vendredi 5 février 2016

En miséricordiant... Père Prosper Monier, Vivons les béatitudes

La vérité ne peut pas s'enfermer en un système, si beau qu'il soit. Le Christ, Lui, n'avait pas de système, c'est curieux... Un chrétien n'est pas un être systématique qui a ses opinions, sa manière de voir, absolument pas. Vous ne pouvez pas trouver cela en Jésus-Christ, et si vous vous réclamez de Lui, méfiez-vous de l'esprit systématique qui veut enfermer sa pensée de telle manière...
Le jour où vous voudrez accaparer l'Église et le Christ... Vous voudrez accaparer l'infini, vous voudrez dans vos quelques centimètres cubes faire entrer l'infini ?... vous êtes malade ! Il n'y a que la bêtise qui puisse vous excuser dans ce cas ! N'essayez pas d'accaparer le Christ, ni au profit du capitalisme si vous êtes capitaliste, ni au profit du communisme si vous êtes communiste, ni au profit d'une démocratie si vous êtes démocrate, ni au profit de la royauté si vous êtes royaliste. L'Eglise est au-dessus de tout cela.
Relisez votre Évangile, il est formidable. Jésus ne se dit pas fils d'Israël, Lui. On le dit, ça Lui est égal. Les Juifs veulent l'accaparer ? Il passe deux jours avec les Samaritains, qui sont leurs grands adversaires ! Il cause avec la Samaritaine qui fait de la réclame, les Samaritains viennent. Le Samaritain, c'est ce qu'il y a de plus abominable pour un Juif : « une parole de Samaritain ne vaut pas un grognement de pourceau », et Lui reste deux jours avec eux ! Au bout de ces deux jours, les Samaritains disent : « Oui, maintenant, nous l'avons vu... c'est le Sauveur du monde ». Ce n'est pas un Juif, ce n'est pas le Juif abominé, c'est le Sauveur du monde.
Ah, non ! ne mettez pas le Christ dans un système quelconque... Méfiez-vous... n'ayez pas trop d'opinions au point de vue religieux.
Il faudrait que l'Église redevienne ce qu'elle est, ne prenne pas de bornes, ni de frontières, rien. Qu'elle ne soit pas une maison, qu'elle soit comme le Christ, la route vraie, vivante, qui conduit les hommes vers le Père. 
— Je suis le chemin vrai et vivant pour vous conduire.
Jamais vous ne verrez le Christ enfermer les gens. Les apôtres, avant la Pentecôte, se sont enfermés à double tour, paraît-il, mais dès que le Saint-Esprit est arrivé, Il les a fait sortir... et vite... et comment !
— Allez à travers le monde prêcher l'Evangile à toutes créatures !
Toutes... voilà le christianisme.
Il faut que nous fassions là un effort perpétuel sur nous pour briser nos limites, et la carapace dans laquelle nous essayons d'enfermer notre bien spirituel.
Vous ne serez vraiment chrétiens que lorsque votre moi se sera perdu dans le grand soi. À ce moment-là vous êtes chrétiens, mais tant que vous êtes enfermés sur vous par la peur, par le souci de votre salut individuel, et que vous n'êtes pas prêts à vous dire :
Je ne me soucie plus de mon salut individuel, pourvu que les voisins soient sauvés, c'est tout ce qu'il faut...
Ne vous inquiétez pas, ils vous sauveront ; si vous les sauvez ils vous sauveront.
À la fin de l'épître de saint Jacques, il y a cette petite phrase :
Celui qui sauve un de ses frères, celui-là se sauve lui-même.
Mais tant que vous songerez à votre salut et à votre perfection, vous n'y êtes pas encore. Vous êtes dans l'égoïsme... sur un plan supérieur, mais c'est de l'égoïsme quand même, peut-être plus dangereux que l'égoïsme charnel.
Celui-ci passe très vite, mais la concupiscence de l'esprit, ça ne passe pas si vite que ça ! Ce moi intelligent, intellectuel... la chair s'en ira, en quelques heures c'est fini, mais la concupiscence de l'esprit ça peut durer des années ! Pour l'enlever, Dieu est quelquefois obligé de faire perdre la mémoire à un intellectuel...
Maintenant tu ne te souviens de rien, tu as dit adieu à ta concupiscence intellectuelle ?
Je crois que toutes nos histoires contre la concupiscence charnelle, c'est une manière d'échapper à ce sentiment de mauvaise conscience d'avoir d'autres concupiscences que celle-là.
La concupiscence de l'argent en est une aussi ; la concupiscence de l'avoir, que j'appelle l'avoirite... une inflammation de l'avoir. On l'appelle quelquefois avarice, garder son avoir, augmenter son avoir temporel ou spirituel, matériel ou intellectuel...
J'ai peur que nous nous fassions parfois de grosses illusions... Dans sa Doctrine Spirituelle, le Père Lallemand dit :
Nous allons à l'oraison... pour avoir des consolations ou des moyens de nous développer... ce motif-là est impur. Il faut y aller pour la gloire de Dieu, pour essayer de s'élargir, pour rayonner autour de soi, ce motif-là vous épanouit immédiatement.
Tant que vous avez, même pour l'oraison, votre perfection en vue, vous demeurez dans l'égoïsme. Si vous y allez pour Dieu, pour sa gloire, Dieu vous répondra.
Voici une parabole :
L'Empereur de Chine voulait se marier ; il était allé chercher une jeune fille ; l'ayant trouvée à son goût, il lui avait dit : « Tu viendras demain soir au palais ».
Elle vient le lendemain soir au palais.
Qui es-tu ?
Je suis la jeune fille que tu as choisie.
Il ne lui répond même pas...
Le lendemain, elle revient, frappe à nouveau :
Qui es-tu ?
Mais je suis la fiancée que tu as choisie, tu m'as dit de venir...
Je ne te connais pas...
Le troisième jour, elle a compris. Elle revient et frappe.
Qui es-tu ?
Je suis toi.
Si tu es moi, alors entre chez moi.
Nous n'entrerons pas au ciel, ni vous, ni moi, en disant :
Moi...
Moi, je suis un Père Jésuite, vous savez ?
Je ne connais pas, dit Dieu...
Ce sont des histoires de la terre...
Dis, tu es bien celui que J'avais fait dans le sein de ta mère, autrefois ? cette petite graine dans laquelle J'avais mis un certain nombre de talents ? Tu les as valorisés ? en t'épanouissant, en t'ouvrant, non pas en te fermant sur toi et enfermant avec toi-même tout ce que tu as pu ramasser, mais en t'ouvrant et en te donnant tout autour...
Tu as l'envergure du don que tu as fait de toi-même.
Et tu es éternellement ce que tu aimes.
Tu t'aimes bien ? reste avec toi !
Tu aimes le monde entier ? il est là.
Tu aimes Dieu, ton Père ? tu es chez Lui.
N'oublie pas cette phrase : Tu es ce que tu aimes.
Tu n'aimes pas ton péché d'il y a dix ans ? tu ne l'as plus ; où serait-il chez toi ? puisque tu ne l'aimes pas, il n'est pas chez toi. Mais toi, tu es chez toi si tu t'aimes bien, et qu'est-ce que tu aimes en plus de toi ?
J'aime ceux qui me font du bien...
Tu les as mis chez toi ? enferme-toi bien dans ta maison !...
Tu aimes Dieu, tu aimes sa gloire ? alors tu es en contact avec Dieu...
Tu aimes l'humanité, tu as la taille de l'humanité.
Hegel disait : « L'homme a l'envergure du don qu'il fait de lui-même. Celui qui aimerait l'humanité, il serait l'humanité entière. C'est ce qui est arrivé à Jésus-Christ, à la Sainte Vierge...
Si vous voulez être vous-même, mettez-vous en communion, mais en communion de don autour de vous. Je ne puis pas vous dire autre chose... je vous mentirais. Je vous plairais peut-être en vous donnant des consolations, en vous donnant l'impression que vous êtes dans le bien, que vous êtes bien... Je ne dis pas que vous êtes mal, non !... mais que vous êtes bien ?...
Prenez déjà la résolution, intérieurement, de désirer éclater, exploser, comme les petites graines de la terre... Celles qui ne meurent pas, dit Jésus-Christ, pourrissent sans rien donner, mais si elles viennent à mourir, elles donnent tout leur fruit, et l'arbre le plus beau est celui qui étend les branches le plus loin possible et qui donne le plus de fruits possible. Au printemps les arbres sont dans la beauté, parce qu'enfin ils donnent quelque chose, ils donnent des fleurs, ils donnent du parfum ; et en automne ils donnent des fruits ; c'est la loi de la vie. Méfiez-vous de l'égoïsme :
Je me recherche.
Vous vous rechercherez pendant toute l'éternité et Dieu n'y peut rien... que voulez-vous qu'il fasse ? Vous êtes intérieurement faussé...
On a transporté les sept péchés capitaux dans le domaine spirituel. Il y a la gourmandise spirituelle, les consolations...
Oh, que j'ai eu des consolations !
La voilà, la gourmandise spirituelle. Heureusement que le Saint-Esprit est habile et vous les enlèvera, vos consolations !
Il y a la luxure spirituelle aussi... c'est la même chose... une sorte de mariage avec des idoles qu'on prend, on se les fabrique de toutes pièces... On a son petit idéal qu'on s'est forgé et puis on se marie avec son idéal...
Il y a la paresse spirituelle... on se laisse aller... Il ne s'agit pas là des actes – les actes, je m'en méfie ! – mais du désir intérieur :
— Oh ! je ne désire plus rien...
Il n'y a plus qu'à donner l'absoute à celui qui n'a plus aucun désir... il est mort... il n'a plus de désir, il n'a plus faim et soif...
Il y a l'avarice spirituelle, on fait des trésors pour plus tard, pour l'au-delà, on accumule les mérites !
Votre trésor n'entrera pas au Paradis, vous y entrerez les mains vides... avec un cœur ouvert par un grand désir... Vous n'emporterez pas autre chose, même pas votre organisme, rien... Vous emporterez votre désir.
Vous n'avez de vrai, disait Notre-Seigneur à sainte Angèle de Foligno, que le désir... seul, il est à ma mesure... il est infini.
Soyez fidèle à votre désir.
Ne vous trompez pas, ...au lieu de vous faire un sermon sur le péché, je vous le montre simplement là où il est, à vous de regarder.
Nous passons une bonne partie de notre vie à cultiver notre « moi » sous une forme ou sous une autre, à le défendre contre les voisins, contre tout, même contre Dieu finalement... Si le Rhône se défendait contre la Méditerranée ? ça ferait du propre à Avignon ! S'il ne voulait pas se jeter dans la Méditerranée, qu'est-ce qu'il deviendrait ? Et la Méditerranée y perdrait aussi pas mal... Si nous ne voulons pas nous jeter en Dieu sans vouloir le prendre, nous n'irons pas chez lui. Dès cette terre, il faut prendre cette mentalité.
Nous ne valons que par notre communion. L'être humain, le vivant, est essentiellement quelqu'un qui communie ; il communie à l'air, à la chaleur, au feu, à la lumière, il est vivant. Tout vivant quel qu'il soit a besoin d'être en communion, mais en communion de tout son être, de toute son âme, de toutes ses forces, dit Notre-Seigneur.
Pour se mettre en communion avec Dieu, il faut y aller de tout son être ; pas un peu, ni beaucoup : totalement.
C'est la première chose que Jésus-Christ est venu établir :
Père, qu'ils soient bien une seule chose entre eux et avec toi et avec moi...
Et que faire, pour nous mettre en communion avec Dieu ? Il n'y a rien à faire, rien... si ce n'est se remettre dans un état de réceptivité totale par rapport à Dieu. N'oubliez pas cela, c'est important. Il n'y a qu'une manière de communier à Dieu, c'est de le recevoir. On ne peut pas le prendre, on ne peut pas l'acheter, on ne gagne pas Dieu. N'essayez pas, vous n'y arriverez pas. Il ne se vend pas, il ne se gagne pas, Dieu se donne. Et le ciel qui est Dieu lui-même est un héritage. Nous sommes héritiers du ciel, « co-héritiers du Christ ». Mais on ne gagne pas le ciel : ça ne se gagne pas, un héritage. Un héritage se reçoit, vous le savez ? Et pour avoir l'héritage il faut être un enfant. Si vous êtes enfant de Dieu, vous aurez l'héritage, vous aurez Dieu. Mais vous ne le gagnerez pas ; n'essayez pas de l'acheter, vos petites monnaies ne serviront de rien. Si vous êtes enfant, vous entrez dans l'héritage et il est vôtre.
Bienheureux êtes-vous, vous aurez Dieu chez vous, Il dominera et Il sera maître chez vous parfaitement, si vous êtes pauvre par l'esprit. Vous voulez communier avec Dieu ? que ce soit avec votre pauvreté, vos deux mains vides. Si elles sont pleines, il les videra. La Sainte Vierge vous dit :
Les puissants, il les a fait descendre du trône, ceux qui étaient en bas, il les a soulevés, les riches, il leur a enlevé leur richesse, mais il a donné aux affamés, aux assoiffés...
Présentez-vous à Dieu les mains vides.
Je pense toujours à un Père très âgé. Pour son anniversaire on lui faisait des compliments : mon Révérend Père, vous avez beaucoup travaillé... vous avez été le pionnier de ceci... le pionnier de cela... Le bon vieux Père avait sa canne pour se maintenir à peu près en équilibre. Il les écoutait, ou il ne les écoutait pas, je ne sais pas... parce que les vieillards entendent ce qu'ils veulent... Il répond : « Laissez-moi vous lire une poésie intitulée Les mains vides :
Je viens, Seigneur, avec les mains vides,
Ne comptant que sur Vous,
Faites ce que vous voudrez...
Le lendemain, je passe à côté de lui :
Vous ne pourriez pas me donner la poésie que vous avez lue hier ?
Vous arrivez trop tard, je l'ai déjà mise au feu...
Il ne rentrera même pas au ciel avec sa poésie... Les mains vides... Voir un homme intelligent comme cela qui avait passé toute une vie dans le dévouement et l'humilité... les mains vides...
Bienheureux êtes-vous si vous êtes pauvres par l'esprit, c'est-à-dire non pas si vous n'avez pas d'argent, non... mais si vous avez le sentiment de votre pauvreté totale... intellectuelle, spirituelle, affective...
Père, me voici, vidé de tout, je n'ai plus rien... je suis là...
Quand vous verrez quelqu'un dans cet état, ne se possédant même plus lui-même, et qu'il arrive à se tourner du côté de Dieu... soyez sûrs que Dieu se donne... dans la mesure du vide qui l'appelle...
Ayons ce sentiment que nous ne sommes rien. Vous êtes intellectuel, vous êtes intelligent ? Vous ne serez vraiment intelligent et cela vous servira seulement si vous avez conscience de ne rien savoir. On a dit que le vrai savant, c'est celui qui ne sait rien.
Dieu vient toujours au secours d'un besoin.
Bienheureux les pauvres par l'esprit...
La comtesse de Noailles a cette petite phrase :
Les lumineux climats d'où sont venus mes pères ne me préparaient pas à m'approcher de vous, mais on est votre enfant dès que l'on désespère et que l'intelligence à plier se résout.
Les heures désespérées sont les heures de Dieu. La Sainte Vierge ne devait pas être en consolation le jour où elle a reçu l'Annonciation. Elle devait avoir le cafard, ne rien voir du tout, probablement... mais elle a dû tourner ses yeux du côté de Dieu :
Mon Dieu, ne viendrez-vous jamais nous sauver ?
Alors Dieu vient.
Il était appelé par une misère, par un besoin. La Sainte Vierge, c'est le besoin de l'humanité qui se tourne vers Celui qui peut lui répondre.
À Gethsémani, le Christ n'en peut plus, lui qui est venu pour la mort rédemptrice :
Père, s'il est possible, que le calice s'éloigne sans que je le boive. Tout est possible à toi, mais que ta volonté soit faite.
Vraiment on peut dire que l'humanité était réduite à rien, avec le Christ. Le Calvaire semble un échec splendide, mais cet échec appelle la réussite de Dieu.
Les réussites humaines, généralement, aboutissent à l'échec. Mais les grands échecs devant Dieu aboutissent à la réussite avec Dieu. La résurrection n'a pas tardé à suivre le Calvaire.
Le Bouddhiste Zen disait :
Ne fais pas la sottise de t'appuyer sur la porte pour ouvrir... la porte s'ouvre du dedans... recule-toi plutôt et appelle... on te répondra.
Et Jésus-Christ, dans le sermon sur la montagne :
Demandez et vous recevrez... cherchez, vous trouverez... frappez et on vous ouvrira...
Mais n'oubliez pas de demander, de frapper... Ne vous inquiétez pas, c'est Dieu qui est responsable s'il n'y a pas de réponse... Présentez votre besoin... N'allez pas présenter autre chose, non... Et quand Jésus-Christ dit :
Il y a des démons qui ne peuvent être chassés que par le jeûne et la prière...
Sachez faire jeûner votre appétit de tout... être à rien... à ce moment-là Dieu vient... faites-lui le vide... Il aime ce vide qui l'appelle.
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice.
Vous avez faim et soif de quelque chose de mieux, pour vous, pour les autres, pour tout le monde... Dieu se doit de répondre à votre soif.
Jésus-Christ avec la Samaritaine, c'est évidemment le passage le plus fort de l'Évangile. Cette pauvre femme...
Si tu savais Celui qui te parle, tu Lui demanderais... et Il te donnerait une eau qui jaillirait comme une source...
Il donnera...
Il n'y a pas d'autre moyen de communier avec Dieu que la pauvreté, le désir, la faim et la soif de justice... la douceur, la malléabilité de l'homme qui ne résiste pas et dit :
Je ne puis pas, moi... je n'en puis plus... je suis las, je ne suis qu'une loque... et je crois que la vieillesse est tout de même un don de Dieu formidable...
Un vieillard n'a plus de force, est réduit à l'impuissance, une véritable impuissance. Même s'il a envie de rendre service, il ne peut plus... c'est fini... Bienheureux ceux qui ont faim et soif de quelque chose de meilleur...
Bienheureux les doux, ils deviennent malléables, Dieu va pouvoir faire quelque chose avec eux.
Bienheureux les affamés, les doux, les malléables, bienheureux les perméables à la misère, ceux qui souffrent de la misère des autres, et qui voudraient venir à leur secours...
La misère, il faut essayer de la prendre dans son cœur. La miséricorde ne consiste pas à aller au secours de quelqu'un ; c'est un mot qui veut dire : prendre la misère dans son cœur à soi.
Je ne puis pas faire autre chose, mais vous saurez qu'il y a quelqu'un qui compatit avec vous, qui souffre avec vous...
Ceux-là Dieu viendra à leur secours, Il sera miséricordieux. Il prendra la misère de celui qui prend la misère de l'autre. Il prendra les deux misères, Lui, par le fait même.
Les miséricordieux, ceux qui peuvent prendre la misère d'un autre dans leur cœur, ils ne peuvent pas la soulager, mais ils en souffrent... Ne vous inquiétez pas, Dieu voit la vôtre, Il vous prend en Lui.
Les miséricordieux, qu'ils sont bienheureux !
La voilà la communion avec Dieu : présentez-vous à Lui avec votre besoin, votre misère, même la misère des autres qui rentre et puis devient vôtre...
Dieu se charge de remplir les vides qu'il a creusés Lui-même. Ne vous inquiétez pas. Il n'a pas creusé un vide pour le laisser vide, mais pour le remplir de Lui-même.
Dieu aime les vases vides...
Bienheureux les pacifiques, les purs de cœur...
Si vous avez l'intention, le cœur, le fond de vous-même purs, ne vous inquiétez pas...
Vous ne connaissez jamais le fond du problème d'un être humain. Jésus-Christ nous a dit : ne jugez personne.
Vous ne savez pas ce qui est derrière, et nous serons stupéfaits quand nous connaîtrons le fond du problème chez ces êtres qui font tous les métiers...
Bienheureux les purs, ceux qui ont l'intention pure... Dieu viendra...
Si quelqu'un a besoin, et tourne son besoin du côté de Dieu, Dieu saura bien lui envoyer son aide. Il viendra à son secours, c'est Lui qui est responsable, et il serait coupable s'il ne le faisait pas... Dieu ne peut pas être coupable !
Voilà la manière de communier avec Dieu : avec sa pauvreté, avec sa peine, avec son besoin, avec sa faim, avec sa soif, avec l'intention pure...
Si nous avons cette attitude au fond du cœur, Dieu répond infailliblement et divinement.

Père Prosper Monier, in Seigneur, je cherche Ton visage