Exhortation apostolique catholique aux hommes,
mes fils spirituels du diocèse de Phoenix.
Thomas J. Olmsted, évêque de Phoenix
Et je cherchais parmi eux un homme
qui doit construire le mur et se tenir sur la brèche
devant moi pour la terre...
qui doit construire le mur et se tenir sur la brèche
devant moi pour la terre...
Ézéchiel 22, 30
Un
appel au combat
Je commence cette lettre par un appel
au clairon et une claire tâche pour vous, mes fils et frères en Christ :
Messieurs, n’hésitez pas à vous engager
dans le combat qui fait rage autour de vous, dans ce combat qui blesse nos
enfants et nos familles, dans ce combat qui distord la dignité des femmes et
des hommes. Cette bataille est souvent invisible, mais elle est réelle. Elle
est avant tout spirituelle, mais elle est progressivement en train de tuer
l'éthique chrétienne demeurant dans notre société et notre culture, et même
dans nos propres maisons.
Le monde est attaqué par Satan, comme
notre Seigneur l’avait annoncé (1 Pierre
5, 8-14). Cette bataille se produit dans l'Église elle-même, et les
dégâts sont manifestes. Depuis l’année 2000, 14 millions de catholiques ont
quitté la foi, l'éducation religieuse des enfants dans les paroisses a diminué
de 24%, la fréquentation scolaire catholique a chuté de 19%, le baptême des
enfants a diminué de 28%, le baptême des adultes a chuté de 31%, et le mariage
religieux catholique a chuté de 41% 1. Ceci est une brèche, un trou
béant dans la ligne de bataille du Christ. Alors même que le diocèse de Phoenix
a obtenu de meilleurs résultats que ces statistiques nationales, les pertes
sont énormes.
L'une des principales raisons pour
lesquelles l'Église chancelle sous les attaques de Satan est que beaucoup
d'hommes catholiques n’ont pas voulu entrer
dans la brèche – pour combler cette percée, point d’entrée des prochaines
attaques. Un grand nombre de fidèles a quitté la foi, beaucoup de ceux qui
restent pratiquent la foi catholique
timidement, et sont peu engagés dans la transmission de la foi à leurs
enfants. Des recherches récentes montrent qu'un grand nombre de jeunes hommes
catholiques quittent la foi pour devenir nones
– des hommes qui n’ont plus aucune affiliation religieuse. Ces défections
croissantes de jeunes hommes catholiques auront un impact dévastateur sur
l'Église en Amérique dans les décennies à venir : les hommes âgés
disparaissent et les hommes jeunes ne restent pas, ne se marient pas dans
l'Église. Tout ceci accélérera les désaffections qui ont déjà eu lieu.
Ces faits sont terribles. Comme nos
pères, frères, oncles, fils et amis quittent l'Église, ils tombent de plus en
plus profondément dans le péché, brisant leurs liens avec Dieu, ce qui les
laisse en proie aux feux de l'enfer. Alors que nous savons que le Christ
accueille le retour de chaque pécheur repentant, un grand nombre d'hommes
catholiques ne parviennent pas à tenir la promesse qu'ils ont faites lors du
baptêmes de leurs enfants, cette
promesse de les amener au Christ et de les élever dans la foi de
l'Église.
Cette crise se manifeste par le
découragement et le désengagement d’hommes catholiques comme vous et moi. En
fait, c'est précisément la raison pour laquelle je crois que cette Exhortation est nécessaire, et c’est aussi
la raison de mon espoir : Dieu a rendu le bien plus fort que le mal. La
joie de l'Évangile est plus forte que la tristesse causée par le péché ; la
culture du jetable ne peut pas
résister à la vie nouvelle et à la lumière qui rayonne constamment du Christ. Je
vous invite ainsi à ouvrir vos esprits et vos cœurs au Sauveur, Lui qui vous
arme quand vous vous lancez dans la brèche !
But
de cette Exhortation
J’offre cette Exhortation à tout
homme de bonne volonté dans le diocèse de Phoenix, comme un encouragement, un défi et un appel à la mission :
les prêtres et les diacres, les maris, les pères et les fils, les grands-pères
et les veufs, les jeunes hommes dans la préparation de leur vocation – c’est-à-dire
à chaque homme. Avec cette Exhortation, je me propose de détailler pour vous la
nature de cette mission reçue du Christ, en m’appuyant sur l'orientation claire
de l'Écriture sainte, le Magistère de l'Église, et l'exemple des saints. Je
vais aborder trois questions principales :
1. Que signifie être un homme chrétien ?
2. Comment un homme catholique
doit-il aimer ?
3. Pourquoi est-ce si crucial pour tous les hommes de pleinement comprendre
la paternité ?
Avant d'aborder ces trois questions
fondamentales, il est important de les placer dans notre contexte. Dans la
section suivante, je vais vous expliquer les trois contextes importants qui
nous aideront à comprendre les principales questions.
Contexte
n°1 : Un temps néo-apostolique - La Nouvelle Évangélisation
Tout d'abord, un nouveau temps
apostolique est là, en ce moment, dans l'histoire de l'Église. Le Saint-Esprit nous
lance vers ce que les papes récents ont appelé la Nouvelle Évangélisation. Par Évangélisation, nous comprenons
l’annonce de l'Évangile de Jésus-Christ par tous les moyens disponibles :
prédication, enseignement, témoignage d'une vie de famille féconde et fidèle, célibat
vivant pour l'amour du Royaume de Dieu ; en utilisant les médias et les
autres moyens mis au service de l'Évangile. Et ce qui est nouveau ? La
nouveauté de notre temps est la suivante : en Occident, nous nous trouvons
au milieu de cultures rivales, particulièrement dans les villes et les
quartiers où jadis l'Évangile a pénétré si profondément. Le grand envoi en
mission de Jésus-Christ (Matthieu 28,
16-20) pour aller dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle est déjà
arrivé là où nous vivons ! Cette pénétration de la culture occidentale
était autrefois si profonde que, dans un sens, elle est devenue une partie du sol,
et nous sommes toujours sur ce sol de certaines façons. C’est évident dans
notre manière de considérer la vie, qui vient directement du cadre gréco-romain-judéo-chrétien :
justice, égalité, vertu, dignité humaine, compassion, démocratie, Commandement d’amour,
Dix Commandements, hôpitaux, universités, et autres développements clairement
positifs dans l'histoire de la civilisation. Tout cela est notre patrimoine et
l'héritage de nos ancêtres spirituels. Nous sommes debout sur ce sol si riche, où les bénédictions
sont si nombreuses parce que l'Évangile a été enseigné ici, reçu dans la foi,
et mis en pratique.
Pourtant, dans le même temps, les
termites sont au travail dans ce sol. Ici, dans le désert de l'Arizona, nous
connaissons bien les termites. Les constructeurs de maisons savent qu'aucune
maison construite dans notre climat n’est parfaitement à l'abri de ces insectes
affamés. De même, aucune culture – même si elle est profondément chrétienne – n’est
à l'abri de la corruption, des demi-vérités et du péché caché. Beaucoup de
fruits de notre héritage chrétien existent encore, mais les racines, sous le
sol, sont menacées. Une grande partie de notre culture reste bonne et doit être
préservée, mais il serait stupide d'ignorer les tendances actuelles et croissantes
qui menacent ce bon reste, et dangereux de risquer de dilapider ce patrimoine
dont nous avons été bénis.
La réponse et la seule solution
ultime est la Nouvelle Évangélisation
dont nous parlons. Le pape saint Jean-Paul II, avec qui j'eu la chance de
travailler en étroite collaboration pendant neuf ans et qui a inspiré beaucoup
d'hommes, nous rappelle cette nécessaire réponse : « Il n'y a pas de
solution à la question sociale en dehors de l'Évangile »2. Avec
cette Exhortation, je fais volontiers miens ses mots : il n'y a pas de
solution à notre déclin culturel en dehors de l'Évangile de Jésus.
Cela est décourageant, peut-être,
mais plus sûrement une aventure. Dans
le livre de l'Apocalypse, le Seigneur Jésus nous dit : « Voici, je
fais toutes choses nouvelles » (21,
5) : toutes les choses vieilles et fatiguées, pécheresses et brisées,
sont renouvelés dans Son Incarnation, Sa mort et Sa Résurrection. Cela
pourrait-il être vrai ? La réponse est un Oui ! retentissant. L'homme catholique mise toute sa vie sur
cette proposition : tout est renouvelé en Jésus-Christ. Notre Seigneur a
promis qu'Il est et sera toujours avec nous. Ainsi, les hommes catholiques à
travers les siècles ont répondu à cet appel de rentrer dans la bataille,
toujours ancien et toujours nouveau, et je suis convaincu que vous allez
répondre aussi bien pour combler la brèche de notre temps. Soyez
confiant ! Soyez audacieux ! En avant ! dans la brèche !
Contexte
n°2 : Un hôpital de campagne et une école de combat
Dans ses homélies, le pape François a
décrit l'Église aujourd'hui comme « Un hôpital de campagne après la
bataille » : une source constante de miséricorde afin de supporter et
de surmonter les blessures que nous portons tous. L'Église est aussi la
puissante source de vérité qui guérit les hommes et les prépare à combattre
pour le Christ. Ici, à Phoenix comme ailleurs, l'Église trouve – et doit
redoubler d'efforts pour trouver plus encore – les chemins de la guérison pour
nous-mêmes et les moyens pour prendre soin d'autres personnes qui, comme nous,
portent la marque de la Chute d'une manière débilitante, que ces blessures soient
physiques ou spirituelles (dépendance à la pornographie, l'alcool, les
médicaments, la nourriture ; mariages brisés ; absence de père ;
vie de famille en souffrance…). Notre temps appelle à un renouveau du génie de
l'Église pour la guérison physique et spirituelle, confié par le Saint-Esprit.
Comme le dit le pape François, les blessés sont tout autour de nous, et « Il
est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux
de sucre est trop haut : nous devons d’abord soigner les blessures »3.
Dans le même temps, la proclamation de la plénitude de la vérité trouvée dans
l'Église catholique est essentielle. Cela vous conduit, Messieurs, à vivre une
vie dans laquelle les péchés ne causent pas de plaies purulentes. Grâce à la
miséricorde et à la vérité du Christ, nous sommes guéris et revitalisés pour le
combat. Dans la miséricorde et la vérité du Christ, nous devenons forts avec Sa
force, courageux avec Son courage, et pouvons effectivement expérimenter la joie de guerre 4 en étant des
soldats pour le Christ.
L'Église comme hôpital de campagne après la bataille étant une analogie
appropriée, une autre image complémentaire convient à notre époque : l’École du combat spirituel. L'Église est,
et a toujours été, une école qui nous prépare pour le combat spirituel, où les
chrétiens sont appelés à « mener le bon combat, celui de la foi » (1 Timothée 6), et à « revêtir
l’armure donnée par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du
diable »(Éphésiens 6, 11).
Depuis que Jésus choisit les Douze
Apôtres, les forma en sa présence, et les envoya en Son nom, Il a continué à
choisir et former des hommes à travers Son Église et à les envoyer aux blessés.
Tel est le sens du mot apôtre – les
hommes qui sont envoyés. Avec cette lettre, mes fils et mes frères, je vous
exhorte à répondre à l'appel de Jésus et à Le laisser former votre esprit et votre
cœur avec la lumière de l'Évangile, dans le but d'être envoyés. Voilà pourquoi
cette lettre est une exhortation
apostolique. Je suis ici pour vous exhorter à vous lancer dans la brèche afin
de faire le travail des soldats du Christ dans le monde d'aujourd'hui.
Contexte
n°3 : L'homme et la femme sont complémentaires, et non concurrents
La complémentarité de la masculinité
et de la féminité est la clef pour comprendre comment la personne humaine est à
l’image de Dieu. Sans connaître et comprendre cela, nous ne pouvons pas connaître
notre mission d’hommes – ni les femmes embrasser leur propre vocation –
confiants dans l'amour du Père.
Les hommes et les femmes sont
certainement différents. De plus en plus la science approfondit notre
compréhension de cette différence. Jusqu'à récemment, nous avions une petite
idée des rouages complexes des hormones, des réactions chimiques, et des
différences cérébrales présentes chez les garçons et les filles, les hommes et
les femmes, conséquences de la présence de la combinaison XX ou XY des chromosomes
présents dès la conception. Par exemple, le volume significativement plus
important du corps calleux (ces
fibres nerveuses qui font la jonction entre les deux parties du cerveau) chez
la femme moyenne que chez l’homme moyen, est une découverte fascinante, tout
comme la façon dont le cerveau mâle est généralement plus segmenté dans ses
fonctions. Des études montrent que, en moyenne, les petites filles vont
regarder le visage d'un adulte silencieux deux fois plus longtemps que les
petits garçons, semblant ainsi plus intéressées par la personne dans le dessein
de Dieu 5. Tous ces faits biologiques découverts par la science
ajoutent quelque chose à notre connaissance de la complémentarité entre l'homme
et la femme, quelque chose qui nous interroge à juste titre, et dont nous nous
réjouissons lorsque nous faisons face à la beauté de la différence sexuelle.
Cette différence est aussi un défi,
car l'incompréhension peut se glisser à l'intérieur et le péché peut nous faire
perdre le respect de l'autre, détruisant notre espoir de cohabitation pacifique
et fructueuse entre hommes et femmes. Mais cette lutte entre les sexes est pas
la faute de la création de Dieu : il est le résultat du péché. Le pape François
l’exprime ainsi :
Je
prie pour que les chercheurs catholiques, les psychologues et les médecins soient
à l'avant-garde de l'étude de ces phénomènes, et fournissent les conseils éthiques,
les soins et le soutien à ces personnes et à ces familles.
L'homme
et la femme sont à l'image et à la ressemblance de Dieu. Cela nous dit que non
seulement l'homme est lui-même à l'image de Dieu, non seulement la femme est
elle-même à l'image de Dieu, mais aussi l'homme et la femme, en couple, sont à
l'image de Dieu. Les différences entre l'homme et la femme ne sont pas pour
l'opposition, ou la subordination, mais pour la communion et la procréation,
toujours à l'image et à la ressemblance de Dieu. 6
En parallèle avec cette lutte,
l'avance rapide de l’idéologie du genre a infecté les sociétés du monde entier.
Cette idéologie vise à annuler la différence sexuelle créée par Dieu, pour
enlever mâle et femelle de la compréhension de la personne humaine, et à leur
place, ajouter d'autres catégories sexuelles. Cette idéologie est destructrice
pour les individus et la société, et c’est un mensonge. Elle est nocive pour la
personne humaine, et, par conséquent, est une fausse idée à laquelle nous
devons nous opposer en tant que chrétiens. Dans le même temps, cependant, nous
sommes appelés à faire preuve de compassion et à fournir une aide à ceux qui nagent
dans la confusion au sujet de leur identité sexuelle. Cette confusion n’est pas
surprenante lorsque le poison de la laïcité atteint de tels niveaux
critiques : « Quand Dieu est oublié, la créature elle-même devient
inintelligible » 7.
L'impact négatif de cette égalité
entre l'idéologie sur les individus et la société a été longuement abordée
cette année par le pape François :
Je
me demande, si la théorie dite du genre n'est pas [...] une expression de
frustration et de résignation, qui cherche à annuler la différence sexuelle
parce qu'on ne sait plus comment l'affronter. Oui, nous risquons de faire un
pas en arrière. La suppression de la différence, en fait, crée un problème, et n’apporte
pas de solution. Afin de résoudre les problèmes dans leurs relations, les
hommes et les femmes ont besoin de se parler plus, de s’écouter plus les uns
les autres, d’apprendre à mieux se connaître, d’aimer plus. Ils doivent se
traiter mutuellement avec respect et coopérer dans l'amitié. 8
Comme le pape François nous appelle à
« nous aimer plus les uns les autres », je vous exhorte, mes fils et
mes frères en Jésus-Christ, à embrasser plus profondément la beauté et la
richesse de la différence sexuelle et à la défendre contre les fausses
idéologies.
Ayant maintenant établi les contextes
des questions abordées dans cette Exhortation, je vais maintenant répondre aux
questions énoncées ci-dessous :
Question n°1 : Qu'est-ce que
signifie être un homme catholique ?
Ecce
Homo - Voici l'homme
Tout homme, en particulier
aujourd'hui, doit parvenir à une acceptation mûre et à la compréhension de ce
que signifie être un homme. Cela peut
sembler évident, mais dans notre monde, il y a beaucoup d'images déformées et
beaucoup de confusions quant à ce qui touche à la masculinité. Pour la première
fois dans l'histoire, les gens sont devenus à ce point confus ou arrogants
qu’ils tentent de d’imposer la masculinité ou la féminité selon leurs propres
définitions.
À un moment marquant du procès de
Jésus, Ponce Pilate, avec toute sa puissance dans ce monde, présenta Jésus à la
foule avec les mots, Ecce homo – ce
qui signifie : Voici l'homme. Pensant
qu'Il était simplement un homme de Nazareth, il ne reconnut pas Dieu fait homme
– le Verbe fait chair, Jésus de Nazareth – à la fois pleinement Dieu et
pleinement homme, et la perfection de la masculinité. Chaque instant de Sa vie
sur terre est une révélation du mystère de ce que signifie être un homme – être
pleinement humain, et aussi le modèle de la masculinité. Nulle part ailleurs
pouvons-nous trouver la plénitude de la masculinité comme nous le pouvons dans
le Fils de Dieu. C’est en Jésus-Christ que nous distinguons le sommet de la
virilité et de la force dont nous avons
besoin dans nos vies personnelles et au sein de la société. Ce qui était
visible dans la vie terrestre du Christ conduit au mystère invisible de Sa
filiation divine et de Sa mission rédemptrice. Le Père a envoyé Son Fils pour
révéler ce que signifie être un homme, et la plénitude de cette révélation
devient évidente sur la Croix. Il nous a dit que c’est pour cette raison qu'Il
est venu dans le monde, que Son ardent désir est de Se donner totalement à nous
9. Là, réside la plénitude de la masculinité : chaque homme
catholique doit être prêt à se donner totalement, pour combler la brèche, pour
engager le combat spirituel, pour défendre les femmes, les enfants et les
autres contre la malignité et les embûches du démon !
Chercher ce que le monde séculier tient
pour viril revient à regarder des ombres – ou même purement et simplement des
contrefaçons – de la masculinité. Aucun athlète, si médaillé soit-il ;
aucun dirigeant politique, si puissant soit-il ; aucun artiste ; aucun
homme d'affaires ; aucune célébrité, si adulée soit-elle ; aucun
attribut physique ; aucune musculation ; aucune intelligence ;
aucun talent ; aucun prix ; aucune réalisation ne peut conférer la
masculinité à un homme. L'idolâtrie des célébrités du moment est une tentation
particulière, mais construire son identité masculine sur ces modèles éphémères revient
à construire son identité sur du sable. Mes fils et frères catholiques, nous ne
pouvons construire un certain fondement de la masculinité que sur le Rocher,
Jésus-Christ. Nous nous tournons vers notre Sauveur pour être transformé en
Lui, pour être les hommes que nous sommes appelés à être, et laisser les autres
Le voir en nous.
Pourtant, nous ne faisons pas que regarder Jésus. Nous Le rencontrons vraiment à la messe quand
nous recevons le don de Lui-même dans l'Eucharistie. Pour cette raison, je
demande à mes frères prêtres, afin d’éveiller le sens de la transcendance dans
le cœur des hommes, de veiller à offrir aux fidèles une liturgie respectueuse
et belle, aidant ainsi les hommes à redécouvrir Jésus dans l'Eucharistie chaque
dimanche. Je demande à mes frères prêtres de former les fidèles à la puissante vérité
de la liturgie, particulièrement en ce qui concerne les hommes. Former les
hommes à comprendre la plénitude et la puissance de la messe doit être une
priorité absolue. Quelle joie pour
les hommes de Dieu quand ils sont menés par des prêtres ayant conscience de
leur propre masculinité, de leur appel à participer à l'amour sponsal du
Christ, et de leur généreuse et vivifiante paternité !
Les
saints, nos héros de la foi
C’est ce que nos ancêtres, les
saints, ont fait pendant deux millénaires. Comme l'Évangile révèle la réalité
de la masculinité, nous pouvons également la percevoir dans le témoignage
héroïque des saints.
Les saints sont une sorte de
continuation des Évangiles, ils nous donnent des exemples de chemins variés de
sainteté. Ainsi, comme Jésus nous montre la perfection de la masculinité, les
saints, qui étaient inspirés par le Christ, nous permettent de la voir. Tout
comme un joueur de base-ball en herbe est entraîné par les célébrités de ce
sport, il faut que nous les hommes nous nous tournions vers ceux qui nous ont
précédés, et en recevions inspiration et encouragements pour mener le bon
combat.
Pensez aux compétences et aux talents
des différents joueurs de base-ball. Une jeune personne peut rêver de frapper
comme Babe Ruth, attraper et lancer comme Willie Mays, avoir l'agilité de Henry
Aaron, parvenir à la cohérence et au travail acharné de Lou Gehrig et Jackie
Robinson. Les jeunes lanceurs rêvent de lancer comme Cy Young et Randy Johnson.
En voyant chacun de ces joueurs jouer de différentes manières, ils acquièrent
l’amour du base-ball.
Ce que les hommes catholiques
cherchent est beaucoup plus grand qu’un jeu de balle. Les saints sont des
héros, cherchant à vivre comme le Christ, unis à Lui et cherchant à apprendre
de Lui en même temps. D'une manière dramatique à laquelle nous pouvons raccrocher,
la vie du saint dit Ecce homo ! C’est ce que saint Paul exprime quand il
écrit : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en
moi » (Galates 2, 20). Chaque
homme doit prendre la décision d'avoir un saint patron. Bien qu'il en existe
beaucoup d'autres, je propose les noms des dix saints qui doivent être
familiers à chaque homme catholique. À côté du nom de chaque saint est listée
la vertu avec laquelle il est associé, ainsi que le péché qui s’oppose à cette
vertu. Lorsque nous identifions notre péché et la vertu nécessaire, nous
pouvons identifier de quel saint l'intercession sera particulièrement
utile :
• Saint Joseph (confiance en Dieu / égoïsme)
• Saint Jean-Baptiste (humilité / arrogance)
• Saint Paul (adhésion à la vérité / médiocrité)
• Saint Michel Archange (obéissance à Dieu / dévergondage et
rébellion)
• Saint Benoît (prière et dévotion à Dieu / paresse)
• Saint François d'Assise (bonheur / moralisme)
• Saint Thomas More (intégrité / duplicité)
• Bienheureux Pier Giorgio Frassati (chasteté / luxure)
• Saint Josémaria Escriva (audace / peur du monde)
• Saint Jean-Paul II (défense des faibles / passivité)
On n'a même pas besoin de se tourner
vers un passé lointain pour trouver des héros de la foi. Nous avons vu saint Jean-Paul
II pardonner à celui qui a essayé de l’assassiner et, – après avoir recouvré la
santé – continuer sans relâche à appeler le monde à « ouvrir toutes
grandes les portes au Christ »10. Maintes et maintes fois, il
nous a exhortés : « N’ayez pas peur ! » Aujourd'hui, dans
certaines parties du monde où règne la persécution, nous voyons des courageux témoins
de la vérité se lever, tels les martyrs récents de Syrie, du Nigeria, d'Irak et
d'autres pays déchirés par la guerre. Nous nous souvenons aussi de nos
vingt-et-un frères coptes qui, l'hiver dernier, ont été décapités sur une plage
d’Égypte « seulement parce qu'ils
confessaient Christ »11, comme l’a souligné notre pape
François.
Messieurs, nous ne devons jamais
croire que la sainteté et le courage sont des choses du passé ! Vous et
moi sommes appelés à une sainteté qui montre le Christ au monde comme nos
ancêtres l'ont fait d'innombrables fois à travers l'histoire, guidés par le
Saint-Esprit. En effet, dans cette période d'audace croissante du mal, chaque
homme doit se préparer pour le martyre, sous quelque forme que cela peut
prendre, et doit transmettre à ses enfants et petits-enfants la volonté de
faire la même chose.
Le Seigneur pourrait-Il ne pas
continuer à inspirer les hommes ? Non, bien sûr, Il continue, et Il
continuera ! Notre préoccupation n’est pas de savoir si le Seigneur nous donnera la force nécessaire, mais comment Il nous la donne dès maintenant.
Comment Son Esprit nous pousse-t-Il à nous lever et à rejeter la résignation
dans cette culture d’absence du père ? Comment nous donne-t-Il maintenant
la force intérieure dans cette culture de pornographie ? Comment nous aide-t-Il
maintenant à regarder au-delà de nous-mêmes et de notre technologie vers les
périphéries où le Christ est si nécessaire ? Comment le Seigneur est-Il,
pour vous et moi, une source d'inspiration nous aidant à mettre de côté les
préoccupations concernant notre propre confort, nous engageant à servir notre
prochain, nous poussant vers l’eau profonde de la brèche ?
Je vous encourage fortement à vous
familiariser avec la vie des saints. Tout comme un jeune joueur de base-ball perdrait
beaucoup de n’avoir jamais étudié les grands de Cooperstown, nous perdrions
beaucoup si nous ignorions les saints qui nous ont précédés dans ce hall infiniment plus glorieux qu’est le
Ciel.
L'identité
de l'homme catholique
Je voudrais maintenant vous parler de
notre identité dans le Christ. La plupart des hommes saints – je l'ai mentionné
plus haut – ont vécu à une époque tout à fait différente de la nôtre. Ils
avaient des défis différents et des professions différentes ; mais tous
avaient une chose en commun : Jésus-Christ, qui leur a donné leur véritable identité. Nous rappelons ici
la sagesse du Concile Vatican II : « Le Christ, dans la révélation
même du mystère du Père et de Son amour, manifeste pleinement l’homme à
lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation »12.
De manière subtile, nous sommes
tentés de regarder ailleurs pour notre identité. Les opinions des autres ;
le succès de nos carrières ; la quantité de biens, jouets, sports, loisirs,
vêtements, tatouages, maisons et voitures : ce sont tous des moyens qui
nous tentent afin d'étiqueter ou de nous identifier en dehors du Christ. Même
si, dans une certaine mesure, certains de ces thèmes font partie de la vie, ils ne sont pas le cœur de notre être. Après avoir été rachetés par le sang de
l'Agneau, « notre citoyenneté est dans les cieux » (Philippiens 3, 20). Le monde ne peut
nous donner notre véritable identité : « Si nous vivons, nous vivons
pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur » (Romains 14, 8). Nous devons être
conscients d'être distrait par de fausses identités, et toujours rester ancrés
en Jésus-Christ.
Autrement dit, notre identité est enracinée
dans l'identité du Fils éternel de Dieu. Elle est reçue à notre baptême comme
cela a été clairement exprimé lors du baptême de Jésus dans le Jourdain :
« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Marc 1, 11). Quand nous parlons de
conversion, nous parlons d'une acceptation et de la croissance dans cette
identité. Quand nous parlons de péché, nous parlons de tout ce qui nous éloigne
de notre identité en tant que fils bien-aimés du Père. Puisque c'est notre
identité – être fils bien-aimés de Dieu le Père – est-il surprenant que le
diable mène une bataille féroce envers la masculinité et la paternité de nos
jours ? La conversion chrétienne suppose la connaissance de l’amour de
Dieu, puis l’expérience de la fraternité avec le Christ qui approfondit notre
identité en tant que Fils du Père, dans l'Esprit Saint. Ceci est notre objectif
permanent et notre combat spirituel.
Fils
bien-aimés et libres, appelés au combat
Penchons-nous sur l'apôtre Jean, le disciple
bien-aimé, afin d’avoir un aperçu du combat. Dans sa première Épître, saint Jean parle de la triple tentation
à laquelle nous faisons face : « la convoitise de la chair, la
convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse » (1 Jean
2, 16). Tous les péchés ne sont-ils liés à ces trois tentations ? Jean
met le doigt sur ce que chacun de nous doit combattre en soi. Le Christ se bat
spécifiquement contre ces tentations pendant sa rencontre avec Satan dans le
désert (Matthieu 4), puis nous donne
des instructions dans le Sermon sur la
montagne (Matthieu 6) sur la
manière de combattre.
Se détournant des passions de la
chair, Jésus a rejeté le pain de Satan dans le désert, et dans le Sermon sur la montagne, à deux reprises,
il nous commande de jeûner (Matthieu 6,
16). Notez que le Seigneur ne dit pas "si vous jeûnez », mais plutôt « quand tu jeûnes ». Le jeûne est une école de connaissance de
soi, une arme essentielle pour la maîtrise de soi. Si nous ne disposons pas de
pouvoir sur nos passions, en particulier en ce qui concerne la nourriture et le
sexe, nous ne pouvons pas nous appartenir et prendre en compte l’intérêt de l’autre
en face de nous.
Pour soumettre Jésus à la tentation
du pouvoir, Satan lui a offert « tous les royaumes du monde et leur
gloire » (Matthieu 4, 8) ;
mais encore une fois, Jésus a refusé. Cela nous montre que le Christ nous
appelle à nous libérer de la tentation de gagner le monde au prix de nos âmes.
Souvent, Satan ne tente pas par les personnes, mais à travers des objets comme
une voiture, une maison, ou les dernières technologies à haute vitesse. Les
messages tentants pour attraper le bonheur à travers les possessions ne
manquent pas. Nous nous rappelons comment le jeune homme riche achève tristement
sa rencontre avec Jésus, parce qu’il
avait de grands biens (Luc 18, 23).
Le pape François nous le rappelle : « plus le cœur de la personne est
vide, plus cette personne a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer »13.
Avec Jésus, nous sommes appelés à chercher une simplicité de vie qui nous libère
pour notre mission dans le Christ.
La troisième attaque de Satan sur
Jésus dans le désert porte sur l’orgueil. Satan tente de convaincre notre
Seigneur d'utiliser son pouvoir à des fins égoïstes, mais Jésus rejette cette
gloire facile et choisit la voie de l'humilité. Dans le Sermon sur la montagne, il nous exhorte à l'humilité non pas une
mais deux fois en répétant : « quand vous priez » (Matthieu 6, 5). En effet, la plus grande
protection face à l'orgueil et à l'autosuffisance est de se tourner humblement
vers Dieu dans la prière. Les réseaux sociaux, sur lesquels nous pouvons
constamment nous afficher et parler de nous-mêmes, peuvent conduire à un type
d'idolâtrie qui nous consume. Une prière sincère nous enracinera et nous aidera
à éviter cette tentation.
Messieurs, ce besoin de pasteurs pour
entraîner les hommes au combat, dans la richesse d'une vie intérieure toute
tournée vers Dieu, n'a rien de nouveau. Écoutez les paroles de saint Jean-Paul
II quand, en tant qu’archevêque de Cracovie, il parla aux garçons étudiants en
1962 :
Nous
sommes toujours prêts à prendre, ou à conquérir, en termes de plaisir, de
profit, de gain et de succès – et même dans l'ordre moral. Vient ensuite la
question de donner, et à ce stade nous restons accrochés, parce que nous ne
sommes pas prêts à donner. Cet élan vers le don, qui est si caractéristique
sous d'autres formes dans le portrait spirituel des femmes, est à peine
perceptible chez les hommes... Dans notre attitude religieuse, nous avons une
tendance ‘Nicodème’, vers un type de dévotion qui se caractérise peut-être
seulement par une discrétion apparente, mais très souvent aussi par la crainte
de ce que les autres pourraient penser... Ce catholicisme masculin n’est pas assez
intérieur, pas assez profond ; l’homme croyant n'a pas une vraie vie
intérieure... nous, les hommes, n’avons pas une vie intérieure suffisamment
profonde.
L'être humain est une créature, et
donc, en lien avec Dieu, un récepteur d'amour et de courage avant de pouvoir le
redonner à l’autre. L’Église exprime cette vérité fondamentale par cette
fameuse sentence : Nemo potest osent
quod non habet. Vous ne pouvez pas donner ce que vous n'avez pas. Marie
notre Mère, la grande réceptrice de l'amour de Dieu, dans son corps même, est
le modèle pour nous en tant que catholiques ; mais il n’y a pas seulement
Marie : chaque grand Saint est un grand pourvoyeur d’amour dans l'histoire
de notre Église. Il n'y a pas de raccourci vers la sainteté, pour être les
hommes catholiques que nous sommes appelés à être. Il n'y a pas de raccourci nous
permettant d’éviter la lutte intérieure que chacun de nous doit engager !
Dans la prière et les sacrements nous
recevons l'amour et la miséricorde de Dieu : le Seigneur nous donne aussi
des armes sûres pour le bon combat dont
parle saint Paul :
Revêtez
l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les
manœuvres du diable. Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de
chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés,
les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. Pour
cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez
résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir
bon. Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant
la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile
de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra
d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et le glaive de
l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu.
Éphésiens 6, 11-17
Nous pouvons être tentés de
dire : « Quand ce triple combat sera derrière moi, je pourrai
commencer à vivre ma vie de sainteté », mais ceci est un mensonge !
C’est précisément dans le cadre de ce
combat que nous devenons saints. Comme le disait le bienheureux Pier
Giorgio Frassati : « Vivre sans foi, sans un patrimoine à défendre,
sans une lutte constante pour la vérité, n’est pas vivre, mais exister ».
Est-ce que vous et moi sommes simplement existants ? Ou bien vivons-nous
notre foi chrétienne tels des hommes pleinement vivants ? Rappelez-vous
les mots célèbres du pape émérite Benoît XVI : « Le monde vous promet
le confort, mais n'avez pas été faits pour le confort ; vous avez été faits
pour la grandeur ». Toute notre grandeur d’hommes catholiques vient de notre
combat pour la sainteté. C’est le même combat que celui de Jésus-Christ dans le
désert, que celui de nos ancêtres chrétiens pour la transmission de leur foi.
Malheur à nous si nous ne choisissons pas les armes de l'Esprit – offertes
librement – et ne les acceptons pas avec courage et reconnaissance !
Courage, confiance, et humble dépendance vis-à-vis des ressources infinies de
Dieu sont appelés pour ici que nous nous engagions. En avant, dans la brèche !
Les
pratiques d'un homme catholique engagé
Compte tenu de ces réflexions sur la masculinité
catholique, nous passons à la phase suivante, qui est : comment vivre en
homme catholique ? Quelles pratiques
peuvent nous aider à prendre notre croix et suivre notre Roi ?
Que penserions-nous de soldats qui ne
se maintiendraient pas en bonne forme physique et mentale, et qui ne seraient
pas aptes à pratiquer les techniques de combat de base ? nous savons
qu'ils ne seront pas prêts pour le combat, et seront un danger pour eux-mêmes
et leurs compagnons d'armes. La même chose est vraie pour les hommes
catholiques : ceux qui ne se préparent pas et ne s’arment pas pour le
combat spirituel seront incapables de combler la brèche pour le Christ. Bien
qu'il existe de nombreuses habitudes et dévotions qu'un homme catholique peut
pratiquer, je vous adjure de maintenir ces sept pratiques de base sur une base
quotidienne, hebdomadaire et mensuelle. Si ces pratiques ne font pas encore partie de votre vie, commencez
dès maintenant !
TOUS LES JOURS
1. Priez tous les jours. Chaque homme catholique doit commencer sa
journée par la prière. Il est dit : « Jusqu'à ce que vous vous rendez
compte que la prière est la chose la plus importante dans la vie, vous n’aurez jamais assez de temps pour la prière ».
Sans la prière, un homme est comme un soldat qui n'a pas de nourriture, d'eau,
et de munitions. Réservez un temps pour parler avec Dieu chaque matin. Priez
les trois prières essentielles à la foi catholique : le Notre Père, le Je vous salue Marie, et le Gloire
au Père. Priez aussi à chaque repas : avant que la nourriture ou la
boisson ne touche vos lèvres, faites le signe de la croix, dites le Bénédicité, et terminez par le signe de
la croix. Peu importe où vous êtes, avec qui ou ce que vous mangez. Osez,
n’ayez jamais honte de prier avant chaque repas, ne reniez jamais le Christ,
ayez pour Lui la reconnaissance qui Lui est due. Prier avant chaque repas est
un moyen simple mais puissant pour garder la force de combler la brèche.
2. Examinez votre conscience avant d'aller dormir. Prenez quelques
instants pour examiner la journée, à la fois vos belles actions et vos péchés.
Rendez grâce à Dieu pour les belles actions, demandez pardon pour les péchés.
Dites un acte de contrition.
HEBDOMADAIRE
3. Allez à la messe. En dépit du fait que la messe dominicale est un
précepte de l'Église, seulement un homme catholique sur trois y participe. Cette
négligence à assister à la messe est un péché grave, un péché qui met en danger
de mort.
La messe est un refuge au milieu de
la bataille spirituelle, où les hommes catholiques rencontrent leur Roi,
entendent Ses commandements, et sont renforcés du Pain de Vie. Chaque messe est
un miracle où Jésus-Christ est pleinement présent, un miracle qui est le point
non seulement de la semaine, mais de toute notre vie sur Terre. Au cours de la
messe, l’homme rend grâce à Dieu pour ses nombreuses bénédictions et entend le
Christ l’envoyer à nouveau dans le monde pour construire le Royaume de Dieu.
Les pères qui conduisent leurs enfants à la messe contribuent d’une manière
très réelle à leur salut éternel.
4. Lisez la Bible. Saint Jérôme nous le dit clairement :
« Ignorer les Saintes Écritures, c’est ignorer le Christ ». Quand
nous lisons la Parole de Dieu, Jésus est présent. Hommes mariés, lisez-la avec
votre femme et vos enfants ! Si les enfants d'un homme le voient lire les Écritures,
ils seront plus susceptibles de rester dans la foi. Mes frères en Christ, voici
ce que je peux vous assurer : les hommes qui lisent la Bible grandissent
dans la grâce, la sagesse et la paix.
5. Le dimanche, observez le Sabbat. Dès la création d'Adam et Ève,
Dieu le Père a créé un cycle hebdomadaire se terminant avec le sabbat. Il nous
a donné le sabbat pour qu'un jour sur sept, nous puissions Lui rendre grâce, nous
reposer, et être ressourcés. Dans les dix commandements, Dieu affirme à nouveau
l'importance de garder le sabbat.
Au milieu la pression consumériste et
de la cacophonie des médias, le sabbat est le répit de Dieu dans la tempête.
Comme hommes catholiques, vous devez commencer ou approfondir la sanctification
du dimanche. Si vous êtes marié, vous devez pousser votre femme et vos enfants
à faire de même. Consacrez cette journée au repos et aux vrais loisirs, évitez
les travaux qui ne sont pas nécessaires. Passez du temps avec votre famille,
assistez à la messe, et profitez pleinement du don de la journée.
MENSUEL
6. Confessez-vous. Dès le début du ministère public de Christ, Jésus
appelle tous les hommes à se repentir. Sans repentance du péché, il ne peut y
avoir de guérison ou de rémission, et il n'y aura pas de Ciel. Un grand nombre
d'hommes catholiques sont en danger de mort, en particulier en raison de l’épidémie
de la pornographie et du péché de la masturbation. Mes frères, confessez-vous
maintenant ! Notre Seigneur Jésus-Christ est un Roi miséricordieux qui
pardonne ceux qui confessent humblement leurs péchés. Il ne pourra pardonner à
ceux qui refusent Sa miséricorde. Ouvrez votre âme au don de la miséricorde de
notre Seigneur !
7. Construisez une fraternité d’hommes catholiques. Une amitié catholique
a un grand impact sur la vie de foi. Les hommes qui ont des liens de fraternité
avec d'autres hommes catholiques prient plus, vont plus à la messe, se
confessent plus souvent, lisent plus les Écritures, et sont plus actifs dans la
foi.
Le Livre des Proverbes nous
dit : « Le fer s’aiguise avec le fer, et l’homme s’aiguise à rencontrer
son prochain ! » (Proverbes 27,
17). Je demande à chacun de nos prêtres et diacres de relier les hommes entre
eux au sein des paroisses et de commencer à construire une fraternité
catholique dynamique et transformatrice. Je demande aux laïcs de former des
petits groupes de soutien mutuel et de croissance dans la foi. Aucune amitié
n’est comparable à une amitié dans le Christ !
Question n°2 : Comment aime un homme
catholique ?
Considérons maintenant l'amour
masculin. Ce n'est pas facile à faire parce que le mot amour a presque perdu
son sens dans la société d'aujourd'hui. C’est même un mot que les hommes hésitent
à employer. Pourquoi ? Que signifie ce mot maintenant ? Un simple
sentiment ? Quelque chose qui passe ? Un mot de cinq lettres utile pour
le marketing et les cartes de vœux, mais pour si peu de choses ?
Jésus-Christ montre clairement que le
centre de Sa mission est l'amour. « Aimez-vous comme je vous ai
aimés » (Jean 15, 12). Il le dit
avec passion, mais sans le moindre soupçon de sentimentalité. Tous les
enseignements de notre Seigneur se résument à cette ordre. L'amour n’est pas un
à-côté ; il est notre mission
elle-même. Pourtant, nous ne pouvons qu’aimer comme nous sommes créés, et par
conséquent, nous ne pouvons qu’aimer en hommes. Alors, comment les hommes
aiment-ils ?
Depuis des décennies, le modèle de
virilité a été influencé par la personnalité de James Bond. Tour à tour divers
acteurs ont incarné cet homme qui donne une certaine image de la virilité. Mais
Bond reste une énigme. Comme les femmes qu'il utilise dans les films, ceux qui le
regardent ont envie de le connaître. Il n'est jamais père, il n'accepte ni la
responsabilité ni l'amour d'une femme. En lui, nous voyons un homme dont les
relations sont peu profondes et purement utilitaires. « James Bond est un
personnage dont le nom même est suprêmement ironique. Il a 40 ans et n'a aucune
obligation. Il est, en fait,
pathétique »14.
Comme Jésus-Christ est différent de
cela ! Y a-t-il une peur en lui ? Pas la moindre ! Qui est un
homme ? celui qui fuit ou celui qui peut faire face aux responsabilités et
aux défis des relations, de la famille et de l'intimité ? Un homme qui a
peur du don de soi pourrait-il être un vrai disciple du Christ ? En fait, un
tel homme est-il simplement capable d’aimer ?
Le nom de James Bond est le comble de
l'ironie, parce que c’est un homme sans obligations. Alors qu’un véritable
amour masculin est toujours une construction de liens. Sur la Croix et à travers
l'Eucharistie, Jésus donne Son vrai sang pour nous lier à Lui-même, dans
l'amour. Lors de la dernière Cène, nous offrant l'Eucharistie, Sa prière au
Père est « pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes nous sommes un » (Jean 17, 11). Comme Il le proclame, Son engagement
d’amour est d’attirer tous les hommes à Lui-même
(Jean 12, 32). Dans sa racine latine,
le mot religion signifie lier ensemble.
Ainsi, il n’est pas étonnant que dans une culture d'obligations brisées, de
peurs de l'engagement, nous entendions souvent : je suis spirituel, mais pas religieux. Satan aussi est spirituel, mais pas religieux ! Un
homme qui vit sans l’engagement du don de soi mérite notre pitié, pas notre
admiration.
Dans ce contexte, je dois mentionner
ce qu'on appelle le machisme et appeler les hommes catholiques à ne pas y
succomber. Le machiste tente de se rassurer en donnant une image de dureté et d’insensibilité.
Cette image n’est qu’un masque recouvrant la profonde peur intérieure d’un lien véritable avec l’autre, des obligations qu’entraînent une vraie
relation et qui rendent la vie riche et signifiante. Derrière le masque, comme
toute personne mature peut le voir, il y a un homme coincé dans une peur adolescente
de la vulnérabilité. Dans la plupart
des cas, il a été lui-même gravement blessé, et il répète un cycle appris dans
l'enfance.
Au lieu de cela, le véritable amour
du Christ est centré sur le bien de l'autre, sur la charité pour les autres.
Ceci est la façon dont le Fils révèle l'amour du Père : « Comme le
Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés [...]. Ceci est mon
commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »
(Jean 15, 9 ; 12) . Dans le
Christ, nous voyons que le sacrifice est au cœur de l'amour. Seul l'homme qui a
livré la bataille intérieure de la maîtrise de soi contre la fermeture, l'homme
qui donne sa vie pour les autres, peut éviter la stagnation et la stérilité. N’en
doutez jamais : ce sacrifice vaut plus que la souffrance qu’il entraîne !
Notre Seigneur encourage les hommes à dire, « Il n’y a pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15, 13).
Trois
amours masculins : ami, mari, père
1.
Un ami dans le Christ – Une compagnie de frères
Au commencement de son ministère sur
la terre, Jésus a appelé les autres hommes à se joindre à lui. Que nous
enseigne-t-Il ? Jésus appelle Ses disciples d'une manière telle qu'ils créent
entre eux des liens profonds d'amitié et de fraternité. Lors de la dernière
Cène, Il leur dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le
serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car
tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître »(Jean 15, 15). Cette amitié avec Dieu est
possible, cette vraie fraternité avec Jésus est possible, parce que nous avons
le même Père. Avez-vous, mes fils, avez-vous de vrais frères en Christ dans
votre vie ?
Tout au long de l'histoire, y compris
de l'histoire du christianisme, les mouvements importants ont été stimulés par
des compagnies de frères, amis dans le Christ. Les premiers Pères de l'Église,
saint Grégoire de Nazianze et saint Basile, grands amis et frères dans la
défense du Christ, ont combattu ensemble pour la vérité et ont vaincu les
hérésies menaçant l'Église. Saint-Benoît et ses compagnons monastiques ont établi
des communautés d'hommes qui ont préservé et renforcé la culture occidentale
face à la destruction barbare. Cette véritable forteresse spirituelle protégeant
la vérité, la bonté et la beauté a été construite solidement sur la fraternité
chrétienne et l'amitié. Saint François d'Assise et saint Dominique ont chacun
commencé leurs apostolats au service des pauvres et pour la défense de la
vérité au sein de groupes d’amis. Ensemble, les premiers fondateurs de la
Compagnie de Jésus, saint Ignace de Loyola et saint François-Xavier, ont influencé
d'innombrables autres hommes, ont provoqué un grand renouveau dans l'Église, et
ont évangélisé aux confins du monde. Au XXe siècle, nous voyons
l'amitié entre C.S. Lewis, J.R.R. Tolkien et leurs frères du groupe des Inklings indispensable à la croissance
et à l'épanouissement de leurs dons littéraires et apologétiques.
Qu'est-ce que l'amitié ? Qui est
un ami, un frère ? Les Écritures nous disent : « On a des amis
en tout temps, mais un frère est là pour le temps de la détresse » (Proverbes 17, 17). Je suis convaincu que
si les hommes cherchaient la vraie fraternité, les adversités que nous rencontrons
aujourd'hui consolideraient les compagnies de frères, qui seraient célébrées
dans le ciel !
Par conséquent, Messieurs,
demandez-vous : quels sont vos vrais amis ? Avez-vous des amis avec
lesquels vous échangez sur votre vocation à la sainteté ? Souvent, les
jeunes hommes découvrent au séminaire la valeur des amitiés centrées sur le
Christ, et leur vie en est transformée. Cette amitié ne se limite pas aux
ordres religieux et aux prêtres. Le renouvellement de la masculinité ne pourra
pas se produire sans regroupements de frères et d’amis fidèles. Dans ma propre
vie, depuis ma première année en tant que prêtre, je suis richement béni par
des frères prêtres dans la Jesus Caritas
Fraternity 15. Leur engagement à l'adoration eucharistique
et à la simplicité de la vie, leur fidélité au Christ dans le célibat et la
prière quotidienne, leur amour fraternel, leurs sages conseils, et leurs
encouragements m’ont bellement influencé et m'ont incité à persévérer dans ma
propre mission dans le Christ. Ce fut une joie de voir comment la fraternité
dans notre diocèse a grandi et prospéré grâce à votre participation dans les Mens Conférences, les Chevaliers de Colomb, les That Man is You, le Cursillo Movement, et d’autres groupes ou événements. Il y a de la
place pour se développer, bien sûr, mais déjà les fruits de l'Esprit sont
évidents parmi ces frères et amis catholiques.
À l'inverse, nous avons vu ce qui se
passe quand les hommes, jeunes ou vieux, ne forment ou ne maintiennent les
amitiés. Beaucoup, en regardant aux mauvais endroits, se trouvent dans la
fausse fraternité des gangs, ou sans fraternité du tout, isolés et seuls, et manquent
de ces expériences formatrices de la confiance et de la communion que seule une
vraie amitié procure.
Des études ont montré que beaucoup
d'hommes ont aujourd'hui des vies sans amis 16. Cette situation
a un retentissement sur les mariages, dans lesquels les hommes n’ont aucun
soutien affectif en dehors de leurs épouses, ainsi que sur les enfants, qui
devraient voir de vrais amis dans la vie de leurs parents, mais souvent ne les
voient pas. Quelle bénédiction d'avoir la présence de bons amis fidèles pour
fournir les encouragements et la confiance dont nous avons besoin pour être
libres ! En effet, comme les Écritures nous le disent : « Le fer
s’aiguise avec le fer, et l’homme s’aiguise à rencontrer son prochain ! »
(Proverbes 27, 17).
2.
L'homme comme mari - Le but de l’éros masculin
Maintenant, cherchons à comprendre
plus profondément la vocation de l'homme à l'amour conjugal. Tout homme est
fait pour vivre comme un mari et un père, en quelque sorte : « Dieu
assigne la dignité de chaque femme comme une tâche à tout homme »17.
Chaque homme est appelé à s’engager et à se donner lui-même complètement. Pour
la plupart des hommes, cet appel est le mariage, mais pour d'autres, cet appel
est à la prêtrise ou à un autre don de soi sincère et total au service de Dieu.
Pourtant, de nos jours, un tel engagement est souvent considéré comme une chose
classique, et même ennuyeuse ; une chose qui limite la liberté, ou menace
l'amour. Rien ne pourrait être aussi loin de la vérité ! Au lieu de cela,
je vous rappelle les paroles de saint Josémaria Escriva : « Il y a un
besoin pour une croisade de virilité et de pureté, afin de contrer et réduire à
néant le travail sauvage de ceux qui pensent que l'homme n’est qu’une bête. Et
cette croisade est votre tâche »18.
La préparation de ce don sponsal
sincère et complet coïncide avec la croissance d'un homme dans la masculinité.
Les années uniques de la vie d'un
jeune homme sont destinées à cette croissance ; ce n’est pas un temps de
simple attente passive, encore moins un temps de faiblesse pour le péché.
« La jeunesse n'a pas été faite pour le plaisir, mais pour
l'héroïsme », dit Paul Claudel, le grand dramaturge catholique français.
Je vous exhorte, jeunes hommes, à vous préparer pour le mariage avant même de
rencontrer votre future épouse. Cette
entraînement au sacrifice, cet amour de votre épouse avant même de la
rencontrer, vous permettra de dire un jour : « Avant de te connaître,
je t'étais déjà fidèle ».
Grâce à l'amour conjugal, les hommes bénéficient
d’une force qui endure, une force que le monde attend, une force qui permettra
de consolider notre société en ruine. Certes, cet amour n’est pas exempt de
périodes de difficultés et de souffrances. Aucune vocation ne l’est ! Cependant,
avec saint Paul, nous estimons « qu’il n’y a pas de commune mesure entre
les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous »
(Romains 8, 18). C’est la gloire de
la vocation de l'homme d'être un mari.
Quand le grand saint Jean-Paul II a
parlé d'une signification sponsale du
corps, il a laissé entendre que nous, les hommes, sommes tous appelés en
quelque sorte à cet amour conjugal 19. Autrement dit, un amour
engagé, un amour qui donne la vie, à la recherche du bien de ceux pour qui l'homme
s’est engagé. Quand un homme est appelé à l'amour sponsal dans le mariage et la
vie familiale, le sacerdoce, ou une consécration au Seigneur, il est appelé à
une grande et signifiante vie. En effet, si nous fuyons cette bataille en
raison de ses défis, nous resterons secs. Ceux qui arrivent au face-à-Face avec
Dieu, après cette vie, sans aucune des cicatrices sacrificielles du mari, « auront
honte de leur noblesse, quand ils verront l’un de ceux qui auront combattu avec
nous »20.
Laissez-moi parler maintenant
spécifiquement aux hommes appelés à l'amour conjugal dans le mariage. Ceci est
un appel à la dignité et la beauté de cette union, qui est le symbole de
l'amour sponsal du Christ pour l'Église. Saint Paul explique cette relation
dans son instruction aux maris, en disant :
Vous,
les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : Il a aimé l’Église, Il s’est
livré Lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain
de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; Il voulait se la présenter
à Lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel
; Il la voulait sainte et immaculée. C’est de la même façon que les maris
doivent aimer leur femme : comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme
s’aime soi-même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire,
on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce
que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : à cause de
cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous
deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au
Christ et à l’Église.
Éphésiens 5, 25-32
Le mariage en Christ n’est pas seulement
une entreprise humaine. Il est bien plus élevé : c’est un grand mystère. Le désir humain de
l'amour est, en quelque sorte, un désir d'infini et d’amour éternel. Dans le
sacrement du mariage, l'amour humain est compris dans l'amour infini et éternel
de Dieu 21. C’est la gloire des hommes ! Appelés au mariage,
vous êtes appelés à être comme le Christ pour votre épouse. Parce que cet amour
vous unit sacramentellement, vous et votre conjoint, avec l'amour infini que le
Christ a pour chacun de vous. Ainsi, votre mariage sacramentel dépasse les
limites du mariage naturel et accomplit pleinement le caractère infini et
éternel auquel chaque amour aspire.
Nous arrivons ici à l'épicentre de la
bataille masculine dans notre temps, le lien entre la vie et l'amour : la
sexualité, ce don de Dieu. La nécessité de développer la chasteté dans votre
vie, mes fils, ne pourra jamais être assez soulignée.
Bien qu'une grande partie de notre
culture ne peut pas comprendre pleinement, et donc encourager cet engagement, nous
ne devrions en aucun cas être découragés par la grandeur de cet amour sponsal
auquel nous sommes appelés. Au contraire, nous sommes bénis d'être appelés à
proclamer cette vérité au moment où c’est le plus indispensable. Ce faisant,
vous rayonnerez la lumière du Christ dans une société assombrie par ce qui a
toujours mis en danger l'amour conjugal. Notre catéchisme nomme clairement :
« la discorde, l’esprit de domination, l’infidélité, la jalousie, les
conflits qui peuvent aller jusqu’à la haine et la rupture [...], le repliement
sur soi-même, l’égoïsme, la quête de son propre plaisir »22.
Nous pourrions ajouter ici la pornographie, toujours toxique pour les
participants et les observateurs, et cette sous-culture du hook-up qui déconnecte entièrement les rencontres sexuelles de la
relation humaine.
Comment se fait-il qu'une culture si résolue
dans son soutien à l’engagement du mariage et des conjoints, il y a encore deux
générations soit devenue une culture réduisant la sexualité à un simple objectif
de plaisir égoïste ? La réponse est la révolution
sexuelle. Pour beaucoup, la révolution sexuelle a promis un amour libre, une libération de ces chaînes vieillottes
que seraient la masculinité et la féminité. Il en a résulté cette séparation entre
la sexualité et l’engagement du mariage, et ce choix très répandu en faveur de
la stérilité (qu’elle soit chimique chirurgicale), équivalant à une négation de
ce qui est le plus essentiellement masculin et féminin dans la personne. Pire encore,
la révolution sexuelle nous a emmenés vers les fléaux de l'avortement, de la
pornographie et de la violence sexuelle si répandus au cours des dernières
décennies. Au lieu de l'amour véritable et authentique, cette fausse liberté
offre des plaisirs à bas prix, qui masquent une solitude plus profonde et la souffrance.
Au lieu de la sécurité des obligations familiales traditionnelles, il laisse
les enfants dans la nostalgie de la stabilité d'une mère et de l'amour d'un
père. Au lieu de la liberté qui vient avec l'acceptation de la vérité de la
conception de Dieu pour l'amour humain entre un homme et une femme, la
révolution sexuelle s’est arrogamment rebellée contre la nature humaine, une
nature qui ne pourra jamais prospérer dans la confusion et le manque de
maîtrise de soi. Et l'amour promis par la révolution sexuelle n'a jamais été
retrouvé. Dans son sillage, des épaves, d'innombrables cœurs déchirés par la
crainte de souffrances pires encore, des vies brisées, des foyers brisés, des
rêves brisés, et cette terrible conviction que l'amour n’est plus possible pour
soi. Ceci est le fruit véreux de la révolution sexuelle.
Il va de soi que si l'amour est notre
désir le plus profond, la destruction de l'amour va nous détruire et causer
encore plus de souffrances, des blessures encore plus profondes. Alors… par où
commencer ? Où allons-nous commencer à reconstruire ? Que réparerons-nous
d'abord ?
Mes
fils et frères, nous devons commencer par nous-mêmes !
Si je peux revenir à l'analogie de
l'athlète, nous voyons qu'aucun champion n’atteint l’excellence sans discipline
dans la pratique, et sans entraînement régulier. Il doit être un maître de
lui-même ; il doit posséder la maîtrise de soi. Pour l'homme appelé à
vivre l'amour conjugal, cette maîtrise de soi trouve son point culminant dans
la vertu de chasteté. Nous devons voir la chasteté masculine pour ce qu'elle
est, alors que trop souvent, cette vertu est considérée sous une lumière
négative, comme quelque chose de faible. Rien ne pourrait être plus faux !
La chasteté est une force, un rejet de l'esclavage lié aux passions. Les
chrétiens ont toujours cru que la chasteté, que ce soit dans le mariage ou le
célibat, est une libération de l'esclavage du péché et de nos passions.
Pour comprendre la chasteté, nous
devons entrevoir Dieu : « Dieu est amour. Il vit en Lui-même un
mystère de communion et d’amour. En créant l’humanité de l’homme et de la femme
à Son image... Dieu inscrit en cette humanité la vocation – et donc la capacité et la responsabilité correspondantes
– à l’amour et à la communion »23. L'amour
que nous vivons en tant qu’hommes est une participation et une démonstration de
l'amour de Dieu. Ayant reçu une dignité égale, les femmes, bien sûr, démontrent
également l'amour de Dieu ; et pourtant il y a une différence dans la
façon dont nous le faisons. Pour les hommes et les femmes, « la sexualité
affecte tous les aspects de la personne humaine, dans l’unité de son corps et de
son âme. Elle concerne particulièrement l’affectivité, la capacité d’aimer et
de procréer, et, d’une manière plus générale, l’aptitude à nouer des liens de
communion avec autrui »24. La vertu de la chasteté est...
...
l’intégration réussie de la sexualité dans la personne, et par là l’unité intérieure
de l’homme dans son être corporel et spirituel. La sexualité, en laquelle
s’exprime l’appartenance de l’homme au monde corporel et biologique, devient
personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la relation de
personne à personne, dans le don mutuel entier et temporellement illimité, de
l’homme et de la femme. 25
La chasteté nous permet de maîtriser
et de bien vivre cette vocation d'être des hommes de communion authentique.
Ici, permettez-moi de rappeler les
mots cruciaux de Jésus concernant « tout homme qui regarde une femme avec
convoitise » : il « a déjà commis l’adultère avec elle dans son
cœur » (Matthieu 5, 28). Cela me
conduit à vous appeler à une attention particulière envers ces actes qui sont
(à tort) considérés comme normaux, et même encouragés dans la culture
d'aujourd'hui. Je parle ici de la pornographie et de la masturbation. Les
effets néfastes de ces habitudes cachées et narcissiques entraînent l'homme
dans une direction qui est exactement à l’opposé de l'amour. Au cours de ces
pratiques, l’homme apprend rien de plus que l’instrumentalisation de soi et de
l’autre. Au lieu de donner la vie, au lieu de donner gratuitement son amour, il
apprend à se contenter de plaisirs stériles et égocentriques. Rappelons encore
une fois les paroles de Jésus :
Vous
avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi,
je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis
l’adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne ta chute,
arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes
membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne. Et si ta main
droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour
toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille
dans la géhenne.
Matthieu 5, 27-30
Avec ces paroles prophétiques, Jésus annonce
la pornographie moderne qui alimente la convoitise des yeux. Il utilise
l'hyperbole, des mots forts : l’arrachement de l’œil et la mutilation de
la main, afin de nous convaincre qu'une action urgente est nécessaire. La pornographie
laisse non seulement un homme en danger d'enfer, mais elle détruit également
les liens avec son conjoint, une destruction semblable à celle causée par
l'adultère. En d'autres termes, il faut penser à la pornographie comme un acte aussi grave que l'adultère. Tenter
d'aimer une autre personne tout en se livrant à cette pratique narcissique,
sans être transformé par la miséricorde, causera certainement beaucoup de
dégâts.
Pour lutter contre la tentation de la
pornographie, il est important de considérer honnêtement les facteurs entourant
cette tentation. Souvent la solitude, l'ennui, la colère, l'insécurité ou le
stress. Comprendre le contexte d'une tentation nous permettra d’implorer Dieu
d'envoyer sa Grâce pour commencer à déjouer les tactiques du diable. Le sacrement
de la confession est ce lieu de la Grâce et du soutien surabondant. Jésus
dit : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Matthieu 5, 8). Ce n’est pas simplement
une promesse concernant le Ciel ! Cette promesse s’accomplit pour nous dès
maintenant, dans notre vie quotidienne. Les saints attestent cette vérité. En
construisant votre pureté du cœur, Messieurs, vous ne verrez pas seulement Dieu
dans les femmes, mais aussi en vous-mêmes, images
de Dieu ! Même si l'obscurité semble insurmontable, le Christ ne nous
abandonne jamais. En tant que prêtre, je chéris la rencontre en confession de
ceux qui veulent recevoir la guérison du Seigneur. C’est une bénédiction de
travailler ensemble pour la promotion de l’amour vrai.
Imaginez avec moi à quel point notre
monde serait bon pour nos épouses, sœurs et filles si les hommes vivaient cette
force intérieure de la chasteté. À notre époque, nous entendons parler de ces
taux élevés d'agressions sexuelles dans notre société, en particulier sur les
campus universitaires. N’est-ce pas le moment du renouvellement de la chasteté
masculine ? N’est-ce pas le moment pour les hommes de construire la vertu
de tempérance par le jeûne et la prière au milieu des frères ? N’est-ce
pas le moment d'envisager la proclamation de cette phrase de saint Jean-Paul II :
« la dignité de chaque femme est une tâche donnée à chaque
homme » ?
La chasteté masculine est une « œuvre
de longue haleine »26 que nous devrions être fiers
d'entreprendre ! Imaginez-vous debout devant le trône de Dieu, le jour du
face-à-Face. Les grands saints des siècles passés, qui eux-mêmes étaient en
butte à leurs propres tentations quotidiennes, se diront les uns aux
autres : « en notre temps nous avons fait face au problème de la
convoitise, mais ces hommes du XXIe siècle , eux, ont vraiment
affronté la bête de près ! » Nous pouvons nous aider les uns les
autres, et d'autres hommes autour de nous, dans cette lutte pour la maîtrise de
soi : c’est plus facile entre frères. Je vous encourage à mettre de côté
vos peurs et insécurités, tout ce qui vous empêche de vous lancer dans le
combat pour la chasteté. Le Christ veut aider les hommes à se conformer à Son
propre cœur, dans chaque confessionnal de l’Église et au cours de chaque messe
par la puissance de Son Sang versé sur la Croix et offert dans la Sainte Communion.
Question n°3. En quoi la paternité est-elle essentielle ?
La paternité change l'histoire. Dans
l'Évangile selon Matthieu « Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob,
Jacob engendra Juda et ses frères... » Quarante-deux (42 !) pères mènent
jusqu'à Joseph, père adoptif de Jésus. Saint Jean-Paul II nous l’affirme, la
paternité est indispensable à l'épanouissement du monde :
En
manifestant et en revivant sur terre la paternité même de Dieu (cf. Ep 3, 15),
l'homme est appelé à garantir le développement unitaire de tous les membres de
la famille. Pour accomplir cette tâche, il lui faudra une généreuse
responsabilité à l'égard de la vie conçue sous le cœur de la mère, un effort
d'éducation plus appliqué et partagé avec son épouse (cf. Gaudium et spes, 52),
un travail qui ne désagrège jamais la famille mais la renforce dans son union
et sa stabilité, un témoignage de vie chrétienne adulte qui introduise plus
efficacement les enfants dans l'expérience vivante du Christ et de l'Église.
27
Tous les hommes sont appelés à la
paternité d'une certaine façon :
Devenir
père et mère signifie se réaliser pleinement, car c’est devenir semblable à
Dieu. Il ne me semble pas qu’on dise cela dans les journaux, mais c’est la
vérité de l’amour. Devenir père et mère nous rend semblables à Dieu. En tant
que parents, vous êtes appelés à rappeler à tous les baptisés que chacun est,
d’une façon ou d’une autre, appelé à être un père ou une mère.
28
Comme la masculinité elle-même, la
paternité n'a peut-être jamais été un sujet suffisamment abordé par les
philosophes, car il a toujours été présumé, sa signification semblant assez
évidente. Ce n'est plus vrai. Dans son livre, Entrez dans l’Espérance, saint Jean-Paul II décrit l'attaque sur la
paternité dans la société moderne : « Ceci est vraiment la clef pour
interpréter la réalité [...] : nier le péché originel, puis tenter
d'abolir la paternité »29 . Le grand pontife de la famille pointe
le premier acte de désobéissance d’Adam et Ève, qui leur a coûté, et nous a
coûté, l’innocence originelle et l’apparition de la mort corporelle. Dans le
péché originel, nous trouvons une rébellion primordiale contre la paternité de
Dieu, un désir de supprimer la paternité elle-même. Car tel est le plan de
l’Ennemi : nous faire perdre notre confiance en Dieu, notre Père
bienveillant. La principale stratégie de Satan est d’abîmer puis d'abolir la
paternité humaine, cette paternité dans laquelle chacun devrait pouvoir
entrevoir ce qu’est la paternité de Dieu.
L'attaque pas-à-pas d'aujourd'hui sur
la paternité, et par extension sur la maternité, est d’une violence à couper le
souffle. 41% des enfants naissent dans des foyers célibataires de nos jours,
une augmentation de 700% par rapport à 1950, quand le taux de natalité hors
mariage était seulement de 6%. Ces enfants ne sont pas orphelins à cause d’un
conflit, comme lors de la Seconde Guerre mondiale, qui a causé tant de
blessures dues à l'absence du père ; mais plutôt parce que, bien pire, une
absence volontaire des pères se produit à grande échelle. Il n’est pas difficile
de comprendre comment les craintes des hommes vis-à-vis de la paternité
trouvent un support dans la culture individualiste d'aujourd'hui, qui encourage
les hommes à fuir ce beau cadeau de la responsabilité, et à se raccrocher à
leurs propres désirs. L'enfant est forcé de se poser la question :
« Où est mon papa ? » Quel est donc l'impact sur le cœur d'un
enfant, sur sa compréhension du monde, de l'amour et du Père céleste, lorsque la
réponse à cette question est « il nous a abandonné », ou « je ne
sais pas », ou « il n'a laissé aucun indice dans la banque de sperme » ?
Les hommes catholiques contribuent
eux-mêmes également beaucoup trop à ce scandale qui dévaste le cœur d'un enfant
et laisse tant de femmes vivre comme si elles étaient veuves ! La douleur
du cœur de l'enfant orphelin crie vers le Ciel : « Le Seigneur ne
méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve, les
larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur ses joues, et son cri n’accuse-t-il
pas celui qui la fait pleurer ? […] Le Seigneur ne tardera pas, il restera
impatient, jusqu’à ce qu’il ait brisé les reins des hommes sans pitié, tiré
vengeance des nations » (Sirac 35,
17-23). Pourquoi les veuves et les orphelins crient-ils ? Ils ont
perdu leurs protecteurs ! Il y a un vide contre nature dans l’absence de
celui appelé par Dieu « à garantir le développement unitaire de tous les
membres de la famille »30. C’est à cause de cette perte, à
cause de ce vide causé par l'absence des hommes, que nous avons toujours
naturellement, traditionnellement, pleuré l'absence des pères.
Dans notre culture d’aujourd'hui, il
y en a qui refusent que nous qualifions de non-naturelle ou de lamentable
l’absence de père. Ne vous laissez pas berner par ces voix qui souhaitent
effacer toutes les distinctions entre les mères et les pères, en ignorant la
complémentarité inhérente à la Création elle-même. Messieurs, votre présence et
votre mission dans la famille est irremplaçable ! Pas à pas, avec amour,
patiemment, prenez ce rôle donné par Dieu de protecteur, donateur et chef
spirituel de votre foyer. Le rôle d'un père comme chef spirituel de la famille
ne doit jamais être compris ou appliqué comme une domination, mais seulement
comme une direction aimante et un encadrement en douceur pour ceux qui vous
sont confiés. Votre paternité, ma paternité, dans leurs humbles et discrètes manières,
reflètent imparfaitement mais sûrement la Paternité de Dieu, le Père de ceux dont
le Seigneur nous a institués pères.
Qu'est-ce que cela signifie être père ? Dans une réflexion sur
la paternité, le pape François explique :
Quand
un homme n’a pas ce désir de paternité, il lui manque quelque chose. Quelque
chose ne va pas. Chacun de nous pour être, pour devenir complets, pour être
matures, nous avons besoin de sentir la joie de la paternité ; même ceux
d’entre nous qui n’ont pas d’enfants. La paternité, c’est donner vie aux
autres, donner vie, donner vie… Pour nous, ce sera la paternité pastorale, la
paternité spirituelle, mais c’est toujours donner vie, devenir père. 31
Voilà pourquoi la paternité – la
vocation à la paternité, que cette paternité soit au sein d’un mariage physique
ou d’un mariage spirituel, dans le sacerdoce ou la vie religieuse – est
absolument essentielle pour qu’un homme vive la plénitude du sens de sa vie.
C’est ainsi que nous parlons des Pères
de l'Église, des Pères du désert, de notre
pape comme Saint-Père, et, pour une
bonne raison, de nos prêtres comme Pères.
Pour vivre pleinement, tous les
hommes doivent être pères et vivre leur paternité ! Nous ne pouvons pas devenir semblables à Dieu, mes fils et
mes frères, sans cette compréhension et ce mouvement du cœur suivis par une
action décisive. Si vous n'embrassez la conjugale et paternelle vocation que
Dieu a prévu pour vous, vous serez engoncé dans l'impuissance de la graine qui
refuse à la fois de mourir et de donner la vie. Ne vous contentez pas de cette demi-vie !
La question pour tous les hommes n’est pas : « Suis-je appelé à être père ? »,
mais : « Quel genre de père suis-je appelé à être ? »
Grands-pères,
vous êtes d'une grande importance
Je tiens à dire un mot à vous qui
êtes grands-pères. Peu de cultures n’ont jamais attendu moins, et montré une
telle indifférence à ceux qui comme vous ont lutté pour offrir sagesse et
connaissance à leurs enfants et petits-enfants. Le monde vous dit que votre
temps d'influence est terminé, qu'il est temps de vous retirer, et de
démissionner de votre responsabilité paternelle. Ne le croyez pas ! les grands-pères
importent beaucoup.
J'ai le privilège d'avoir été appelé comme
mes grands-pères : Thomas Tighe Olmsted et P. James Hughes. Chacun à sa
manière m’engendra aux côtés de mon père. Grand-père Jim a puisé dans sa foi
catholique pour faire face avec dignité et espérance à la mort prématurée de sa
femme – ma grand-mère – d'un cancer. Sans sombrer dans le désespoir ou
l'auto-apitoiement, il a lutté puissamment pour maintenir l’unité de cette famille
de six personnes et pour subvenir aux besoins de ses enfants – dont le plus
jeune était ma mère – au cours de ces années très difficiles de la Grande
Dépression. Les souvenirs que je chéris le plus de grand-père Jim sont son
esprit pacifique, son humour irlandais, et son dévouement sincère envers l'Église.
Grand-père Tom a eu un impact encore plus grand sur ma vie, même s’il n'a
jamais été baptisé. À côté de lui, j'appris à prendre soin des noyers et des
pastèques, des citrouilles et des courges, des chevaux et des bovins, des
poulets et des porcs. Parmi les nombreuses activités nécessaires pour vivre sur
notre ferme, j'appris de grand-père Tom et de mon père l'importance d'être un
bon voisin, de dire la vérité, quel qu’en soit le coût, et d'avoir un profond
respect pour Mère Nature. Quand je
fus ordonné prêtre, je choisi un dicton biblique pour mon image de première messe,
celui qui annonçait ce que j'avais appris de mes grands-pères : « Homme,
on t’a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien
d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher
avec ton Dieu » (Michée 6, 8).
Ô grands-pères, vous êtes un cadeau
essentiel et précieux pour vos familles, et je vous encourage à continuer à
être forts pour eux, à leur faire profiter de votre sagesse, et à lutter avec
eux. Rappelez-vous le grand-père terrestre de Jésus, saint Joachim, qui a voué
une vie fidèle à Dieu. Dans ses années avancées, Dieu le Père a béni saint
Joachim et sa femme, sainte Anne, par ce grand don de Marie, notre Mère bénie. Chaque
grand-père doit se souvenir que même lorsque la routine de la vie quotidienne
peut sembler la rendre insignifiante, nous ne savons jamais quel est le grand
plan que Dieu a pour les dernières années de nos vies.
Espoir
dans les ombres de la paternité perdue
Je voudrais maintenant dire un mot
spécial pour ceux d'entre vous, mes fils, qui ont souffert de l'absence de
votre propre père. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les hommes
abandonnent leurs responsabilités, ou même si elles demeurent, restent
éloignés, en raison du manque d'expérience positive de la paternité dans leur
propre vie. Cette blessure dans votre cœur peut ne pas encore avoir été guérie.
Certes, l'absence du père n’est jamais le plan de Dieu. Ne cédez pas au
découragement cependant, et ne perdez pas espoir. L'Église est toujours appelée
à révéler Dieu le Père. Laissez le Christ vous montrer le Père qui non
seulement n'abandonne pas ses enfants, mais en plus offre Son Fils unique. Si
vous ne l'avez pas déjà fait, permettez au Christ de vous guider afin de voir
votre père comme Il le voit. Jésus ne vous laissera pas sans la Grâce
nécessaire pour pardonner, et guérir votre père. Cela peut se produire en même
temps que les grâces qui vous sont offertes par vos pères spirituels, vos
prêtres, dans le sacrement de la Réconciliation. Grâce à la découverte de la
Paternité de Dieu, notre amour, Père éternel, vous serez témoins de la seule
paternité qui ne manque jamais 32.
Enfin, je veux donner un mot spécial
pour ces hommes qui savent qu'ils ont échoué dans leur paternité. Cela est vrai,
à un degré plus ou moins grand, pour chacun d'entre nous. La dépendance,
l'abandon, les conflits conjugaux, le détachement sentimental et spirituel, l’échec
dans la transmission de la foi, l'avortement, la violence physique et psychique,
ou les innombrables façons que nous avons d’obscurcir l'image de Dieu comme Père
aimant. Je suis à côté de vous comme un père imparfait, demandant à Dieu le
Père de compenser nos échecs dans cette plus grande des missions masculines. Il
est important de reconnaître les tactiques de l'ennemi ; Satan tentera de
nous faire glisser vers le bas, dans ce désespoir qui peut nous conduire à
abandonner encore plus notre paternité à cause de nos péchés. Et pourtant, il
ne faut jamais abandonner, mes fils ! Priez, soyez renouvelés dans le
sacrement de la Réconciliation. Le Christ nous fortifie par la Confession et la
Sainte Eucharistie pour nous relancer dans la reconstruction de la paternité
d’une manière ou d’une autre.
Conclusion :
envoyés par le Christ
Le meilleur ami de saint Grégoire de
Nazianze était Saint-Basile. Lorsque, jeunes hommes au début des années 20,
leur recherche personnelle vers une compréhension plus profonde de la foi
chrétienne les a conduits par des chemins séparés à Constantinople, chacun a
vite développé un profond respect pour l'autre. La description de saint
Grégoire de cette amitié est pleine d'espoir : « si cela n’est pas
trop pour moi de le dire, nous étions chacun l’un pour l’autre une règle et une
norme par lesquelles nous avons appris la distinction entre ce qui était juste
et ce qui ne l’était pas »33. Leur amitié les a aidés à grandir
dans la vertu et dans la liberté, à être moins soucieux de soi et plus désireux
de placer leur vie au service des autres.
Je souhaite que chaque homme lisant
cette Exhortation connaisse, si ce n’est déjà fait, cette bénédiction d’avoir de
bonnes amitiés comme celles entre les saints. Je ne peux pas imaginer ce que ma
propre vie serait sans les bons amis que Dieu m'a donnés.
J’espère aussi, que vous trierez ce
qui est utile dans mon message, que vous l'amènerez au Seigneur dans la prière,
et irez de l'avant en toute confiance dans votre vocation d'hommes. Notre vie
en Christ n’est pas une liste de « à faire et à ne pas faire », mais
une authentique aventure de liberté. Embrassez cette liberté afin de placer
votre vie au service du Christ, à partir de votre maison et rayonnez dans le
monde !
Où
en est la foi de nos pères maintenant ?
Alors que j’écrivais cette
Exhortation, des vidéos ont été diffusées, montrant cette pratique barbare de la
vente de parties du corps de bébés par le Planning familial. Cette agence
infâme reçoit environ un demi-milliard de dollars chaque année de la part du
gouvernement des États-Unis, des fonds qui leur permettent de poursuivre leurs
massacres d'innocents. Aucun citoyen américain, et certainement pas un homme, ne
peut garder le silence sur cette perversion de notre époque. Nous avons besoin
de sortir de nos bas-côtés, et de nous lever pour la vie sur toutes les lignes
de front. Nous avons besoin de la foi de nos pères, qui ont défendu les enfants
des générations précédentes, et qui ont renoncé à leur propre vie plutôt que
d'abandonner leur foi en Christ.
Mes fils et frères, hommes du diocèse
de Phoenix, nous avons besoin que vous fassiez un pas dans la brèche !
Les martyrs catholiques d'Angleterre
inspirèrent Frederick W. Faber pour écrire l'hymne La foi de nos Pères en l’an 1849. De même que Faber a rendu cet hommage
aux hommes qui ont refusé de renier le Christ « en dépit du donjon, du feu
et de l'épée », il a également publié un appel aux armes pour les hommes
des générations futures.
Joignez-vous à moi dans la prière
pour que nous, hommes du XXIe siècle, fassions nôtres les mots de ce
verset :
Nos
Pères, enchaînés dans les prisons sombres,
Étaient encore libres de cœur et de conscience :
Doux serait le sort de leurs enfants,
S’ils pouvaient aussi mourir pour Toi !
Foi de nos Pères ! Sainte Foi !
Nous serons fidèles à toi jusqu'à la mort.
Étaient encore libres de cœur et de conscience :
Doux serait le sort de leurs enfants,
S’ils pouvaient aussi mourir pour Toi !
Foi de nos Pères ! Sainte Foi !
Nous serons fidèles à toi jusqu'à la mort.
Promulguée en la fête des Archanges, le
29 septembre 2015
+ Thomas J.
Olmsted
Évêque de Phoenix
Évêque de Phoenix
1. Center for
Applied Research into the Apostolate. Frequently Requested Church
Statistics, 2014.
2. Pape saint
Jean-Paul II, Ecclesia in America, 3,
5.
3. Interview du 19 septembre 2013.
4. En français dans le texte. Seule traduction dont je sois à peu près
sûr. [ndvi]
5. Il existe, bien sûr, de rares
exceptions à la règle génétique. Nous sommes conscients des exceptions dues à
un défaut génétique ou à un développement hormonal insuffisant. Par exemple, le
syndrome de Turner chez les filles, et le syndrome androgène ou syndrome d’insensibilité
XXY chez les garçons, provoquent des situations qui sont très douloureuses dans
la vie individuelle de ces jeunes femmes, de ces jeunes hommes, et de leurs
familles.
6. Pape François, homélie du 14 juin
2015.
7. Gaudium et spes, 32.
8. Gaudium et spes, 32.
9. Audience générale du 15 avril
2015.
10. Messe d'ouverture du 22 octobre
1978.
11. Février 2015.
12. Gaudium et spes, 22.
13. Laudato Si’, 204.
14. Dr. Paul Vitz, Conférence du 21 février
2015.
15. Un appel pour former de tels
groupes parmi les laïcs.
16. Social Isolation in America : Changes in Core
Discussion Networks over Two Decades.
http : //www.jstor.org/stable/30038995
http : //www.jstor.org/stable/30038995
17. Pape saint Jean-Paul II,
Catéchèse sur l'amour humain, 100, 6.
18. Saint Josémaria Escriva, Chemin.
19. Pape saint Jean-Paul II,
Catéchèse sur l'amour humain, 14, 5.
20.
Shakespeare, Henry V (IV, 3).
21. Gaudium et spes, 48.
22. Catéchisme de l'Église Catholique, 1606 ; 1609.
23. Catéchisme de l'Église Catholique, 2331.
24. Catéchisme de l'Église Catholique, 2332.
25. Catéchisme de l'Église Catholique, 2337.
26. Catéchisme de l'Église Catholique, 2342.
27. Pape saint Jean-Paul II, Familiaris Consortio, 25.
28. Pape François, allocution du 15 juin
2015.
29. Pape saint Jean-Paul II, Entrer dans l’Espérance, New York :
Knopf, 1994, 228.
30. Familiaris Consortio, 25.
31. Homélie du 26 juin 2013.
32. Adapté de Evangelium Vitae, 99.
33 Sur Saint-Basile le Grand, Oraisons funèbres (Les Pères de l'Église, vol. 22), 27.