lundi 23 juillet 2018

En communiant... Cardinal Newman, Priez sans cesse


Priez sans cesse.
1 Thessaloniciens, 5, 17.

L'Écriture mentionne deux manières de prier : l'une à des heures et lieux déterminés, et en des formes précises, l'autre – celle dont parle le texte — la prière continuelle ou habituelle. La première est ce qu'on appelle communément prière, qu'elle soit publique ou privée, l'autre peut être dénommée communion avec Dieu, ou vie en présence de Dieu. Celle-ci est réalisable tout le long du jour, partout où nous sommes, et nous est prescrite comme un devoir, ou plutôt comme la caractéristique de ceux qui sont de vrais serviteurs et amis de Jésus-Christ.
Ces deux sortes de prière sont aussi des devoirs naturels en ce sens que nous y serions astreints, même si nous étions nés en pays païen et que nous n'avions jamais entendu parler de la Bible. Car notre conscience et notre raison nous conduiraient à en user, pour peu que nous prêtions attention à ces informateurs que nous tenons de Dieu. Je me bornerai ici moi-même à considérer la dernière d'entre elles, la prière habituelle ou intérieure qui nous est prescrite dans le texte, afin de montrer ce qu'elle est et comment nous la devons mettre en pratique. Je traiterai d'elle d'abord comme d'un devoir naturel et ensuite en tant que caractéristique d'un chrétien.
1. Il est peut-être à première vue difficile à quelques personnes de comprendre ce que veut dire prier sans cesse. Eh bien, considérons que c'est là un devoir naturel, c'est-à-dire un devoir qui nous est enseigné par la simple raison et le sentiment religieux, et nous comprendrons bientôt ce en quoi il consiste.
Que nous enseigne la nature nous concernant, même avant d'ouvrir la Bible ? Que nous sommes des créatures du Dieu suprême, Créateur des cieux et de la terre, et que, en tant que tels, nous sommes tenus de Le servir et de Lui donner notre cœur, en un mot, de nous comporter comme des êtres religieux. Qu'est-ce ensuite que la religion, sinon une habitude ? Et qu'est-ce qu'une habitude, sinon un état d'esprit qui s'impose toujours à nous, sorte d'habit ordinaire, de manteau inséparable de l'âme ? Un homme ne peut être réellement religieux une heure et pas la suivante. Autant vaudrait dire qu'il peut être en bonne santé une heure et en mauvaise la suivante. Qui est religieux l'est le matin, à midi et le soir. Sa religion est une sorte de caractère, de moule en qui ses pensées, ses paroles et ses actions sont jetées, forment les unes et les autres des parties d'un seul et même tout. Il voit Dieu en tout ; toute action, il l'ordonne à ces objets spirituels qui lui ont été révélés par Dieu. Ce qui peut survenir au cours de la journée, événement, personne rencontrée, nouvelle entendue, tout cela il le mesure en prenant pour base la volonté de Dieu. L'on peut presque dire à la lettre que qui fait ainsi prie sans cesse ; se sachant, en effet, en présence de Dieu, il est continuellement amené à s'adresser à Celui qu'il place toujours devant lui avec révérence, dans le langage intérieur de la prière et des louanges, de l'humble confession et de la confiance joyeuse.
Cela, dis-je, toute personne réfléchie le reconnaît par la seule raison naturelle. Être religieux, c'est, en d'autres termes, avoir l'habitude de la prière ou prier toujours. C'est ce que veut dire l'Écriture quand elle nous conseille de tout faire pour la gloire de Dieu, c'est-à-dire d'avoir devant nous Sa présence et Sa volonté, et d'agir conséquemment en rapportant tout à Lui, pour que tout ce que nous faisons ne soit plus qu'un seul et même processus, un acte d'obéissance, un hommage continuel rendu à Celui qui nous a faits et dont nous sommes les serviteurs. Il faut que chacun des détails pris à part concoure plus ou moins directement à Sa gloire selon que chacune des choses particulières qu'il nous arrive de faire admet plus ou moins de caractère religieux. L'obéissance religieuse est ainsi une sorte d'esprit qui habite en nous, étendant son influence à chaque mouvement de l’âme, de même que les gens en santé et robustes se montrent tels en tout ce qu'ils font (non point également en tout, mais en certaines actions plus qu'en d'autres, étant donné que toutes ne requièrent ni ne révèlent la présence de cette santé et de cette force, et, même dans leur démarche, leur voix, leurs actes et leur maintien, la vigueur corporelle ne devant se montrer qu'avec réserve), ainsi, ceux qui ont la vraie santé et la vraie force de l'âme, une foi claire, paisible et profonde en Celui en qui ils ont l'être, vivront en tout ce qu'ils font — oui, ainsi que le dit saint Paul, même quand ils « mangent et boivent » (1 Corinthiens, 10, 31.) – en présence de Dieu ou, pour reprendre l'expression du même Apôtre dans le texte, en une prière incessante.
Dira-t-on qu'il ne peut y avoir sur terre personne qui puisse de la sorte continuellement et parfaitement glorifier et adorer Dieu ? Nous ne le savons que trop. C'est dire simplement qu'aucun de nous n'a atteint la perfection. Nous savons, hélas ! qu'en trop de choses nous L'offensons tous. Je ne parle pas de ce que nous faisons, mais de ce que nous devons faire et de ce que nous devons viser à faire, bref, de notre devoir Pour imprimer en nos cœurs l'idée de celui-ci, il est utile de dessiner le portrait d'une personne de tout point obéissante pour qu'elle nous serve de modèle. Dans la mesure où nous croissons dans la grâce et la connaissance de notre Sauveur, dans cette mesure, nous nous rapprochons en obéissance de Celui qui est notre grand exemple et qui, seul de tous les fils d'Adam, a vécu dans la perfection d'une incessante prière.
Ainsi, la signification et le caractère raisonnable du commandement énoncé par le texte ressortent du fait qu'il est un devoir en quelque sorte naturel, la religion n'étant pas un accident qui va et vient par à-coups mais un esprit déterminé ou une certaine vie.
J'établirai tout cela en langage scripturaire, confirmant, en second lieu, cette vue de notre devoir que peut suggérer la raison naturelle, par cette autre voix de Dieu, et bien plus claire, qu'est la parole inspirée.
Comment l'obéissance religieuse est-elle décrite dans l'Écriture ? Assurément, comme un certain mode de vie. Nous savons ce qu'est la vie du corps ; c'est un état du corps ; le pouls bat et tout est en mouvement. Le principe de vie cachée, bien que nous n'en connaissions ni le mode ni la nature, se traduit par ces signes extérieurs. Ainsi de la vie de l'âme. Celle-ci, à la vérité, n'était pas en possession de la vie de Dieu quand elle est d'abord apparue dans le monde. Nous sommes nés avec des âmes moribondes, c'est-à-dire morts eu égard à l'obéissance religieuse. Laissés à nous-mêmes, nous en viendrions à haïr Dieu et ne ferions de plus en plus, tout au long de l'existence, qu'exhaler la mort spirituelle, le feu intérieur des tourments de l'enfer, mûrissant en mal pour une longue éternité. Telle est l'ornière dans laquelle nous nous engageons une fois venus au monde, et, n'étaient les promesses évangéliques, quel misérable événement ne serait pas la naissance des enfants ! Qui aurait plaisir à voir ces pauvres êtres, encore inconscients de leur misère, mais ayant au cœur cette redoutable racine de péché qui, finalement, règne et triomphe infailliblement pour notre malheur éternel ? Mais Dieu nous a donné à tous, même aux petits enfants, une heureuse promesse grâce au Christ ; nos perspectives sont changées. Et il ne s'agit pas seulement d'une promesse de bonheur futur. Par son Saint-Esprit, il implante ici-bas en nous, et sur-le-champ, un nouveau principe, une nouvelle vie spirituelle, une vie de l'âme, ainsi qu'on la nomme. Saint Paul nous dit que « Dieu nous a vivifiés », « nous a fait vivre » ensemble avec le Christ et nous a tous arrachés à « la mort du péché », « nous donnant de nous asseoir ensemble dans le Ciel avec le Christ Jésus » (Éphésiens, 2, 5-6).
Quant à savoir comment Dieu vivifie nos âmes, nous ne le pouvons pas ; nous savons aussi peu comment il vivifie nos corps. Notre vie spirituelle est, ainsi que le dit saint Paul, « cachée avec le Christ en Dieu » (Colossiens 3, 3). Mais, comme la vie de notre corps se manifeste par son activité, ainsi en est-il de la présence en nous du Saint-Esprit, qui se manifeste par une activité spirituelle, qui est l'esprit de prière continuelle. La prière est à la vie spirituelle ce que sont à la vie corporelle le battement du pouls et l'acte de la respiration. Il serait aussi absurde de supposer que la vie peut durer, une fois le corps froid, sans mouvement ni sensibilité, que d'appeler vivante une âme qui ne prie pas. L'état où l'habitude de la vie spirituelle trouve son exercice consiste en une activité constante de prière.
Demandez-vous où l'Écriture dit cela ? Où ? Partout où elle nous parle de la connexion entre la nouvelle naissance et la foi. Car qu'est-ce que la prière, sinon l'expression, la voix de la foi ? Saint Paul, par exemple, dit aux Galates « La vie que je vis maintenant dans la chair [c'est-à-dire la vie nouvelle et spirituelle] je la vis par la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé » (Galates, 2, 20). Qu'est-ce, en effet, que la foi, sinon le fait de nous tourner vers Dieu et de penser à Lui constamment, de vivre avec Lui en compagnie habituelle, c'est-à-dire de Lui parler dans notre cœur tout le long du jour, en priant sans cesse ? Il nous dit ensuite, dans la même épître, tout d'abord que rien n'est utile que la foi opérant par l'amour, mais, bientôt après, il appelle ce même principe opérant une nouvelle créature, de sorte que nouvelle naissance et foi vivante sont inséparables. Jamais il ne faut supposer, comme notre indolence est portée à le faire, que le don de la grâce reçu au baptême est un simple privilège extérieur, un simple pardon extérieur dans lequel le cœur n'est pas intéressé, ou une sorte de simple marque imprimée sur l'âme, la distinguant de celles qui ne sont pas régénérées, comme s'il s'agissait d'une couleur ou d'un sceau, mais nullement en rapport avec les pensées, l'esprit et le cœur d'un chrétien. Ce serait là une vue grossière et fausse de la nature de la miséricorde de Dieu qui nous est octroyée dans le Christ. Car la nouvelle naissance venant de l'Esprit Saint fait que l'âme se meut d'une manière divine : elle nous donne de bonnes pensées et de bons désirs, nous éclaire et nous purifie, nous rendant empressés à chercher Dieu. En un mot, comme je l'ai dit, elle nous donne une vie spirituelle, elle ouvre les yeux de notre esprit, de sorte que nous commençons à voir Dieu en toutes choses par la foi et à nous tenir en continuelle relation avec Lui par la prière. Chérissons en nous ces bienfaisantes influences, nous deviendrons alors plus saints, plus sages et plus célestes, d'année en année, nos cœurs étant toujours en voie de passer des ténèbres à la lumière, des voies et des œuvres de Satan à la perfection de la divine obéissance.
Ces considérations peuvent servir à imprimer sur nos esprits la signification de ce qui est prescrit dans le texte, ainsi que des autres enseignements qui se trouvent dans les épîtres de saint Paul. Par exemple il enjoint aux Éphésiens de « prier toujours, en toute prière et supplication, dans l'Esprit » (Éphésiens, 6, 18). Aux Philippiens, dit : « Ne vous souciez de rien, mais, en chaque chose, par la prière et la supplication, faites connaître à Dieu vos besoins » (Philippiens, 4, 6). Aux Colossiens : « Continuez à prier ensemble, et veillez de même en rendant grâces à Dieu » (Colossiens, 4, 2). Aux Romains : « Continuez à prier avec insistance » (Romains, 12, 12).
Ainsi le vrai chrétien perce-t-il le voile de ce monde et voit-il le monde futur. Il se tient en relation avec lui ; il s'adresse à Dieu comme un enfant peut s'adresser à son père, avec une vue aussi claire de Lui et avec une confiance en Lui aussi entière ; avec une révérence profonde, une crainte divine et une terreur religieuse, mais avec certitude et précision cependant, conformément à ce que dit saint Paul : « Je sais en qui j'ai cru » (2 Timothée, 1, 12) ; avec la perspective du jugement à venir qui le modère et l'assurance de la grâce présente qui l'encourage.
Si ce que je dis est vrai, il vaut sûrement la peine d'y penser. La plupart des gens, je le crains, ni ne prient à des moments précis ni ne s'exercent à une habituelle communion avec le Dieu Tout-Puissant. L'on ne se rend que trop compte de la manière dont prient la plupart des hommes ; ils le font à tel ou tel moment, quand ils sentent un besoin particulier de l'assistance divine, quand ils sont dans le trouble ou appréhendent le danger, ou quand leurs sentiments sont plus vifs que de coutume. Ils ne savent pas ce que c'est que d'être habituellement religieux ou de consacrer un certain nombre de minutes, à des moments précis, à la pensée de Dieu. Oui, que le meilleur des chrétiens est donc lamentablement déficient pour ce qui est de l'esprit de prière ! Que chacun compare dans son esprit combien de fois il a prié étant dans le trouble et combien rarement il est revenu remercier quand ses prières ont été exaucées ; ou encore la ferveur avec laquelle il a prié en prévision de souffrances redoutées, avec la langueur et l'insouciance de ses actions de grâces dans la suite, et il ne tardera pas à se rendre compte du peu de réelle habitude qu'il a de la prière et combien sa religion dépend d'une exaltation accidentelle qui n'est nullement la pierre de touche d'un cœur religieux. Supposons encore qu'il lui faille répéter la même prière pendant un mois ou deux, la raison d'en user persistant ; qu'il compare la ferveur avec laquelle il l'a dite d'abord, essayant de s'en bien pénétrer, et la froideur avec laquelle il en use finalement. Pourquoi cela, si ce n'est que sa perception du monde invisible n'est pas la vraie vision que donne la foi, sans quoi elle durerait aussi longtemps que ce monde, mais un simple rêve, l'espace d'une nuit, auquel succède, le matin, une pénible joie profane.
Dieu est-il habituellement dans nos pensées ? Pensons-nous à Lui, à son Fils, notre Sauveur, durant toute la journée ? Quand nous mangeons et buvons, le remercions-nous non par simple formalité, mais en esprit ? Quand nous faisons des choses bonnes en elles-mêmes, élevons-nous vers Lui notre esprit avec le désir de promouvoir sa gloire ? Quand nous sommes dans l'exercice de notre profession, pensons-nous encore à Lui, agissant toujours consciencieusement, désirant connaître Sa volonté plus exactement que nous ne le faisons à présent et visant à nous y conformer plus complètement et avec plus d'abandon ? Comptons-nous sur Sa grâce pour nous éclairer, nous renouveler et nous fortifier ?
Je ne demande pas si nous usons en religion de beaucoup de paroles : ce n'est pas nécessaire. Nous devrions même éviter d'étaler orgueilleusement ce qu'il peut y avoir de meilleur dans nos sentiments et nos pratiques, servant Dieu en silence, sans nous soucier d'être loués des hommes, cachant notre délicatesse de conscience, sauf quand il y aurait déshonneur pour Dieu à le faire. Il y a des moments, en effet, où, en présence d'une sainte personne, en témoigner est un bienfait, et d'autres où, en présence d'une personne mondaine, en témoigner devient un devoir, mais rares sont relativement ces moments de privilège ou de devoir. En revanche, nous sommes toujours avec nous-même et avec notre Dieu, et cette silencieuse confession intérieure en Sa présence doit pouvoir être soutenue et continuelle et se terminer en fruit durable.
Mais si ces personnes manquent à leur devoir en faisant de la religion un sujet d'impulsion ou de simple sentimentalité, que dire de celles qui n'ont pas du tout le sentiment ou la pensée de celle-ci ? Que dire de cette multitude de jeunes gens qui ridiculisent le sérieux et s'abandonnent délibérément à des pensées profanes ? Hélas ! mes frères, vous n'observez même pas toujours ou ne connaissez pas les pensées folles et vides qui vous traversent l'esprit, vous ne vous affligez même pas de celles dont vous vous souvenez. Mais que direz-vous au dernier jour quand, au lieu des vraies et saintes visions en quoi consiste la divine communion, vous trouverez consignées dans le livre de Dieu une multitude innombrable des plus frivoles et des plus folles imaginations, pour ne pas dire même des plus perverses, qui déshonorent à jamais une créature immortelle ? Que direz-vous quand le Ciel et l'enfer seront devant vous, que les livres seront ouverts et que vous y verrez totalisés vos désirs et rêves de jeunesse, vos désirs passionnés pour les choses du monde, vos goûts vulgaires et terre à terre, votre secret mépris et votre aversion pour les sujets et les personnes graves, vos efforts pour attirer les regards des pécheurs et pour plaire à ceux qui déplaisent à Dieu, votre désir des frivolités et des somptuosités mondaines, votre admiration pour les riches et les gens titrés, votre indulgence pour les pensées impures, votre vanité pleine d'amour-propre et digne de pitié ?
Ah ! je puis vous paraître user de mots rudes, mais soyez sûrs que je n'use pas de termes aussi sévères que ceux dont vous userez contre vous-mêmes en ce jour. Ces personnes que vous considérez maintenant comme tristes et trop strictes vous paraîtront alors comme vraiment sages, et l'invitation à prier sans cesse, qui vous faisait sourire jadis comme convenant aux gens simples, formalistes, moroses, pusillanimes ou âgés, vous l'approuverez par votre propre expérience, comme l'approuvent maintenant votre raison et votre conscience. Oh ! que ne pouvez-vous donner une heure sérieuse à la religion comme anticipation à cette longue éternité où vous devrez être sérieux. Oui, vous pouvez rire maintenant, mais il n'y a pas de vaine joie de l'autre côté du tombeau. Les démons, bien qu'ils ne se repentent pas, tremblent. Vous prendrez place parmi ces gens sérieux malgré eux, vous qui êtes assez fous pour être légers et insouciants maintenant, assez fous pour rire, plaisanter et railler le pauvre moment que vous vivez maintenant sur la terre, court pourtant pour préparer l'éternité, sans le rendre plus court encore en gaspillant votre jeunesse dans le péché.
Si vous pouviez voir seulement quel est celui qui vous suggère toutes les pensées légères que vous substituez à la communion avec Dieu, le choc qui en résulte vous rendrait sérieux, même s'il ne vous rendait pas religieux. Si vous pouviez voir ce que Dieu voit, à savoir ces pièges et ces surprises que place sur votre sentier le démon, et comment toutes les pensées frivoles où vous vous complaisez, qui semblent si attrayantes et plaisantes, tellement plus que les pensées religieuses, sont inspirées par cet ancien séducteur de l'humanité, l'auteur du mal, qui se tient à vos côtés tandis que vous tournez en dérision la religion, sérieux lui-même alors qu'il vous fait rire, incapable de sourire de ses propres railleries tandis qu'il vous mène en dansant à la perdition, vous trembleriez à n'en pas douter, comme il le fait lui-même quand il vous tente. Mais il ne vous est pas possible de le voir et de sortir de votre illusion à moins que, en cette matière, vous ne commenciez par accepter de confiance la parole de Dieu. Vous ne pouvez voir d'un coup le monde invisible. Ceux qui parlent toujours avec Dieu en leur cœur sont instruits par lui en retour en toute connaissance. Mais ceux qui refusent d'agir selon la lumière naturelle que Dieu leur donne finissent à la longue par la perdre entièrement et sont livrés à leur âme réprouvée. Que Dieu vous préserve d'un tel péché volontaire, vieux aussi bien que jeunes, et vous éclaire tous et chacun de sa connaissance qui sauve, vous donnant la volonté et la facilité de Le servir.
John Henry, cardinal Newman, in Le secret de la prière