Comment
se livrer aux choix dans nos vies quotidiennes, comment entendre et faire cette
volonté de Dieu en toute chose ? Comment vivre dans la cohérence et la fidélité
aux choix fondamentaux de notre existence ?
Quelques préliminaires majeurs...
La
volonté divine ne surplombe pas celle de l'homme, elle ne se juxtapose pas non
plus à elle comme un destin anonyme pour lesquels les jeux sont déjà faits, ou
comme un secret à dénicher coûte que coûte par tous les moyens.
Dieu
est personnel, pas un anonyme. Il est amour. Il désire se communiquer librement
sans qu'on lui force la main.
Dieu
est dans son éternité, pas dans l'espace-temps, c'est pourquoi on ne recourt
pas à sa prescience, mais on invoque sa présence. Dieu et moi, nous
travaillons, mais chacun à son niveau, Dieu fait ce qu'Il veut et moi aussi.
C'est
le fameux chiasme ignatien : Fie-toi à toi comme si la suite des choses
dépendait totalement de toi et en rien de Dieu. Toutefois adonne-toi à
l'ouvrage comme si Dieu faisait tout et toi rien.
Cela
est fondamental.
Quel choix poser ?
Si
le choix s'effectue dans plusieurs domaines (doctrinal, moral, affectif,
vocationnel) il se concrétise et s'oriente dans le choix de vie qui n'est pas
obligatoire mais essentiel, ce pour quoi l'on voudrait des repères, des règles.
La matière du choix doit être bonne, c'est-à-dire en accord avec le combat que
mène l'Église. Je ne choisis pas une chose mauvaise, ni même de me
perfectionner à l'intérieur même d'une existence mauvaise. Les préceptes
négatifs sont absolus et non négociables : c'est ce que Jésus rappelle au
jeune homme riche avant d'aller plus loin.
Le choix d'une conversion totale ou partielle. C'est
le choix qui entraîne des décisions concrètes. C'est celui des commençants ou
des re-commençants.
Le choix d'une vocation ou d'une
première bifurcation. La prise de décision aura été
préparée par un long discernement avec un accompagnement sérieux. Il faudra vérifier
si ce qui semble un appel de Dieu mérite ce nom et si l'on peut tenter au moins
une première démarche, sans pour autant multiplier les retraites d'élection
pour harceler un Dieu qui se tait.
Le choix de mieux vivre sa vocation ou dans son état de vie.
Il ne s'agit pas de revenir en arrière pour juger une décision
déjà prise en refaisant une expérience passée : l'opération serait fausse
car je ne me trouve plus à la même place pour la réévaluer. En revanche, je
puis revitaliser des motivations anciennes qui ont suffi en leur temps. Nous
pouvons enrichir des désirs antérieurs.
À quel
moment ?
Dans un temps calme, pas
dans la désolation où il ne faut rien décider ni changer. Un temps tranquille
où le cœur n'est pas agité par divers esprits et utilise librement ses puissances
naturelles. Certes l'élection, le choix se fait dans la mouvance de l'oblation
du Christ à la Cène, dans l'esprit du Hoc est corpus meum, mais la Cène
appartient au récit de la Passion : c'est une marche à la Croix que Jésus a
commencé bien avant. La croix suit l'élection mais ne la précède pas. Le Christ
ne l'a pas choisie pour elle-même.
Comment ?
Il faut préparer son cœur au choix en se
remémorant toute l'économie du salut, dans laquelle nous est montré ce que le
Père attend de nous à la suite de son Fils Jésus. Ne lançons pas à Dieu d'ultimatum
pour "qu'il se manifeste dans les délais les plus brefs sous peine de
..."
Il faut rassembler les données. Trois
alternatives sont possibles : ou bien sans douter, ni pouvoir douter, ce
qui n'est pas impossible, même si nous ne devons pas rechercher l'évidence qui
nous évite de choisir. Ou bien regarder la dernière tranche de vie en jugeant
des alternances de consolations et de désolations (voir ci-dessous). Cette
méthode de la relecture est excellente. Le temps permet ici de se repérer, il
est le lieu où l'Esprit se manifeste en intervenant, en répétant, en éprouvant,
en confirmant. Et cette durée est bénéfique. Elle évite de succomber à la
première impression comme si elle était forcément la bonne. Elle évite donc
d'avoir un jour à suspecter une décision prise à la légère et trop hâtivement.
Ou bien faire appel à la raison et aux facultés naturelles qui ont elles aussi leur
mot à dire. La sagesse est aussi un don de Dieu, d'un Dieu qui est lui-même
Sagesse. Agir autrement, c'est de l'illuminisme.
Le choix
de la foi.
Tous les choix n'ont pas la
même importance. Le plus radical est celui de la foi, qui vise non pas le
meilleur (par comparaison) mais l'unique et qui le choisit pour toujours sans
avoir fait le tour des articles du souk du religieux, ni pris des garanties
pour prévoir une reprise (satisfait ou remboursé). La foi est le risque d'un
chèque en blanc : c'est tout soi pour toujours. Cette foi ne cherche pas à
savoir l'avenir ; on ne donne pas sa vie après l'avoir vécue. Le temps
n'est pas pour elle une menace mais une promesse.
Nos
engagements absolus sont du même type. Ils se prennent après réflexion, bien
sûr, mais, une fois la parole donnée, on ne se posera plus la question de
savoir s'il ne faut pas revenir en arrière. C'est alors qu'on sera pleinement
libre.
Le jeu des esprits en nous
Dans
ses Exercices Spirituels, saint Ignace nous donne quelques repères pour
discerner et sentir, dans notre vie quotidienne, les mouvements suscités dans
l'âme par le bon esprit, afin de les recevoir, ou par le mauvais esprit, afin
de les repousser.
Ce
discernement du bon et du mauvais esprit est fondamentalement guidé par la
certitude intérieure que Dieu nous aime et veut nous sauver mais que Satan nous
déteste et veut notre perte. La tradition ignacienne envisage deux cas de
figure : dans le premier cas, le chrétien est en progrès spirituel, dans
le second, son âme est en danger, en régression.
Dans une âme qui progresse
dans la vie spirituelle :
Le bon esprit :
invite doucement, attire suavement,
illumine, fait la vérité,
libère, fait progresser (ouverture, disponibilité, détermination),
encourage (diminue ou supprime difficultés et obstacles),
apaise, donne l'équilibre (ordre, réalisme, unité intérieure, sérénité),
fortifie (ardeur, courage, persévérance, constance),
aide à assumer le moment présent (confiance, abandon à la grâce, recueillement, réalisme),
nourrit et entretient la foi, l'espérance, l'amour (générosité, don, émerveillement), l'abandon, l'humilité (appui sur Dieu), la joie...
console (donne goût spirituel, dévotion, inspirations).
illumine, fait la vérité,
libère, fait progresser (ouverture, disponibilité, détermination),
encourage (diminue ou supprime difficultés et obstacles),
apaise, donne l'équilibre (ordre, réalisme, unité intérieure, sérénité),
fortifie (ardeur, courage, persévérance, constance),
aide à assumer le moment présent (confiance, abandon à la grâce, recueillement, réalisme),
nourrit et entretient la foi, l'espérance, l'amour (générosité, don, émerveillement), l'abandon, l'humilité (appui sur Dieu), la joie...
console (donne goût spirituel, dévotion, inspirations).
Le mauvais esprit :
pousse, presse, contraint (impatience, raideurs, empressement),
aveugle, embrouille, trompe,
enchaîne, enlise, fait reculer (fermeture, repli sur soi, indécision),
décourage (amplifie ou multiplie difficultés et obstacles), agite, trouble (désordre, irréalisme, éparpillements, peurs),
affaiblit, mine, sabote (paresse, laisser-aller, inconstance), fait sortir du moment présent (inquiétudes pour le passé et l'avenir, appréhensions, distractions), nourrit et entretient le doute, le pessimisme, l'égoïsme, le repli sur soi, la méfiance, l'insécurité, l'orgueil (appui sur soi, sur ses façons de voir et de faire), la tristesse, le mécontentement…
désole (dégoût, aridité, attrait vers les plaisirs sensibles).
aveugle, embrouille, trompe,
enchaîne, enlise, fait reculer (fermeture, repli sur soi, indécision),
décourage (amplifie ou multiplie difficultés et obstacles), agite, trouble (désordre, irréalisme, éparpillements, peurs),
affaiblit, mine, sabote (paresse, laisser-aller, inconstance), fait sortir du moment présent (inquiétudes pour le passé et l'avenir, appréhensions, distractions), nourrit et entretient le doute, le pessimisme, l'égoïsme, le repli sur soi, la méfiance, l'insécurité, l'orgueil (appui sur soi, sur ses façons de voir et de faire), la tristesse, le mécontentement…
désole (dégoût, aridité, attrait vers les plaisirs sensibles).
Dans une âme en régression
spirituelle :
Le bon esprit :
ronge et aiguillonne
la conscience,
suscite le remords, l'insatisfaction,
incite fortement à la crainte de Dieu et à la conversion, fait voir notre misère,
incite au plus, cherche à aiguiser le sens moral, à faire voir les vraies valeurs,
vient en aide, suggère des moyens de s'en sortir,
nourrit l'espérance, la foi en la grâce toute puissante de Dieu,
incite au regret sincère de nos fautes, à la confiance et à l'aveu.
suscite le remords, l'insatisfaction,
incite fortement à la crainte de Dieu et à la conversion, fait voir notre misère,
incite au plus, cherche à aiguiser le sens moral, à faire voir les vraies valeurs,
vient en aide, suggère des moyens de s'en sortir,
nourrit l'espérance, la foi en la grâce toute puissante de Dieu,
incite au regret sincère de nos fautes, à la confiance et à l'aveu.
Le mauvais esprit :
séduit, captive par
des plaisirs apparents, asservit (fascination
de l'argent, du pouvoir, du « soi », activisme), encourage doucereusement le laisser-aller, la
facilité aveugle, fait croupir
dans notre misère (suffisance, endurcissement),
minimise les fautes, appelle bien ce qui est mal et mal ce qui est bien,
nuit davantage, envenime la situation, fait croire que tout est sans issue, qu'on ne peut s'en sortir,
endurcit dans nos voies erronées,
provoque le désespoir.
minimise les fautes, appelle bien ce qui est mal et mal ce qui est bien,
nuit davantage, envenime la situation, fait croire que tout est sans issue, qu'on ne peut s'en sortir,
endurcit dans nos voies erronées,
provoque le désespoir.