reçut la nouvelle que
Lazare était malade, « Il demeura deux jours au lieu où Il était ».
Puis, lorsqu'Il apprit à Ses disciples que Lazare était mort, Il leur dit qu'Il
était « content pour eux de n'avoir pas été là », et qu'Il « irait
le réveiller de son sommeil ». Ensuite, lorsqu'Il fut venu à Béthanie où
Lazare demeurait, Il fut si ému par le chagrin des Juifs qu'« Il frémit en
Son esprit et Se troubla ». Enfin, en dépit de Son trouble et de Ses
larmes, Il ressuscita Lazare.
Or, il est remarquable que de telles
difficultés éclatent à la surface même du Livre Saint, indépendamment de celles
qui surgissent de la comparaison des textes en question avec la nature divine
de Notre-Seigneur. Nous savons certes que l'union de Ses attributs divins et
humains, qui semblent incompatibles entre eux, implique d'insondables mystères ;
par exemple, qu'Il puisse être à jamais béni, et cependant pleurer ; qu'il
puisse être omniscient et avoir les dehors de l'ignorance ; mais sans
entrer dans la considération de ce que l'on nomme communément les mystères de foi, il est profitable de
rechercher si la surface même de l'histoire sacrée ne contient pas d'apparentes
contradictions de nature à nous préparer à celles qu'une plus profonde
comparaison de l'histoire et de la doctrine pourrait soulever.
À titre d'exemple des contradictions
dont je parle, considérez ces paroles de Notre-Seigneur, selon les versions
reçues : « Dormez maintenant, et reposez-vous », et
immédiatement après : « Levez-vous, allons »1.
Et encore : « Que celui qui
n'a point d'épée vende sa tunique et achète une épée » ; puis : « Seigneur,
voici deux épées ». Et Il dit : « C'est assez ». Enfin,
quand Pierre se fut servi de son épée : « Remets ton épée en sa place ;
car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée »2.
Je ne dis pas qu'il soit impossible
de dissiper dans une certaine mesure l'antinomie qui semble régner entre de
tels passages, mais seulement — et l'ensemble du récit le montre suffisamment —
que Celui qui parle n'est pas quelqu'un dont il soit facile de pénétrer les
pensées ; que ce n'est pas chose aisée que de se mettre, même
partiellement, dans Son état d'esprit ou de décider des sentiments et des
motifs qui ont pu L'inciter à dire ceci ou cela ; en un mot, je voudrais
vous persuader que les paroles de Notre-Seigneur ne sont pas de celles qu'il
suffit d'entendre une fois, mais que, pour les comprendre, nous devons nous en
nourrir, et vivre en elles, en nous assimilant peu à peu leur substance.
Il serait bon que nous comprissions
cette nécessité mieux que nous ne faisons. Il est fort de mode à présent de
regarder le Sauveur du monde d'une manière irrespectueuse et irréelle, comme
une vision ou comme une simple idée ; de parler de Lui d'une façon aussi
étroite et aussi stérile que si nous connaissions juste Son nom, bien que
l'Écriture nous L'ait montré, pendant Son
séjour réel sur la terre, avec Ses gestes, Ses paroles, Ses actions, afin que
nous ayons un objet où fixer nos regards. Et tant que nous n'avons pas appris à
le faire, à laisser de côté les vagues déclarations sur Son amour, sur Sa bonne
volonté à recevoir le pécheur, sur le repentir et l'aide spirituelle qu'Il nous
dispense, à Le considérer dans Ses œuvres particulières et réelles que l'Écriture
nous fait connaître, assurément nous n'avons pas tiré des Évangiles le bénéfice
que ces œuvres ont pour objet de nous dispenser. Je dis plus, peut-être notre
foi est-elle en péril ; car, aussi longtemps que la pensée du Christ est
une simple création de notre esprit,
on peut craindre qu'elle ne s'altère graduellement ou s'évanouisse, qu'elle ne
devienne déficiente ou se pervertisse ; si au contraire nous contemplons
le Christ tel qu'Il est manifesté dans les Évangiles, le Christ doué d'une
existence tout extérieure à notre imagination, qui a vécu aussi réellement,
séjourné sur la terre aussi véritablement qu'aucun de nous, alors nous finirons
par croire en Lui avec une conviction, une confiance et une plénitude aussi
indestructibles que l'est notre croyance à nos propres sens. Il est impossible
à un esprit chrétien de méditer sur les Évangiles sans éprouver d'une manière
qui ne laisse plus place au doute, que Celui qui en est le sujet est Dieu ;
mais il est fort possible de parler d'une façon vague de Son amour envers nous
et de faire usage du nom du Christ sans réaliser aucunement qu'Il est le Fils
Vivant du Père, ni sans avoir au dedans de nous aucune ancre pour notre foi qui
nous puisse affermir contre le risque d'une défection future.
Sous l'empire de cette impression, et sans perdre de vue
les respectueux scrupules dont je vous entretenais tout à l'heure, je dirai
quelques mots en manière de commentaire sur les larmes que Notre Sauveur versa
au tombeau de Lazare ; ou plutôt je ne ferai que suggérer ce que chacun de
vous, avec la grâce de Dieu, développera pour lui-même.
Pourquoi Notre-Seigneur pleura-t-Il sur le défunt, Lui qui
d'un mot pouvait le ressusciter, Lui qui déjà avait le dessein de le
ressusciter ?
1. Tout d'abord, comme le contexte nous l'apprend, Il
pleura par sympathie pour la douleur des autres. « Lorsque Jésus vit
pleurer Marie et les Juifs qui étaient venus avec elle, Il frémit en Son esprit
et Se troubla ». C'est la nature même de la compassion ou de la sympathie
(ces deux mots l'impliquent) que de « se réjouir avec ceux qui se
réjouissent et de pleurer avec ceux qui pleurent ». Nous savons qu'il en
est ainsi pour les hommes ; et Dieu nous dit que Lui aussi est compatissant
et plein d'une tendre miséricorde. Mais cela ne laisse pas de nous embarrasser :
comment Dieu peut-Il Se réjouir ou S'affliger ? De par la perfection de Sa
nature, le Tout-Puissant ne saurait montrer de sympathie, ou, s'Il le peut, des
esprits aussi limités que les nôtres n'en sauraient avoir l'intelligence. En
vérité, Il nous est caché ; mais à supposer qu'il nous fût permis de Le
voir, comment pourrions-nous discerner dans l'Éternel et l'Immuable des signes
de sympathie ? Des paroles et des actes de sympathie à notre égard sortent
bien de Lui, mais n'est-ce pas la vue même de la sympathie, mieux que ses
fruits, qui touche et réconforte l'affligé ? Or nous ne pouvons voir la
sympathie de Dieu ; et le Fils de Dieu, quoiqu'il éprouve pour nous une
aussi grande compassion que Son Père, ne nous en donna point de marque pendant
le temps qu'Il demeura dans le sein de Son Père. Mais quand Il Se fit chair et
apparut sur cette terre, Il nous montra la Divinité dans une manifestation
nouvelle. Il prit de nouveaux attributs, ceux de notre chair, assumant une âme
et un corps humains, afin de faire Siens des sentiments, des affections et des
pensées qui correspondissent aux nôtres et nous certifiassent Sa tendre
miséricorde. Lors donc que Notre Sauveur pleure par sympathie pour les larmes
de Marie, n'allons pas dire que c'est là l'amour d'un homme vaincu par un
sentiment naturel. C'est l'amour de Dieu, ce sont les entrailles compatissantes
du Dieu Tout-Puissant et Éternel qui condescend à nous montrer cet amour de
telle sorte que nous soyons capables de le recevoir, c'est-à-dire sous sa forme
humaine.
Si Jésus pleura, ce ne furent donc pas seulement les
pensées profondes de son intelligence qui l'y poussèrent, mais aussi une
tendresse spontanée ; mais aussi la miséricordieuse douceur, la
toute-enveloppante bonté, le surabondant amour du Fils de Dieu pour Son propre
ouvrage : la race humaine. Les larmes des hommes Le touchèrent, comme
leurs misères L'avaient fait descendre du ciel. Son oreille leur était ouverte,
et le son des gémissements alla droit à Son cœur.
2. Mais nous pouvons supposer encore (si les conjectures,
ici, sont permises) que Sa pitié, ainsi spontanément excitée, s'attacha aux
diverses circonstances qui, dans la condition humaine, la peuvent appeler. Une
fois éveillée, elle promena son regard autour d'elle sur les misères du monde.
Que vit alors Notre-Seigneur ? Il vit, clairement manifesté, le
triomphe de la Mort, une foule en deuil, tout ce qui était propre à exciter
la douleur, hormis pourtant son objet principal. Lazare n'était plus, une
pierre marquait le lieu où il gisait. Marthe et Marie, que Notre-Seigneur avait
connues et aimées en compagnie de leur frère dans des circonstances bien
différentes, Marthe et Marie, désormais esseulées, s'approchaient de Lui, l'une
après l'autre, pénétrées d'une affliction profonde ; s'approchaient de Lui
avec foi et résignation, certes, mais aussi avec une manière de tendre reproche :
« Seigneur, si Vous aviez été là, mon frère ne serait pas mort ». Tel
est, à toute époque, le jugement qui a été porté, le doute qui s'est élevé sur
Lui dans le cœur de la créature. Les hommes ont vu le péché et le malheur
autour d'eux et, dans la foi ou l'incroyance, ils ont dit : « Si Vous
aviez été là », si Vous étiez intervenu, il aurait pu en être autrement.
Le Créateur était donc là, entouré des œuvres de Sa main qui L'adoraient sans
doute, mais semblaient Lui demander pourquoi Il souffrait que Sa créature fût
ruinée de la sorte. Le Créateur était là, devant cette scène de mort,
contemplant la fin de Son gracieux ouvrage. Ne retournait-Il pas en pensée à
l'heure de la création, lorsqu'Il était sorti du sein du Père pour amener
toutes choses à l'existence ? Il y avait eu un jour où Il avait contemplé
l'œuvre de Son amour et vu qu'elle était très
bonne. D'où venait que le bien se fût changé en mal, que l'or fin se fût
terni ? « Un ennemi avait fait cela ». Pourquoi cela avait-il
été permis, comment cela avait-il été perpétré, c'était Son secret ; un
secret pour tous ceux qui L'entouraient alors, comme c'est un secret pour nous
en ce jour. Il échangea d'incommunicables pensées avec Son Père Eternel. Il ne
donna point d'explication, il choisit une autre voie pour dissiper les doutes
et les plaintes.
« Il n'ouvrit pas la bouche »,
mais il œuvra merveilleusement. Ce qu'Il a fait pour tous les croyants, révéler
Sa mort expiatrice sans pourtant l'expliquer, Il le fit pour Marthe et Marie
lorsqu'Il s'avança en silence vers le tombeau pour ressusciter leur frère,
tandis qu'elles se plaignaient qu'Il l'eût laissé mourir.
Il y avait là pour Lui d'abondantes
sources d'affliction (s'il nous est licite de les rechercher) dans le contraste
entre Adam, au jour où il avait été créé, innocent et immortel, et l'homme tel
que le démon l'avait transformé, plein du poison du péché et du souffle de la
tombe ; comme aussi dans la plainte timide de ses amis en peine qui
déploraient que ce changement eût été permis. Et quoiqu'Il fût sur le point de
convertir en joie la scène de douleur, cependant Lazare devrait un jour mourir
à nouveau : Notre-Seigneur ne faisait que retarder l'accomplissement de
Son propre décret. Une pierre reposait à présent sur Lazare et, bien qu'il
allât être ressuscité de la tombe, l'impénétrable loi divine voulait qu'il dût
un jour s'y étendre à nouveau. C'était un répit, non une résurrection.
3. Je viens de suggérer une autre
pensée qui mérite que nous nous y arrêtions. Le Christ était venu accomplir un
acte de miséricorde, et le secret en était enfermé dans Son sein. Tout l'amour
qu'Il ressentait pour Lazare, Il le ressentait à l'insu des autres. Il avait
conscience de l'aimer, mais nul autre que Lui n'aurait pu dire l'ardeur de cet
amour. Pierre, quand son amour pour le Christ fut mis en doute, trouva
soulagement dans son appel au Christ : « Seigneur, Vous savez toutes
choses, Vous savez que je vous aime »3. Mais le Christ n'avait
point d'ami terrestre qui pût en l'occurrence être Son confident ; et,
quand Ses pensées se tournaient vers Lazare et que Son cœur soupirait après
lui, n'était-Il pas semblable à Joseph qui, lorsque ses frères parurent devant
lui, « chercha à pleurer » non de peine, mais pour ce qu'il était
isolé sur cette terre païenne et que son âme débordait, chercha à pleurer comme si ses propres larmes avaient été ses
meilleures compagnes et qu'elles eussent recelé en elles une sympathie capable
d'apaiser cette douleur que nul ne pouvait partager ? N'était-Il pas
semblable à une mère qui se penche sur un enfant, en pleurant de le voir sans
défense et insensible à l'amour qu'elle déverse sur lui ? Mais la mère
pleure de sentir sa propre faiblesse à le défendre ; sachant que celui qui
est maintenant un enfant devra grandir et suivre son chemin, et cela (que ce
soit pour son bien terrestre ou son bien céleste) sans plus dépendre d'elle,
mais du Créateur et de lui-même. La contemplation du Christ était différente et
s'accompagnait d'une émotion particulière : je veux parler du sentiment
qu'Il avait le pouvoir de ressusciter Lazare. Joseph pleura parce qu'il avait
un secret qui ne regardait pas seulement le passé, mais le futur ; le
secret du bien à venir comme celui du mal passé ; le secret du bien qu'il
était en mesure de faire à ses frères. Et de même, Notre-Seigneur et Sauveur
savait que, malgré l'aspect lugubre et désespéré de toutes choses, malgré les
pleurs et les gémissements de ses amis, malgré le cadavre vieux de quatre
jours, malgré le tombeau et la pierre qui le fermait, Il avait un charme qui
pouvait triompher de la mort, et dont Il allait faire usage. Est-il moment plus
émouvant que celui où l'on est sur le point d'apprendre une bonne nouvelle à un
ami terrassé par des messages de malheur ?
4. Hélas ! d'autres pensées
encore étaient faites pour appeler Ses larmes. Ce merveilleux bienfait qu'Il
allait dispenser aux sœurs délaissées, comment l'accomplirait-Il ? En Se sacrifiant
Lui-même. Joseph savait qu'il allait rendre la joie à ses frères, mais non
point au prix de la sienne. Le Christ, au contraire, apportait la vie au mort
par Sa propre mort. Ses disciples avaient voulu Le dissuader d'aller en Judée
de crainte que les Juifs ne le tuassent. Leur appréhension fut confirmée. Il
vint ressusciter Lazare, et la renommée de ce miracle fut la cause immédiate de
Son arrestation et de Son crucifiement. Cela, Il le savait d'avance ; Il
voyait ce qui L'attendait : Lazare ressuscité ; le souper chez Marthe ;
Lazare assis à la table ; la joie de toutes parts autour de Lui ;
Marie honorant son Seigneur en ce jour de liesse par le parfum de grand prix
qu'elle répand sur Ses pieds ; les Juifs accourant en foule pour Le voir
et pour voir Lazare ; Son entrée triomphale dans Jérusalem ; la
multitude criant : Hosannah ; le peuple témoignant de la résurrection
de Lazare ; les Grecs qui étaient venus à Jérusalem pour adorer pendant la
fête, avides de Le voir ; les enfants participant à la joie générale ;
puis les Pharisiens complotant contre Lui ; Judas Le trahissant ; Ses
amis L'abandonnant et la croix prête à Le recevoir. Tout cela, sans doute,
traversa Son esprit parmi une foule de pensées inexprimables. Il sentit que
Lazare s'éveillait à la vie par la vertu de Son propre sacrifice ; qu'Il
descendait Lui-même dans la tombe d'où Lazare montait. Il sentit que Lazare
allait vivre, et Lui mourir ; l'aspect des choses allait être renversé ;
la fête aurait lieu chez Marthe, mais la dernière et douloureuse pâque serait
pour Lui. Et ce renversement des choses, Il le savait, était le fait de Sa
volonté. Il était descendu du sein de Son Père afin d'expier par Son sang tous
les péchés et, par là, de ressusciter de la tombe tous les croyants comme Il
allait présentement ressusciter Lazare ; de les ressusciter non pour un
temps, mais pour l'éternité ; et maintenant l'épreuve amère était devant
Lui, par laquelle Il allait « ouvrir le royaume du ciel à tous les
croyants ». Embrassant Son dessein dans toute sa plénitude alors même
qu'Il n'allait accomplir qu'un acte de miséricorde, Il dit à Marthe : « Je
suis la Résurrection et la Vie : quiconque croit en Moi, quand il serait
mort, vivra, et quiconque vit et croit en Moi, ne mourra jamais ».
Pénétrons-nous de ces réconfortantes
pensées lorsque nous méditons sur notre propre mort ou sur la mort de nos amis.
Partout où est la foi dans le Christ, là est le Christ Lui-même. Il demanda à
Marthe : « Croyez-vous cela ? » Partout où il y a un cœur
pour répondre : « Seigneur, je le crois », là le Christ est
présent. Là Notre-Seigneur daigne se tenir, quoique invisible, sur la couche
funèbre comme sur la tombe ; que ce soit nous ou ceux que nous aimons qui
sombrent. Béni soit Son nom ! Rien ne peut nous dérober cette consolation :
nous serons aussi certains, par Sa grâce, qu'Il Se penche sur nous avec amour,
que si nous Le voyions. Nous ne douterons pas un instant, après l'expérience de
l'histoire de Lazare, qu'Il veille sur nous. Il est averti du début de notre
mal quoiqu'Il se tienne à distance. Il sait quand
Il doit rester au loin et quand Il doit S'approcher. Il marque les progrès et
les phases de la fièvre. Il peut dire à coup sûr si Son ami Lazare est malade
ou s'il dort. Nous qui en faisons l'expérience dans le récit qui est devant
nous, plaise à Dieu que dorénavant nous ne nous plaignions jamais du cours de
Sa providence ! Prions-Le seulement d'accroître notre foi, de nous donner
une perception plus vive de la malédiction qui frappe le monde et de nos
propres démérites, une intelligence plus pénétrante du mystère de Sa Croix, une
confiance plus dévote et plus implicite en la vertu de cette Croix, et la ferme
conviction qu'Il ne nous imposera jamais un fardeau trop lourd pour nos
épaules, qu'Il n'infligera jamais à Ses frères une douleur qui ne soit pour
leur plus grand bien.
John Henry Newman, in 12 Sermons sur
le Christ (1947)
1 Mat. XXVI, 45, 46.
2 Luc XXII, 36, 38 ; Mat. XXI,
52.
3. Jean XXI, 17.