Soyez toujours joyeux ! C'est possible, vous le voyez bien. Quand Dieu ordonne et qu'on obéit, il donne les moyens de réussir. Il nous assiste par son Esprit « qui accomplit en Jésus l'œuvre du Père et en nous l'œuvre du Christ ». « Et même toutes nos œuvres, il les accomplit pour nous. » (Is 26,12).
L'homme est fait pour aimer et pour être aimé. Il ne trouve sa joie véritable, c'est-à-dire son épanouissement, qu'en vivant de l'Amour de Dieu et en aimant comme Dieu. Dieu veut que nous participions à son bonheur et à sa joie en accueillant la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ Sauveur et Seigneur, ressuscité et vivant. En nous disant d'être toujours joyeux, Jésus ne nous demande pas des manifestations occasionnelles de joie. La joie devrait être pour nous un état de vie, une marque distinctive, visible comme une enseigne. Cette joie ne peut être acquise par nos propres forces. En Jésus, Dieu nous l'a donnée gratuitement. C'est pourquoi l'Agneau de Dieu est venu ôter le péché du monde et donner accès à la miséricorde, au pardon, à la fête du Père prodigue pour son enfant perdu et retrouvé. Pour que cette joie demeure, nous sommes invités à nous attacher à Jésus, à devenir ses disciples car il est le chemin de la joie, la vérité sur la joie, la vie qui donne la joie éternelle. Jésus est le seul Rédempteur et le seul médiateur. Mais dans le mystère de l'Église, Corps du Christ, il a voulu associer sa mère Marie à sa mission et à ses souffrances, ainsi que tous ses disciples qui annoncent l'Évangile et accomplissent la Volonté de Dieu.
Pour entrer dans sa gloire il faut nécessairement passer par la croix. L'idée d'un salut, d'un bonheur, de la joie sans la croix est anti-chrétienne, inadmissible. « C'est un Christ crucifié que nous proclamons » (1 Co 1,23-24). Cela ne doit pas nous effrayer mais plutôt nous rassurer, « car nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour une aide opportune » (He 4,15-16).
Que Jésus doive souffrir ignominieusement, être crucifié comme un brigand et mourir avant d'entrer dans sa gloire, a scandalisé l'apôtre Pierre et l'a poussé à s'opposer au dessein de Dieu. Jésus l'a alors traité de Satan. Nous devons donc renoncer à l'illusion de rechercher le bonheur et la joie, selon les voies de Satan. La rédemption en douceur, sans souffrance, un christianisme attrayant, séduisant, sans la croix, c'est « le chemin large, spacieux qui mène à la perdition » (Mt 7,13). On n'entre dans la victoire et la joie du Christ que par « la porte étroite et le chemin resserré », en passant par les conditions du Christ : la foi, l'accueil de la Bonne Nouvelle, le repentir, le baptême, la vie dans l'Esprit et la marche par l'Esprit pour porter le fruit de l'Esprit (Ac 2,38 ; Ga 5,22-23). Pour mener cette vie nouvelle et triompher dans le combat spirituel, nous avons besoin que Jésus guérisse notre cœur blessé, qu'il nous donne la grâce de pardonner à nos offenseurs, de vivre dans la louange et dans l'action de grâces. Une vigilance particulière est requise contre les ravisseurs de notre joie pour ne pas devenir complice, victime ou esclave de Satan. Le Seigneur Jésus a donné à son Église tous les pouvoirs pour chasser les mauvais esprits. Par son sang et par ses plaies, à travers les charismes de guérison ordonnés à l'évangélisation, Jésus continue, dans son œuvre de miséricorde, de guérir les malades, de délivrer les captifs du démon.
Vivre en état de joie, c'est vivre en présence de Jésus et y demeurer, dans l'amour, dans la prière et l'oraison. Mais, pour garder vivante notre joie, il faut marcher dans l'obéissance et dans l'enthousiasme de ceux qui, dans la simplicité de leur cœur, donnent tout au Seigneur. Il faut partager et semer sa joie, bref il faut aimer comme Jésus, accepter en son Nom d'être « haï, persécuté », car le disciple n'est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son patron » (Mt 10,22-24). La réalisation des promesses de bonheur et de joie dans les Béatitudes dépend toujours de notre engagement sur le chemin du Seigneur, sur le chemin de la croix qui meurtrit notre nature pécheresse.
La cause est donc entendue. Saint Paul nous invite à être toujours joyeux en écho à l'appel des neuf Béatitudes (Mt 5,3-12) dans lesquelles Jésus lie la joie et l'allégresse à la persécution, à l'insulte, à la calomnie que nous subissons à cause de Lui, à notre option pour la pureté du cœur, la paix, la douceur, au choix de la miséricorde, au combat pour la justice de Dieu. N'est-ce pas dans la détresse, la persécution, que Saint Paul trouvait sa plus grande joie ? (cf Col. 1,24). C'est par le Christ qui l'a aimé qu'il se déclare vainqueur de toutes ses épreuves (Rm 8,35-37).
En laissant l'Esprit Saint faire de nous d'authentiques disciples de Jésus-Christ en qui le Christ vit « pleinement » (Ga 2,20), nous pourrons vivre dans la joie et dans la sérénité des « vainqueurs siégeant avec le Christ sur son trône de gloire » (Ap 3,21). Ce n'est pas un programme pour demain ni pour après-demain. Dès aujourd'hui, vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Quand tu rentres chez toi, dépose le souci des affaires au pied de Jésus. Abandonne-lui tes préoccupations. Fais la paix avec toi-même. « Retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, rejoins ton Père dans le secret » (Mt 6,6). Entre dans son repos. Fais des cures de silence. « Chaque atome de silence, disait Stéphane Mallarmé, est la chance d'un fruit mûr ». « Garde ton calme devant le Seigneur et attends-le » (Ps 37,7).
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Apprends à te renouveler spirituellement et à te reposer physiquement. Ne sois pas ton pire ennemi. Il y a autre chose qu'une activité incessante. Si « tu peux tout en Celui qui te rend fort » (Ph 4,13), cela ne signifie pas que tu peux tout entreprendre mais que tu dois t'en remettre à Jésus pour être rendu capable de faire tout ce qu'il te demande. L'activisme de l'homme entrave l'œuvre de Dieu. Laisse le Seigneur faire surgir pour toi les occasions de Le servir. « Tue les futilités, sinon elles te tueront »1.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Ce ne sont pas les grands malheurs et les grands travaux qui nous épuisent, mais les petites contrariétés, les travaux inachevés, les rancunes, les craintes puériles de l'avenir et des malheurs jamais arrivés. « Une chose achevée existe, dix choses inachevées n'existent pas »2. C'est le courage de commencer et la force d'achever qui font encore le moins souffrir car l'enthousiasme te fait voir le but et pousser des ailes. Loue le Seigneur dans l'épreuve ; accepte ta faiblesse, tu seras fort. Ne grince pas des dents, ne te raidis pas.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Consacre-toi entièrement à ton métier, ne néglige aucun détail, mais ne cherche pas à être trop riche, ni à mener une trop vaste entreprise. « Mieux vaut peu avec la crainte de Dieu qu'un riche trésor avec l'inquiétude » (Pr 15,17). Sache te satisfaire de ce que tu as, te priver, même du nécessaire. Offre joyeusement tes biens, tu connaîtras l'ivresse de la vraie liberté.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Attache-toi à la qualité, « aspire aux dons supérieurs » (1 Co 12,31). Aimer et faire confiance à Dieu, c'est répondre à l'appel des sommets. « Le reste te sera donné par surcroît » (Mt 6,33). La réussite dépend de ton choix, de ta décision et de la bénédiction de Dieu. En chaque chose, cherche ce qui est juste et vrai afin d'y conformer ta vie. Sois humble pour aimer et te donner sans conditions.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Évite les vaines discussions, on ne persuade personne. L'autre cherche sa vérité dans ce que tu dis et non la Vérité. Ne contrarie pas ton prochain ; s'il n'est pas prêt à recevoir ce que tu veux lui donner, n'insiste pas. S'il se trompe, ne le juge pas, laisse à la vie, à l'Esprit de Dieu, le soin de le contester et de faire la correction. C'est Lui qui convertit les cœurs. Sois indulgent.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Romps tes attachements. Arrache-toi aux sables mouvants des fausses spiritualités. Toutes les organisations qui se baptisent « églises » ou « fraternités » n'ouvrent pas à la puissance de l'Esprit de Jésus de Nazareth, né de la Vierge Marie. Méfie-toi des philosophies qui éloignent de la Sagesse de Dieu vivant révélé en Jésus-Christ.
Livre-toi à l'Esprit de liberté pour entrer dans la joie de Dieu. « Le Royaume de Dieu souffre violence et seuls les violents s'en emparent » (Mt 11,12). Mais exerce la violence contre toi-même et non contre les autres. « Au lieu de murmurer, sois plutôt brave contre tes péchés » (Lm 3,39). Lâche tout, lâche les soucis de la terre, ses tracas, même ses joies. Ouvre tes mains, détends-toi ; alors la grande vague de la joie pascale pourra déferler sur toi.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Sois pacifique, écarte tout ce qui obscurcit et entrave ta pensée : l'ésotérisme, le spiritisme, l'occultisme, les voies ténébreuses qui prétendent t'illuminer ; elles enchaînent plutôt ton esprit. Écarte aussi la jalousie, la colère, l'envie, l'égoïsme, l'orgueil, le chagrin et toutes les toxines psychologiques. « Mieux vaut un homme lent à la colère qu'un héros, un homme maître de soi qu'un preneur de villes » (Pr 16,32). « Si tu ripostes au méchant » (Mt 5,39), tu ignores la puissance de la douceur et de la paix.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Demande et acquiers la force du pardon qui libère. Pardonne vite à tes offenseurs et à tes persécuteurs : libère-toi, libère-les. Pardonner c'est faire un don parfait, c'est aimer. Vis dans le pardon, vis dans la vérité qui rend libre. « Il n'y a rien de caché qui ne sera révélé au grand jour » (Mt 10,26). Tes dissimulations ne trompent que toi-même. Sois vrai, sois toi-même 100% 3 « Ce que tu es parle plus haut que ce que tu dis ».
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
« Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir » (Ac 20,35). Pratique la vraie charité et commence tout de suite. N'attends pas que tes amis soient à l'hôpital avant de leur offrir des fleurs et des cadeaux. Ne sois indifférent à aucune misère ; dis la parole qui apaise les flots. Donne ton cœur, donne ta tendresse, ton argent, donne ton temps, donne ta prière, donne ta chair, donne ton sang. Seul cet amour-là donne la joie 4.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Libère-toi du poids inutile du passé, ne sois pas toujours tendu vers l'avenir. Savoure la minute présente. Communie avec la nature : c'est l'amour du Seigneur qui t'environne. Arrête-toi devant les fleurs, contemple-les, reflète leur beauté. Écoute les oiseaux chanter pour toi. Souris aux enfants. Jouis de la brise du soir, comme le Créateur au jardin d'Éden : apaise-toi dans la tendre blancheur d'un clair de lune. Tu es le prince de la création.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Établis des ruptures de rythme dans ta vie. Ton corps a besoin de pauses au cours de ta journée de travail, de repos le soir, de détente un jour par semaine, de vacances chaque année. Dieu lui-même s'est reposé le septième jour (Gn 2,2). Ton âme profonde a aussi besoin des haltes de la vraie prière lorsqu'elle a soif du Dieu vivant et désire se désaltérer à la Source « d'Eau vive » (Jn 4,10).
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
Fais vivre ton corps, ce cadeau du Roi, ce précieux talent. Apprends l'art difficile d'organiser tes loisirs. Vis harmonieusement. Simplifie ton existence. « N'entretiens aucun souci. Acquiers les trésors qui ne périssent pas. Ne tolère pas de désordre matériel, ni moral ni spirituel autour de toi, dans ta vie. » « Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (1 Co 14,33). Embellis le cadre dans lequel tu vis. Si tu le peux, fais pousser des fleurs dans ta maison. Sinon, vis dans l'amour et ton cœur fleurira comme un jardin de roses parfumées, le jardin du Roi.
Vis dans la joie, vis dans la sérénité.
À la grâce de Dieu !
Jean Pliya, in Soyez toujours joyeux …c’est possible !
1. ARNOUX A., La voie du bonheur. Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1956.
2. Ibidem
3. ARNOUX A., op. cit.
4. Cf. PLIYA J., Donner comme un enfant de Roi, F-X DE GUIBERT, Paris, 1993.