Il n'est pas possible qu'un prêtre se
contente uniquement de la présence dominicale de ses fidèles, même s'ils sont
nombreux, car le Seigneur nous envoie, non pas vers un grand nombre, mais dans
le monde entier :
Allez
dans le monde entier,
proclamez l'Évangile à toutes les créatures.
proclamez l'Évangile à toutes les créatures.
Marc
16, 15
L'engagement à l'évangélisation doit
devenir d'autant plus urgent et précis que le pourcentage de pratiquants est
très faible, voire négligeable. Paul VI prit conscience de cette nécessité,
quand, en 1975, il affirmait :
L'Église
existe pour évangéliser.
Evangelii nuntiandi §14
Dans ce contexte, il a tracé pour
toute l'Église une ligne d'engagement dans ce qui, à ce moment-là, ne
s'appelait pas encore la Nouvelle
évangélisation. C'est Jean-Paul II qui, un peu plus tard, en 1979 à Nova
Huta en Pologne, employa cette expression. La manière décisive et convaincante
dont Paul VI a défini le but de l'Église, nous oblige à nous interroger et à
remettre complètement en question nos activités pastorales.
Nous ne pourrons considérer ces
activités comme positives et conformes à la finalité même de l'Église que si
elles sont orientées vers l'évangélisation, c'est-à-dire en direction de ceux
qui n'ont jamais entendu parler de Jésus Christ ou ont perdu leur identité de
foi et de pratique chrétienne. Il s'agit de mettre en œuvre, selon les
indications des papes et des enseignements de l'Église, la valeur de l'annonce
kérygmatique : une annonce capable de toucher en profondeur le cœur, la
vie et la sensibilité de l'homme d'aujourd'hui, avec la proposition forte,
claire et sans équivoque de Jésus comme unique Sauveur. C'est cette annonce
dont il est question dans le livre des Actes des Apôtres :
Le cœur bouleversé d'entendre ces
paroles, ils demandèrent à Pierre et aux autres apôtres : « Que
ferons-nous, frères ? » Pierre leur répondit :
« Convertissez-vous : que chacun de vous reçoive le baptême au nom de
Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don du Saint
Esprit. Car c'est à vous qu'est destinée la promesse, et à vos enfants, ainsi
qu'à tous ceux qui sont au loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les
appellera.
Actes
2, 37-39
Le changement du cœur de ces gens,
leur conversion, trouve sa justification dans l'annonce courageuse de Pierre.
Il leur parla de Jésus, résumant son histoire en quelques mots dont le point
culminant fut :
Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité, nous
tous en sommes témoins. Exalté par la droite de Dieu, il a donc reçu du Père
l'Esprit Saint promis et il l'a répandu, comme vous le voyez et l'entendez.
Que toute la maison d'Israël le sache avec certitude : Dieu l'a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié.
Que toute la maison d'Israël le sache avec certitude : Dieu l'a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié.
Actes
2, 32-33.36
L'homme moderne, même inconsciemment, a besoin de
rencontrer ce Jésus mort par amour pour lui et qui, en ressuscitant, lui a
ouvert les portes d'une espérance éternelle. L'Église est redevable au monde de
cette proclamation du salut, qui, à travers les activités des paroisses, peut
et doit parvenir à toute l'humanité.
Les conclusions tirées de ces observations exigent, dans
de nombreux cas, de la part du pasteur, un changement de mentalité qui le porte
à faire des choix peut-être jamais faits ou inattendus, favorisant en lui ce
qu'on pourrait appeler une conversion.
En d'autres termes, le pasteur doit tenir compte, dans l'exercice de son
ministère, de la réalité dans laquelle sont plongés les gens qui subissent la
souffrance découlant de la mentalité actuelle.
Ces considérations étaient présentes dans ma vie, mais
elles n'étaient pas suffisantes pour me décider à faire concrètement ces choix
et à les mettre en pratique. Parmi les nombreuses raisons de mon échec, il me
fallait admettre un certain amour pour la vie tranquille et la peur de
m'aventurer dans de nouvelles expériences qui pouvaient avoir un goût
d'originalité. L'exhortation apostolique de Paul VI Evangelii
nuntiandi a été pour moi, depuis 1975,
l'occasion d'une forte remise en question et d'un examen sérieux de mon
ministère de curé. Toutefois, n'ayant pas sous les yeux, pour m'encourager, des
modèles à imiter, j'ai poursuivi, même à contrecœur, avec les mêmes
perspectives, méthodologies et aspirations que précédemment. Je manquais de
vision prophétique. Cet échec aurait pu être le prélude d'une crise d'identité
susceptible de compromettre ma vocation de prêtre, tout comme cela s'est
produit, à l'époque, pour plusieurs de mes frères.
La rencontre avec une paroisse
renouvelée par l'ardeur missionnaire
Le Seigneur vint à ma rencontre à travers un vieux prêtre
canadien, le père Valérien Gaudet, omi, qui, en juin 1986, me montra un article
d'une revue américaine, intitulé Paroisse
en flammes.
Il racontait l'histoire d'une paroisse catholique en Floride,
plus précisément celle de Saint-Boniface à Pembroke Pines, où le pasteur, le
révérend Michael Eivers, avait adopté une méthode d'évangélisation provenant
d'une expérience pentecôtiste coréenne, dénommée Système des cellules d'évangélisation.
La lecture de l'article était fascinante et
stimulante ; il donnait l'image d'une paroisse très dynamique qui savait
faire des propositions à ses fidèles et les soutenir dans un engagement actif
d'évangélisation au cœur de la vie quotidienne, en leur permettant d'être,
selon la parole évangélique, lumière du monde et sel de la terre. (cf. Matthieu
5, 13-16)
Dans la paroisse de Saint-Boniface, je voyais se réaliser
les indications que le pape Jean-Paul II avait données à l'Église, à plusieurs
reprises, en déclarant : « Le monde a besoin d'une nouvelle
évangélisation » (Nova Huta, 1979), ajoutant plus tard qu'elle « doit
être nouvelle dans son ardeur, nouvelle dans ses méthodes et nouvelle dans son
expression » (Conférence épiscopale latino-américaine - CELAM, Haïti,
1983).
Il s'agissait donc d'une invitation à une nouveauté
radicale, qui ne pouvait être exprimée par le terme ré-évangélisation, puisque ce terme contenait la notion de
répétition de la manière précédente d'évangéliser. La proposition du pape
demandait un nouvel enthousiasme, des méthodes nouvelles et efficaces et de
nouvelles expressions pour transmettre le contenu même de
l'évangélisation : l'annonce kérygmatique du Christ, comme Sauveur unique
et universel. Cela allait à l'encontre de la mentalité, alors déjà très
présente, qui considérait comme suffisante la référence générique à une entité
supérieure, laquelle ne permettait pas nécessairement d'identifier le Seigneur
Jésus.
La lecture de cet article m'a beaucoup surpris et j'ai
décidé d'organiser un voyage avec le Père Gaudet à Saint-Boniface, en novembre
1986. J'ai d'abord fait part de mon désir à l'évêque de Milan, le cardinal
Carlo Maria Martini, décidé à ne pas faire un pas, même par la suite, sans
l'approbation et la bénédiction de celui qui avait la responsabilité de la
conduite pastorale du diocèse. La réponse fut des plus encourageantes. S'ensuivit plus tard une
invitation du cardinal au recteur du Séminaire de théologie de Milan, Don
Giorgio Riva, pour accompagner trois de mes paroissiens à un séminaire
international sur les Cellules
Paroissiales d'Évangélisation, à Saint-Boniface, en février 1987.
Ainsi, sommes-nous partis, le Père
Valérien et moi, pour la Floride, et notre étonnement fut encore plus grand en
découvrant que la réalité dépassait la description de l'article : nous
avons vraiment rencontré une paroisse en flammes, renouvelée par l'Esprit
Saint, pleinement engagée dans l'annonce de Jésus, ouverte à la rencontre et à
la compréhension de tous ceux qui, pour une raison quelconque, s'étaient
éloignés. Je vis que cette communauté, à travers les cellules paroissiales
d'évangélisation, était en mesure de conjuguer foi et raison, en ce sens qu'on
attendait tout de Dieu, mais après avoir assumé consciencieusement et
raisonnablement le devoir de se mettre au service des frères éloignés. Ainsi,
ces derniers représentaient-ils un potentiel de croissance pour les cellules et
pour la communauté.
Une vision positive s'instaurait
donnant lieu à un engagement courageux et nouveau fondé sur le grand mandat que
Jésus ressuscité, avant de monter vers le Père, a laissé aux hommes :
Allez
donc : de toutes les nations faites des disciples,
les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Matthieu
28, 19
De l'adoration eucharistique à la
nouvelle évangélisation
Ainsi, de retour d'Amérique, j'ai
cherché à transposer, dans ma réalité italienne et milanaise, l'expérience que
j'avais vécue et connue. Au début, je reçus, dans ma paroisse, un accueil
certes affectueux, mais aussi un peu moqueur. Les gens disaient :
« Don PiGi est devenu fou ». Peut-être ont-ils vu mon visage plus
souriant que d'habitude, m'ont-ils entendu parler d'évangélisation de façon
enthousiaste et positive comme jamais auparavant. Une nouvelle perspective
s'était ouverte, en effet. En contraste avec la réalité assez décevante de la
société dans laquelle on vivait à l'époque, elle offrait une alternative claire
pour un engagement très positif, œuvre de l'Esprit Saint, comme j'avais pu le
voir en Floride.
Quelque chose, en effet, m'avait retourné :
j'étais convaincu que mon ministère sacerdotal devait s'orienter vers
l'évangélisation, que je devais avoir une vision différente de la paroisse.
C'est pourquoi, il était très important de se tourner vers ceux qui n'étaient
pas présents dans l'Eglise, qui ne fréquentaient pas la paroisse. C'était une
perspective complètement nouvelle : avant, j'étais habitué à compter les
gens présents et j'étais satisfait si leur nombre augmentait ; cependant,
après l'expérience vécue en Floride, je sentais monter en moi, face à la
multitude des absents, un désir profond de les approcher, d'aller jusqu'à
eux : c'était l'engagement d'évangélisation qui commençait à porter ses
fruits. Le cœur du pasteur s'ouvrait ainsi à l'invitation de Jésus de prendre
soin de tout son troupeau.
Le 11 novembre 1986, au cours d'une
réunion du Conseil pastoral de la paroisse et en présence du Vicaire général du
diocèse, Mgr Renato Corti, j'informai le Conseil de l'expérience
vécue. À cette occasion, il fut décidé d'y associer la communauté paroissiale,
au mois de janvier 1987, à travers une assemblée générale.
Elle réunit environ 200 paroissiens,
et, durant cette rencontre, il fut décidé collégialement de lancer l'expérience
à partir d'un point incontournable : l'adoration eucharistique. De fait, à
Saint-Boniface, tout le processus des cellules était fondé sur l'adoration
eucharistique. L'initiative eut immédiatement un énorme succès. Le cœur de
l'homme, en apparence sec et fermé à la transcendance, pouvait retrouver, à
travers l'adoration, un des fondements de la tradition chrétienne, en contraste
avec l'invasion du relativisme et du subjectivisme qui constituent un obstacle
à la reconnaissance du Christ comme seul Sauveur, et provoquent, en réponse à
une telle annonce, un sentiment d'intolérance et d'arrogance.
Nous parvenions ainsi à proposer un objectif fixe qui
répondait à un besoin de références sûres, spirituelles et durables.
Un souffle de vie nouvelle a touché la communauté et lui a
fait redécouvrir son identité la plus profonde, sa mission fondamentale :
« Proclamer la Bonne Nouvelle : Jésus, le seul salut possible pour
l'homme ».
Le cardinal Paul Poupard a dit, en 2004 : « Que
doit faire l'Église et nous catholiques pour relever le défi de la nouvelle
évangélisation dans le monde moderne, où de nombreux non-croyants nous
entourent ? Nous devons avant tout PRIER ».
En attendant, nous avions démarré, entre nous,
l'expérience des cellules paroissiales d'évangélisation. C'était en avril 1987,
quand un groupe de 42 membres de la paroisse que j'avais choisis lors d'une
nuit de prière, assista, pendant six semaines, au parcours de formation pour
leader de cellule, en utilisant un manuel de formation semblable à celui-ci. À
la fin du parcours, quatre cellules provisoires furent mises en place, ce qui
permit de passer de la théorie à la pratique en apprenant, à de futurs leaders,
à conduire un petit groupe, la cellule évangélisatrice.
Il s'agissait de méthodes nouvelles et dynamiques adaptées
pour valoriser la présence de tous ceux qui allaient participer à des
rencontres de cellule. Arriva le moment où l'expérience fut ouverte à toute la
communauté paroissiale. Les adhésions recueillies au cours de la célébration
eucharistique des 7 et 14 février 1988 permirent de composer 15 cellules qui, en
évangélisant, commencèrent à croître et à se multiplier jusqu'à atteindre le
nombre actuel de 140 cellules.
La communauté avait redécouvert l'expérience enthousiaste
et dynamique de l'Église primitive, comme cela est décrit dans le livre des
Actes des Apôtres :
Et le Seigneur adjoignait chaque jour
à la communauté ceux qui trouvaient le salut.
Actes 2, 47
Un géant à réveiller et son oïkos à
redécouvrir
La méthodologie que vous trouverez dans ce volume est
basée sur deux convictions :
La première conviction est que
la paroisse a besoin d'une forte secousse pour sortir de la torpeur dans
laquelle elle est généralement tombée. Précisément à cause de cela, Jean Paul
II parle du « renouveau de la paroisse » (cf. Christifideles Laici
§34).
Le cardinal George Basil Hume dit, à ce sujet, dans une
expression audacieuse et parlante : « La paroisse est un géant
endormi ».
En fait, la paroisse ressemble souvent à un gros ours
entré en hibernation, à un gros corps assoupi, dans lequel le sang circule au
ralenti et ne peut donc plus en atteindre les extrémités. Pourtant, en
remplissant plus ou moins sa mission, la paroisse demeure le lieu de
l'incarnation du divin, l'élément stable de l'évangélisation.
Il est nécessaire de la réveiller. Aujourd'hui plus que
jamais, la paroisse doit devenir consciente de sa mission d'évangélisation. Le
curé, sensible à la mission confiée par le Christ, doit, à son tour, impliquer
la composante laïque du peuple de Dieu : les laïcs doivent devenir
co-responsables dans la conduite pastorale de la paroisse, et surtout dans le
projet de la nouvelle évangélisation.
La deuxième conviction se trouve dans les
paroles de Jésus quand il dit :
En chemin, proclamez que le Règne des
cieux s'est approché.
Matthieu 10, 7
Jésus nous suggère donc de ne pas attendre que les plus éloignés
se rapprochent et de ne pas aller nécessairement les chercher qui sait
où ! Il nous invite à évangéliser chemin faisant, c'est-à-dire là même où
nous vivons et travaillons dans le monde.
Une des intuitions caractéristiques du système des
cellules est que, grâce à cette méthode, nous sommes invités à nous occuper des
personnes que nous rencontrons chaque jour, en particulier de celles qui sont
les plus éloignées de Dieu. C'est aussi une Proposition de l'Évangile, celle de
Jésus à l'homme de Gérasa, à peine libéré de l'esprit impur ; quand il
demande à le suivre, Jésus ne répond pas à sa demande, mais il lui
demande :
Va dans ta maison auprès des tiens
et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde.
et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde.
Marc 5, 19
Le changement de mentalité du prêtre entraîne également un
changement d'orientation pastorale. Si, auparavant, son attention était tournée
vers ceux qui fréquentaient déjà l'Église, il est amené, dans la logique de la
nouvelle évangélisation, à considérer différemment ceux qui sont loin :
comme ils représentent le potentiel de croissance de la communauté, il
s'applique à les ramener, sans s'arrêter à leur conversion, mais en les aidant
à passer de l'état d'évangélisé à celui d'évangélisateur.
Si vous décidez d'œuvrer réellement pour le Royaume de
Dieu, il vous faut travailler pour l'avenir avec patience, obstination, prêts à
recommencer après chaque échec, chaque chute, chaque égarement. Les choix
pastoraux, toujours nouveaux, parfois contradictoires, à la recherche obsessionnelle
de la nouveauté (« Viendra un temps, en effet, où certains ne supporteront
plus la saine doctrine, mais, au gré de leurs propres désirs et l'oreille leur
démangeant, s'entoureront de quantité de maîtres » 2 Timothée 4, 3)
ne peuvent pas faire l'impasse de la finalité de l'Église :
L'Église existe pour évangéliser.
Evangelii nuntiandi §14
À travers cette nouvelle prise de conscience, j'ai aussi
réalisé que mes efforts seuls n'étaient pas suffisants. Il m'était impossible,
à moi prêtre, d'aller vers tous, et il était surtout difficile de rejoindre les
frères là où ils vivaient au quotidien : travail, école, famille, lieu
d'habitation... Jusque là, j'étais habitué à m'en référer à moi-même et à un
nombre restreint de collaborateurs pour organiser l'apostolat et l'annonce,
mais ceci trahissait en moi et dans ma formation une mentalité non habituée à
valoriser le baptême, qui, à différents niveaux, nous rend tous prêtres,
prophètes et rois dans le Christ (cf. 1 Pierre 2, 9).
J'ai dû, en d'autres termes, opter en faveur d'une Église
qui soit bien plus ecclésiale que cléricale ; je devais me fier et me
confier à l’œuvre de l'Esprit Saint, en m'ouvrant à ses dons, promis aussi aux
laïcs. Il s'agissait avant tout de préparer les laïcs à prendre en charge ce
devoir de responsabilité afin qu'ils soient capables d'orienter leur vie vers
la diffusion du Royaume de Dieu et cet avenir où Dieu est tout en tous (cf. 1
Corinthiens 15, 28).
L'engagement d'évangélisation devint un engagement plein
d'espérance, la cellule devint le modèle d'une vie orientée vers l'avenir.
La responsabilité des laïcs et la
prolifération des cellules d'évangélisation
Un nouvel horizon se profilait : les laïcs devaient
passer du rôle de collaborateurs,
bien que précieux, à celui d'authentiques co-responsables ;
ainsi, ceux qui avaient déjà fait une expérience de Jésus, ceux qui l'avaient
déjà rencontré, étaient motivés et valorisés au nom du baptême par lequel ils
étaient devenus enfants de Dieu et frères du Christ.
Il était essentiel de leur faire redécouvrir leur vocation
commune à l'évangélisation. Cela permettait au curé de se sentir toujours
soutenu par les laïcs mêmes, devenus co-responsables, dans les moments de
doute, d'incertitude et de désespoir.
Ainsi était-il possible de créer une communauté strictement
fondée sur l'unité du Corps mystique du Christ, source de nouveaux dons de la
grâce de Dieu.
Les cellules représentent une véritable opportunité pour
l'évangélisation, et plus encore, une expérience vive et vitale de mise en
œuvre du mandat de Jésus pour évangéliser au niveau de la paroisse, sans porter
atteinte à sa structure traditionnelle, mais en la renouvelant de l'intérieur
et en motivant fortement les laïcs dans cette direction. Ainsi, dans la
communauté paroissiale peuvent cohabiter associations, mouvements, groupes
nouveaux et traditionnels, qui sont toutefois invités à orienter leur mission
dans le sens de l'évangélisation, sans que le charisme et la spécificité de
chacun en soient affectés.
Beaucoup de paroisses en Italie ont adopté cette méthode
d'évangélisation (avec plus de 1500 cellules), mais l'expérience n'est pas
seulement italienne, puisque les cellules sont présentes et développées en
France, Suisse, Belgique, Danemark, Angleterre, Malte, Irlande, Luxembourg,
Pays-Bas, Allemagne, Suède, Lettonie, Pologne, Europe orientale, et même États-Unis,
Venezuela, Mexique, Brésil, Canada, Singapour, Corée, Nouvelle-Calédonie,
Fidji, Australie, Afrique du Sud, Gabon, Kenya, Liban.
L'effort pour annoncer l'Évangile à travers les cellules
d'évangélisation fait refleurir la vie de nombreuses paroisses ; c'est
l'Esprit Saint qui travaille pour atteindre ces caractéristiques
spécifiques : transformer les communautés en les rendant vives et
dynamiques dans le Christ.
Afin de coordonner cette réalité multiforme, un Forum
international (constitué des représentants régionaux et nationaux) se réunit
régulièrement depuis 1998.
Depuis 1990, la paroisse Sant'Eustorgio organise un
Séminaire international sur le système des cellules paroissiales
d'évangélisation. Jusqu'en 2007, près de 7000 personnes venant du monde entier
l'ont suivi, comptant parmi elles des prêtres, des consacrés et des laïcs
engagés, y compris de nombreuses familles.
Les Cellules paroissiales d'évangélisation représentent
donc, depuis 1987, une forme concrète du renouvellement de la vie paroissiale —
et, dans certains cas, de la vie du diocèse —, orientée vers la reconnaissance
de Jésus comme Sauveur unique et universel à laquelle chaque baptisé doit
répondre par son engagement dans l'évangélisation. Cette méthode trouve sa
justification dans sa capacité à promouvoir la nouvelle évangélisation,
conformément aux invitations répétées de l'Église universelle et des Églises
particulières, et à transformer l'Église de géant
endormi en paroisse en flammes.
Don Piergiorgio Perini (2007)
curé de la Paroisse de Sant'Eustorgio à Milan
curé de la Paroisse de Sant'Eustorgio à Milan