LE PÈRE HUMILIÉ - ACTE IV, SCÈNE II
Sichel aperçoit
Orso. Elle fait un mouvement de surprise.
Il lui fait signe impérieusement de se taire et de rester immobile.
Il lui fait signe impérieusement de se taire et de rester immobile.
PENSÉE. — Qui est entré ?
Silence.
Je demande qui est là ?
Silence.
ORSO, très lentement.
— Pensée de Homodarmes, ma chère femme, c'est moi.
Silence.
PENSÉE, faiblement.
— Est-ce vous, Orian ?
ORSO. — Ne me reconnaissez-vous pas ?
PENSÉE. — Je ne sais. C'est la voix d'Orian et ce n'est
pas la sienne.
ORSO. — La voix et le cœur, Pensée, et tout ce qu'une
seule heure permet de présence avec vous
À quelqu'un qui bientôt sera obligé de repartir.
PENSÉE. — Si vous êtes Orian, pourquoi ne venez-vous pas
plus près ?
Et pourquoi déjà ne suis-je point, trop heureuse femme,
entre vos bras ?
ORSO. — Si je me laissais prendre, on ne me laisserait
plus partir.
PENSÉE. — Toujours partir ! Ah ! je ne sais que
trop que je ne puis vous retenir pas !
ORSO. — Quatre mois, c'est à peine s'ils se sont écoulés.
Et déjà vous ne reconnaissez plus ma voix.
PENSÉE. — Il faut que mes sens se soient émoussés.
Comme une plante qui se ternit à cause du fruit qu'elle
porte.
ORSO. — Cet enfant, Pensée ?
PENSÉE. — Aujourd'hui même je l'ai senti qui s'éveillait
dans mon sein.
Oui, j'ai failli m'évanouir pendant que je respirais ces
fleurs.
ORSO. — C'est moi qui vous les ai envoyées.
PENSÉE. — Pourquoi m'avoir laissée ainsi sans nouvelles ?
ORSO. — Qu'est-ce qu'une lettre pouvait dire que vous
n'eussiez su déjà ?
PENSÉE. — Comment va votre frère ?
ORSO. — Orso est bien. Est-ce que vous pensez encore à
lui ?
PENSÉE. — Je l'aime comme vous l'aimez.
ORSO. — Il ne faut aimer que votre époux.
Aucune parcelle de votre cœur aujourd'hui,
Cet avare Orian ne veut plus la laisser à un autre.
PENSÉE. — Vos paroles sont douces, Orian, plus tendres
Qu'aucune de celles que vous m'ayez dites autrefois, en ce
temps qui fut court.
Pourquoi est-ce que je les écoute avec un cœur aussi
pesant ?
ORSO. — Parce que je vais repartir, vous le savez ;
mon congé qui n'est que de peu d'heures expire.
PENSÉE. — N'est-ce pas, pour ne plus nous revoir ?
ORSO. — Est-ce que vous me voyez tellement ?
PENSÉE. — Au delà de tout ce que les yeux peuvent voir,
nous nous sommes touchés.
ORSO. — Pensée, je suis venu pour vous dire de prendre
soin de cet enfant que sans doute je ne connaîtrai pas
Et qui est à son père comme il est à vous, ce qui demeure
de lui,
Pour vous dire de ne pas l'oublier.
PENSÉE. — Je ne vis que pour lui et pour vous.
ORSO. — Et je suis venu vous dire une autre chose aussi,
Pensée.
PENSÉE. — J'écoute.
ORSO. — C'est qu'il ne faut pas douter de celui qui vous
aimait
Malgré ce long silence. Mais qu'est-il besoin de paroles à
ceux qui ont foi l'un dans l'autre ? Quel mérite y aurait-il à me croire
si j'étais là toujours ?
Nul ne vous aurait aimée comme lui vous aimait. Il faut le
croire.
PENSÉE. — Je le sais, je le crois.
ORSO. — L'absence fut longue.
PENSÉE. — Vous voici !
ORSO. — Et si elle devait être plus longue encore, ne le
supporteriez-vous pas avec courage ?
PENSÉE. — Tout le courage que vous me demanderez.
ORSO. — Pauvre enfant ! il n'y a chose si dure que
mon exigence n'aille plus loin.
PENSÉE. — Pas aussi loin que mon amour !
ORSO. — Après une si longue séparation, si vous êtes avec
moi, Pensée, ah, qui sera capable de nous dissoudre ? Je ne veux plus
qu'une réunion telle
Que ce ne soit plus le temps qui la fasse cesser, mais
elle qui soit capable au contraire de faire cesser le temps.
PENSÉE. — Vous m'aimerez toujours ?
ORSO. — Il y avait un homme qui ne pensait qu'à lui-même.
L'appel auquel son oreille était tendue, il croyait qu'il
ne s'adressait qu'à lui seul.
Tout était simple : lorsque vous êtes venue, Pensée.
Et la blessure que vous lui avez faite est telle que rien,
et même la mort, ne sera capable de le guérir.
PENSÉE. — Pourquoi parler de la mort alors que vous êtes
vivant ?
ORSO. — Maintenant, si son absence est longue, s'il ne
répond pas lorsque vous l'appellerez,
Il ne faut pas croire que ce soit sa faute, et que celui qui
vous a tant aimée trahisse.
Je jure qu'il vous aimait.
Silence.
PENSÉE. — Ce n'est pas Orian qui parle.
ORSO. — Qui serait-ce donc ?
Silence.
PENSÉE. — Orso, qu'avez-vous fait de votre frère
Orian ? Où est-il ?
ORSO. — Pensée, c'est maintenant qu'il faut montrer ce
courage que vous m'avez promis.
Tout ce que j'ai dit, oui, c'est bien lui qui vous le
disait par ma bouche. Nous ne nous sommes pas quittés. Il n'avait rien de
secret pour moi et j'entendais chaque battement de son cœur.
Pensée de Homodarmes, maintenant, ce que j'ai à vous
annoncer, il faut que vous l'écoutiez sans fléchir :
Orian n'est plus.
Silence.
PENSÉE. — Orian est mort. C'est bien. Je le savais et mon
cœur n'attendait pas autre chose.
ORSO. — Il est mort, et ce message dont il m'a chargé pour
vous est qu'il faut vivre.
PENSÉE. — Je vivrai.
ORSO. — La veille de sa mort, nous avons causé ensemble
toute la nuit, de vous et de votre enfant. Il m'a chargé de vous demander
pardon.
PENSÉE. — C'est moi qui ne cesse pas de lui demander
pardon.
ORSO. — J'ai su ce qui s'était passé entre vous,
La veille de son départ. J'ai compris ce que fut cette
heure d'aveuglement et de vertige.
SICHEL. — Une rencontre désespérée et sans aucune parole,
comme de gens qui n'en peuvent plus et qui ne savent ce qu'ils font.
ORSO. — Il est heureux que votre mère ait pensé à
m'écrire.
PENSÉE. — Je le lui avais défendu.
ORSO. — Il voulait revenir dès qu'il l'aurait pu.
Silence.
PENSÉE, criant tout
à coup. — Orian est mort ! Orian est mort ! Il n'est plus.
Où êtes-vous, mon cher mari, et pourquoi n'êtes-vous pas
avec moi ?
SICHEL, la soutenant.
— Pensée, mon enfant bien-aimée !
Silence.
PENSÉE. — Comment est-il mort ?
ORSO. — Tué d'une balle au cœur comme nous chargions les
Allemands dans un mauvais petit champ de vignes à travers les échalas.
Je l'ai vu tout à coup qui lâchait son fusil et qui
tombait en avant. Son corps est resté plié en deux, accroché à un petit mur de
pierres sèches parmi les ronces.
PENSÉE. — Vous l'avez laissé là ?
ORSO. — Les Prussiens tiraient sur nous, tant qu'ils
pouvaient.
PENSÉE. — Moi, je serais morte avec lui.
ORSO. — Je suis un officier, et mon devoir n'était pas de
me faire tuer, mais d'assurer le commandement de ma section.
Nous avons dû nous replier peu après, abandonnant le
corps.
PENSÉE. — Quoi, vous ne me rapportez rien de lui ?
ORSO. — Que voulez-vous faire d'un mort ?
PENSÉE. — Je l'aurais senti une dernière fois entre mes
mains, ces sages mains !
Qui sait s'il aurait été mort tout à fait pour moi ?
Entre l'âme et le corps qu'elle a fait il y a un tel lien
que la mort même n'est pas entièrement puissante à le dénouer.
Où que soit cette pauvre âme.
ORSO. — La sienne est avec Dieu. Ce Dieu qu'il aimait
comme un sauvage et non pas comme un saint, il l'a conquis. Le corps est resté
accroché misérablement quelque part.
Point d'œuvre derrière lui, rien que ce corps embarrassé
dans les épines,
Plus loin que nous n'avons pu nous-mêmes aller et qui ne
l'a pas empêché de passer outre.
Cette liberté qu'il désirait plus que la vie, elle est sa
part enfin ! cette lumière vers laquelle il tendait de tout son être, il y
est ! Ce Père dont il était le fils.
PENSÉE. — Les yeux qui étaient chargés de voir pour moi,
où sont-ils ?
ORSO. — Ici même peut-être qui n'ont pas besoin de voir
pour vous regarder.
PENSÉE. — Ce cœur qui était chargé de battre pour moi, où
est-il ?
ORSO. — Qui sait si je ne vous les ai pas rapportés ?
PENSÉE. — Que dites-vous ?
ORSO.
— Je n'ai pas voulu que son cœur restât abandonné aux Alboches. La nuit avec
quelques camarades nous sommes allés le rechercher. Il repose en terre chrétienne,
comme nous disons.
Je
l'ai embrassé sur la bouche — c'était beau, cette figure qu'il avait.
PENSÉE.
— Ha, ha, cruel Orso ! Tu as des yeux pour voir ! Mais moi, moi, cette
bouche seule qui m'appartenait, je n'ai pu y coller la mienne !
ORSO.
— Je l'ai tenu entre mes bras. De ce corps insulté, de ce corps qui
ressuscitera et qui dort
Quelque
chose encore de celui que nous aimions émane.
PENSÉE.
— Vous n'avez pu voir que son visage et moi, ces mains, ces mains
seules qui me servent à voir, ha, si elles avaient été là, elles auraient été
jusqu'à son âme pour l'empêcher de me quitter !
ORSO.
— Jusqu'à son
âme, Pensée ?
PENSÉE.
— Jusqu'à son âme, pour l'empêcher de me quitter jusqu'à ce cœur qui
m'appartient !
ORSO.
— Jusqu'à son cœur, Pensée ?
PENSÉE. — Jusqu'à ce cœur
qui m'appartient.
ORSO.
— Et si c'était précisément ce cœur que je vous ai rapporté ?
PENSÉE. — Ce cœur… ce cœur
que vous m'avez rapporté ?
ORSO.
— Ces fleurs que je vous ai fait envoyer, cette profonde corbeille, ces fleurs où je sais que
tout à l'heure vous avez enfoncé votre visage...
PENSÉE. — J'ai compris !
Elle
se lève et se dirige en chancelant vers
la table devant laquelle elle tombe à genoux.
la table devant laquelle elle tombe à genoux.
Orian, êtes-vous là ?
ORSO.
— Il
appartient à un ordre différent, il n'est plus avec nous à notre manière.
Que de lui jusqu'à vous
l'encens de ces longs calices dont j'ai fait sa sépulture soit un signe
suffisant.
PENSÉE.
— Il n'a point eu horreur de moi, je n'aurai point horreur de lui parce qu'il est mort !
Et
qui aurait le droit, si ce n'est moi qui suis sa femme, de le saisir entre mes
mains et de le garder sur mon sein comme sa possession ?
ORSO.
— Respectez ce reste sacré.
PENSÉE.
— Il n'a point eu horreur de moi ! Il est venu jusqu'à moi, qui suis la
dernière des femmes ! Malheureuse, obscurcie, il est venu à moi, quand il
aurait pu en trouver une plus belle !
C'est moi qui l'ai blessé,
de cette blessure inguérissable. C'est moi qui lui ai fendu la poitrine,
C'est moi qui lui ai ouvert
la côte.
C'est
moi qui l'ai arraché à son Père, oui je sais que c'est à
cause de moi qu'il est mort et qu'il n'est plus rien de visible.
Ah, qu'on me donne un voile de soie pour recevoir ce qui
me reste de lui, qu'on me donne le linge le plus fin pour couvrir ces mains
indignes !
ORSO. — Tout à l'heure vous serez seule avec lui.
PENSÉE. — Mais dès maintenant je puis me pencher sur lui et
respirer son âme, cette bouffée de parfum qui monte de sa sépulture.
ORSO. — Il est mort et ce n'est plus par aucun de vos sens
que vous êtes capable de l'atteindre.
PENSÉE. — Orian, qui êtes là, est-ce vrai ? Ah !
je crois qu'il n'y a rien en moi qui ne soit capable d'aller jusqu'à
vous !
ORSO. — Il vit en vous, et c'est pour ce qui de lui vit au
fond de vos entrailles que vous devez vivre vous-même.
PENSÉE. — Il vit, et je me meurs !
Sichel
qui l'enlace, l’a ramenée à son siège.
ORSO. — Maintenant c'est assez de faiblesse. Il est temps
que vous entendiez ce que je suis chargé de vous dire.
Voici ce qu'Orian m'a chargé de vous dire, prévoyant sa
mort.
Cette dernière nuit que nous avons passée ensemble.
PENSÉE. — Parlez, je vous écoute.
ORSO. — ... Et sachant ce que votre mère m'avait écrit,
Ce fruit de lui que vous portez en vous, hors de la loi.
Oui, ça été une grande joie et une grande amertume pour
lui.
Vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure quand je vous ai
dit qu'il m'avait chargé de vous demander pardon.
Pensée
fait un geste de déprécation.
C'est fait ? Bien. Rien ne pèse plus sur son âme.
SICHEL. — Je lui pardonne aussi.
ORSO. — Maintenant, le mal qui a été fait, il faut le
réparer en ce qui est de nous. Il n'est pas possible que l'enfant d'Orian
Naisse sans nom, et que sa femme avec son enfant ait cette
tache publique.
PENSÉE. — Ce que son sang n'a pu effacer, je suis là pour
le supporter.
ORSO. — Il ne s'agit pas seulement de vous.
Mais de lui et de cet enfant qui le continue. Il faut sauver
le nom de l'insulte, comme on sauve le drapeau.
PENSÉE. — Je ferai ce que vous voudrez.
ORSO. — La suprême volonté d'Orian, sa dernière parole
près de la mort
Est que vous m'épousiez.
PENSÉE. — Je ne veux pas ! je ne serai pas à un autre
que lui.
ORSO. — Madame, je vous répète que ce n'est pas ce que
vous voulez qui est important.
PENSÉE. — Ne suis-je pas maîtresse de moi-même, de mon âme
et de mon corps.
Et de ceci que j'ai fait de moi ?
ORSO. — Non.
PENSÉE. — Orian, quoi ! est-ce là ce que vous me
demandez ?
ORSO. — Celle qui fut à mon frère, croyez-vous qu'elle
soit jamais pour moi
Autre chose qu'une sœur ?
Silence.
PENSÉE. — J'accepte.
ORSO. — Bien, petite sœur. D'ailleurs la guerre n'est pas
finie.
La nuit vient qui efface l'une après l'autre ces deux voix
entre lesquelles votre cœur hésita
Ce soir d'été jadis ;
Ces deux braves dont le cœur était plus haut que la mort.
PENSÉE. — Ne viendra-t-elle pas aussi pour moi tout de
bon ?
ORSO. — Votre devoir est de vivre.
PENSÉE. — Je vivrai ! Pour qui me prenez-vous ?
Je vivrai pour cet enfant obscur qui est héritier en moi
de mon âme avec la sienne !
Tant que l'on voudra ! Toute la vie que l'on voudra
jusqu'à la dernière minute ! Moi qui fais la vie, est-ce que je n'aurai
pas le courage de l'accepter ?
ORSO. — Demain le prêtre nous unira.
PENSÉE. — Je serai une femme loyale.
ORSO.
—Et en attendant, est-ce qu'elle est morte, cette main que je vois là qui
pend inerte à votre côté,
Que vous ne vouliez pas la
tendre, avant qu'il ne parte, peut-être pour ne pas revenir, à ce pauvre Orso ?
PENSÉE,
soulevant sa main droite avec sa main gauche. — Orso, je suis comme la fiancée du
Cantique dont il est écrit que les doigts distillent la myrrhe.
ORSO. — Alors c'est
l'Ancien Testament que je vois là assis devant moi en votre personne ?
PENSÉE,
élevant ses
mains, les doigts tremblants devant son visage, comme pour les
regarder et les sentir, puis elle les lui tend. — La
myrrhe nuptiale ! la funèbre myrrhe ! Cela qui chez les anciens ne
servait pas à la célébration d'un seul mystère seulement.
ORSO. — Pensée, je vais
rentrer en France, à temps, j'espère, pour me battre encore un petit peu.
J'irai voir cet Orian sous
la terre là-bas. Que faut-il que je lui dise ?
PENSÉE.
— Ne vous agenouillez pas. Ne priez pas. Dites seulement un mot :
Pensée. Un
seul mot, un seul mot avec une grande amertume : Pensée. N'ajoutez
rien.
ORSO. — M'agenouiller,
dites-vous ? et croyez-vous que ce n'est pas m'allonger de mon long à côté
de lui que j'hésiterais à faire ? Et à le prendre dans mes bras, ce frère,
pour que, à jamais nous ne soyons séparés, si Dieu le demande ?
Ces deux frères dont on n'a
pu empêcher que l'union soit plus forte que la mort !
Et ce mot : Pensée !
s'il s'en soucie encore, pour le lui réapprendre bouche à bouche.
PENSÉE. — Ce mot seulement ?
Non, c'est mon âme à la sienne mêlée qu'il faut que tu lui rapportes. Respire-la,
frère chéri, cette âme d'Orian en moi mêlée à celle de Pensée !
Elle s'approche de lui les
bras en croix et lui souffle dans la bouche.
ORSO. — Oui, c'est l'âme de
l'un et de l'autre à la fois que je respire.
PENSÉE. — Et dis-lui, dis-lui,
cette âme, que je n'ai pas été la seule à l'absorber et à m'en remplir tout à l'heure
la figure au milieu de ces horribles fleurs.
Et qu'à ce contact mon
enfant en moi, cet enfant intérieur en moi, cette chose en moi qui est appelée
à voir le soleil à ma place, pour la première fois il a bougé, il a cruellement
bougé. Dis-lui cela, Orso, dis-lui cela, frère chéri ! Dis-lui cela, Orso !
Elle tombe à genoux devant
la corbeille qu'elle enveloppe entièrement,
ainsi qu'elle-même, de son châle.
ainsi qu'elle-même, de son châle.
Pendant cette dernière
phrase, la nuit est presque complètement venue.
UNE VOIX DE FEMME CHANTE :
Ô frères inséparables, l'un
amène Pensée et l'autre l'a reçue.
UNE
AUTRE VOIX :
Et
que son
âme ait pénétré la mienne, dis-lui cela, Orso, dis-lui cela, frère chéri,
dis-lui cela, Orso !
RIDEAU
Rome, 30 juin 1916, S. Paul, Ap.
PAUL CLAUDEL