Et postquam
eonsummati sunt dies
octo ut circumeideretur Puer.
Luc, II, 21
octo ut circumeideretur Puer.
Luc, II, 21
Huit
jours après la naissance de l'Enfant,
Marie et Joseph le firent circoncire.
Marie et Joseph le firent circoncire.
La nouvelle année !
Je Vous l'offre, Seigneur, comme tous les matins, ma journée.
Je Vous l'offre avec ses joies, ses deuils, ses grâces et ses disgrâces.
Je Vous l'offre telle quelle !
Je Vous l'offre, Seigneur, comme tous les matins, ma journée.
Je Vous l'offre avec ses joies, ses deuils, ses grâces et ses disgrâces.
Je Vous l'offre telle quelle !
La nouvelle
année ?
Mais, au fait, est-elle si nouvelle ?
Ironie, bluff des calendriers !
Ironie, bluff des calendriers !
Les chiffres ont changé : 1944,
1945, au lieu de 1943.
Mais ce sont les mêmes tragédies, les mêmes affreuses médiocrités, les mêmes petites et grandes catastrophes de la vie.
Mais ce sont les mêmes tragédies, les mêmes affreuses médiocrités, les mêmes petites et grandes catastrophes de la vie.
Je vois ça d'ici
dans les journaux.
Puis-je Vous offrir
cela, Seigneur ?
Dans les journaux
La séance continue.
― un avion qui tombe sur une banque ;
― un avion qui tombe sur une banque ;
― des bombes qui tombent sur
n'importe quoi ;
― un tas de choses qui s'effondrent,
des églises, des hôpitaux, quelquefois des usines, quelquefois des royaumes et
des républiques ;
― et aussi des corps qui tombent ;
― et surtout, hélas ! surtout de pauvres âmes qui tombent.
Puis-je vraiment Vous offrir tout
cela, Seigneur ?
Et
dans mon bureau
Secrétariat ou Presbytère, ou
Permanence...
Des papiers, des papiers qui entrent, des
journaux, de finance, de mode et des réclames, et des lettres, des tas de papiers
partout sur mes meubles.
De pauvres gens qui se plaignent ou
qui pleurent :
― Un secours, s'il vous plaît.
― Une place... voilà trois mois que je ne travaille pas.
― J'ai faim... donnez-moi n'importe quoi.
― Un secours, s'il vous plaît.
― Une place... voilà trois mois que je ne travaille pas.
― J'ai faim... donnez-moi n'importe quoi.
Et il faut répondre, il faut
chercher, il faut trouver.
Et souvent, on ne trouve pas.
Vous offrirai-je tout cela, Seigneur ?
Vous offrirai-je tout cela, Seigneur ?
Et à l'église
Comme l'an dernier, beaucoup de cercueils,
des cercueils en série, peut-être le mien ; et des poupons dans
leurs dentelles.
Si, au moins, quelques âmes
s'élevaient !
Mais ce sont les mêmes confidences
des mêmes peccadilles ou des mêmes péchés qui sont parfois des crimes.
Il y aura des confessions, oh
oui !
Des communions, certainement, beaucoup de communions !
Et peu de communiants.
Peu d'âmes qui vivront leur Sacrifice,
Peu de chrétiens qui emmèneront leur Christ chez eux comme une flamme,
Peu de torches brûlantes, des veilleuses, des veilleuses en quantité.
Des communions, certainement, beaucoup de communions !
Et peu de communiants.
Peu d'âmes qui vivront leur Sacrifice,
Peu de chrétiens qui emmèneront leur Christ chez eux comme une flamme,
Peu de torches brûlantes, des veilleuses, des veilleuses en quantité.
Puis-je décemment Vous offrir cela,
Seigneur ?
Est-ce vraiment une année nouvelle
que celle que je vois déjà plongée dans la grisaille sanglante de
l'ancienne ?
Fais attention !
Comme les autres années, celle-ci
s'ouvre sur ma Circoncision, sur ma première goutte de Sang.
Ce n'est pas nouveau ! Voilà 1944, 1945 ans que cela est arrivé !
Ce qui serait nouveau, c'est que tu y fasses bien attention,
C'est que tu comprennes que cette simple goutte imbibe déjà l'année tout entière et décore tout ce qui frissonne et palpite ici-bas : chaque âme, chaque lis, chaque brin d'herbe.
C'est que tu comprennes que cette simple goutte imbibe déjà l'année tout entière et décore tout ce qui frissonne et palpite ici-bas : chaque âme, chaque lis, chaque brin d'herbe.
Comme pour te dire : Attention !
ceci est à Moi !
À Moi ton âme !
À Moi ton œuvre !
À Moi ton patronage, ton syndicat, ta section de ceci ou de cela, ton collège, ton pensionnat. À Moi.
À Moi chacun de tes soupirs, de tes gestes, de tes pas, de tes cheveux, ce crayon que tu tailles, cette lettre que tu écris, cette visite que tu reçois.
À Moi ton âme !
À Moi ton œuvre !
À Moi ton patronage, ton syndicat, ta section de ceci ou de cela, ton collège, ton pensionnat. À Moi.
À Moi chacun de tes soupirs, de tes gestes, de tes pas, de tes cheveux, ce crayon que tu tailles, cette lettre que tu écris, cette visite que tu reçois.
Tout cela est marqué de Mon
Sang !
Tout cela, c'est mon service !
Tout cela, c'est le service de mes âmes, de tes âmes et de ma
Rédemption.
Ce qui serait nouveau
Et qui n'est pas encore arrivé, c'est
que tu en profites magnifiquement.
L'année fut nouvelle,
Quand Augustin sortit resplendissant de son péché, comme Lazare de son tombeau.
Quand Augustin sortit resplendissant de son péché, comme Lazare de son tombeau.
L'année fut nouvelle,
Quand Jean-Marie Vianney commença à s'enfermer dans un confessionnal et à déjeuner de quatre pommes de terre à l'eau.
Quand Jean-Marie Vianney commença à s'enfermer dans un confessionnal et à déjeuner de quatre pommes de terre à l'eau.
L'année fut nouvelle,
Quand la petite Thérèse de Lisieux transfigura les plus humbles gestes de sa vie en les insérant dans un grand drame d'amour.
Quand la petite Thérèse de Lisieux transfigura les plus humbles gestes de sa vie en les insérant dans un grand drame d'amour.
Tout cela, tous ces rétablissements,
c'est le drame de mon Sang.
L'année sera nouvelle,
Si tu te décides sérieusement à prier et à souffrir pour Moi.
Si tu te décides sérieusement à prier et à souffrir pour Moi.
L'année est toujours nouvelle,
Quand, dans une grande ville, avenue Foch ou boulevard Thiers,
Quand, dans l'unique rue d'un village ou simplement dans une petite chambre où l'on prie,
Il y a tout à coup, comme autrefois sur le chemin de Damas, un buisson qui s'embrase.
Quand, dans une grande ville, avenue Foch ou boulevard Thiers,
Quand, dans l'unique rue d'un village ou simplement dans une petite chambre où l'on prie,
Il y a tout à coup, comme autrefois sur le chemin de Damas, un buisson qui s'embrase.
Seigneur, si Vous saviez !
Comme j'ai travaillé, l'année
dernière, comme j'ai sué. Et
rien ne s'est allumé.
— Je sais. Tu es capable encore cette année de m'inonder de ta sueur. C'est ton sang qu'il me faut, au moins le sang de ton âme.
— Je sais. Tu es capable encore cette année de m'inonder de ta sueur. C'est ton sang qu'il me faut, au moins le sang de ton âme.
Donne-Moi ce qu'au fond tu n'as
jamais voulu
me donner. Ta personnalité, ta
stupide fierté, ta signature.
Ne fais pas ton œuvre, mais la mienne.
Ne suis-je pas le Maître, le seul Maître des paroisses, et des
patronages, et des secrétariats, et des permanences, et des collèges, et des
pensionnats ?
Sur ton chantier débordant et
bourdonnant,
As-tu pensé vraiment que tu n'es qu'un serviteur inutile ?
Parce que c'est moi qui dois agir et pas toi.
Parce que c'est mon Sang qui agit, mon Sang qui guérit,
Mon Sang qui fait lever les pâtes les plus inertes,
Mon Sang qui enivre,
Mon Sang qui met le feu, mon Sang...
As-tu pensé vraiment que tu n'es qu'un serviteur inutile ?
Parce que c'est moi qui dois agir et pas toi.
Parce que c'est mon Sang qui agit, mon Sang qui guérit,
Mon Sang qui fait lever les pâtes les plus inertes,
Mon Sang qui enivre,
Mon Sang qui met le feu, mon Sang...
Mon Sang qui appelle ton sang
Telle est la loi de toute
rédemption : Sine sanguinis effusione, non fit remissio (Hébreux IX, 22).
Pas de rachat sans que le sang coule.
Mon Sang et le tien.
Qu'as-tu fait pour tes âmes, si tu
n'as pas versé pour elles au moins une goutte de sang ?
Si tous les jours, en ensanglantant tes doigts, tu n'as pas porté à pleines brassées les péchés des autres, comme du bois mort au feu de mon Cœur ?
Nondum enitn us que ad sanguinem restitistis, adversus peccatum, repugnantes (Hébreux XII, 4).
Si tous les jours, en ensanglantant tes doigts, tu n'as pas porté à pleines brassées les péchés des autres, comme du bois mort au feu de mon Cœur ?
Nondum enitn us que ad sanguinem restitistis, adversus peccatum, repugnantes (Hébreux XII, 4).
Tu n'as pas encore combattu jusqu'au
sang contre ce péché, contre ce divorce, contre cet adultère, contre cette
insouciance, contre ce sommeil des âmes qui t'entourent.
Pas de rachat sans que le sang
coule...
À ce prix, rien qu'une goutte de mon
Sang et du tien, l'année sera nouvelle.
Alors, ô Christ de la Circoncision
Que votre divine Mère me prenne et me
conduise, comme Vous, avec Vous, au sacrifice.
Pour que je verse aussi, amoureusement et humblement, ma première goutte de sang.
Pour que je verse aussi, amoureusement et humblement, ma première goutte de sang.
François Desplanques, sj, in Le
Christ sur tous nos chemins